En ce 31 juillet 2024


Aujourd'hui, voici ce qui a retenu mon attention dans les médias:

FINANCES PERSONNELLES: Super C, Maxi, il manque d’épiceries à bas prix
24heures.ca/2024/07/31/super-c-maxi-il-manque-depiceries-a-bas-prix-au-quebec-et-cest-un-grave-probleme

FINANCES PERSONNELLES: «C’est un peu comme le sirop Buckley»: le paiement minimum sur les cartes de crédit passera à 4,5%
journaldemontreal.com/2024/07/30/cest-un-peu-comme-le-sirop-buckley-le-paiement-minimum-sur-les-cartes-de-credit-passera-a-45

SANTÉ QUÉBEC: Le réseau de la santé dans le rouge: plus d’un milliard $ de déficit l’an dernier. Le pire déficit est celui du CISSS des Laurentides.
journaldemontreal.com/2024/08/22/le-reseau-de-la-sante-dans-le-rouge-plus-dun-milliard--de-deficit-lan-dernier

SANTÉ QUÉBEC: Relation intime et consommation de drogue avec une patiente: une infirmière radiée deux ans journaldemontreal.com/2024/07/30/infirmiere-dun-centre-daide-contre-la-dependance-radiee-deux-ans--en-relation-avec-une-patiente-avec-qui-elle-prend-de-la-drogue?s=03

AFFAIRES: Mises à pied et fermetures, la relance de Bentley ne se fera pas sans heurts
journaldemontreal.com/2024/07/31/mises-a-pieds-et-fermetures-la-relance-de-bentley-ne-se-fera-pas-sans-heurts

SANTÉ MENTALE: Attention! Le pessimisme nuit à la santé mentale
journaldemontreal.com/2024/07/30/attention-le-pessimisme-nuit-a-la-sante-mentale?s=03

TAXES CARBONNES: Les crédits carbone jugés « inefficaces » par un organisme de vérification
lapresse.ca/actualites/environnement/2024-07-30/les-credits-carbone-juges-inefficaces-par-un-organisme-de-verification.php

Le sentier Le Carcan du Parc national du Mont-Tremblant

Il était une fois dans les médias...

À 16h30, après une bonne douche, j'étends mes jambes devant un bon feu de camp avec à la main la coupe d'un succulent rosé québécois, un petit vin corsé qui fait la joie de mes papilles gustatives. [...] Il n’y a ni chien ni loup dans le voisinage. Je peux dormir sur mes deux oreilles. Les oiseaux chantent...

Par Benoit Voyer (2015)


Il y a de quoi être aux oiseaux. Entre chien et loup, le lac des Cyprès du secteur de la Pimbina du Parc national du Mont-Tremblant, dans Lanaudière, offre un spectacle inoubliable aux amateurs de plein air. Ce matin, c'est sur la rive de ce magnifique bassin naturel que je souhaitais commencer cette journée de randonnée pédestre.

C'est la première fois que je fais découvrir cette partie de l'immense territoire de 1510 kilomètres carrés à ma conjointe Manon et sa tante Johanne, une jeune active de 62 ans. Je tenais à ce que ce lieu propice à la contemplation en soit le point de départ.

La lumière du soleil de ce jour quasi sans nuages met en relief toutes les teintes de ce paysage bucolique. Le bleu du ciel et de l'eau, le vert des conifères, des sapins et de l'herbe, le brun du sable de la plage et le gris des rochers offrent des panoramas uniques.

En ce moment, le lac est si calme qu'il est comme un immense miroir. Lorsqu'on baisse la tête pour observer l'eau, on pénètre au fond de celle-ci. Elle est tellement claire qu'on voit dans ses entrailles. Les poissons d'eau douce y nagent calmement.

Et puis, il y a la pureté de l'air... L'oxygène y est ici plus abondant que dans nos cités de béton. Il entre à plein régime dans nos poumons. On n'a vraiment pas besoin de respirateur artificiel.

Un jour, j'aimerais tant explorer en canot cet écosystème marin particulier et son affluent, mais ce ne sera guère pour cette belle matinée.

En ce chaud 1er septembre, c'est le sentier Le Carcan, situé à quelques kilomètres d'ici - qu'on atteint par une route en gravier sinueuse - que nous explorerons. C'est le deuxième plus haut sommet (883 mètres) de ce parc national, le plus grand au sud du 49e parallèle, créé en 1895. C'est fou de penser à l'idée qu'il y autour de nous 400 lacs.

