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En ce matin du 29 avril 2025, j'ai visité la tombe du premier ministre du Québec Maurice Duplessis au Cimetière Saint-Louis, a Trois-Rivières |
En ce 29 avril 2025
J’ai besoin de toi
J’ai besoin de toi
Inédit
Date inconnue
J’ai besoin de toi Ta voix m'enivre de soleil
Tu es ma joie
J’ai tellement besoin de foi
comme un bon vin de groseilles
Tu m’émerveilles.
François Paradis
François Paradis
François Paradis poursuit son travail sur les ondes du réseau TVA. L’émission qu’il anime, TVA en direct.com, lui offre la possibilité d’établir un lien privilégié avec le public. Son objectif demeure toujours le même: être à la hauteur de la confiance qu’on lui témoigne et se présenter tel qu’il est. Il a reçu le Prix Communication et Société 2004, prix qui récompense la promotion des valeurs humaines et éthiques dans les médias.
Il est titulaire d’un baccalauréat en science politique et journalisme de l’Université Laval, à Québec, et d’un diplôme du Centre de perfectionnement des journalistes à Paris. Il a animé sa première émission d’affaires publiques en 1984, sur les ondes de Télé-4, à Québec. Viendront ensuite Café Show et L’enfer ou le Paradis. Et puis, il devient chef d’antenne d’un bulletin d’informations. De 1993 à 1996, il se fera largement connaitre grâce à l’émission Première ligne (TVA).
Article paru en juin 2003
« La vérité est un concept »
Qu’est-ce que la vérité? Quelle est la mission du journaliste? L’objectité journalistique est-elle possible? L’animateur François Paradis accepte de répondre aux questions qui lui sont posées. En plus d’aborder ces sujets qui lui ont demandé quelques heures de réflexion, l’homme de 45 ans accepte de parler de sa démarche a la télévision.
Benoit Voyer – François Paradis, on dit du journaliste qu’il est un chercheur de vérité. Est-ce bien cette vertu qui caractérise votre mission de vie?
FRANCOIS PARADIS – Ce serait prétentieux de ma part de dire que je recherche la Vérité, parce que ma vérité est la mienne et que votre vérité est la vôtre. La vérité s’applique aux choses que nous pouvons démontrer sans aucun doute. Avant de débuter cette conversation, vous avez renversé un verre d’eau sur la table. Ce petit incident relève de la vérité. C’est une certitude parce que, ensemble, nous avons vu et vécu l’incident et parce que la table est encore humide.
Cependant, lorsqu’il est question de vérité sociétale, c’est une autre histoire. Votre vérité ne sera peut-être pas la mienne, parce que votre vérité prend sa source dans vos valeurs, dans vos connaissances et vos expériences. Je recherche l’honnêteté et la sincérité parce que le moyen de communication pour lequel je travaille est à ce point puissant qu’on n’a pas le droit de le gaspiller. Je gère mal l’incompétence et l’hypocrisie.
Lorsqu’en bavardant vous m’expliquez votre point de vue, je ne peux pas toujours être en accord avec vous, mais je respecte ce que vous me partagez parce que je considère votre cheminement autant valable que le mien. Cependant, durant notre échange, je peux remettre en question ou douter de ce que vous m’apportes. Je peux aussi confronter vos propos avec ceux d’autres personnes.
B.V. - Lorsque vous interviewez le ministre « Coin Coin » qui essaie de vous faire croire un mensonge ou une demi-vérité, vous devenez un chercheur de vérité...
F.P. - Lorsqu’il accepte mon invitation, j’ose espérer que le ministre en question est assez honnête pour me dire le fond de sa pensée. J’ai bien de la difficulté avec les discours en boîte. J’ai aussi de la misère à entendre des absurdités comme celle-ci... Au décès de Monsieur Y, un invité me dit que la mort de cet homme n’est pas si pire que ça parce qu’il est mort tout seul. Il y a des logiques en sol mineur que je n’accepte point.
B.V. - Quelle est votre mission de journaliste?
F.P. - Dans mon travail, je confronte des points de vue. Je m'oblige à le faire! Et si je dois le faire, par mes questions, je tente de démontrer au téléspectateur que, ce qui se raconte devant moi, c'est de la foutaise.
B.V. - Vous brouillez davantage les cartes. Est-ce que vous êtes un chercheur de vérité ou d'honnêteté?
