En ce 27 avril 2025




Carte mortuaire de Joseph Beaulieu (1866-1950),
mon arrière grand-père

La vénérable Élisabeth Bergeron


La vénérable Élisabeth Bergeron

Par Benoit Voyer
27 avril 2025

A La Présentation, près de Saint-Hyacinthe, le 25 mai 1851, naît Élisabeth, la fille de Théophile Bergeron et Basilisse Petit.

A cause de la piètre situation économique, sa famille émigre aux États-Unis. Elle a 14 ans. Elle y travaille dans une filature de coton.

En terre américaine, elle se rend compte que ses amis et compatriotes du Québec ignorent à peu près tout de la religion. Elle finit par les inviter chez elle pour leur donner des leçons de catéchisme.

En 1870, alors qu’elle est de retour en terre canadienne et qu’elle a été refusée par trois communautés religieuses, elle parle de son désir de vie religieuse à l’évêque de Saint-Hyacinthe, le bienheureux Louis-Zéphirin Moreau. Il lui demande de fonder une communauté enseignante pour les enfants des campagnes. Elle lui répond: «Si vous pensez que je peux répondre à votre projet malgré mon ignorance et mes inaptitudes, je suis à votre disposition».

Le 12 septembre 1877, entourée de trois autres femmes, Elisabeth fonde officiellement les Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe. Elle prend le nom de Mère Saint-Joseph.

Deux ans plus tard, Mgr Moreau nomme une nouvelle supérieure pour la jeune communauté. La fondatrice accepte avec humilité la décision de l’évêque. Elle devient assistante générale. Elle gardera son poste jusqu’en 1925.

Élisabeth Bergeron décède le 29 avril 1936.

Elle a été déclarée vénérable le 12 janvier 1996.

De nos jours, la vénérable Élisabeth Bergeron repose au mausolée du Columbarium du cimetière de la Cathédrale de Saint-Hyacinthe, 1075, rue Girouard Est.

Tombe de la vénérable Elisabeth Bergeron
D’Élisabeth a moi

Je trouve ça toujours un peu rigolo, mais bon (!) c’est la réalité : Élisabeth Bergeron, la vénérable fondatrice des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe est une lointaine petite-cousine. Elle est officiellement ma «petite-cousine éloignée au 5e degré du mari de ma cousine germaine éloignée au 1er degré ». Si c’est ainsi c’est à cause de Daniel Laprès le compagnon de vie de la fille de ma cousine Ginette Voyer, la fille de mon oncle Gérard Voyer de Shawinigan, si je suis devenu parent avec Élisabeth. Regardons cela en détails :

La vénérable Élisabeth Bergeron (1851-1936) est la fille de Théophile Bergeron et Basilisse Petit. Le père de Basilisse est Joseph Petit.

Joachim Petit (1765-1809) est le père de Joseph (décédé en 1850). Le père de Joachim est Jean Baptiste Laprès (1736-1800). Joachim aura un frère: Jean Baptiste Jean Noël Laprès (1770-1822). Ce dernier donnera naissance à Jean Olivier Laprès (1806-1894).

Sans grande originalité : Jean-Olivier donnera naissance à Jean-Baptiste (né en 1831) et le fils de Jean Baptiste sera aussi Jean Baptiste Laprès (1857-1943).

Le Jean-Baptiste de 1857 donne naissance à Joseph Laprès (1883-1969). Bien oui! Un autre Joseph!

Joseph donnera naissance à Jules (1922-1988) et Jules à Jacques (1942-2007) et Jules à Daniel Laprès, le mari de ma petite-cousine Louise Voyer.

Et la suite est facile : Louise est la fille de ma cousine Ginette Voyer. Ginette est la fille de mon oncle Gérard Voyer (1913-2014) qui a été conseiller municipal à la ville de Shawinigan pendant 25 ans. Gérard est le frère de mon père Roméo (1930-2021)et tous deux sont les enfants d’Alice Chenard (1889-1981) et Edgar Voyer (1889-1967).

Tu es venu

Les confidences du médecin de Robert Bourassa


Joseph Ayoub

Le Dr Joseph Ayoub est cancérologue a l’Hôpital Notre-Dame, CHUM, à Montréal. Il est directeur de l’enseignement au Centre hospitalier universitaire de Montréal et directeur du programme d’oncologie et professeur-chercheur a la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Il vient de publier, en 2004, Guérir parfois, soulager souvent, réconforter toujours (Éditions Pauline et Anne Sigier).

