Frère Denis Lévesque, fondateur des Franciscains de l’Emmanuel
fondateur des Franciscains de l’Emmanuel
Par Benoit Voyer
12 juillet 2025
Fils d'un mineur de l'Abitibi, Denis Lévesque nait le 12 juillet 1960.
Ses parents sont de « bons catholiques du dimanche », des gens de leur époque, pas plus religieux que les autres.
Il y a de l'exubérance dans ce cœur d'enfant. Denis est un p'tit gars vivant et dynamique. Son cœur est attiré par le sacré.
A cinq ans qu'il reçoit ses premières responsabilités à l'église paroissiale: servir la messe et fermer les lumières après les célébrations.
«Je m'en souviens comme si c'était hier, j'étais seul à l'arrière de l'église de Malartic, en Abitibi. Je me suis aspergé d'eau bénite et couché par terre en donnant ma vie au Seigneur. Je me suis relevé et je suis reparti avec un feu joyeux dans le cœur», me racontait candidement Denis en 1991.
«Cette première expérience de Dieu m'a profondément marqué. Pour moi, Jésus était un être vivant. Je m'en souviens, c'était écrit à l'avant de l'église: « Mon Jésus, je t'aime! » Je ne savais pas tout ce qui se passait à la messe, mais je répétais sans cesse ces paroles ». Il vivait déjà une relation particulière et personnelle avec son Dieu, une sorte d’expérience spirituelle intense qui marquera sa vie.
Au séminaire
À 10 ans, il entre au petit séminaire diocésain de Rouyn, le Séminaire Saint-Michel. Désirant consacrer sa vie au service de l'Éternel, il passe son adolescence dans ce lieu particulier. Parfois, il veut devenir prêtre ou policier. À d'autres moments, pompier ou prêtre. Ou encore, prêtre ou professeur. Son désir d'accéder au sacerdoce demeure cependant toujours présent.
François d'Assise
À 12 ans, il fait la rencontre de saint François d'Assise en regardant le film « François et le chemin du soleil ». A partir de ce jour, plus rien n'est pareil dans son cœur. C'est le coup de foudre! Un véritable choc de l'âme! Sans tarder, il dévore les cinq ouvrages consacrés au personnage qui se trouvent à la bibliothèque scolaire.
«Je me souviens, je pleurais... Ce fut une découverte foudroyante! Au premier livre, je pleurais en lisant chacune des pages. Ce qui m'a touché de François, c'est sa relation avec Jésus. Il était un passionné! C'était tout ou rien ! Je me retrouvais en lui. Moi aussi, je voulais tout donner au Christ!» me racontait-il.
À partir de ce moment, la dimension franciscaine entre en lui. Cela s'est fait discrètement parce qu'il ne savait même pas qu'il existait des Franciscains au Québec. C'est à 15 ans qu'il rencontre des membres d'une fraternité laïque, le Tiers-Ordre franciscain. C'était au séminaire, lors d'un rassemblement d'un groupe de la paroisse, parce que l'église-cathédrale venait d'être détruite par un violent incendie.
«Je voyais des gens entre 40 et 50 ans qui venaient à une réunion. J'ai demandé ce qu'il y avait à cette rencontre. Ils m'ont répondu: Les Franciscains séculiers laïques». J'ai répondu: «Ah oui! Saint François d'Assise! Il me faisait tellement vibrer! Je suis allé à la rencontre et j'ai commencé à fréquenter ce groupe. J'allais aux réunions deux à trois fois par mois. C'est là que j'ai eu ma première formation franciscaine. J'ai fait mon noviciat dans le troisième ordre de François», ajoutait-il.
Le feu de l'Esprit
À l'école secondaire, Denis Lévesque s'implique dans la pastorale. À 15-16 ans, le missionnaire Bob Digman, originaire de Waterloo, dans les Cantons-de-l'Est, est de passage en Abitibi pour une tournée où il raconte son expérience de conversion. Une soixantaine de jeunes de l'école viennent l'entendre et prier avec lui, dont Denis. Ils sont touchés par l'expérience. Plusieurs repartent avec un renouvellement de leur vie de foi.
«Les p'tites filles me travaillent»
De 16 à 19 ans, il vit ses expériences amoureuses avec les filles, dont la majorité sont membres du groupe de la pastorale scolaire touchées par l'expérience Digman.
À 19 ans, il a une relation plus sérieuse avec une. Elle lui demande de réfléchir à son avenir et de faire des choix. «C'était une fille extraordinaire! Elle s'appelait Sylvie!». Au début de l’année 1991, en évoquant son souvenir ses yeux bleus brillaient. Il avait encore visiblement une grande tendresse pour elle.
«Est-ce que je veux me marier? Est-ce que je désire avoir des enfants? Qu'est-ce que je veux faire de ma vie? » Il se pose bien des questions.
L'appel de la prêtrise revient encore plus fortement en lui. Il décide de poursuivre sa route seul et d'aller plus loin dans cette voie pour répondre au feu qui brûle en lui.