F.P. - La vérité est un concept. À part quelques vérités dont nous ne pouvons pas douter, comme l'incident du verre d'eau, la vérité est indéfinissable. À la fin d'une émission, je ne peux jamais dire que la vérité, c'est ceci ou cela. En entrevue, j'entends des vérités qui peuvent toutes être de bonnes vérités.
Mon boulot est de faire sortir au grand jour l'essence même de ce qu'un intervenant trouve correct ou non. Je tente de rechercher chez lui l'honnêteté et qu'il dévoile entièrement son jeu, c'est-à-dire qu'il ne cache rien dans sa manche et qu'il soit assez vrai pour me présenter sa main ouverte sans peur. Ainsi, à la lumière de ce qui est dévoilé, je laisse le téléspectateur tirer ses conclusions. J'ai confiance au jugement de celui qui assiste à la discussion. Il est capable de dire: «Tiens! Le monsieur ou la dame avec Paradis vient de nous en passer une vite ».
L'automne dernier, un ministre me disait quelque chose de totalement absurde. J'ai rétorqué: «Ben voyons donc! Ce que vous nous dites, vous le pensez vraiment?» Chaque fois que je lance cette affirmation, la personne devient très honnête ou se met à bafouiller.
Je dois tout de même vous confier que je n'aime pas reprendre les gens ou douter de ce qu'ils me disent. Je prends toujours pour acquis que les gens sont fondamentalement honnêtes et qu'ils expriment réellement ce qu'ils pensent, sans jouer de jeu.
B.V. - Des réseaux de télévision et de radio se vantent de poser les vraies questions...
F.P. C'est juste du marketing, ça! Voyons! Est-ce qu'il y a des questions qui sont fausses? Je n'ai pas cette prétention. Je veux juste poser de bonnes questions et ne pas avoir peur de les exprimer.
De plus, je ne fais jamais de pré-interview. On dit ce qu'on a à se dire en présence du public. Cependant, avant une émission, je dis à chaque invité que je me permets de poser toutes les questions qui me viennent à l'esprit et qu'il n'est pas obligé d'y répondre. S'il ne veut pas, je veux qu'il le dise directement au téléspectateur. Toutes les questions se posent et chacun a le droit ou non d'y répondre. Et la personne à la maison dira: «Il a osé lui poser cette question!» Il ne faut pas sous-estimer le téléspectateur.
B.V. - Est-ce que l'objectivité journalistique existe vraiment?
F.P. - Je suis un gars d'opinions. Quand j'aborde un sujet, je ne veux pas teindre celles des autres. Je serais bien malvenu de faire semblant de ne pas en avoir. Lorsque j'aborde des questions délicates, j'ai déjà une opinion sur le sujet. J'ai ma tendance. Je trouve qu'il serait dommage d'être des créatures insipides, incolores, sans opinion et sans idée. Cependant, mon idée ou mon opinion ne doit pas m'empêcher d'entendre celle de l'autre avec qui je parle.
Sur les ondes, il m'arrive de ne pas dire ce que je pense. Néanmoins, par mes questions, il est possible de savoir ce que je pense vraiment. L'individu qui est devant son petit écran a la capacité de me saisir parce qu'il est brillant, compétent et intelligent. Il comprend et il a soif de comprendre. De cette manière, nous devenons des partenaires.
B.V. - Lors d'une interview, au risque d'avoir l'air fou devant le public, est-ce qu'il vous arrive de changer d'opinion?
F.P. - Avoir l'air fou pour qui? Pour mon ego? Voyons! J'ai le droit de me tromper et de l'exprimer. Puisque je me nourris de ce que les gens me donnent, ma pensée est toujours en évolution.
B.V. - Alors qu'elle est votre mission de journaliste?
F.P. - Je veux être un petit engrenage qui fait que chaque citoyen d'ici puisse se rendre compte de tout ce qu'il peut faire pour l'avancement de la société et, aussi, je veux lui montrer tout le poids qu'il a dans la démocratie. Lorsque j'anime un débat à la télévision, ma mission a pour seul but d'éveiller la réflexion.
J'ai le pouvoir de poser des questions, c'est un privilège qui m'est donné. Cependant, le vrai pouvoir, c'est le téléspectateur qui l'a, parce qu'il est le mieux placé pour analyser et juger les idées de mes invités.
Tiré de: Benoit Voyer. « Les Témoins de l’essentiel », éditions Logiques, une division de Québecor, 2005, pp. 83 à 87 (BANQ 204.4 V975t 2005). Article paru initialement dans la Revue Sainte Anne.
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