En ce 31 décembre 2024


SANTÉ QUÉBEC: Les superbactéries prolifèrent à l’extérieur des grands centres hospitaliers
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CHRÉTIENS PERSÉCUTÉS: 13 missionnaires catholiques tués au cours de l’année 2024
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AUJOURD’HUI DANS L’HISTOIRE : Le pape Benoit XVI décède au Vatican le 31 décembre 2022, à l’âge de 95 ans. Ses funérailles seront célébrées le 5 janvier 2023 et seront présidées par le pape François.

Le Parc national de la Yamaska

Le Parc national de la Yamaska

Le Jour de l’an


Par Benoit Voyer

31 décembre 2024

A chaque Jour de l’an, plusieurs d’entre nous prenons des résolutions pour l’année qui commence. Quelques semaines plus tard, elles tombent une après les autres. On le sait tous, il faut beaucoup de volonté pour garder ses résolutions jusqu’au 31 janvier et bien peu sont encore vivantes le 1er février.

Je vous fais une confidence: Depuis de quelques années, je prends toujours la même résolution: ne pas en prendre. Est-ce que cette année je ferai la même chose? Je ne sais pas encore. Il me reste quelques heures pour y penser.

Dans le numéro de décembre 1953 de la revue Trinitas, Jean-Paul Regimbal souhaite une bonne année 1954 à ses lecteurs. Il écrit : « Une année s’achève, une autre suivra… Le temps infailliblement se perd dans le temps et entraine avec lui tous les hommes vers la maison du Père dont la porte est celle du tombeau. Oh! Ce que peut être une vie? … Un échec formidable ou un admirable triomphe, succès ou désastre souvent renfermé dans la décision énergique d’un moment. A l’aurore de cette année, une résolution est à prendre, un choix à établir. Cette fois, pourquoi ne pas apporter une résolution ferme, constante, durable, héroïque même? N’est-ce pas l’assurance d’une vie pleinement vécue? » [1]

C’est bien vrai: « Le temps se perd dans le temps. [...] Les années qui passent nous conduisent vers notre finalité ».

La vie va vite, vraiment trop vite. On dirait que plus je vieillis, plus je sens que chaque journée qu’il m’est encore permis de vivre est courte. Je n’arrive jamais à tout faire ce que j’ai planifié en 24 heures. Est-ce que je terminerai tout ce que je veux faire avant de m’éteindre? A 58 ans, il me reste évidemment moins d’années devant moi que derrière. J’en suis conscient: je suis dans mon sprint final. Ainsi donc, je sens de plus en plus que je dois me concentrer sur l’essentiel pour réaliser pleinement ce qui me reste à faire et à vivre.

Et le frère Jean-Paul de Jésus [2] questionne avec intelligence: « Ce que peut être une vie? » Et se répond à lui-même: « Un échec formidable ou un triomphe admirable. »

Et moi, qu’est-ce que je choisis? Bien entendu, je me souhaite du succès. Je veux le meilleur pour ma vie. Toi aussi, j’imagine...

Alors, « ce que peut être une vie? », questionne le Trinitaire. En fait, qu’est-ce que devient ma vie ou qu’est-ce que je veux vraiment pour celle-ci. Je réfléchis à la réponse depuis quelques semaines. J’ai trouvé quelques bribes.

Pour la nouvelle année, Jean-Paul Regimbal invite chacun à prendre une résolution ferme, voire héroïque : il insinue, bien entendu, de prendre bien soin de sa relation à Dieu: « N’est-ce pas l’assurance d’une vie pleinement vécue? », lance-t-il.

C’est vrai qu’on oublie souvent le bon dieu. Il passe après tout le reste, mais dès que plus rien ne va, il est le premier vers qui nous crions: « Pourquoi, mon Dieu? ». Et on l’accuse de tout ce qui nous arrive, alors qu’on sait fort bien que nous sommes les premiers responsables des choix que nous faisons. Nous sommes créés libres.

D’ailleurs, parlant de choix, lequel ferais-je en 2025?

Au fond de moi, je sens que je dois persévérer dans la voie que j’ai commencée, il y a quelques mois: chaque jour, allumer ma petite chandelle, m’asseoir et dire au bon dieu: « Me voici, je suis la... Je ne sais pas trop quoi te dire, mais je suis la... Aujourd’hui, je veux te laisser entrer un peu dans ma vie » Et puis, fermer mes yeux, faire silence et me laisse habiter par LA lumière.

Ce simple geste quotidien répété jour après jour est assurément le plus héroïque que je puisse réaliser. Comme le disait un saint espagnol: le plus important n’est pas de commencer des nouveaux projets, mais de persévérer dans ceux déjà commencés malgré les défis à surmonter. L’héroïsme n’est pas dans les grandes réalisations, mais dans les petits gestes qu’on répète jour après jour, par amour [3].

