En ce 21 octobre 2024


Voici ce qui retient mon attention dans les médias (mise a jour de 21h):

LA MALBAIE: Les fouilles archéologique reprendront au printemps
lecharlevoisien.com/2024/10/15/les-fouilles-reprendront-au-printemps/

ENVIRONNEMENT: Des conservateurs albertains ne veulent plus que le CO2 soit qualifié de polluant
ici.radio-canada.ca/nouvelle/2113624/co2-polluant-ucp-danielle-smith

SHERBROOKE: La ministre Marie-Claude Bibeau se présente à la mairie de Sherbrooke. Elle quittera Justin Trudeau
ici.radio-canada.ca/nouvelle/2113845/marie-claude-bibeau-mairie-sherbrooke

CHRÉTIENS PERSÉCUTÉS: Au Mexique, un prêtre assassiné dans l'État du Chiapas
vaticannews.va/fr/eglise/news/2024-10/mexique-meurtre-pretre-chiapas-violence-jesuite.html

CHRÉTIENS PERSÉCUTÉS: Au Sud-Liban, l’Église tente de pallier les carences de l’État
vaticannews.va/fr/eglise/news/2024-10/au-sud-liban-l-eglise-tente-de-pallier-les-carences-de-l-etat.html

Émilie de la Providence sur la route de la canonisation


Benoit Voyer
21 octobre 2024

En ce 20 octobre, Journée mondiale des missions, l'archevêque catholique de Montréal, Mgr Christian Lépine, a présidé une messe spéciale a l'occasion du lancement du procès diocésain en vue de la canonisation de la montréalaise Émilie Tavernier - Gamelin.

« Faire mémoire d’Émilie Tavernier-Gamelin en rappelant la vie et l’œuvre de la bienheureuse nous garde dans l’émerveillement et l’action de grâce. Que notre célébration soit un chant d’amour et de reconnaissance au Dieu Providence pour le don d’Émilie […] et de tous ceux et celles qui, aujourd’hui comme hier, désirent « se faire Providence » pour demain », a dit dans son introduction a la célébration Mgr Lépine.

Pour cette célébration multilingue, qui a duré près de deux heures, Christian Lépine était bien entouré. Il était notamment possible de reconnaître l’abbé Aleksander Dudik, vice-chancelier et président de l’enquête diocésaine; Chantal Labrèche, chancelier au diocèse montréalais; le père Alain Vaillancourt, curé de la cathédrale, Lorena Otero, celle qui raconte quotidiennement et avec passion l’histoire de la « sainte » aux visiteurs qui se présentent au musée du Centre Émilie-Gamelin depuis près de 20 ans; et, presque toutes les Sœurs de la Providence capables d’être présentes.

La grand-messe a débuté avec une quinzaine de minutes de retard. Un problème de circulation a retardé l'arrivée de deux autobus de religieuses, les principales intéressées par cet événement rendant hommage a leur fondatrice.

En entendant la première lecture de l’eucharistie, tiré du livre biblique des Proverbes, il était impossible d’oublier la mémoire de Jean-Baptiste Gamelin, l’époux d’Émilie, mort beaucoup trop jeune et qu’on oublie bien souvent lorsqu’on fait mémoire de celle qu’il aimait de tout son coeur : « Une femme parfaite, qui la trouvera? Elle est précieuse plus que les perles! Son mari peut lui faire confiance : il ne manquera pas de ressources. Elle sait choisir la laine et le lin, et ses mains travaillent volontiers. Elle est debout quand il fait encore nuit pour préparer les repas de sa maison. […] Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux. »

Dans son homélie, l’archevêque a été, comme a son habitude, bref et simple. Il a principalement souligné qu’Émilie Gamelin a « su percevoir la dignité éminente de chaque être humain » et que « la sainteté ne réside pas juste dans les choses extraordinaires, mais dans les gestes simples du quotidien ». Il a insisté sur le fait que, a la suite d’Émilie Tavernier, « chacun est appelé à devenir un instrument pour défendre les plus pauvres et la justice sociale ». Il souhaite qu'avec le procès diocésain en vue de sa canonisation, le diocèse de Montréal trouve des pistes d’inspiration pour l’avenir de sa grande communauté de foi.

Émilie Tavernier-Gamelin a été déclarée bienheureuse, sur la Place Saint-Pierre, au coeur de la Cité du Vatican, le 7 octobre 2002.

