En ce 8 avril 2025


Visite au cimetière Mgr Pelletier, a Granby

Par Benoit Voyer
8 avril 2025

Comme je le fais régulièrement durant les saisons ou il n’y a pas de neige, lorsque je vais a Granby, je commence ma journée par une visite au cimetière Mgr Pelletier afin de me recueillir quelques minutes à la tombe de mon père, décédé le 15 avril 2021 au CHSLD Villa Bonheur, à Granby, en pleine crise sanitaire de la Covid 19.

Ce 7 avril, j’en ai profité pour marcher un peu plus de 45 minutes dans les rangées de la section ou il repose afin d’explorer les noms qui figurent sur les pierres tombales. J’y ai reconnu des gens que j’ai fréquenté au fil des ans : l’ancien député de Shefford Gilbert Rondeau, Laurent Chartier (impliqué au Café d’accueil chrétien et au Mouvement action handicapé), Maurice Picard (notre voisin sur la rue Saint-François), Jean-Luc Hamelin (impliqué au Café d’accueil chrétien et en musique liturgique dans les paroisses granbyennes), mon petit cousin Grégoire Paradis (qui habitait sur la rue Saint-Jean-Baptiste), Yves Gaudord (ancien collègue Louveteau dans la troupe de Saint-Eugène. Il habitait sur la rue Saint-François), Lynne Marchand (la conjointe de Robert Frédéric avec qui j’ai travaillé quelques mois chez Transport Robert, à Rougemont. Son père était gérant à l'Esmond Mills ou mon père travaillait), le marchand de fruits et légumes Gérard Laurin (qui habitait sur la rue Saint-François), Lucette Choinière et le diacre permanent Gérard Chabot (j’étais présent à son ordination a l’église Saint-Eugène), Adrien Ménard et Marie-Jeanne Dion (Adrien était impliqué au Café d’accueil chrétien et dans plusieurs œuvres du père Jean-Paul Regimbal), Claudette Sabourin-Lalumière (elle était une régulière des voyages-pèlerinages que j’organisais pour le Comité foi et culture Granby et région), Brigitte Privé et Pierre Chartrand (ils ont longtemps été les piliers de la Fondation Gérard Bossé) et Monique Dionne (Cette sainte Oblate de Marie Immaculée et décédée il y a quelques semaines. Elle a longtemps enseigné au pri
maire et s’est impliquée dans des œuvres mises en place par le père Jean-Paul Regimbal avec ses consœurs oblates Louisette Bibeau et Suzanne Dumouchel). J’ai aussi reconnu quelques noms de personnes qui ont marqué la société de leur époque dont le chanteur country Paul Brunelle, l’homme d’affaires Gérald Scott et le Dr Gilles Rioux.

Voici quelques photos de cette visite...


















Site a la mémoire de Jacques Parizeau, premier ministre du Québec


Ce dimanche 6 avril, j'ai visité le lieu de sépulture du premier ministre du Québec Jacques Parizeau. Il est situé au Cimetière de Laval, sur le chemin du bas Saint-François.

Bertrand Ouellet


Bertrand Ouellet

Bertrand Ouellet est né en 1953, à Verdun, ville fusionnée à Montréal depuis le 1er janvier 2002. Bertrand Ouellet est un laïc, diplômé en génie électrique et en théologie, avec une spécialisation en études bibliques. Il est le directeur général de l'organisme catholique Communications et Société, depuis 1998. Auparavant, il a dirigé le Centre d'information sur les nouvelles religions pendant cinq ans. Tous ses articles sont accessibles sur Internet, à l'adresse www.bertrand.ouellet.name.

Article paru en février 2003.

« Il faut que le catholique questionne et soit visible »

En mai 1971, l'existence de Bertrand Ouellet, directeur général de Communications et société, organisme qui joue le rôle d'Office des communications sociales au Canada francophone, a basculé. Il a vécu une expérience intérieure qui a changé sa vie et sa manière de penser.

Il est né à l'époque où la science avait réponse à tout. Adolescent au moment d'Expo 67, il en avait gardé le souvenir que tous les problèmes modernes seraient résolus par la science. La preuve en fut, pour l'ado qu'il était, que deux ans plus tard on marchait sur la Lune. Comme son époque, tout l'univers intérieur de Bertrand Ouellet était cosmique. Ce n'est pas pour rien que l'année où Neil Armstrong foula le sol lunaire, il se destinait à des études scientifiques. En 1971, il entrait à l'École polytechnique pour étudier les sciences.

BENOÎT VOYER - Qu'est-ce qui s'est passé dans votre vie, ce samedi de mai 1971?

BERTRAND QUELLET - J'étais un catholique pratiquant, mais je doutais à peu près de tout. J'allais à la messe, mais pour être cohérent avec mes doutes, je ne communiais pas. Pour moi, la science était la réponse ultime. J'avais 18 ans.

