En ce 4 aout 2024


Aujourd'hui, voici ce qui a retenu mon attention dans les médias (mise a jour a 13h33):

SOCIÉTÉ: Le monde du travail chamboulé avec la prochaine génération de jeunes travailleurs
journaldemontreal.com/2024/08/02/le-monde-du-travail-chamboule-avec-la-prochaine-generation-de-jeunes-travailleurs

ALIMENTATION: Produits locaux: le «geste politique» d'aller au marché public
noovo.info/video/produits-locaux-le-geste-politique-daller-au-marche-public.html

Le bienheureux Frédéric Janssoone

Par Benoit Voyer

4 aout 2024

Frédéric Janssone est né le 19 novembre 1838 dans le nord de la France, a Ghyvelde.

Afin d'aider sa mère devenue veuve, il exerce d'abord le métier de commis voyageur.

A 32 ans, il est ordonné prêtre franciscain.

Il oeuvre en Terre sainte de 1876 a 1888. Il renouvelle les pèlerinages religieux dans les lieux saints chrétiens.

En 1888, il arrive a Cap-de-la-Madeleine, patelin fusionné de nos jours a Trois-Rivières, au Canada. Il y devient l'animateur du Sanctuaire Notre-Dame du Cap.

Ami du saint Frère André de l'Oratoire Saint-Joseph, il décède a Montréal, le 4 août 1916.

Il a été béatifié par le pape Jean-Paul II le 25 septembre 1988. Le Vatican étudie en ce moment le dossier du diocèse qui contient toutes les preuves nécessaires pour sa canonisation.

Au Canada, a chaque 5 août, tous les catholiques soulignent sa mémoire dans le cadre des célébrations du jour. Il repose dans le Sanctuaire des Franciscains, a Trois-Rivières, lieu de prière qui porte maintenant son nom.

Les Brownies de Palmer Cox


Très bientôt a la Société d'histoire de la Haute Yamaska, a Granby,
ne manquez pas l'exposition consacrée a l'œuvre de Palmer Cox.

«Si tu savais, Elvis. Le lac Saint-Jean est un vrai paradis»

Il était une fois dans les médias...


Lorsque je vais être très vieux, c'est-à-dire à mon centième anniversaire, je souhaite mourir en me berçant devant cette fenêtre ouverte vers l'infini.

Par Benoit Voyer (2015)


28 août, 7h30. C'est l'heure de notre départ pour Roberval, la cité de Philippe Couillard. Je ne peux m'empêcher de fredonner Love Me Tender, le célèbre classique du grand Elvis. Manon, avec qui je partage le quotidien depuis mai 2007, et que j'ai épousée pour le meilleur en mai 2012, vient de terminer sa nuit au boulot. Heureux de nous retrouver en vacances, on se «love» tendrement. Il est bon de la sentir blottie au creux de mes bras dans un corps accord. Comme à chaque fois, l'affection de ma douce provoque des bulles dans ma tête. Presley aurait de quoi être jaloux.

Voyage méditatif. Manon dort paisiblement à côté de moi sur le siège du passager. Le paysage mauricien, sur la route 155, est splendide. Entre Grande-Pile et La Tuque, le long de la rivière Saint-Maurice, il est impossible de ne pas rendre grâce au créateur. On ne cesse de s'étonner de la beauté qui se présente à nos yeux. Il est vraiment beau, notre pays!

À La Tuque, lieu d'origine de Félix Leclerc, dont la famille fait partie de l'histoire de la municipalité, on arrête faire un pique-nique. On en profite pour changer de chauffeur. À mon tour de faire la sieste. Je n'ai même pas besoin d'une berceuse pour m'endormir... «Merci la vie de me permettre de vivre la merveilleuse expérience de l'existence! Tu me rends heureux!»

À 14h, après cinq petites heures en automobile, ma fille et son chien Spirrow nous accueillent. Au lac Saint-Jean, on a un sens de l'accueil hors du commun. Le plus heureux semble le poilu à quatre pattes... Il s'élance vers nous, saute dans nos bras, nous lèche partout... Une vraie fête! Marie-Hélène a des étincelles dans les yeux.

En fin d'après-midi, nous nous rendons au Carrefour Jeannois. Au centre commercial de Roberval, on trouve toujours des trucs qu'on a de la difficulté à dénicher dans les Basses-Laurentides. À chaque visite, nous repartons avec quelques achats.

