C'était en décembre 2014, a Granby |
La relecture de vie (2e partie)
Il existe cinq types de relectures. Je reprends ici un extrait de l’article de Jean-Luc Hétu paru dans la revue Frontières a l’automne 1993.
« Les relectures terminées et paisibles : il s’agit en fait de récits de vie » plutôt que de relectures. Le sujet a déjà fait sa relecture et il n’éprouve plus le besoin de se situer par rapport à son passé. S’il en parle, c’est souvent en réponse a une invitation précise qui lui est faite. L’implication effective est faible, mais la personne est sereine et non pas sur la défensive. A l’écoute d’un tel récit, il n’y a pas tellement à intervenir.
Tout comme dans la catégorie précédente, dans les lectures de consolidation le sujet n’a pas de prise de conscience à faire sur son passé. Il s’est déjà permis de revenir sur ses difficultés de parcours et il a assez bien réussi à les mettre en perspective. Mais ici, il est impliqué affectivement. Il éprouve le besoin de revenir sur le chemin parcouru et il lui arrive souvent d’éprouver une satisfaction évidente à le faire.
A certains moments, il peut pleurer, se fâcher, éprouver de la difficultés, etc. Mais le climat d’ensemble est à la sérénité. Il y a consolidation des guérisons ou des réconciliations par rapport au passé, et par conséquent consolidation de l’estime de soi.
Au moment de relectures en cours, le sujet vit un corps a corps avec son passé. Il s’est résolument engagé dans le ménage d’une maison dont certaines portes n’ont pas été ouvertes, ou dont certaines pièces accusent encore un désordre relatif. Comme les sujets de la catégorie précédente, il est susceptible de vivre des émotions diverses, mais il a plus de chances de se sentir surpris par ces émotions. Il pourra donc avoir besoin d’être aidé à les accueillir et à les identifier. De plus, étant donné que la partie n’est pas encore gagnée, le sujet pourra se montrer ambivalent quant à différentes dimensions de son vécu.
La catégorie des relectures défensives regroupe les relectures ou le sujet accepte de parler de son passé, ou décide spontanément de le faire, mais ou il se censure beaucoup en évitant les épisodes qui le menacent. Il pourra ainsi soit parler d’abondance, mais seulement des moments heureux de sa vie, soit se raconter sur un ton détaché, sans se permettre de manifester les sentiments reliés aux épisodes qu’il évoque. A la limite, si la censure est forte, il n’y a pas a proprement parler de relecture, le sujet n’étant pas vraiment en train de faire son bilan.
Il arrive souvent, cependant, que le sujet donne des indices plus ou moins clairs des épisodes qui font problème, comme s’il demandait de l’aide pour surmonter les résistance qui le paralysent. S’il n’a pas d’aide, le sujet demeurera dans l’ambivalence.
Enfin, contrairement a la relecture défensive, la relecture pénible évoque clairement des blessures profondes : le sujet qui la fait se retrouve alors plus près du pole du désespoir que de celui de la sérénité. Il a souvent l’impression d’avoir raté sa vie et il trouve que le temps est trop court pour pouvoir s’en remettre ou se reprendre. Contrairement a celui de la relecture précédente aussi, le sujet de la relecture pénible se montre souvent dépressif, anxieux, amer ou révolté : il demeure alors difficile de prédire si l’espoir et la paix prévaudront finalement sur le désespoir et la peur. »
Quand quelqu’un fait une relecture de vie, il en profite généralement pour faire des aveux. C’est souvent le cas ou se dévoilent des agressions sexuelles, des amours secrets, un inceste vécu dans sa jeunesse, etc. Ce n’est qu’après une véritable relecture de vie que le sujet se sent en paix avec lui-même.
Benoit Voyer
(Chronique Au-delà du visible, L’Hebdo Granbyen, 29 mars 1995, p. 8)
« Les relectures terminées et paisibles : il s’agit en fait de récits de vie » plutôt que de relectures. Le sujet a déjà fait sa relecture et il n’éprouve plus le besoin de se situer par rapport à son passé. S’il en parle, c’est souvent en réponse a une invitation précise qui lui est faite. L’implication effective est faible, mais la personne est sereine et non pas sur la défensive. A l’écoute d’un tel récit, il n’y a pas tellement à intervenir.
Tout comme dans la catégorie précédente, dans les lectures de consolidation le sujet n’a pas de prise de conscience à faire sur son passé. Il s’est déjà permis de revenir sur ses difficultés de parcours et il a assez bien réussi à les mettre en perspective. Mais ici, il est impliqué affectivement. Il éprouve le besoin de revenir sur le chemin parcouru et il lui arrive souvent d’éprouver une satisfaction évidente à le faire.
A certains moments, il peut pleurer, se fâcher, éprouver de la difficultés, etc. Mais le climat d’ensemble est à la sérénité. Il y a consolidation des guérisons ou des réconciliations par rapport au passé, et par conséquent consolidation de l’estime de soi.
Au moment de relectures en cours, le sujet vit un corps a corps avec son passé. Il s’est résolument engagé dans le ménage d’une maison dont certaines portes n’ont pas été ouvertes, ou dont certaines pièces accusent encore un désordre relatif. Comme les sujets de la catégorie précédente, il est susceptible de vivre des émotions diverses, mais il a plus de chances de se sentir surpris par ces émotions. Il pourra donc avoir besoin d’être aidé à les accueillir et à les identifier. De plus, étant donné que la partie n’est pas encore gagnée, le sujet pourra se montrer ambivalent quant à différentes dimensions de son vécu.
La catégorie des relectures défensives regroupe les relectures ou le sujet accepte de parler de son passé, ou décide spontanément de le faire, mais ou il se censure beaucoup en évitant les épisodes qui le menacent. Il pourra ainsi soit parler d’abondance, mais seulement des moments heureux de sa vie, soit se raconter sur un ton détaché, sans se permettre de manifester les sentiments reliés aux épisodes qu’il évoque. A la limite, si la censure est forte, il n’y a pas a proprement parler de relecture, le sujet n’étant pas vraiment en train de faire son bilan.
Il arrive souvent, cependant, que le sujet donne des indices plus ou moins clairs des épisodes qui font problème, comme s’il demandait de l’aide pour surmonter les résistance qui le paralysent. S’il n’a pas d’aide, le sujet demeurera dans l’ambivalence.
Enfin, contrairement a la relecture défensive, la relecture pénible évoque clairement des blessures profondes : le sujet qui la fait se retrouve alors plus près du pole du désespoir que de celui de la sérénité. Il a souvent l’impression d’avoir raté sa vie et il trouve que le temps est trop court pour pouvoir s’en remettre ou se reprendre. Contrairement a celui de la relecture précédente aussi, le sujet de la relecture pénible se montre souvent dépressif, anxieux, amer ou révolté : il demeure alors difficile de prédire si l’espoir et la paix prévaudront finalement sur le désespoir et la peur. »
Quand quelqu’un fait une relecture de vie, il en profite généralement pour faire des aveux. C’est souvent le cas ou se dévoilent des agressions sexuelles, des amours secrets, un inceste vécu dans sa jeunesse, etc. Ce n’est qu’après une véritable relecture de vie que le sujet se sent en paix avec lui-même.
Benoit Voyer
(Chronique Au-delà du visible, L’Hebdo Granbyen, 29 mars 1995, p. 8)
S'abonner à :
Messages (Atom)