Dans l'introduction du livret de la célébration, on indique qu'en ce moment, il reste « encore trois étapes à franchir pour qu'une personne béatifiée puisse être canonisée et déclarée sainte. Tout d'abord, le présumé miracle doit être jugé légitime par un tribunal diocésain composé de juges, après que ceux-ci ont entendu des témoignages et examiné des documents. Deuxièmement, la recommandation et la documentation sont envoyées au Vatican pour une enquête complémentaire. Enfin, si les conclusions de l’enquête sont positives, la recommandation de canonisation est transmise au pape […] pour qu’il prenne les mesure nécessaires ». Ainsi donc, il faudra, fort probablement, au moins une vingtaine d’années encore avant qu’elle soit déclarée « sainte ».







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La Place des Arts

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Le métro Place des Arts

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La révolution spirituelle de Jean-Paul Regimbal


Par Benoit Voyer

21 octobre 2024

Ce qui caractérise Jean-Paul Regimbal est sa quête perpétuelle à vouloir transformer la société et l’Église en proposant une révolution spirituelle. Dès son entrée dans l’Ordre des Trinitaires, à travers ses textes et interventions publiques, on perçoit cette idée constante. Il le fait d’abord en propageant la dévotion à la Trinité et en parlant de Jean de Matha et des saints Trinitaires. On le voit aussi à travers son travail en milieu carcéral. En revanche, c’est surtout à la suite de son expérience spirituelle intense dans le renouveau charismatique que cette tendance s’accentue.

Son livre La Révolution de l’amour est publié à la fin 1981, aux Éditions Alain Stanké. L'œuvre prend son origine dans la transcription et l’adaptation d’une série de conférences qu’il a donnée à l’automne 1981 lors d’une retraite spirituelle a la maison des Trinitaires, à Granby. Je me souviens très bien de cette retraite…

Ce vendredi soir, dans la salle de conférence, il y a de la fébrilité dans l’air. Jean-Paul est attendu. Les jeunes qui le suivent aiment l’entendre.

Jean-Paul est au sommet de sa forme. Il a le sourire aux lèvres et le regard allumé. Je suis à même de le savoir. Depuis la fête de la Pentecôte, je le voie régulièrement puisque je travaille maintenant à temps plein l’été et partiel le reste de l’année a la Pneumathèque, la librairie qu’il a fondée, j’anime le chant lors des soirées de prière qu’il anime chaque lundi soir et je le visite sporadiquement au Carrefour de la prière, sur la rue Avery, à quelques pas la maison des Trinitaires. Il m’arrive parfois d’échanger quelques mots avec lui en fin de soirée puisqu’avant de se retirer, il prend le temps de se détendre à la cafétéria de la communauté. Il y a un lien entre lui et moi. L’histoire a fait du chemin: Un lundi soir, dans un commentaire qu’il fait durant son homélie, il me surnomme son « p’tit Jean », rappelant le disciple bien-aimé de Jésus.

Je reviens à ce vendredi soir...

Jean-Paul ouvre sa première conférence en expliquant qu’au fil de l’histoire, il y a eu plusieurs révolutions sociales, culturelles et politiques… Il donne des exemples. Deux minutes plus tard, il lance : mes amis, « La seule révolution qui n’ait pas été tentée, c’est celle de l’amour! » En survolant du regard son jeune auditoire, il lance avec enthousiasme : « Aujourd’hui, je déclare engagée, a tous les jeunes qui veulent m’écouter, la révolution de l’amour! » Je me lève et je lance des applaudissements. Il y a un effet d’entrainement. La foule fait de même à ma suite. Jean-Paul croise mon regard. Il me sourit et me pointe du doigt en ajoutant : « Ce sera le geste collectif d’une jeunesse, non pas révoltée, mais résolue – et bien résolue – à s’impliquer dans une révolution qui se fera en Jésus-Christ, par l’évangile. »

Le livre « La Révolution de l’amour » doit conduire à la publication d’un deuxième opus, « La civilisation de l’amour », projet sur lequel il travaille avec son équipe du Carrefour de la prière, dirigée par Thérèse Corriveau. Ce dernier ne verra jamais le jour puisque les demandes du quotidien amènent Jean-Paul à se donner aussi dans d’autres projets. De plus, à partir de 1984, sa santé l’obligera à freiner ses activités.

Pour plusieurs de ceux qui le suivent, « La Révolution de l’amour » marque un nouveau cycle de causeries pour le père Regimbal. Concrètement, ils n’ont pas tort. Le plan du Trinitaire est de tenter de mettre en action les jeunes dans cette révolution dont parle tant le pape Jean-Paul II.