Le reste de la journée est consacré aux retrouvailles, à «la jasette», au repos et à admirer le splendide lac Saint-Jean. Pour le souper, Claudia, la conjointe de Marie, se joint à nous.

De chez ma fille et ma bru, la vue sur le lac a quelque chose de céleste. C'est magnifique! Lorsque je vais être vieux, vraiment très vieux, c'est-à-dire à mon centième anniversaire, je souhaite mourir en me berçant devant cette fenêtre ouverte vers l'infini. Je comprends l'auteure française Marie-Bernadette Dupuy d'avoir choisi cette région pour faire évoluer les personnages de plusieurs de ses romans. Elle aussi a été charmée par ce coin de la planète.

Le lendemain, je me réveille à 4h10. Un silence monastique règne dans la maison. L'atmosphère nocturne est propice à la lecture et à l'écoute des nouvelles de Radio Vatican sur la fréquence saguenéenne de Radio Galilée, la radio catholique qui a pignon sur rue à Québec. Radio Vatican offre une information internationale différente et pédagogique.

Aujourd'hui, la journée est consacrée à ma belle-fille Claudia. En après-midi, nous soulignons son 28e anniversaire de naissance, arrivé officiellement deux jours plus tôt.

Pour la petite fête, nous retrouvons ses parents, ses beaux-parents, plusieurs membres de la famille et des amis. Ici, au lac, tout le monde est «ben fin» et bien agréable à jaser. Pour les gens venus de loin, ils sont parfois un peu drôle, parce qu'ici tout est toujours un peu plus grand que nature et il y a toujours bien du «là-là» dans les phrases. Même ma fille, pourtant née à l'ombre d'une cage au zoo de Granby, mais qui vit ici depuis 2007, a attrapé les couleurs du peuple jeannois.

La journée se termine devant un feu de camp au rythme de jeux, d'histoires de toutes sortes et de blagues. C'est bon, la vie ici!

D'un culte à l'autre
Le dimanche 30 septembre, en fin d'après-midi, nous nous retrouvons dans le Vieux-Québec. Nous participons à la messe de 17 heures à la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. Le prêtre catholique qui préside la liturgie fait un commentaire fort intéressant sur l'évangile. Ma femme, qui n'est pas très religieuse, m'en fait la remarque. Le bonhomme me rappelle le style du Saint-Père Arthur Knobloch de la Société du Verbe-Divin, dans le Granby de mon enfance.

Et puis nous mangeons en tête à tête au Café Buade, où nous arrêtons à chaque visite dans la capitale québécoise, à cause du rapport qualité-prix. Enfin, nous faisons du magasinage à la petite boutique de la cathédrale et à la Librairie Pantoute, où se trouve une grande sélection de livres sur l'histoire, mon département favori.

À 20h, nous arrivons au Capitole pour d'autres dévotions: Elvis nous attend.

Elvis Experience est un spectacle mémorable! Il y a sur scène une trentaine de musiciens et choristes. Je ne suis pas un fan de Presley comme ma douce, mais je ne peux m'empêcher de soupirer de gros «wow!»

Martin Fontaine, au cœur de cette reconstitution d'un spectacle du roi du rock 'n' roll à Las Vegas, est un phénomène rare. Il n'est pas étonnant que Priscilla Beaulieu, la veuve d'Elvis, soit tombée sous le charme du bonhomme et que le spectacle soit maintenant à l'affiche dans la grande ville des casinos.

Fontaine ne sombre pas dans la banale imitation. C'est plutôt en comédien dans la peau d'Elvis Presley qu'il se présente. Et son rôle, il le joue quasi à la perfection.

Un peu après minuit, nous arrêtons le moteur de la voiture sur le bord du quai, à Batiscan. Nous ouvrons les fenêtres. L'air du fleuve est doux. Nous fermons nos yeux. Nous nous laissons bercer par le bruit des vagues. La nuit file jusqu'au petit matin. C'est la béatitude...

L'air du fleuve est tellement apaisant qu'il me fait rêver. Je ne me souviens plus trop bien ce qui s'y passait, mais je m'entretenais avec Presley: «Si tu savais, Elvis. Le lac Saint-Jean est un vrai paradis».

Tiré de: Benoit Voyer. «Si tu savais, Elvis. Le lac Saint-Jean est un vrai paradis», Huffington Post Québec, 27 septembre 2015 (page consultée le 4 aout 2024) huffpost.com/archive/qc/entry/si-tu-savais-elvis-le-lac-saint-jean-est-un-vrai-paradis_b_8167944

Le salaire de nos élus

Il était une fois dans les médias...


