En ce 19 janvier 2025


FINANCES PERSONNELLES: Surmonter l’inflation en 2025
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SANTÉ QUÉBEC: Compressions en santé: les employés d’un CISSS invités à travailler moins la semaine
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LE CANADA AMÉRICAIN: 43 % des jeunes de 18 et 34 ans voteraient en faveur de l’annexion aux États-Unis, pourvu que la citoyenneté américaine et la conversion au dollar américain soient assurées. Les jeunes sont plus ouverts à devenir américains
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CAMBODGE: Décès du pére Ponchaud, grand témoin de l'histoire du Cambodge
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CHRISTIANISME: Du 19 au 25 janvier a lieu la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

AU NORD DU NORD: Mécontent de l’état des pistes d’atterrissage au Nunavik, Air Inuit poursuit Québec
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Sainte-Julienne

La circonscription de Rousseau

La route 125, direction Nord, a Sainte- Julienne,
dans la circonscription québécoise de Rousseau,
au cœur de la belle région de Lanaudière.

Mgr François Lapierre

Mgr François Lapierre

Par Benoit Voyer
19 janvier 2025

François Lapierre nait le 16 juillet 1941 au 1055, chemin Compton, à West Shefford (aujourd’hui Bromont).

Ses parents, René Lapierre et Rachel Jolin (aujourd’hui décédés), se sont connus et mariés dans ce petit village aux précieux paysages. Sa mère est originaire du 6e rang.

Il a cinq ans lorsque la petite famille déménage sur rue Albert, à Granby. C’est dans ce quartier de la petite ville du plus beau jardin zoologique en Amérique du Nord, à quelques rues de la Coopérative agricole de Granby, l’ancêtre du géant Agropur, qu’il grandit.

Il fait ses études primaires à l’école Saint-Eugène, à Granby - dirigée par les Frères du Sacré-Cœur – et ses études secondaires à l’Externat classique Mgr Prince (nom donné en l’honneur de Mgr Jean-Charles Prince, premier évêque de ce diocèse, de 1852 à 1860), à Granby et au Séminaire de Saint-Hyacinthe.

Sa fratrie comprend dix enfants: François, Mance, Hélène, Marthe, Zoé, Jérôme, Guy, Benoit, Louis et Eugène.

Le pape Benoit XVI et Mgr François Lapierre
Son père, René Lapierre, a besogné sur les chantiers de construction et a été propriétaire d’une petite usine d’emballage. Durant son adolescence, François a mis la main à la pâte afin de l’aider.


Bien entendu, , pour reprendre l’expression de Nestor, le personnage incarné par le regretté Claude Blanchard, « les p’tites filles me travaillent ». Il a toujours éprouvé ce besoin de relations et gardé en lui cette attirance naturelle d’un homme pour une femme : « Ma mère n’avait pas souvent le temps d’aller à l’église. Malgré tout, nous avons été éduqués dans une atmosphère chrétienne. Comme dans plusieurs familles, nous disions le chapelet avec le cardinal Léger, qui passait chaque soir à la radio. Nous avions donc une vie de prière à la maison [1]».

Il se sent attiré par la vie religieuse. Sa vocation, il l’attribue à sa grand-mère qui lui donne l’habitude d’aller à l’église, puisque ses parents occupés par la marmaille et l’entreprise ne pouvent pas toujours s’y rendre.

En aout 1961, il entre à la Société des prêtres des missions étrangères et est ordonné prêtre, le 18 décembre 1965, à l’église Saint-Eugène, à Granby, dix jours après la fin du concile Vatican II.

En 1966, après quatre mois d’apprentissage de l’espagnol, au Mexique, il se rend au Pérou pour travailler dans un quartier pauvre d’Ica, une petite municipalité d’environ 10 000 habitants, située au sud du pays, en plein désert. A la demande de l’évêque, il devient aumônier des étudiants à l’université de l’endroit qui regroupe près de 8000 jeunes: « C’est comme ça que j’ai connu Gustavo Gutierrez. Il était responsable du Mouvement des étudiants catholiques du Pérou. Il est devenu mon ami. J’ai beaucoup appris à son contact. Il m’a aidé à revoir ma théologie, ma façon de comprendre la foi et, surtout, à découvrir que celle-ci a une dimension sociale, une dimension collective et pas seulement une dimension personnelle, individuelle. Il m’est devenu important de voir cette dimension sociale de la foi. Je suis demeuré à Ica jusqu’en 1971 ».

Le pape Jean-Paul II et Mgr François Lapierre
En 1998, il m’expliquait: « La théologie de la libération est une façon d’aborder l’expérience chrétienne. Quand on lit la bible, on s’aperçoit que la liberté est au cœur de cette expérience. Qu’est-ce que la liberté? Est-ce que c’est juste de choisir entre dix sortes de shampoings? C’est d'abord la réalité de s’ouvrir à la souffrance de l’autre. Il ne faut pas avoir peur de la liberté et de la libération. Elles font partie de la foi. Nous devons changer nos façons de voir. Nous ne devons pas être des catholiques les pieds posés sur les freins. Nous sommes trop sur la défensive! Il faut avoir le courage d’être ce que nous sommes! »


Et ajoutait: « Mon expérience en Amérique latine m’a amené à voir l’importance d’une option préférentielle pour les pauvres et à voir comment l’Église peut être non seulement au service des pauvres, mais faire que les pauvres soient des acteurs privilégiés dans l’Église. C’est ce que j'ai appris de la mission en Amérique latine. Les gens pauvres, très pauvres, même analphabètes, peuvent être des acteurs importants dans la mission. Ils ne sont pas uniquement des objets ».