Cependant, lorsqu’on étudie le parcours de Jean-Paul Regimbal, ce qu’il traite dans ce livre, notamment l’appel à travailler à la justice sociale et à envahir toutes les couches sociales de la société, notamment dans la sphère politique, n’est pas nouveau. Ses écrits et ses conférences, depuis 1970, en font régulièrement allusion. Sa causerie de 1976, au Congrès charismatique du diocèse de Québec, en est l’exemple vivant.

On le comprend facilement, le religieux est avant tout un fils de saint Jean de Matha. A l’exemple du fondateur de l’Ordre des Trinitaires, il veut être, pour son époque, un libérateur d’esclaves. Il veut briser les chaînes qui rendent l’humain captif et conduire celui-ci à vivre dans la lumière.

« La Révolution de l’amour » est un appel aux jeunes à engager une nouvelle révolution, une révolution différente de toutes les autres vécues sur la planète. Celle-ci doit commencer par un changement du cœur humain en fuyant les modes et les théories et philosophies au goût du jour. Bien entendu, pour Jean-Paul Regimbal cette révolution prend sa source dans la foi chrétienne.

Il insiste : « la seule révolution qui n’ait pas été tentée, c’est celle de l’amour! […] On a trop souvent galvaudé l’amour : on l’a méprisé, rapetissé et méconnu, au point qu’on se contente aujourd’hui de « faire l’amour » et d’essayer des recettes que nous livrent des exploiteurs sans conscience, parce qu’on n’a pas encore compris ce qu’était le véritable amour. […] Tout au fond de vous-mêmes, vous devinez bien qu’on cherche à vous exploiter. Or, quand on aime, on n’exploite pas. Quand on aime, on respecte l’être aimé! »

Et il ajoute : « Si vous relisez l’histoire, vous ne constaterez qu’aucun des grands révolutionnaires n’a donné sa vie pour les autres. Sans doute, ont-ils livré des messages, des stratégies et parfois galvanisé des troupes à leur idéologie, mais au plus fort de la tourmente, ils ont pris bien soin de se défiler, quitte à sacrifier ceux qui marchaient à leur suite. […] Cessons de nous laisser impressionner par tous ces grands personnages qu’on a élevés sur des piédestaux, même de leur vivant, pour les descendre après leur mort. »

La révolution qu’il préconise appelle à une « révolution du corps », une « révolution de l’esprit », une « révolution de la famille » et une révolution du monde scolaire. Toutes les sphères de la vie humaine doivent être transformées par des fondements spirituels.

Éducation sexuelle
Le livre parait en ces mois ou le gouvernement du Québec souhaite instaurer dans les écoles un programme d’éducation à la sexualité. Sans surprise, Jean-Paul Regimbal est contre.

Il n’est pas tendre sur le sujet : « Je considère qu’on ne nous propose rien d’autre que l’éducation sexuelle du cheptel humain québécois. Appelons les choses par leur nom! On donnerait des cours de gynécologie a des animaux et l’on aboutirait presque au même résultat. »

Il dit à la jeunesse : « Vous êtes faits pour rester debout, dans toute la vigueur et la force de votre généreuse sexualité, une sexualité assumée et responsable, une sexualité respectueuse et victorieuse. […] Je refuse de croire que la voie royale de l’épanouissement humain doive nécessairement passer par les organes génitaux. La voie de la révolution vers la dignité passe d’abord par le cœur, l’esprit et la volonté. Et la sexualité est intégrée dans la personne globale qui, elle, exprime son amour d’une façon saine, équilibrée et heureuse. »

Il s’en défend bien. Cette position n’est pas seulement la sienne, mais s’appuie sur celle de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec.

Le père Jean-Paul invite les jeunes à une fécondité responsable, à fuir « l’amour à la sauvette » en utilisant des moyens contraceptifs et, sexuellement, a la jouissance pour la jouissance.

Il insiste: « Nous sommes appelés, non pas pour être des faibles, des lâches ou des démissionnaires; nous ne devons pas courber l’échine devant les pressions sociales, économiques et politiques qu’on veut nous imposer. […] »

Et il encourage les jeunes à voir la vie avec d’autres yeux : « Chers amis, vous n’êtes pas faits pour l’érotisme, mais pour l’héroïsme! Pas pour la mollesse, mais pour la tendresse! […] Je vous sais capables, vous, les jeunes, qui aspirez de tout votre être à vivre pleinement votre existence, de séparer le vrai du faux et de rejeter les théories colportées au nom de données pseudo-scientifiques! »

Le livre « La Révolution de l’Amour » est une puissante exhortation pour les jeunes de tous les âges. Jean-Paul interpelle chacun à ne pas demeurer en vase clos, mais à s’engager au grand vent. Comme Ignace de Loyola, il veut que chacun soit un « contemple-actif ».