Un regard de père
Inscrit en sciences humaines au cégep, le jeune Lévesque continue sa recherche. «À 20 ans, mon père m'a amené visiter sa mine. Cela a été un moment qui m'a profondément marqué. Il m'a présenté à ses compagnons de travail. Il était fier de me présenter! Ce regard porté sur moi par papa m'a fait du bien. On a besoin d'être regardé pour pouvoir vivre! Surtout par ce regard de père!» me disait Denis sur le ton du secret.
Montréal
Après ces années au collège public, il arrête ses études. Il déménage à Montréal et travaille à la Banque Nationale durant 18 mois.
Avec son colocataire, l'abbé Pierre Smith, il fonde le groupe de prière charismatique Saint-Louis-de-France : «Ça a été un peu phénoménal! Lorsque nous avons débuté, nous étions trois jeunes. Au bout de trois mois, nous étions 30! Six mois: 80! Huit mois: 200! Chaque semaine! J'ai été responsable du groupe durant un an et demi. Il a fonctionné pendant cinq ans...».
Il fait ensuite un stage dans une communauté franciscaine et part étudier la théologie à Ottawa.
Rome
À 22 ans, il entre au noviciat des Oblats de la Vierge Marie, à Rome : « Dans cette ville d'Italie, il y a des Franciscains et des Capucins à chaque coin de rue. Chaque fois que j'en voyais un, c'était comme si je recevais un coup de poignard en pleine poitrine. Par la suite, je suis souvent allé prier à Assise. Dans ce pays, j'ai renoué ma relation avec saint François ».
Il décide donc de quitter le postulat, de revenir terminer ses deux années de théologie à l'Université Laval, à Sainte-Foy, et poursuivre sa réflexion concernant son avenir.
Naissance des Franciscains de l'Emmanuel
Le 5 janvier 1985, avec quatre autres hommes, il fonde les Franciscains de l'Emmanuel, une famille religieuse dont les membres veulent vivre de la radicalité de l’Évangile, à la manière de saint François d’Assise. Le groupe prend naissance avec la permission de l'archevêque de Montréal.
Les membres de la fraternité ne doivent rien posséder, se sauver du confort et de la vie facile et être matériellement les plus pauvres parmi les pauvres. La mission des Franciscains de l’Emmanuel est l’évangélisation des jeunes, des pauvres, des gens en difficulté ou carrément dans la rue.
Ses quatre compagnons du début finiront par décider de quitter la communauté. En 1986 se joint à lui François Garon.
De 1990 à 1995, Denis et Francois résident à Roxton Pond, à quelques kilomètres de Granby. Malheureusement, aucune nouvelle recrue se joint à la fraternité.
De 1995 à 1997, ils vivent une expérience avec les Franciscains du Renouveau dans le Bronx, en pleine jungle new-yorkaise. Ils songent sérieusement à se joindre à cette nouvelle fraternité franciscaine prospère. Ils reviennent finalement au Canada et décident, après un passage à Granby, de s'établir à Montréal.
Mère Teresa: une amie
«Å New York, on rencontrait souvent Mère Teresa parce que ses religieuses habitent à 10 minutes de marche de chez les Franciscains du Renouveau. Les frères prêtres vont souvent célébrer la messe dans leur maison. Il y a beaucoup d'échanges entre les deux communautés. Quand elle venait à New York, elle habitait toujours à cet endroit. Nous allions souvent prier avec elle», me racontait le frère Denis.
«En juin 1997, avant qu'elle parte pour Calcutta, deux mois avant qu'elle décède, je lui donne une petite lettre lui expliquant que François et moi étions en réflexion pour savoir si nous revenions au Québec. Si nous restions à New York, il n'y avait pas de retour possible au Canada avant une quinzaine d'années. Je lui demandais donc conseil. Elle prend la lettre, elle l'amène à Calcutta et elle décède le 6 septembre 1997. Une semaine plus tard, nous recevions sa réponse. C'est donc une des dernières lettres écrites avant son départ.» Mère Teresa écrivait: «Dieu vous a sûrement amenés à New York afin de pouvoir mieux aimer et apprécier le don de votre communauté au Québec.»
Pourquoi persévérer?
S'il a persévéré, c'est qu'il est convaincu d'être dans sa vocation. Les deux franciscains se disaient entre eux que même si la communauté ne comptait pas plus de deux ou trois membres, ils persévéreront et mourront en Frères franciscains de l'Emmanuel : « C'est un peu fou! Humainement, ce que nous avons vécu semble un échec, mais je sens que je fais vraiment la volonté de Dieu dans cet état de vie. Cela correspond à ce que je veux vivre », insistait-il lors d’une de nos rencontres en janvier 1991.