La plus grande invitation que l’humain n’a-t-il pas eu au fil des siècles, n’est-elle pas celle dont fait écho la bible, une demande faite à Moise : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit... » ? (Dt 6,5) Ce sera fort probablement ma résolution de 2025: continuer de lui laisser une petite place, au nom de l’amour.

Et puis, comme l’écrivait Christian Lépine : « En présence de Dieu, je découvre la vérité sur moi-même ».[4] C’est bien vrai, lorsque je prends le temps de m’arrêter, j’apprends à me voir tel que je suis. Et si je le suis, je ne peux que devenir de plus en plus humain. N’est-ce pas ce que Jésus ajoutait à la loi de Moise : «… et ton prochain, comme toi-même »? (Mt 22, 37-39)

Ainsi donc, plus j’apprends à m’aimer dans la pure vérité de ce que je suis, plus je peux aimer ceux que je rencontre au quotidien. A l’école de Jésus, plus on s’imprègne du divin, plus on devient humain.

__________________________________________

[1] Jean-Paul de Jésus. « Vie de la bienheureuse Anna-Maria Taïgi – Une résolution bien gardée », Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, Vol. 1 No. 1, décembre 1953 – janvier 1954, p.9 à 11.
[2] Jean-Paul de Jésus était le nom religieux de Jean-Paul Regimbal avant le Concile Vatican II. Il sera ordonné prêtre le 11 mai 1957
[3] Saint Josémaria Escriva écrivait: « Oublie ce goût de poser les premières pierres et fais en sorte de poser la dernière pierre à un seul de tes projets » (Chemin, no 42)
[4] Christian Lépine. Créés pour être aimés, Médiaspaul, 2012, p.66

Lettre du Jour de l’An 1937 du frère Marie-Victorin à Marcelle Gauvreau


Ma chère amie,

Vous êtes ma fille chérie, non pas parce que j’ai injustement reporté sur vous ce que je devais aux autres ou à tous, mais parce que vous m’avez choisi comme ami et père, en acceptant toutes les implications que cela comporte. Vous m’avez accepté tel que je suis, avec les faiblesses qui ne peuvent échapper à votre perspicacité féminine, vous avez épousé pleinement ma pensée, ma manière de penser, mes idéals, mes ambitions les plus fortes. Vous êtes devenue, j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire pour votre consolation, mon soutien moral en certaines circonstances, le petit bras de chair sur lequel chacun a besoin de s'appuyer, aux heures noires.

Vous êtes entrée dans ma vie – donnez à cette expression qui est très juste la signification la plus noble et la plus pure – a un moment ou mon milieu me desséchait quelque peu, ou on opposait sans cesse à ma conception d’une science sans cesse en communion avec le beau et la poésie la froide conception d’une technicité morte. Vous êtes venue comme un rayon de soleil. Il y avait quelqu’un désormais que mes accents les plus convaincus, au lieu de faire sourire, faisaient vibrer sur la même note, et à partir de ce moment, je suis devenu plus créateur. De vous savoir la, votre petit cœur battant des mêmes ardeurs et des mêmes convictions, cela me donnait du courage, et j’ai marché plus droit, et j’ai marché autrement. Ma chère amie, je sais que je ne puis pas vous faire un plus beau cadeau de Noel que de vous dire cela, qui est d’ailleurs la pure vérité. Dieu, par vous, a mis sur mon chemin une de ces femmes capables d’élever un homme très haut. Ici cet homme était avancé dans la vie. Et c’était un religieux. Étrange murmure en vérité! Mais, chère Marcelle, vous avez été cela. Restez cela. Soyez toujours cela. [...]

Vous avez raison de penser qu’il peut exister entre un homme et une femme une amitié très grande, et sans arrière-pensée, une union absolue des âmes, sans un mensonge et sans une réticence, qui élève au-dessus des choses matérielles et rapproche de la divinité. L’histoire nous en montre quelques-unes entre saints et saintes (saint François et sainte Claire), entre grandes âmes, entre hommes et femmes d’action. Mais combien il y a eu de ces amitiés qui ne firent pas de bruit littéraire, et qui n’en furent que plus véritables. Combien de fois devant l’oeuvre splendide d’un homme a-t-on oublié la grande âme de femme qui l’inspirait! Ces femmes ne furent pas toujours des épouses. Elles furent souvent des amies. [...]

Il se trouve que nos deux âmes rendent le même son, que nous regardons la vie et la vie avec les mêmes yeux d’enfants. Il se trouve que l’idée religieuse parle à nos âmes de la même façon, parce que nous avons grandi dans des familles de vieux christianisme patriarcal. [...]

C’est une lettre du jour de l’An que je voulais vous écrire, ma chère fille, et je bavarde inconsidérablement [...]

Tout le beau et tout le bien pour votre famille, pour votre papa que vous adorez [...]

Et puis je redis avec vous: “Et que ce Nouvel An nous garde unis dans le Christ pour notre plus grand bien et celui d’autrui”.

Tout vôtre dans le Christ.

Frère Marie-Victorin
29 décembre 1936

L'aumône entre le pauvre et toi n'est qu'un échange