Article paru en février 1999

Les confidences du médecin de Robert Bourassa


« Un jour j’ai dit à Robert Bourassa : « Le Québec vous aime, monsieur Bourassa! » Des larmes d’émotions contenue ont alors coulé sur son visage, silencieusement », dit d’une voix touchante Joseph Ayoub, l’oncologue qui a accompagné l’ex-premier ministre du Québec sur le chemin vers l’autre vie. Ce qui l’a surpris, c’est la simplicité et la foi en Dieu qui habitaient ce personnage important de l’histoire du Québec, décédé le 2 octobre 1996 a 5h45, a l’Hôpital Notre-Dame de Montréal, emporté par un cancer.

Accompagner cette personnalité québécoise a été un événement circonstanciel, voire providentiel. Lors de l’arrivée de Robert Bourassa a l’hôpital, Joseph Ayoub était de garde. « J’ai appris à voir l’homme a travers le politicien. J’ai appris à découvrir un être d’une grande simplicité et d’une grande humilité », ajoute-t-il.

L’hommage qu’il a fait le jour du décès et qui a été repris par tous les médias de la métropole québécoise a profondément touché les sensibilités de ses compatriotes d’adoption. Le monde catholique a découvert en lui une âme riche de la présence de Dieu. Son témoignage n’a pourtant pas été quelque chose de très planifié.

« Durant ses dernières minutes, je suis venu d’urgence a son chevet pour encourager la famille. Sur la route pour me rendre à l’hôpital, je me suis dit: c’est le 2 octobre, fête des anges gardiens. C’est en ces termes que j’ai parlé à la famille Bourassa lorsqu’il a exhalé son dernier souffle. « Son ange gardien a accompagné son âme au Seigneur » », raconte le réputé spécialiste du cancer.

Il poursuit : « En sortant de la messe, vers 7h30 (a l’Hôpital Notre-Dame ou je participe souvent à l’eucharistie), je me suis dit : ça ne se peut pas qu’un homme qui a tellement contribué a l’évolution du Québec parte sans que quelqu’un livre un dernier hommage. Je savais que la famille ne voulait faire aucun commentaire officiel aux médias. Alors, je me suis rendu a mon bureau (le K5219 du Pavillon Mailloux de l’Hôpital Notre-Dame, a Montréal) pour griffonner un petit texte et j’ai téléphoné a madame Bourassa pour lui demander la permission de livrer ma déclaration aux médias. »

Andrée Bourassa accepte la proposition. Joseph Ayoub se rend alors au bureau de Jacques Wilkins, directeur des communications de l’institution pour lui remettre son bout de papier. M. Wilkins le met au propre et l’envoie a toutes les salles de presse par le biais de l’agence Telbec.

Puis le docteur Ayoub se rend à une réunion au Collège des médecins du Québec sans trop se soucier de la suite de son geste spontané. Mais très vite M. Wilkins lui lance un appel urgent au téléphone : « Monsieur Ayoub, on a des téléphones de partout. Les médias veulent vous voir et vous entendre lire ce témoignage que vous avez rédigé. » A midi, il était la vedette d’un point de presse en direct sur les ondes de plusieurs stations de radio et de télévision.

« Êtes-vous conscient d’avoir touché le cœur des Québécois? Avouez que c’était bien plus qu’un hommage à Robert Bourassa! Vos propos de foi ont pénétré la sensibilité collective. Par la suite, la population ne parlait que de cela! Elle disait de vous : « Quel grand humaniste! Quel grand homme! » » lui est-il lancé pour tenter de le faire sortir quelques secondes de sa grande humilité

Il répond, après un bref silence, comme pour se justifier : « Ce témoignage est sorti de mon cœur après avoir côtoyé ce monsieur pendant cinq semaines… » Après un silence lourd a la recherche d’une réponse au fond de lui, il ose des commentaires puisés a la source de sa spiritualité : « C’est la que je te dis : c’est la voie du Seigneur. Il a des voies qui nous dépassent, toi et moi. Il y a longtemps que j’ai constaté – et cela bien avant cet événement – que les Québécois ont une foi profonde, mais qu’elle est endormie. Ils ont peur de l’exprimer. »

Pour lui, la foi au Québec est omniprésente et il n’y a qu’a enlever une couche de terre, une couche de poussière pour qu’elle resurgisse. La racine de la foi est bien vivante. Pour qu’elle revive, il faut qu’il y ait de véritables témoins. Seuls des gens qui vivent pleinement de la Parole de Dieu permettront à la foi de fleurir à nouveau.

