En ce 7 septembre 2024


Aujourd'hui, voici ce qui a retenu mon attention dans les médias (Mise a jour de 6h23):
 
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Jean-Paul Regimbal, « Celui qui a été un passionné de Dieu »


Par Benoit Voyer

7 septembre 2024

Pendant quatre ans, c’est-à-dire à partir depuis juin 1984, année où il est opéré à « cœur ouvert » de toute urgence, Jean-Paul Regimbal en arrache avec sa santé. Il a des hauts et des bas, mais il n’est jamais assez bien pour reprendre le rythme de ses activités de la précédente décennie. C’est un vrai purgatoire pour lui. Les vieux catholiques diraient que c’est un temps de mortification qu’il traverse.

Bien entendu, à Rome, il travaille comme il peut, avec le père Armand Gagné, à la cause des chrétiens persécutés, mais étant souvent hospitalisé pour son asthme et divers petits bobos, c’est bien plus dans l’offrande de sa maladie à son Dieu qu’il lutte contre les persécutions religieuses.

Je l’entends encore dire, lors d’une conférence donnée entre 1981 et 1984 : « un jour, le renouveau charismatique passera et fera place à un renouveau mystique ». N’est-ce pas ce qu’il est en train lui-même d’expérimenter?

A l’été 1988, Jean-Paul est hospitalisé à nouveau. Cette fois-ci, il fait un séjour dans le milieu hospitalier sherbrookois.

C’est par l’intermédiaire de ses confrères qu’il sera informé de la canonisation de Simon de Rojas, un prêtre trinitaire espagnol, né le 28 octobre 1552 et mort le 29 septembre 1624, dont il a tant parlé depuis son entrée dans l’Ordre religieux, en 1949. La grande célébration a lieu le 3 juillet 1988, sur la Place Saint-Pierre.

Regain d’énergie
A la fin de l’été 1988, le père Jean-Paul Regimbal se sent bien. Il reprend quelques activités dans le but de reprendre son ministère comme il le faisait avant l’épreuve de la maladie. Il souhaite recommencer à animer des ressourcements spirituels.

Les mardis 30 aout et 6 septembre 1988, en soirée, il anime l’heure de prière devant le saint-sacrement dans la chapelle de la maison des Trinitaires, à Granby.

Entre temps, le 5 septembre 1988, il se joint au groupe de prière charismatique qu’il a fondé en 1970, afin de prier avec les gens. Il préside la messe du jour.

Mes parents sont présents. Ils sont très heureux de le revoir. Ils me reparleront souvent de cette joie. C’est comme si leur frère de sang était revenu pour un repas de famille ou pour veiller au salon avec eux.

Malheureusement, Jean-Paul n’est pas encore vraiment prêt physiquement au rythme de travail qu’il veut s’imposer. Il s’épuise rapidement. D’ailleurs, le père Claude Choquet, son supérieur, l’invite à ralentir un peu ses activités. Jean-Paul lui répond par une boutade : « Quand je serai mort, je ne travaillerai plus ».

Le 7 septembre 1988, Jean-Paul se rend au Centre hospitalier de Granby pour un léger malaise. Les médecins le garde sous observation pour quelques heures.

En cette matinée du 8 septembre 1988, Jean-Paul Regimbal se sent mieux et croit qu’il pourra sortir du Centre hospitalier de Granby en après-midi ou le lendemain afin de poursuivre son ministère sacerdotal.

Vers 11h, Léon-Pierre Étier le visite. « Je vais sortir cet après-midi », lui dit-il.

Finalement, il passe la soirée de ce jeudi dans sa chambre avec quelques proches et amis.

Le père Choquet est du nombre. Jean-Paul lui paraît calme et heureux. Il lui dit qu’il sera à la maison de retraites spirituelles pour célébrer la messe du dimanche.

Mon père est son dernier visiteur. Ils échangent. Jean-Paul donne un conseil de vie spirituelle à papa : « Roméo, continues de croire et d’aimer l’Eucharistie! ». Ce seront ses dernières paroles avant les salutations d’usage.

A ce moment, personne ne sait ce que prépare la Vierge de la Nativité. « La visite partie », Jean-Paul Regimbal reçoit fort probablement la visite du personnel infirmier, prie, se couche pour la nuit, s’endort et son âme quitte son corps. Il passe des ténèbres a la lumière. Par la main, Marie le conduit à son Fils. Il a 57 ans.

En revoyant en un éclair le fil de sa vie dans la l’intense lumière du dernier souffle, il a dû se souvenir de ce qu’il écrivait en 1958 : « Nous sommes tous en marche vers l’éternelle patrie et notre court passage sur la terre n’a d’autre fin que de nous préparer le plus parfaitement possible à notre occupation céleste : connaitre, aimer et servir Dieu à jamais. »

Humainement parlant, vers 22h45, Jean-Paul Regimbal décède, en douceur, d’une défaillance cardiaque.

Durant ce temps à la télévision française de Radio-Canada, « Le Point » présente la deuxième partie d’un reportage baptisé « Les Palestiniens » qui témoignent de leurs vies, de leurs aspirations et du sens de leurs luttes dans les territoires occupés où se multiplient les affrontements quotidiens avec l’armée israélienne ». Voilà un dossier qu’aurait apprécié Jean-Paul, lui qui était préoccupé par cette question d’actualité.

Derniers hommages
La nouvelle de son décès circule rapidement dans les chaumières granbyennes et puis partout au Canada francophone. Je suis très affecté par son départ. En secret, je verse des larmes. J’espérais tant le revoir pour avoir quelques conseils. Papa et maman sont sans mots. Je les ai rarement vus si tristes.