Notre automobile file. Elle laisse derrière nous une traînée de poussière.

Enfin, nous y voilà! Il est 9h30.

Sur ce parcours linéaire de 7,2 kilomètres, fort bien entretenu - qui est parfois abrupte -, on ne part jamais en solitaire. Les gardiens du Parc ne viennent pas y faire la surveillance. S'il arrivait un incident, le poste d'accueil est à près de 20 kilomètres du sentier. Un coup de pouce serait nécessaire.

La randonnée commence avec une petite montée sur un ancien chemin forestier, mais assez rapidement on se retrouve en terrain facile. C'est ainsi sur une longue distance.

Cependant après près d'une heure, la marche se corse de plus en plus. On passe à une section pour randonneurs intermédiaires. Le bout le plus difficile est sur les deux derniers kilomètres.

Aujourd'hui, c'est fort humide. L'exercice physique demande une plus grande dose d'efforts et de ne point lésiner sur l'hydratation. Il ne faut pas être téméraire. On fait des petites pauses. On mange des noix et des fruits.

Du départ au sommet, on y monte 380 mètres.

L'attrait du sentier réside dans ses petites cascades et lacs. En haut, il n'y a pas de belvédère permettant l'observation à vol d'oiseau de la région, comme c'est le cas au lac Monroe, dans le secteur de la Diable. Jadis, il y avait à cet endroit « une tour à feu » pour les gardes-chasse. Au poste d'accueil, on nous a dit que la direction du Parc national a un projet en ce sens, mais cela n'est pas dans les priorités immédiates.

Après cinq kilomètres de marche, il y a un point d'observation qui offre une assez belle vue sur la région. Malheureusement, il n'y a point de bancs. Cela aurait été apprécié après un tel effort.

Pour nous trois, c'est ici que se termine notre ascension. Les randonneurs que nous avons rencontrés nous ont indiqué qu'il n'y a rien de vraiment intéressant sur les deux derniers kilomètres du sentier. Ils racontent qu'on ne fait que monter des caps de roches abruptes. Il faut aussi songer à revenir. Nous nous sommes levés très tôt ce matin et sommes sur la route depuis 5h15. La fatigue commence à s'installer en nous.

À 14h30, nous regagnons la ligne de départ. Nous venons de vivre cinq belles heures. Les endomorphines s'installant en nous. Nous regagnons l'entrée de la Pimbina qui est située dans la municipalité de Saint-Donat.

Après une halte au poste d'accueil, nous prenons la direction du camping Chanteur-Pinson où nous attend « une Huttopia ». Nous avons la tente numéro 6. Le service prêt-à-camper est vraiment intéressant! C'est la joie du camping sans avoir à tout trimbaler et installer. On n'a qu'à apporter sa bouffe et ses couvertures pour la nuit.

À 16h30, après une bonne douche, j'étends mes jambes devant un bon feu de camp avec à la main la coupe d'un succulent rosé québécois, un petit vin corsé qui fait la joie de mes papilles gustatives. Ma tante ricane. Mon amour me sourit. Il n’y a ni chien ni loup dans le voisinage. Je peux dormir sur mes deux oreilles. Les oiseaux chantent...

Tiré de: Benoit Voyer. « Le sentier Le Carcan du Parc national du Mont-Tremblant », Huffington Post Québec, 4 octobre 2015 (page consultée le 31 juillet 2024) huffpost.com/archive/qc/entry/le-sentier-le-carcan-du-parc-national-du-mont-tremblant_b_8173724

Apprendre à dialoguer avec les Premières Nations afin de sortir des préjugés

Il était une fois dans les médias...


La Conférence mondiale sur les peuples autochtones de l'ONU nous rappelle l'importance d'une ouverture du cœur envers les Premières Nations de la planète.

Par Benoit Voyer (2014)

La Conférence mondiale sur les peuples autochtones de l'ONU a lieu les 22 et 23 septembre

Une chose que la vie m'a apprise, c'est que pour bien dialoguer et se comprendre, il faut écouter avec le cœur. C'est ce qu'on appelle l'empathie. Pour y parvenir, une ouverture réciproque sans peur de l'autre est nécessaire. La peur est l'ennemi de l'ouverture. Lorsque j'ai peur, une part de moi se referme. C'est un mécanisme normal de défense.