À ce salaire-là, je veux devenir député! Pas vous?

Par Benoit Voyer (2016)


Tiens ! On va jaser ! J'entends déjà vos commentaires...

À chaque fois qu'il est question du salaire de nos élus, c'est toujours la même chose. On trouve dont qu'ils gagnent trop cher... On s'indigne. Y a un peu de quoi...

Quand j'y pense... On est loin des salaires de jadis !

En 1920, la base salariale annuelle du premier ministre libéral canadien Arthur Meighen était de 15 000 $.

Et puis, 25 000 $ pour Louis Saint-Laurent et Pierre-Elliott Trudeau en 1954 et 1969 ; 33 300 $ pour Trudeau, en 1974 et en 1978 ; 35 400 $ et 37 800 $ pour Joe Clark en 1979 et 1980. Pierre Trudeau augmentera son salaire à 45 900 $ à son retour à la direction du pays en 1980 ; 62 300 $ pour Brian Mulroney en 1985 ; et, 69 920 $ pour Kim Campbell en 1993.

De 2000 à 2001, sous Jean Chrétien, le salaire annuel du premier ministre passera de 74 100 $ à 131 450 $. C'est durant ces années que le ministre des Finances, Paul Martin, a travaillé fort pour nous faire avaler l'idée de la lutte aux déficits budgétaires.

Par la suite, devenu premier ministre à son tour, en 2005, Paul Martin gagnait 144 300 $.

Enfin, le rigoriste conservateur Stephen Harper est passé d'une paie de 147 700 $ par année, en 2006, à 167 400 $ en 2015.

***

Le 1er avril 2015, les salaires des 338 députés de la Chambre des Communes ont été indexés. Les parlementaires ont reçu une hausse salariale de base de 2,3 %.

Le salaire de base d'un député qui siège à Ottawa est passé de 163 700 $ à 167 400 $. Sur ce point, tous sont égaux.

Selon la fonction occupée, des montants supplémentaires s'additionnent.

Ainsi, le premier ministre, Justin Trudeau, ajoute 167 400 $ pour sa fonction et 2 000 $ en allocation pour automobile. Paie annuelle : 336 800 $.

Le président de la Chambre, le leader du gouvernement, la chef de l'opposition officiel et chaque ministre d'État additionnent 80 100 $ à leur base pour un salaire de 247 500 $ par année.

Pour plusieurs de ceux-ci s'ajoute l'allocation pour la voiture : 2 000 $ pour le leader du gouvernement et le chef de l'opposition officiel ; et 1 000 $ pour le président de la Chambre.

Les chefs du NPD, du Parti vert et du Bloc québécois reçoivent 56 800 $, en plus de leur salaire de base, pour une rémunération annuelle de 224 200 $.

Le leader de l'opposition reçoit un surplus de 41 500 $, pour un total de 208 900 $, et ceux des autres partis 16 600 $ pour une rétribution de 184 000 $.

On donne 30 000 $ de plus au whip du gouvernement. Total : 197 400 $. De son côté, celui de l'opposition ajoute 11 700 $, pour une somme de 179 400 $.

Enfin, chaque secrétaire parlementaire additionne 16 600 $ pour un salaire annuel de 184 000 $.

On n'est quand même pas dans la rue !

***

Du côté de Québec, les salaires ont été indexés le 31 mars 2015.

Ainsi, le premier ministre Philippe Couillard gagne 186 243 $.

Les ministres libéraux, le président de l'Assemblée nationale et le chef de l'opposition officielle ont un salaire annuel de 158 988 $.

Le vice-président de l'Assemblée nationale, le chef du deuxième groupe d'opposition, le leader parlementaire de l'opposition officielle et le whip en chef du gouvernement, 122 648 $.

C'est 113 563 $ par année pour le leader du deuxième groupe d'opposition et le leader parlementaire adjoint du gouvernement.

Un simple député gagne 90 850 $.

Il est donc plus payant de siéger à Ottawa.

Il semble que ce soient des salaires moyens pour un job équivalent.

Et là, à Québec, on procède à une révision des conditions de travail des élus. En vertu de la législation proposée, le salaire de base passerait à 140 000 $.

À ce salaire-là, je veux devenir député ! Pas vous ?

Qu'est-ce que vous pensez de tout ça ?