Sa dépouille est exposée les samedi et dimanche, 10 et 11 septembre 1988, dans la grande salle des retraites spirituelles de la maison des Trinitaires, à Granby, salle qu’il a fait construite dix ans plus tôt. Les visites sont de 10h à 22h. C’est la Maison funéraire Girardot et Ménard qui s’occupe de la direction des funérailles.

Plusieurs centaines de personnes viennent lui rendre un dernier hommage. Bien entendu, je suis du nombre. J’y passe quelques heures. Mes parents font de même.

Plusieurs congrégations religieuses envoient un représentant afin de remettre un message de condoléances à sa famille et à ses confrères.

Sur la photographie publiée dans le quotidien La Voix de l’Est du 12 septembre 1988, il est possible de reconnaître le père trinitaire Yvon Samson, Sœur Jacqueline Lacroix, Jocelyne et Yves L’Étoile. J’étais à quelques pas lors du passage du journaliste.

Funérailles
Le 12 septembre 1988, à 14h, on célèbre les funérailles de Jean-Paul Regimbal. En cette superbe journée ensoleillée, l’église Sainte-Famille, rue la rue Principale, à Granby, est pleine à craquer. Bien entendu, je suis présent. Je suis debout à l’arrière de l’église, car je ne peux pas rester jusqu’à la fin puisque je suis attendu à 16h à l’usine de tapis Peeters pour une soirée de boulot.

La messe funéraire est présidée par Mgr Louis Langevin, évêque de Saint-Hyacinthe. Dans son homélie qui m’ennuie, il commente les lectures bibliques de la messe, résume en très peu de mots la vie de Jean-Paul Regimbal et lui adresse quelques humbles éloges :

« Le père Jean-Paul […] Conscient que Jésus Christ s’identifie à celui qui souffre, a celui qui est malade, dépouillé, prisonnier, détenu, il […] a eu le souci d’aider ces blessés de la vie. Il a été l’apôtre de la miséricorde.

Combien de personnes il a reçu et qui sont ressorties encouragées, stimulées et converties par l’Esprit saint qui agit en nous, qui habite en nous? […]

[Et puis, il] a lancé ce grand mouvement du renouveau charismatique au Canada. Il en fut un apôtre donné, avec ses limites, bien sûr, comme tout le monde, mais ses limites ne doivent pas nous empêcher de voir le bien qu’il a fait. Il a mis toutes ses énergies à faire connaitre ce mouvement et faire prendre conscience du rôle central de l’Esprit saint dans la vie de l’Église. […]

Le père Jean-Paul a été aussi l’apôtre de la Parole de Dieu, c’est-à-dire un évangélisateur. Il avait cette passion de faire connaitre la Parole de Dieu pour que les baptisés en vivent vraiment. Sa voix chaude et claire a retenti un peu partout et nous lui en sommes reconnaissants profondément. […]

C’est son amour de l’Église qui a poussé le père Jean-Paul à dépenser beaucoup d’énergies pour le renouveau charismatique. Le père Jean-Paul a aimé l’Église. Il a aimé le pape et les évêques. Je peux l’affirmer l’ayant connu et l’ayant vu travailler dans le diocèse et ailleurs. […]

Le père Jean-Paul a été un bon religieux trinitaire; il aimait sa communauté et ses confrères, il a été un bon prêtre, fidèle à son sacerdoce et a ses engagements.

Le père Jean-Paul est parti avec la conviction que ce fut pour lui une grande grâce d’avoir été appelé au sacerdoce et que cette grâce lui a apporté beaucoup de bonheur. […]

Que le Seigneur ressuscité daigne accueillir celui qui a été un passionné de Dieu. […] Nous ne verrons plus le père Jean-Paul! Nous n’allons plus l’entendre! Il vient de nous devancer pour rejoindre ceux et celles qui nous ont quittés. »

Le journaliste Daniel Paquette de la Voix de l’Est écrira le lendemain dans les pages du journal :

« Étonnamment, la messe s’est déroulée sobrement. Pas de bras levés vers le ciel, pas de prière spontanée, pas de chants en langue, pas d’imposition des mains, toutes ces manifestations extérieures habituelles aux charismatiques ont fait place à des larmes discrètes et a une participation intense aux chants et à la liturgie mortuaire ».

« A la sortie du cercueil de l’église, la foule a applaudi, quoique brièvement, le père Regimbal en hommage.

Une bonne centaine de disciples sont venus toucher de la main le cercueil pour y prier et se recueillir avant que celui-ci soit poussé à l’intérieur du corbillard. Pendant ce temps, au loin, les cloches de l’église Notre-Dame, la paroisse voisine, volaient dans le ciel de Granby.

 La famille du défunt occupait quatre rangées derrière les pères trinitaires et plusieurs curés de paroisses de la région avaient revêtu l’aube. De plus, de nombreuses personnalités assistaient à la messe funéraire dont MM. Jean Lapierre et Roger Paré députés fédéral et provincial de Shefford, et MM. Mario Girard et Horace Boivin, respectivement maire et directeur des relations publiques de Granby ».

Après la célébration, la dépouille de Jean-Paul Regimbal est conduite au cimetière des Trinitaires, a Saint-Bruno-de-Montarville. Plusieurs années plus tard, sa dépouille , comme celles de ses confrères et consœurs, déménagera dans une section du Cimetière Saint-Antoine-de-Padoue, à Longueuil. Dans la dernière rangée du cimetière, un petit et humble obélisque ou figure son nom est déposé par-dessus les quelques mètres qui le sépare de notre existence. Il est au royaume des morts, mais il demeure un éternel vivant dans le cœur de Dieu.