La Conférence mondiale sur les peuples autochtones de l'ONU nous rappelle l'importance d'une ouverture du cœur envers les Premières Nations de la planète.

Savoir écouter, ce n'est pas seulement entendre ce que l'autre me dit. C'est surtout savoir saisir ce qu'il tente d'exprimer avec toute sa personne. C'est ce qu'on appelle le langage non verbal. On dit qu'à peine 7% de la communication humaine se fait avec des mots. Il y a tant de choses dont on ne trouve jamais le verbe pour l'exprimer.

Au-delà des paroles et des actions, qu'est-ce que le cœur de la personne devant qui je me retrouve veut exprimer? Qu'est-ce que les attitudes et le langage de son corps disent? J'aime l'idée que le corps placote autant que les syllabes en bouche.

La rencontre de cultures différentes - tout comme le dialogue intergénérationnel - se passe de la même manière qu'entre deux personnes qui tentent de se comprendre.

Être soi
Le point de départ d'un bon dialogue, c'est l'identité individuelle. Ainsi donc, ce sont deux «moi» - ou personnes - qui s'ouvrent un à l'autre ou, pour reprendre les termes du «Passe-Partout» de mon enfance, «deux fesses qui se connaissent».

C'est un vieil adage : Il est impossible de bien connaître l'autre qui est devant moi, si je ne me connais pas moi-même. Et puis, je ne peux guère accueillir sa différence, si je suis incapable d'affirmer la mienne. Ainsi, pour apprécier une autre culture, il faut avant tout aimer celle qui a fait de moi ce que je suis. Pour apprécier le pays d'autrui, il est préférable d'avoir visité le sien. L'autre n'est pas moi.

Les lois du dialogue culturel
Lorsqu'on veut véritablement comprendre culturellement l'autre, il est important de mettre de côté les réponses faciles, les propos superficiels et les idées préconçues.

Et puis, éviter de se comporter en conquérants ou en «personne qui fait pitié».

Enfin, la rencontre avec une autre culture n'est possible qu'en restant humble.

Et comment faire pour reconnaître la route à emprunter dans une démarche «dialogale»?

J'aime la réponse de l'abbé Dumont à Esther Létourneau dans le roman historique «Un amour éternel» d'André Mathieu (Éditions Coup d'œil) : «Je me demande de plus en plus s'il ne faut pas plutôt laisser la route reconnaître le voyageur».

Ainsi donc, le plus important est de se mettre en route et marcher ensemble sans rien précipiter.

Mon amie innue
Puisqu'il est question de rencontre culturelle, je me permets de vous parler de mon amie Marie-Suzie. Je pense souvent à elle ces jours-ci.

Il y a plusieurs mois que je n'ai point de ses nouvelles. En fait, j'ai perdu sa trace depuis qu'elle a décidé de retourner vivre dans sa Jamésie. Je sais que je la reverrai au détour d'un sentier.

J'ai connu Marie, ici, dans la grande région de Montréal. Elle était préposée aux bénéficiaires de nuit dans un hôpital de la rive nord de Montréal. Au fil des mois que nous nous sommes fréquentés, nous avons échangé bien des confidences.

Et puis un jour, elle a décidé d'aller travailler sur le territoire de la Baie-James, au Nord-du-Québec. Là-bas, l'hiver est interminable. Dans les larges rues de Matagami, il y a plus de motoneiges que d'automobiles. Et, il neige presque toujours. C'est féerique!

L'hiver dernier, je suis allé la visiter. J'étais tellement heureux de la revoir! Assis à la table du petit restaurant de l'Hôtel Matagami, elle a fini par me confesser être de la Nation Crie.

«Mais pourquoi cette gêne? Pourquoi cacher tes origines et ta culture? Je serais tellement fier d'être un «Indien» ou un «Esquimau»!, lui ai-je lancé, triste de la voir cacher son ADN.

Elle m'a expliqué qu'il y a encore beaucoup de préjugés au Québec face aux Premières Nations et, pour ne pas subir de discrimination, elle préfère se faire discrète sur sa généalogie. Je lui ai dit comprendre son sentiment. Mais je n'ai pu m'empêcher de l'encourager à dire qu'elle est une femme autochtone.

J'espère tellement que la vie permettra qu'on puisse de nouveau se faire la bise. Elle me manque.