À l'invitation d'un prêtre catholique de 30 ans, j'accepte de faire partie du conseil de pastorale de ma paroisse. Un certain samedi, je participe à une journée de ressourcement. On a passé la journée autour de la table des réunions et nous avons célébré la messe autour de cette même table. Durant la liturgie, mon esprit voyageait dans l'espace. Dans mon imagination, je voyais la terre.

B.V. - Qu'est-ce qui a bouleversé votre vie durant cette messe?

B.O. Au moment de la consécration, au moment où le prêtre tenait le Corps du Christ entre ses doigts, j'ai eu l'impression que tout le cosmos s'effondrait et se concentrait en un lieu, au milieu de nous. Ce fut comme un grand coup de vent. C'est difficile à expliquer, parce que c'est une expérience. Cela relève de l'intelligence de l'âme et des sens, mais la présence du Ressuscité à l'Eucharistie était à ce moment d'une réalité indiscutable. Une indescriptible vague d'intensité avait d'ailleurs saisi plusieurs des personnes présentes.

Plus de 30 ans plus tard, l'Eucharistie et l'adoration sont toujours très importantes pour moi et de plus en plus présentes dans ma vie. Cette expérience a été une bonne nouvelle dans ma vie! J'ai depuis fait miennes les affirmations de Vatican II selon lesquelles l'Eucharistie est la source, le sommet, la racine et le cœur de l'expérience chrétienne.

Mon expérience dans ce groupe paroissial m'a par la suite conduit, une fois mon diplôme d'ingénieur obtenu, à des études en théologie.

B.V. - Depuis toutes ces années, on dirait qu'il y a eu un schisme entre le christianisme et la culture moderne.

B.O. - Contentons-nous de dire que c'est une incompréhension! Puisque nous abordons la question, prenons en exemple la liturgie. Elle est incomprise. Les gens la décodent avec le langage qu'ils ont. En allant à la messe, ils se disent: Je m'assois dans une salle de spectacle, alors c'est un spectacle, alors c'est un divertissement, donc je suis supposé ne pas m'ennuyer. Vous êtes donc responsables de m'en donner pour mon argent.

On ne s'en sortira pas! Vous voyez le problème qu'il y a entre le christianisme et la culture? Il y a tout un choc entre les deux! Les gens d'aujourd'hui lisent l'événement liturgique de telle manière, alors que la liturgie ce n'est pas ça.

B.V. - Qu'est-ce qu'une liturgie?

B.O. - La liturgie est un événement collectif. Ce n'est pas un spectacle! S'il y a des gens qui font et d'autres qui regardent, ce n'est pas une liturgie!

B.V. - Est-ce qu'on doit blâmer ceux qui arrivent en spectateurs et qui viennent voir?

B.O. - La vie de foi, c'est comme l'amour et comme la natation. Tu apprends en plongeant dedans! Tu n'apprends pas ça en regardant l'autre et en étudiant d'abord. Tu apprends à être aimé en aimant et tu apprends à flotter en te lançant à l'eau.

B.V. - Mais avant d'aimer, il faut être charmé?

B.O. - Mais les coups de foudre, ça existe aussi!

B.V. - La liturgie est donc une expérience à vivre.

B.O. - La liturgie de l'Église catholique est de l'ordre du symbole et du rituel. Cela nous amène au-delà des mots. Elle procède à partir d'une expérience. Il faut sauter dedans! Si tu restes à l'extérieur, tu ne pourras pas entrer dans l'expérience.

B.V. - Est-ce que l'Église peut tirer des leçons de cette incompréhension?

B.O. - Il faut parler au corps et au non-verbal. Il faut revenir à ce que la liturgie très ancienne a toujours fait avec l'eau, le feu, la fumée, le rituel, les mains et le contact corporel. C'est le défi de l'Église de miser à fond là-dessus, sans demi-mesures, et, après, c'est à l'Esprit de faire son œuvre. Il faut le laisser faire.

B.V. - Pour être bien comprise, quel message doit lancer l'Église d'aujourd'hui au monde moderne?

B.O. - Je crois qu'on doit se centrer sur le cœur du message chrétien et le reste viendra! Il faut parler de l'essentiel sans se taire.

B.V. - Vous parlez comme saint Paul!

B.O. - Saint Paul a appris cette leçon-là très vite quand il est arrivé à Athènes. Le chapitre dix-sept des Actes des Apôtres raconte tout ça. Paul dit: « Je vais essayer de parler dans leur langage, de prendre leurs recherches, leurs catégories religieuses ». Il laisse donc tomber toutes ses habitudes normales. Il tourne autour du pot. Lorsqu'il pense que son auditoire est avec lui, parce qu'il parle son langage, il leur parle de Jésus ressuscité. Ils se mettent tous à rire et s'en vont. Échec monumental!