Un médecin pas comme les autres
Joseph Ayoub est oncologue au Pavillon Notre-Dame du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), directeur d’oncologie médicale et professeur de médecine de l’Université de Montréal, et responsable de l’unité du cancer du poumon pour le Fonds de recherche en santé du Québec (Réseau cancer). Il s’occupe aussi des protocoles de recherche clinique pour le cancer du poumon.

Il est rare de rencontrer une telle qualité humaine chez un spécialiste de la santé. Bien plus qu’un médecin du corps, il est celui de l’âme. N’est-ce pas cela apporter le salut? Dans sa racine hébraïque, ce mot veut dire « la guérison ». C’est ce que Jésus a fait, et Joseph Ayoub tente de l’imiter à sa façon.

Le regard de Joseph Ayoub ressemble au regard de compassion que le Christ, docteur des âmes, portait sur les malades. Son visage est rempli de lumière. Ses yeux sont chargés de tendresse et ses paroles pleines de bonté. Il n’a pas besoin de parler. De sa personne transparaissent les traces du Ressuscité. Il côtoie tellement la mort de près, qu’il est constamment en contact avec les âmes du ciel. On peut facilement imaginer que Dieu, tellement fier de la préparation que le médecin fait à ses patients pour aller a sa rencontre, doit lui préparer une des plus belles places au royaume des bienheureux du ciel. Vraiment, il est rare de rencontrer une si belle âme.

Médecin catholique
Joseph Ayoub est né en Égypte, en janvier 1937, fils d’un père libanais et d’une mère égyptienne. Il a son doctorat en médecine en 1961. Après deux ans de travail en résidence, il commence sa carrière de médecin à Alexandrie. Et cette même année 1963, il rencontre sa future femme et ils se marient.

En octobre 1966, il quitte son pays pour s’établir au Canada avec son épouse (ses yeux s’illuminent lorsqu’il parle d’elle) et leur bébé d’un an, Jean-Pierre. Ils deviennent officiellement citoyens canadiens, cinq ans plus tard.

« Avant de venir ici, j’ai lu de nombreux livres sur l’histoire du Québec. Ce qui m’a attiré, ce sont les origines mystiques de la Nouvelle-France. J’en rêvais. Je me disais que ce serait la que je pourrais vivre ma foi d’une façon pleine et idéale. C’était juste avant la révolution culturelle qu’a vécue le Québec », commente le sympathique spécialiste.

Si le fait d’être un médecin catholique passe bien auprès des malades, cela est moins bien reçu de la part des intellectuels. Il croit cependant que la foi vécue pleinement, simplement et normalement, finit par amener les réfractaires à admettre qu’il y a quelque chose de sérieux dans la manifestation religieuse.

« Il y a une certaine réflexion qui s’établit parmi mes collègues et les autres médecins. Ils arrivent à voir que l’on peut faire une alliance entre la foi et la science. C’est une évolution de la pensée. Dans les années 1970, il fallait choisir entre l’une ou l’autre. Tu ne pouvais pas avoir les deux. Comme le disait si bien le cardinal Poupart : « Pour la science, connaître c’est expliquer. Pour la foi, connaître c’est aimer. Expliquer et aimer peuvent aller ensemble », conclut-il.

Le mélange science et foi est ce qu’il a utilisé pour soigner Robert Bourassa et tant d’autres malades. Pour Joseph Ayoub, la médecine n’est pas une profession, mais une vocation particulière, une mission apostolique.


Tiré de: Benoit Voyer « Les Témoins de l’essentiel », éditions Logiques, une division de Québecor, 2005, pp. 27 à 31. (BANQ 204.4 V975t 2005). Article paru initialement dans la Revue Sainte Anne.