Un ancien nouveau programme de vie spirituelle
La conclusion de « La Révolution de l’amour » est un programme de vie chrétienne accessible à chacun, mais fort exigeant. Celui-ci s’inscrit dans la tradition spirituelle occidentale.

Pour commencer, Jean-Paul Regimbal invite chacun à avoir Jésus et Marie comme modèles de vie spirituelle. Et il insiste sur le développement d’une relation de proximité avec le Fils et sa mère. Les moyens privilégiés pour y parvenir demeurent la prière du cœur et la fréquentation régulière des sacrements de l’eucharistie et du pardon.

Il écrit: “Jésus se rend donc présent, accessible et recevable dans la sainte eucharistie tant au cœur de la messe par la communion, qu’au sein du tabernacle par sa présence réelle.”

Il ajoute: “Jésus est là, Jésus t’attend, Jésus te convie au banquet de l’amour comme source et comme sommet de ta propre vie spirituelle et de toute ton existence humaine. Il se veut présent a tout ton être comme ami, comme frère, comme modèle et comme soutien. Il demeure toujours prêt à te dynamiser de la puissance de sa résurrection ! Quand tu reçois son corps et son sang, tu reçois la plénitude de son amour humano-divin". [...] "Chacun des sacrements est un signe sensible institué par Jésus-Christ pour nous donner la grâce absolument nécessaire à notre croissance vers la pleine maturité de la charité”.

Pour ce qui est de Marie, il écrit que chaque disciple d’hier, d’aujourd’hui et de demain est “interpellé par le Maitre d’accueillir sa mère chez soi. Il veut que sa mère devienne notre mère, car elle est indissociablement unie à son Fils depuis le moment de l’incarnation jusqu’à l’achèvement complet de la rédemption.”

Enfin, il faut se donner des moyens pour parvenir “aux sommets de cet amour-agape": “Il ne suffit pas de contempler les modèles proposés, ni seulement de les imiter dans leurs attitudes profondes; il faut aussi prendre les moyens efficaces qui s’appellent la prière, les sacrements, l’ascèse et l’engagement.”

Il faut prier, beaucoup prier: “La vie de prière, l’esprit de prière et la persévérance dans la prière deviennent donc des conditions essentielles pour que la révolution de l’amour aboutisse réellement à la civilisation de l’amour. Vouloir négliger la prière pour favoriser le travail et l’action, c’est sombrer dans l’illusion”

Depuis le Concile Vatican II, les auteurs parlent bien peu de l’ascèse chrétienne, mais le père Regimbal ne dit que de bons mots sur sa nécessité: “Pour tendre efficacement aux sommets de l’amour, le vrai disciple du Christ est prêt à accepter les trois grands moyens ascétiques recommandés par Jésus-Christ lui-même : le jeune, le renoncement à soi-même et la mort au péché. [...] Parmi les plus grands obstacles à l’amour, il faut bien reconnaitre l’orgueil, l’égoïsme, la sensualité, la domination. C’est pourquoi l’ « amour-Agape » implique deux choses : la mort à soi-même et a tout ce qui constitue le vieil homme en soi. [...] Ce qu’il est essentiel de comprendre par cette expression, la mort à soi-même, ce n’est pas la destruction de sa personnalité, de ses talents, de ses aptitudes, ni de sa liberté radicale, mais bien l’éradication complète des habitudes de péché qui étouffent et empoisonnent nos capacités profondes d’aimance”

A ses yeux, le dernier – mais le plus important - moyen à mettre en place son plan est l’engagement: “Peut-on parler sérieusement d’amour sans au moins aborder le thème de l’engagement? Trop de gens rêvent en couleurs, se contentent de pieux souhaits ou même aspirent vers un idéal sublime sans jamais consentir à un engagement sérieux, responsable, parfois même, douloureux. [...] De par sa nature même, toute alliance implique engagement et plus l’alliance est noble et sainte, plus l’engagement doit se radicaliser dans l’amour. Pas d’engagement sans dégagement! Pas de dégagement sans dépassement! Pas de dépassement sans une motivation suffisante, cette motivation trouvant ses raisons dans le cœur, dans l’affectivité, dans l’amour lui-même.”

Jean-Paul Regimbal est en symbiose avec le pape et les évêques. En ce sens, il est un “extrême centriste”. Son enseignement s’inscrit dans la tradition de l’Église. Pour lui, la seule et unique grande révolution qui n’ait pas été implantée et vécue s’inscrit dans celle-ci. La révolution spirituelle qu’il préconise est à portée de main, mais fort engageante. Elle n’est pas pour les tièdes.