Tiré de: Benoit Voyer. «Le salaire de nos élus», Huffington Post Québec, 31 janvier 2016 (page consultée le 4 aout 2024) huffpost.com/archive/qc/entry/le-salaire-de-nos-elus_b_9082734

Le terrible drame syrien

Il était une fois dans les médias...


Le Canada doit accueillir le plus possible de Syriens. Ils ont sérieusement besoin de l'aide et de la sécurité du Canada.

Par Benoit Voyer (2015)


Un terrible drame humain secoue la Syrie en guerre depuis 2011. Le groupe armé État islamique sème la terreur en faisant fuir la population syrienne vers l'Europe. La guerre civile est devenue une guerre totale. Ils sont des millions sur la route espérant retrouver leur dignité et la sécurité.

Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies dénombrait en début d'année 11,7 millions de déplacés syriens, sur une population initiale de 23 millions de personnes. La situation est tellement catastrophique pour cette nation que le HCR reconnaît désormais automatiquement comme «réfugié» toute personne fuyant la Syrie.

On ne quitte jamais sa patrie en direction de l'inconnu avec plaisir. Il n'y a aucun bonheur à devenir réfugié. Partir veut dire tout quitter. On n'a plus rien à perdre, sauf la vie. Et parfois, même cela ne fait plus peur.

En ce moment, l'Allemagne se voit être une des terres des plus accueillantes de cette crise migratoire, la plus importante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La chancelière allemande Angela Merkel estime que son pays accueillera 800 000 immigrants en 2015.

Mais il n'y a pas que ce territoire qui ouvre ses portes à ce flot migratoire. La Turquie a accueilli à elle seule près de 2 millions de Syriens. Et cela sans compter tous ceux qui ont trouvé refuge en Jordanie, en Autriche, en Espagne, en Irak, en Grèce, en Italie, et plusieurs autres régions.

L'Europe est divisée. Les Allemands sont heureux de l'arrivée des Syriens. Malgré quelques rassemblements citoyens en faveur des réfugiés, les Français n'en veulent pas trop. De son côté, la Hongrie dit «pas dans ma cour».

Même le pape François se préoccupe de leur sort. Lors de l'angélus du 6 septembre, il a déclaré que «face à la tragédie des dizaines de milliers de réfugiés qui fuient la mort, liée à la guerre et à la faim, et sont en chemin vers une espérance de vie, (...) nous ne pouvons pas seulement dire: "Courage, patience!"» Il a invité tous les catholiques à mettre la main à la pâte dans l'accueil des migrants.

Malgré l'opposition de Mgr Laszlo Kiss-Rigo, un évêque du sud de la Hongrie, qui a lancé que le pape ne sait pas de quoi il parle et que cette crise est «une invasion» musulmane de l'Europe chrétienne, l'appel du pape a eu des échos jusqu'au Canada. Ici, Mgr Paul-André Durocher, président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, a adressé le 8 septembre une lettre à tous les catholiques du pays les invitant à s'intéresser aux migrants. De son côté, l'archevêque de Toronto a lancé le «Projet Espérance», une grande campagne de financement de 3 millions de dollars en vue d'aider à l'accueil des migrants syriens dans la métropole canadienne.

Nous n'avons pas fini d'entendre parler de la Syrie.

À la mi-novembre, la crise migratoire qui frappe l'Europe sera au menu du sommet annuel des chefs d'État et de gouvernement, le G20, qui aura lieu à Antalya, dans le sud de la Turquie.

La crise syrienne a trouvé écho jusque dans la campagne électorale canadienne, provoquant même un abaissement significatif de la popularité du premier ministre Stephen Harper dans les sondages. Celui du 9 septembre le plaçait troisième.

C'est immédiatement qu'il faut agir! Justin Trudeau, le chef libéral, semble l'avoir compris. Il y a quelques jours, il suppliait Harper d'intervenir sans tarder: «J'implore le gouvernement actuel d'en faire plus dans l'immédiat». Comme on devait s'y attendre, le premier ministre a fait la sourde oreille.

Les libéraux disent depuis mars qu'il faut accueillir 25 000 réfugiés syriens d'ici le 1er janvier 2016.

Pourquoi pas davantage? Ce n'est qu'un chiffre, disent-ils. Un gouvernement libéral pourrait donc faire beaucoup plus: «En tant que Canadiens, nous pouvons et devons faire plus pour aider les réfugiés syriens qui recherchent désespérément la sécurité», disait le député Marc Garneau, il y a quelques jours. Le 6 septembre, Trudeau renchérissait: «Les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement en fasse plus dans ce dossier».

