Par Benoit Voyer
23 aout 2024
A la fin de l’année 1981, Jean-Paul Regimbal
publie aux Éditions Alain Stanke « La Révolution de l’amour ». Ce
livre doit mener à la publication d’un deuxième « La civilisation de
l’amour », projet sur lequel il travaille avec son équipe du Carrefour de
la prière, dirigée par Thérèse Corriveau. Ce dernier ne verra jamais le jour
puisque les demandes du quotidien amènent Jean-Paul à se donner aussi dans d’autres
projets.
Pour plusieurs de ceux qui le suivent, « La
Révolution de l’amour » marque un nouveau cycle de causeries pour le père
Regimbal. Concrètement, ils n’ont pas tort. Le plan du Trinitaire est de tenter
de mettre en action les jeunes dans cette révolution dont parle tant le pape
Jean-Paul II.
Cependant, lorsqu’on étudie le parcours de
Jean-Paul Regimbal, ce qu’il traite dans ce livre, notamment son appel à
travailler à la justice sociale et à envahir toutes les couches sociales de la
société, notamment dans la sphère politique, n’est pas nouveau. Ses écrits et
ses conférences, depuis 1970, en font régulièrement allusion. Sa causerie de
1976 au Congrès charismatique du diocèse de Québec en est l’exemple vivant.
On le comprend facilement, le religieux est
avant tout un fils de saint Jean de Matha. A l’exemple du fondateur de l’Ordre
des Trinitaires, il veut être, pour son époque, un libérateur d’esclavages. Il
veut briser les chaînes qui rendent l’humain captif et conduire ceux-ci à vivre
dans la lumière.
« La Révolution de l’amour » est un
appel aux jeunes à engager une nouvelle révolution, une révolution différente
de toutes les autres vécues sur la planète. Celle-ci doit commencer par un
changement du cœur humain en fuyant les modes et les théories et philosophies
au goût du jour. Bien entendu, pour Jean-Paul Regimbal cette révolution prend
sa source dans la foi chrétienne.
Le Trinitaire insiste : « la
seule révolution qui n’ait pas été tentée, c’est celle de l’amour! […] On
a trop souvent galvaudé l’amour : on l’a méprisé, rapetissé et méconnu, au
point qu’on se contente aujourd’hui de « faire l’amour » et d’essayer
des recettes que nous livrent des exploiteurs sans conscience, parce qu’on n’a
pas encore compris ce qu’était le véritable amour. […] Tout au fond de
vous-mêmes, vous devinez bien qu’on cherche à vous exploiter. Or, quand on
aime, on n’exploite pas. Quand on aime, on respecte l’être aimé! »
Et il ajoute : « Si vous relisez
l’histoire, vous constaterez qu’aucun des grands
révolutionnaires n’a donné sa vie pour les autres. Sans doute, ont-ils livré
des messages, des stratégies et parfois galvanisé des troupes à leur idéologie,
mais au plus fort de la tourmente, ils ont pris bien soin de se défiler, quitte
à sacrifier ceux qui marchaient à leur suite. […] Cessons de nous laisser
impressionner par tous ces grands personnages qu’on a élevés sur des
piédestaux, même de leur vivant, pour les descendre après leur mort. »
La révolution qu’il préconise appelle à une « révolution du corps », une « révolution de l’esprit »,« révolution du coeur humain », une « révolution de la famille » et une révolution du monde scolaire … Toutes les sphères de la vie humaine doivent entrer en révolution.
Éducation sexuelle
Le livre parait en des mois ou le gouvernement du Québec souhaite instaurer
dans les écoles un programme d’éducation a la sexualité. On le comprend bien,
Jean-Paul Regimbal est contre.
Il n’est pas tendre sur le sujet : « Je
considère qu’on ne nous propose rien d’autre que l’éducation sexuelle du
cheptel humain québécois. Appelons les choses par leur nom! On donnerait des
cours de gynécologie a des animaux et l’on aboutirait presque au même résultat. »
Il écrit à la jeunesse : « Vous êtes
faits pour rester debout, dans toute la vigueur et la force de votre généreuse
sexualité, une sexualité assumée et responsable, une sexualité respectueuse et
victorieuse. […] Je refuse de croire que la voie royale de l’épanouissement
humain doive nécessairement passer par les organes génitaux. La voie de la
révolution vers la dignité passe d’abord par le cœur, l’esprit et la volonté.
Et la sexualité est intégrée dans la personne globale qui, elle, exprime son
amour d’une façon saine, équilibrée et heureuse. »
Il s’en défend bien. Cette position n’est pas
seulement la sienne, mais s’appuie sur celle de l’Assemblée des évêques
catholiques du Québec.
Le père Jean-Paul invite les jeunes à une
fécondité responsable, à fuir « l’amour à la sauvette » en utilisant
des moyens contraceptifs et, sexuellement, a la jouissance pour la jouissance.
Il insiste: « Nous sommes
appelés, non pas pour être des faibles, des lâches ou des démissionnaires; nous
ne devons pas courber l’échine devant les pressions sociales, économiques et
politiques qu’on veut nous imposer. […] »
Et il les encourage à voir la vie avec d’autres yeux : « Chers amis, vous n’êtes pas faits pour l’érotisme, mais pour l’héroïsme! Pas pour la mollesse, mais pour la tendresse! […] Je vous sais capables, vous, les jeunes, qui aspirez de tout votre être à vivre pleinement votre existence, de séparer le vrai du faux et de rejeter les théories colportées au nom de données pseudo-scientifiques! »