Quelques mois après, il s'en va à Corinthe pour fonder une Église. Quelques années plus tard, dans une lettre, il écrit: « Maintenant, je commence toujours par parler de Jésus-Christ crucifié et jamais je ne dirai rien d'autre! » Il dit que plus jamais il ne se fera reprendre à ce jeu qu'il a joué à Athènes. Paul dit ce qu'il a à dire et ensuite il va dans les détails pour en tirer la leçon pour la vie.

De son côté, je pense que le bon vieux Paul VI avait raison. Dans un texte que je cite très souvent, tiré de l'exhortation apostolique post synodale L'Évangélisation dans le monde moderne (Evangelii Nuntiandi), publié il y a un peu plus de 25 ans, il écrit:

« Le monde' qui, paradoxalement, malgré d'innombrables signes de refus de Dieu, le cherche cependant par des chemins inattendus et en ressent douloureusement le besoin, le monde réclame des évangélisateurs qui lui parlent d'un Dieu qu'ils connaissent et fréquentent comme s'ils voyaient l'invisible. Le monde réclame et attend de nous simplicité de vie, esprit de prière, charité envers tous, spécialement envers les petits et les pauvres, obéissance et humilité, détachement de nous-mêmes et renoncement. Sans cette marque de sainteté, notre parole fera difficilement son chemin dans le cœur de l'homme de ce temps. Elle risque d'être vaine et inféconde. » Paul VI était un prophète. Ce qu'il décrit dans cette exhortation s'applique peut-être encore mieux à notre époque qu'à la sienne.

B.V. - Comment fait-on pour se démarquer ainsi?

B.O. - En brillant dans la société. Paul VI donne les lignes. Il parle de simplicité de vie, d'esprit de prière et de charité envers tous. Il faut que le catholique questionne et soit visible et, aussi, que sa foi soit explicite. Si on lui pose la question: « Pourquoi fais-tu ceci ou cela? » Il ne faut pas qu'il dise: « Ah! C'est parce que j'ai des valeurs profondes. » Il faut que la proclamation évangélique de Dieu soit toujours au premier plan.

B.V. - Il n'est pas facile de se démarquer dans une société où le christianisme est en déclin!

B.O. - Notre époque ressemble beaucoup à celle du prophète Jérémie. Vous vous souvenez de cette période qui précède tout juste l'Exil à Babylone? J'aime faire une sorte de parallèle entre la vie de Jérémie et la mienne. Lorsqu'il était jeune, il a vécu la réforme de Josias, la grande réforme deutéronomique où tous les espoirs étaient permis. C'était une époque de grand renouveau, âge, il commençait à désespérer. II voyait bien que la catastrophe s'en venait. Dans ses oracles, il avertissait ses contemporains: « Attention! si on ne change pas, tout va s'effondrer! » Quelques années plus tard, il dit: « Il faut s'en aller en exil parce que tout s’écroule ». Là-bas, en exil, le peuple juif n'avait plus de roi, de temple ni de terre promise. Les Israélites ont donc réinventé leur foi sans les supports institutionnels qu'ils avaient avant.

B.V. - Si nous décidons de suivre leur exemple, qu'est-ce que nous devons faire?

B.O. - On se concentre sur l'essentiel, comme les Israélites ont fait à l'époque. Ce n'est pas rien! Ils approfondissent leur foi! C'est du temps de l'Exil qu'est venue la pleine conscience du monothéisme et c'est aussi pendant cette période qu'on a recueilli et mis par écrit une bonne partie de ce que nous appelons l'Ancien Testament.

B.V. - Est-ce que l'Église catholique d'ici en est arrivée là?

B.O. - Peut-être qu'on en est là! Peut-être que les supports institutionnels doivent tomber. Et Dieu sait à quel point ça fait mal quand ça tombe. Ça va prendre, comme à l'époque de Jérémie, une bonne vie ou deux pour voir le bout du tunnel. On en est donc juste aux débuts de l'exil.

B.V. - Qu'est-ce qu'il nous faut donc faire?

B.O. - Au temps de Jérémie, quand le Temple fut incendié par les Babyloniens, il ne s'agissait pas d'éteindre le feu, mais de faire confiance au Seigneur: partir en exil, ne pas regarder en arrière, mais en avant. Cela doit nous inspirer et nous donner espoir. Je crois que l'essentiel que nous avons reçu de la Tradition, c'est ce que Paul VI disait. Nous devons être des témoins qui vivent, parlent et agissent comme s'ils voyaient l'invisible.


Tiré de: Benoit Voyer. « Les Témoins de l’essentiel », éditions Logiques, une division de Québecor, 2005, pp.139 à 144. Article paru initialement dans la Revue Sainte Anne. Le livre est conservé chez Bibliothèque et Archives nationales du Québec, à Montréal (BANQ 204.4 V975t 2005).