De 1971 à 1979, il revient au Canada et est animateur missionnaire pour sa congrégation religieuse. Il met sur pied le Mouvement des étudiants catholiques du Québec.

De 1973 à 1979, il est également membre du conseil central de la Société des prêtres des missions étrangères.

De 1979 à 1980, il est brièvement aumônier du Mouvement international des étudiants catholiques et du Mouvement international des professionnels catholiques à Paris et à Genève.

En 1980, il arrive avec une équipe de prêtres et de laïcs au Guatemala pour y travailler. Le Guatemala vit une guerre civile très importante. L’expérience est très difficile pour les personnes installées dans la région ou il y a un affrontement entre l’armée et la guérilla révolutionnaire qui combat le régime établi.

Mgr François Lapierre

Raoul Léger, un Acadien faisant partie du groupe de Canadiens, y a laissé sa peau: « L’assassinat de mon ami Raoul Léger, avec qui j’ai travaillé au Guatemala, a engendré dans ma vie et dans ma foi une grande période d’obscurité. Ce fut une terrible épreuve pour moi. J’ai douté jusqu’à remettre en question mon apostolat. [...] C’est toujours la question du pourquoi qui hante l’esprit, surtout lorsqu’on a l’impression d’avoir été fidèle à l’appel reçu et qu’on a donné le meilleur de soi-même. J’ai beaucoup questionné Dieu. [...] L’expérience a été pour moi un tournant important. J’ai découvert une réalité nouvelle dans la spiritualité. Elle n’est pas une fuite, mais un au-delà. J’ai découvert une lumière dans ma nuit. C’est difficile à exprimer. C’est une expérience qui s’explique difficilement avec des mots. Si je n’avais pas vécu cet événement, mon cheminement n’aurait pas été le même. Après quelques pas dans la nuit, j’ai vu le soleil se lever. J’ai vécu l’expérience d’une vie nouvelle. La résurrection, c’est le soleil qui se lève après la nuit obscure », me confiera Mgr François Lapierre, en 2003, lors d’une rencontre à la Maison de la Madone, a l’ombre du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, à Trois-Rivières, ou se tenait une plénière des évêques.

Un beau jour, il trouve sous sa porte une lettre au ton impératif: « Si dans les 48 heures vous n’êtes pas sorti du pays, nous devrons vous supprimer ». Sans tarder, il se rend chez l’évêque du lieu pour lui demander conseil.

« Je n’étais pas un homme de grande foi. Je voyais des paysans qui regardaient la mort avec tranquillité... Pas moi... J’avoue que je sentais beaucoup de peur: Je crois qu’on aurait mis cette menace-là a exécution. J’ai bien pensé que j’allais laisser ma vie au Guatemala », me confiait le père François Lapierre dans un entretien en 1998.

Au Guatemala, une quinzaine de prêtres viennent d’être tués. Ce sont les semaines les plus sanglantes de la guerre civile qui sévit au pays.

Mgr François Lapierre et Le pape François
L'évêque n’hésite pas un instant et va lui-même le reconduire à la frontière du Honduras ou François Lapierre restera jusqu’en 1983: « En allant le rencontrer, je me disais: si j’ai des indications claires que je dois rester, je vais rester! »


En 1991, il est élu supérieur général de la Société des prêtres des missions étrangères.

En 1997, il participe, à Rome, au Synode de l’Amérique: « Un soir, j’ai été invité à souper chez le pape [Jean-Paul II]. Avec lui, nous étions huit autour de la table, dont le supérieur des Jésuites. Après le souper, le souverain pontife nous a invités à prier dans sa chapelle. Pour s’y rendre, je marchais juste derrière lui. Il s’est arrêté, m’a pris la main et m’a invité à le soutenir, car il a de la difficulté à se déplacer. Nous avons marché ensemble jusqu’au lieu de prière. J’ai vécu la une expérience très profonde. J’ai senti un homme ayant un très grand poids à porter. J’ai trouvé ça très émouvant. »

Le 7 avril 1998, le père François Lapierre est élu évêque du diocèse catholique de Saint-Hyacinthe. Une semaine avant son sacre, le 16 juin 1998, il quitte son bureau de Laval et déménage à l’évêché de son nouveau diocèse. Son ami, Gustavo Gutierrez, le père de la théologie de la libération, est présent lors de son sacre. Il dirigera le diocèse jusqu’en 2017.

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[1] Propos tirés d’articles que j'ai écrit en septembre 1998 et en avril 2003 dans la Revue Sainte-Anne. Ils ont été republiés dans le livre « Les Témoins de l’essentiel », Éditions Logiques, 2005.

Je me battrai aussi fort pour les droits des anglophones que pour la souveraineté