Des cultures à découvrir
Question de me rapprocher des cultures autochtones, il y a quelque mois, je suis allé visiter, avec ma complice de vie, le Musée amérindien de Mashteuiatsh, «là où il y a une pointe», à quelques kilomètres de Roberval, dans la seule communauté autochtone de la région jeannoise. Son histoire nomade remonte à loin. Jacques Cartier a croisé les ancêtres de ces gens.

Ici, les eaux du Pekuakami (un nom montagnais pour désigner le lac Saint-Jean) sont claires. Là-bas, au sud, où on ne voit pas la terre, il y a Métabetchouan. Un peu plus à l'ouest, on trouve la Ouiatchouan. Très loin, au Sud-Est, c'est le royaume de Saguenay. On est ici au cœur d'une ancienne région amérindienne.

L'hiver, l'immensité de l'horizon fait rêver. Près d'ici vivait le beau Toshan, le bel indien d'Hermine Delbeau, l'héroïne du roman de Marie-Bernadette Dupuy, «L'Enfant des neiges», dont l'intrigue se passe dans l'ancien village de Val-Jalbert, sur le bord de la rivière Ouiatchouan, et dans la forêt de la Péribonka.

Le Musée amérindien nous fait entrer dans une riche culture. L'établissement muséal m'a aidé à chasser quelques mites encrées dans ma tête de caucasien. D'ailleurs, il y a en chacun de nous d'héritage de Lucky Luke. Par chance, les Indiens d'ici n'ont rien des compatriotes des Dalton. Ils sont beaucoup plus intéressants.

La Conférence mondiale sur les peuples autochtones permettra à la planète de diriger quelques flèches sur les droits et les beautés des Premières nations. Elles ont tant à nous apprendre.

Tiré de: Benoit Voyer. « Apprendre à dialoguer avec les Premières Nations afin de sortir des préjugés», Huffington Post Québec, 21 septembre 2014 (page consultée le 29 juillet 2024) www.huffpost.com/archive/qc/entry/apprendre-a-dialoguer-avec-les-premieres-nations-afin-de-sortir_b_5844076

Les amants du presbytère

Il était une fois dans les médias...


Par Benoit Voyer (2015)

«Les amants du presbytère» est un roman historico-policier. Par moment, il frôle même la littérature érotique. Dupuy aime la sensualité. Tous ses romans sont teintés de scènes osées.

Que voulez-vous? «La vie est si courte, parfois! Pourquoi se priver de ce qu'elle a de meilleur?», pense l'abbé Roland Charvaz, vedette du dernier roman de Marie-Bernadette Dupuy, Les amants du presbytère. Pour ce prêtre pas très catholique derrière sa sainte apparence sociale, le meilleur de l'existence est le plaisir de la chair. Il en a même «le diable au corps», pour reprendre le titre du bouquin de Raymond Radiguet.

Et puis, «quand le mal est fait, on n'ose pas faire arrière». On finit par engourdir sa conscience en justifiant sa bassesse.

Ce n'est sûrement pas la première fois qu'un prêtre passe outre à son vœu de chasteté. Comme Charvaz, à une autre époque, plusieurs ont reçu le sacrement de l'ordre sans en avoir la vocation réelle.

C'est ce qui est arrivé au curé de Saint-Germain-de-Montron, en France, au milieu des années 1800. Il est devenu prêtre pour l'honneur : «Je n'ai pas la vocation religieuse et je ne l'ai jamais eue. Ma famille m'a poussé par de sages propos à entrer au Séminaire. Étant le cadet, j'étais sans espoir d'héritage et j'ai préféré la soutane à l'uniforme; on risque moins de se faire trouer la peau ainsi affublé», confiait-il en 1849 à Mathilde de Salignac, la splendide épouse du médecin du village qui deviendra sa maîtresse.

Malgré leur discrétion, d'aventure en aventure, ils finiront par être l'objet de commérages. Mais jusqu'où iront-ils pour préserver leur secret?

Je ne dévoilerai rien en écrivant qu'il s'agit d'une histoire de meurtre. Le roman est inspiré d'un fait historique : la condamnation à la prison à vie de l'abbé Laurent Gothland, le 30 janvier 1851.