La relation à Dieu
Pour le frère Denis Lévesque, la prière et la vie spirituelle ne sont pas « des affaires de feeling ». A son avis, « sentir émotivement » la présence de Dieu est une grâce qu’il ne faut point rechercher. Le maître du temps et de l’histoire la donne à qui il veut et quand il veut…
« Il y a des gens qui disent : « Il y a des années que je prie Dieu pour obtenir telle ou telle faveur et il ne m’exauce pas ! » Pourtant, Jésus dit dans l’évangile : « demandez et vous recevrez! » Jésus n’est pas un menteur ! La question à se poser n’est guère : « Pourquoi il ne m’exauce pas? » mais plutôt « Est-ce que, moi, j’exauce Dieu dans ma vie? » me disait-il à l’été 1997.[1]
Il m’expliquait que Dieu fait aussi des prières a l’humain : « Dans la mesure où nous allons exaucer Dieu, de la même manière il va nous prendre au sérieux et va se donner à nous. »
Le fondateur des Franciscains de l’Emmanuel, m’indiquait que la prière est un dialogue et c’est Dieu qui a parlé le premier. La bible contient des centaines de ses prières : Les commandements, « Écoute mon peuple… », « Aimez-vous les uns les autres… », « Partagez… », « Pardonnez pour être pardonnés… », « Libérez les esclaves », etc.
Alors, selon lui, il n’y a donc pas à être inquiet de ne pas sentir la présence de Dieu ou d’avoir vécu une expérience sensible, et que, tout à coup, c'est la panne sèche : « C’est normal! Plus la relation à Dieu est stable, moins il y a des hauts et des bas dans la vie intérieure. Le cheminement spirituel est une pente qui se monte tranquillement – sauf pour les débutants ou ça ressemble à des montagnes russes ».
En Afrique
Denis et François finiront par fonder une maison de formation franciscaine dans le diocèse de Nhongsamba, au Cameroun, en Afrique. Ils le font à la demande de l’évêque du lieu qui constate que l’expérience des deux religieux est solide et inspirante. Là-bas, on s’en rend compte rapidement, les Franciscains de l’Emmanuel répondent à un besoin pastoral réel. De nombreux camerounais décident de marcher à leur suite.
En novembre 2003, le cardinal Jean-Claude Turcotte, l’archevêque de Montréal, donne une reconnaissance canonique aux Franciscains de l'Emmanuel, à titre d'association de fidèles.
Né le 27 décembre 1958, François Garon, son fidèle compagnon, décède le 12 janvier 2002 au Cameroun ou il dirige l’aile africaine des Franciscains de l’Emmanuel. Ceux qui l’ont bien connu disent que c’est un saint.
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[1] Benoit Voyer. L’homme prie Dieu, Dieu prie l’homme, bulletin Trinité, septembre 1997, p. 1
Les nouveaux compagnons au Parc portuaire
Les nouveaux compagnons au Parc portuaire
La troupe des Nouveaux compagnons et la Corporation du tourisme et des congrès de Trois-Rivières présentent à chaque lundi at vendredi en soirée, jusqu'au 2 septembre, la pièce "François Hertel et fille" de l'auteur trifluvien François Poisson. La première de cette production historique a lieu demain sur la place d'animation au 2e pallier.
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Benoit Voyer
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Cette initiative est une autre façon d'animer le port de Trois-Rivières et de faire revivre l’époque de la Nouvelle-France.
« C'est l'histoire de François Hertel. Son père Jacques est l'un des premiers à s'établir ici. Il a laissé à son fils les terres qu'il a accumulé en récompense pour ses bons services rendus au roi. Le scénario traite surtout de lui et de sa fille Marie-Françoise qui était une Ursuline », dit François Poisson.
La présentation comporte 3 tableaux de 8 à 10 minutes chacun. Au premier acte, l'homme se retrouve entouré de colons et d'amérindiens en route pour attaquer un fort en Nouvelle-Angleterre dans le but de sécuriser la colonie contre les futures invasions des Anglais. Le coup militaire était demandé par Frontenac. « On les voit autour d'un feu de camp, la veille de la bataille, et se racontent des anecdotes », ajoute le créateur.
Les décors sont réduits au strict minimum pour laisser ressortir les éléments naturels du paysage du fleuve et de la vieille ville.
(L’Hebdo journal, 21 juillet 1996, p. 7)
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Cette initiative est une autre façon d'animer le port de Trois-Rivières et de faire revivre l’époque de la Nouvelle-France.
« C'est l'histoire de François Hertel. Son père Jacques est l'un des premiers à s'établir ici. Il a laissé à son fils les terres qu'il a accumulé en récompense pour ses bons services rendus au roi. Le scénario traite surtout de lui et de sa fille Marie-Françoise qui était une Ursuline », dit François Poisson.
La présentation comporte 3 tableaux de 8 à 10 minutes chacun. Au premier acte, l'homme se retrouve entouré de colons et d'amérindiens en route pour attaquer un fort en Nouvelle-Angleterre dans le but de sécuriser la colonie contre les futures invasions des Anglais. Le coup militaire était demandé par Frontenac. « On les voit autour d'un feu de camp, la veille de la bataille, et se racontent des anecdotes », ajoute le créateur.
Les décors sont réduits au strict minimum pour laisser ressortir les éléments naturels du paysage du fleuve et de la vieille ville.
(L’Hebdo journal, 21 juillet 1996, p. 7)
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