Le 26 juillet
de chaque année, il est étonnant de voir au calendrier des fêtes liturgiques de
l’Église catholique celle d’Anne et Joachim. Il n’est pourtant pas question
d’eux dans les évangiles canoniques, c’est-à-dire ceux de Mathieu, Marc, Luc et
Jean, publiés dans le second testament de la bible, communément appelé le nouveau
testament. Et puis, sur le plan historique, on ne sait rien d’eux sauf à
travers des récits très anciens au contenu douteux quant à la véracité des
faits.
Longtemps
limitée à quelques sanctuaires, la dévotion à sainte Anne et saint Joachim,
qu’on dit être les grands-parents de Jésus, s'est répandue au moyen-âge un peu
partout à travers la chrétienté.
En 1854, au
sein du catholicisme, les débats théologiques ont donné naissance au dogme de
l’Immaculée-Conception. Des
lors, on a étroitement associé le culte d’Anne à celui de Marie, la mère de
Jésus. Cette vérité à croire, ne fait pas l’unanimité chez les
chrétiens.
C’est dans le
« Protévangile de Jacques », un livre apocryphe, c’est-à-dire que son
authenticité n'est pas établie et
qui a été mis à l’index des bouquins que les catholiques ne pouvaient
pas lire pendant des siècles, qu’il faut aller pour retrouver les sources d’Anne
et Joachim. Son auteur les nomme pour la première fois dans son récit qui porte
essentiellement sur la préhistoire de la famille de Jésus.
Le « Protévangile
de Jacques » aurait été écrit au deuxième siècle par une personne
provenant du monde grec qui ne connaissait pas les coutumes juives et qui n’a
jamais mis les pieds en Israël. La rédaction de son livre avait pour but de
démontrer l’origine mystérieuse de Jésus. Ce texte a connu un grand succès au moyen
âge.[1]
On retrouve
aussi des traces d’Anne et de Joachim dans l’évangile du « Pseudo-Matthieu »,
un autre livre apocryphe ou certains passages se rapprochent du conte
merveilleux: "Penche-toi, arbre, et nourris ma mère de tes
fruits ! " (chap. 20).
Ces livres font
de nombreux parallèles entre la sainte Anne encore vénérée de nos jours et certains
passages de la Thorah. L'histoire d'Anne, la supposée mère de Marie, est en
effet similaire à celle d’Hannah, dans le livre de Samuel, prophète et dernier sage
d’Israël, longtemps restée sans enfant.
Le
« Protévangile de Jacques » et le « Pseudo-Matthieu » dépeignent
Anne comme étant une femme pieuse restée longtemps stérile.
On y décrit
aussi sa rencontre avec son futur mari Joachim a la Porte dorée de Jérusalem, après
l'annonce angélique de la future naissance de leur enfant.
Ils racontent
que les parents d’Hannah sont tous les deux de la tribu de Lévi : son père
serait Akar et sa mère, Émérencie. Akar aurait possédé des terres à Bethléem et
à Jérusalem
Lui et sa femme
auraient donné naissance à Ismérie, vers 63 avant notre ère. Cette date
correspondrait au moment de la conquête romaine de la Palestine.
Anne serait née
vers 55 avant notre ère. C'est à cette époque que la famille se serait installée
à Hébron où Ismérie se serait mariée et serait devenue la mère d’Élisabeth, la mère
de Jean le Baptiste, le cousin de Jésus
Lorsque qu’Anne
a eu neuf ans, ses parents seraient déménagés à Jérusalem où Akar aurait exercé
des responsabilités au Temple.
De son côté, le
« Protévangile de Jacques » raconte la rencontre entre Anne et Joachim.
Selon ce récit: Joachim était allé faire sacrifier les bêtes de son troupeau au
Temple. Au préalable, il devait laver ses moutons dans la piscine de Bethesda,
près de la Porte des Brebis. Anne se tenait à cette porte de la ville. Elle vit
Joachim arriver avec ses troupeaux. Ils se seraient mariés à l'âge de 20 ans.
L’analogie
qu’on a fait entre Hanna au livre de Samuel et la grand-mère de Jésus demeure
sans grand fondement historique. Mais bon, on y croit ou on n’y croit pas. La
foi n’est pas une vérité historique ou scientifique.
Benoit Voyer
23 juillet 2024