Dans l'épilogue de cette fiction fort bien écrite, l'auteure explique : «Cet enfant de Savoie, curé par contrainte, puis par opportunité, fut emmené le 5 avril 1851 au bagne de Rochefort-sur-Mer, sous le matricule 1063. Un an plus tard environ, le 21 mai 1852, il fut transféré à Brest sur le navire Le Laborieux. [...]. Il traversa l'océan Atlantique à bord du bateau Le Duquesne pour arriver à Cayenne le 23 août 1852. De là, on le conduisit sur les Îles du Salut [...], le 5 juillet 1853. [...] Ce fut son dernier voyage, puisqu'il s'éteignit là-bas, le 5 février 1854».

Malgré qu'on connaisse la tragique conclusion du récit, la saga dans laquelle Marie-Bernadette Dupuy fait traverser son lecteur est passionnante. Cette Française, vedette depuis de nombreuses années des Éditions JCL, qui a pignon sur rue au Saguenay-Lac-Saint-Jean, a un don particulier pour la dramatique. Dès qu'on ouvre un de ses ouvrages, on est emporté par son imaginaire.

Roland Charvaz est un prédateur. Mathilde, sa proie, est une femme qui, dit-elle, ne connaît pas la joie en mariage s'étant mariée par raison à un homme, qui pourtant, a pour elle un amour aveugle.

Un jour, avant d'être sa victime, elle confia au prêtre dans la pénombre du confessionnal : «La position sociale du docteur de Salignac a dicté le choix de ma mère, et mon père a renchéri. J'étais si jeune! J'ai obéi. Enfant, j'étais choyé, mais on m'a ensuite envoyé au couvent et, dès que je suis sortie de chez les sœurs, il a fallu me marier. Au fond, je n'ai aucun reproche à faire à mon époux, qui me comble de cadeaux. Mais il s'emporte vite... et il est très jaloux».

Les Amants du presbytère est un roman historico-policier. Par moment, il frôle même la littérature érotique. Dupuy aime la sensualité. Tous ses romans sont teintés de scènes osées. Le plus souvent, ses héroïnes sont honorées du cunnilingus, mais dans cet ouvrage, elle fait appel à l'acte sexuel plus animal et sauvage.

Quelle plume! «Il la plaqua contre lui, émoustillé par sa nudité voilée d'un fin tissu blanc. Ses mains solides de montagnard s'égarèrent, impérieuses. La peau de Mathilde était satinée et tiède. Il la parcourut de caresses hâtives. [...] Il l'allongea sur l'herbe. Lascive, comblée, la jeune femme oublia tout ce qui aurait pu freiner son ivresse : la soutane de son amant, [...] les risques encourus en se livrant à l'adultère dans le jardin familial. Leur étreinte fut brève», mais intense, voire bestiale.

Et puis, «le curé était venu au rendez-vous [...] Sans lui dire un mot, il l'avait embrassée et caressée, étendue sur du foin jauni pour laisser libre cours à son désir, décuplé par la contrariété et la peur d'être surpris en flagrant délit d'adultère. Jamais encore Charvaz ne s'était montré aussi brutal, aussi grossier. À peine son plaisir pris, il l'avait grondé de reproches. Es-tu folle? Un dimanche! »

En confidence, elle lui avait confié au début de leur relation : «Je rêve d'amour, mon père, du véritable amour....» Dans les bras de Roland Charvaz, le découvre-t-elle vraiment? Son retour à la réalité risque d'être cruel. Parfois, on pense trouver ailleurs ce qu'on a déjà auprès de soi. Parfois, on tricote une corde pour s'y pendre. L'illusion paradisiaque qu'apporte la bonne chair peut parfois conduire en enfer. Quand le corps s'enflamme, le diable fait son œuvre.

Tiré de: Benoit Voyer. « Critique de livre : «Les amants du presbytère», Huffington Post Québec, 16 novembre 2015 (page consultée le 31 juillet 2024) huffpost.com/archive/qc/entry/critique-de-livre-les-amants-du-presbytere_b_8392808

Val Notre-Dame: la vallée de l'émerveillement et des divines tentations

Il était une fois dans les médias...

(Photo: B.Voyer)

Sur cette terre quasi-bénite, on sent une présence particulière, une sorte de souffle régénérateur qui pénètre les entrailles de l'être. Que l'on soit athée ou croyant, on ne peut rester insensibles à cette réalité.

Par Benoit Voyer (2015)

Au loin, l'écho de la cloche de l'abbaye Val Notre-Dame résonne. Il s'élève dans la vallée, comme une prière élève l'âme vers les hauteurs. Il est 6h45. Pas très loin d'ici, à l'intérieur de la chapelle monastique, commencent les laudes, le deuxième espace communautaire où les moines cisterciens s'adressent à leur Dieu. Ces hommes catholiques qui vivent en retrait de la société - mais encore bien ancrés dans celle-ci - sont éveillés depuis 4 heures, heure matinale des vigiles.

Le jour se lève sur ce 14 octobre, mais le soleil arrive difficilement à se faire une place à travers la masse nuageuse. Il a plu toute la nuit. Le temps est sombre, mais les météorologues annoncent une journée magnifique. Comme dans toute existence, le beau temps finit toujours par revenir après les heures grises.

J'en suis à ma troisième visite en autant de semaines sur ce site d'exception qui offre quinze kilomètres de sentiers pédestres. Ce sont les pistes de l'ancienne Station touristique de la montagne coupée que les moines laissent gratuitement à la disposition du public. L'hiver, elles font place à la raquette et au ski de fond.

Ce matin, à 6h10, je me suis mis en piste sur le sentier du mont Saint-Joseph. C'était encore la nuit et la température était fraîche. Ces jours-ci, le thermomètre affiche une descente significative du mercure. Un bon matin, les premiers flocons de neige devraient apparaître à la cime des montagnes du Piedmont.

Je me suis habillé chaudement pour affronter la grisaille. J'ai commencé ma petite randonnée avec une lampe frontale afin d'être en sécurité au cœur de la forêt. La nuit expose à la part d'ombre en soi.

Sur cette terre quasi-bénite, on sent une présence particulière, une sorte de souffle régénérateur qui pénètre les entrailles de l'être. Que l'on soit athée ou croyant, on ne peut rester insensibles à cette réalité.

J'ai marché près de 45 minutes avant de pouvoir distinguer les couleurs multicolores de l'automne. Malgré le ciel sombre, la nature demeure merveilleuse.

À l'aube de ce jour, l'odeur des feuilles mortes embaume l'air. L'expérience olfactive est mémorable.

En altitude, au pied de la falaise, j'observe au loin l'abbaye. À travers la grande baie vitrée de la chapelle, il m'est possible d'être en contact visuel avec le tabernacle. Aussi, j'y vois les moines en prière et les chandelles de l'autel du mémorial eucharistique qui scintillent.

Les nuages se dissipent peu à peu. Je me remets en piste. Je souhaite arriver à l'heure à la messe de 8h15. Est-ce que j'y atteindrai un autre sommet à l'intérieur de moi?

***

Malgré ses charmes, le sentier du mont Saint-Joseph ne mène pas au secteur le plus intéressant du réseau pédestre de l'abbaye. Le plus marquant est le trajet de cinq kilomètres (un aller-retour) qui conduit du magasin jusqu'à l'Auberge de la montagne coupée. Là-haut, on retrouve deux belvédères qui offrent des points de vue impressionnants sur les montagnes et la plaine de la région.

Il y a quelques jours, ma conjointe Manon et moi étions charmés. C'était le 10 octobre. Il faisait un temps radieux. Le soleil était au rendez-vous. Il était même à son meilleur! Le ciel était dégagé. Durant la montée, à travers la forêt, il y avait une pluie de feuilles provoquée par le vent. En haut, en contemplation, nous nous émerveillions devant ce tableau grandeur nature digne d'un chef-d'œuvre. Celui qui a créé tout ça a manifestement du génie!

Ce jour-là, on n'a remarqué qu'un seul défaut au réseau pédestre: la difficulté de s'y retrouver parce que la signalisation et les repères sont rares ou confondants. Néanmoins, on finit par s'y retrouver.

Mais on dit que ce sont les premières fois qui nous marquent le plus. La mienne a eu lieu le 28 septembre. Après une petite prière aux intentions de ma famille, de ma famille et de personnes malades à la chapelle monastique, et après avoir bavardé avec un moine à la boutique où j'ai acheté du caramel fabriqué sur place et un livre, j'ai parcouru à travers la forêt un sentier de 1,8 kilomètre qui m'a dirigé jusqu'au monastère. Et je suis revenu à mon point de départ. Le silence de ce lieu m'a impressionné.

Mais c'est surtout le regard pénétrant, le sourire et le rire de l'homme de prière qui m'a accueilli au magasin qui m'a touché. On s'imagine que ces bigots catholiques mènent une vie austère. J'ai rapidement été confronté à un homme joyeux et visiblement heureux. Sa qualité de présence a contaminé positivement le reste de ma journée. Cela a mis un baume à mon vide intérieur fatigué suite à cette nuit difficile à veiller, dans la pénombre d'une chambre, une dame âgée souffrant d'une démence de type Alzheimer et subir ses injures.

Il est assez facile de se rendre à l'abbaye Val Notre-Dame. De l'autoroute 40, on suit la 31 en direction de Joliette. Et puis, juste avant d'entrer dans la municipalité, on prend la route 131 Nord jusqu'à Saint-Jean-de-Matha. On tourne à gauche sur le chemin de la Montagne-Coupée. Au bout se trouve l'abbaye. Juste un peu avant, c'est le magasin. Les sentiers débutent à l'arrière du stationnement.

Avant ou après la randonnée, il faut se laisser tenter. La boutique des moines est un incontournable. Tous les circuits touristiques de Lanaudière y font un détour. De toute manière, il faut se rendre au comptoir pour obtenir une carte des sentiers.

À l'intérieur, on trouve de nombreux produits fabriqués dans la pure tradition monastique. J'ai toujours eu un faible pour leurs caramels et chocolats. Ils ont un goût divin! Bien des démons aimeraient mettre la main sur les recettes des moines.

J'ai déjà hâte de revenir entendre l'écho de la cloche de l'abbaye Val Notre-Dame résonner dans la vallée.

www.abbayevalnotredame.ca

Tiré de: Benoit Voyer. « Val Notre-Dame: la vallée de l'émerveillement et des divines tentations», Huffington Post Québec, 25 octobre 2015 (page consultée le 31 juillet 2024) huffpost.com/archive/qc/entry/val-notre-dame-la-vallee-de-lemerveillement-et-des-divines-ten_b_8332476

(Photo: B.Voyer)


L'autre moitié du Québec

Il était une fois dans les médias...


Par Benoit Voyer (2007)

Madame Denise Bombardier, je fais partie de ce que vous appelez «l'autre moitié du Québec», de tous ces gens qui ne baignent pas dans la culture de masse. En vous lisant, je me suis reconnu. Pour bien des gens, je suis un marginal: je m'intéresse la lecture d'ouvrages sérieux en psychologie, en histoire, en théologie, en sciences politiques et en sociologie. Pour m'informer, je lis les journaux et magazines haut de gamme. Je déteste le style du Journal de Montréal et j'adore ceux du Monde, du Devoir et de l'Osservatore Romano.

Je déteste m'informer à la télévision. C'est fou de penser que les nouvelles des bulletins de TVA et de TQS, mot à mot, couvrent à peine une demi-page de tabloïd. Ce n'est pas assez pour moi. Nous sommes mieux avec le quotidien Métro. J'aime la musique jazz, classique, sacrée et gospel. Avez-vous déjà écouté les disques des moines et moniales de la Fraternité monastique de Jérusalem qui habitent avenue du rue Mont-Royal ou ceux d'Alain Lefevre et de Marie-Nicole Lemieux? 

J'écoute peu la télévision et les humoristes à la mode m'énervent à cause de leur langage vulgaire. Je m'ennuie de Sol et de son humour intelligent. De plus, je suis un catholique qui fréquente au moins une fois par semaine une église, sans toutefois tomber dans un vieux conservatisme. Du côté politique, je m'intéresse aux partis politiques qui se préoccupent de santé, des marginaux, dont les enfants malades, leurs familles et les personnes âgées, et d'environnement. 

Jadis, j'ai été membre du Nouveau Parti démocratique du Canada (NPD) et, aux dernières élections, j'ai voté pour le Parti Vert (12 % de la population a fait comme moi). Actuellement, j'ai à l'oeil Stephen Harper. J'attends de voir s'il était sérieux quand il a fait son mea-culpa en faveur de l'environnement, au début de janvier. Enfin, j'observe sérieusement Stéphane Dion. Il pourrait me convaincre de voter pour la première fois en faveur du Parti libéral à cause de son appui au protocole de Kyoto et de son plan environnemental. Madame, je vous remercie de penser à nous, «l'autre moitié du Québec».

Tiré de : Benoit Voyer. « Lettres : L’autre moitié du Québec », Le Devoir, 22 janvier 2007 (page consultée le 31 juillet 2024)
ledevoir.com/opinion/idees/128209/lettres-l-autre-moitie-du-quebec

Mes humbles prières

(Photo: Benoit Voyer)