Depuis 2013, le Canada a à peine accueilli 2 400 réfugiés syriens. Le gouvernement Harper c'était pourtant engagé à en accueillit plus de 11 000. Il ne semble pas vouloir faire davantage: s'il est reporté au pouvoir le 19 octobre, il prévoit accueillir 10 000 réfugiés syriens sur trois ans. C'est bien peu.

Harper préfèrerait envoyer notre armée sur le terrain afin de combattre le groupe armé État islamique. Ce choix ferait aussi des milliers de victimes de citoyens syriens. Cela demande une sérieuse réflexion... Est-il possible à la fois d'accueillir et d'intervenir avec sagesse sur le terrain? Le chef conservateur semble davantage pencher, comme un gamin, du côté de ses chars de guerre.

Pour ce qui est de Thomas Mulcair, il ne semble pas plus voir l'urgence de la situation. Son objectif à moyen terme est beaucoup trop long. Il faut faire beaucoup plus que le quota d'accueil fixé par les Nations unies aux pays occidentaux.

Les libéraux vont plus loin que les autres formations politiques. Ils promettent même de verser sans tarder une nouvelle contribution de 100 M$ au HCR.

Le HCR aide notamment le Liban à assurer l'éducation des jeunes syriens de 6 à 14 ans en exil sur son territoire. Il collabore à payer la facture éducative de 140 000 places en collaboration avec le ministère de l'Éducation libanais et l'Unicef.

Même le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, voit l'urgence d'agir: «On peut, avec les outils que l'on possède maintenant, répéter ce que l'on a fait avec succès dans le cas du Kosovo» (en 1990). À l'époque, le Canada «a accueilli 6 000 réfugiés en six mois, en collaboration avec la Croix-Rouge et l'armée canadienne». Il faut aller «chercher ces gens en Turquie et dans l'Union européenne, et faire en sorte de les accueillir ici en réunissant tous les responsables de chacune des provinces, ce qui a été fait lors du conflit au Kosovo».

Le Canada doit accueillir le plus possible de Syriens. Ils ont sérieusement besoin de l'aide et de la sécurité du Canada et, surtout, de retrouver leur dignité et de cesser d'avoir peur.

Tiré de: Benoit Voyer. «Le terrible drame syrien», Huffington Post Québec, 10 septembre 2015 (page consultée le 4 aout 2024) www.huffpost.com/archive/qc/entry/le-terrible-drame-syrien_b_8109836

Devant nos «vieux», on perd la mémoire

Il était une fois dans les médias...


Les «vieux» ont-ils encore une place dans notre société? Sont-ils en train de devenir les lépreux d'une autre époque? Combien sont-ils dans les CHSLD qui croupissent dans l'indifférence?

Par Benoit Voyer (2014)


Demain, c'est la Journée mondiale des personnes âgées

Lorsqu'elles atteignent un certain âge, nous mettons les personnes âgées de côté. En peu de temps, elles se retrouvent isolées. On dit qu'elles sont moins productives pour la société et qu'elles ne correspondent plus aux critères de jeunesse que nous dictent les images véhiculées par les médias. On dit même qu'elles sont dépassées, vieux jeu, vieille mode. Ce que nous vivons est un drame collectif.

Les «vieux» ont-ils encore une place dans notre société? Sont-ils en train de devenir les lépreux d'une autre époque? Combien sont-ils dans les CHSLD qui croupissent dans l'indifférence?

Les Africains disent qu'un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui disparaît. Ainsi, ils ont compris que les aînés ne sont pas rien, c'est-à-dire qu'ils sont encore utiles à la société. Ils sont même un bien indispensable. C'est pour cette raison qu'ils en prennent soin à la maison le plus longtemps possible.

Les personnes âgées ne sont pas rien! Elles sont un trésor qu'il faut vénérer et écouter. J'aimerais tant être le fils adoptif de toutes ces personnes âgées et seules. Et pourquoi pas chacun de nous?

La vieillesse est une belle période de l'existence humaine. Je ne suis pas encore rendu à cette étape de ma vie, mais, chaque jour, ma situation professionnelle me permet de côtoyer des dizaines et des dizaines d'aînés. Il m'est donc permis de m'inspirer de ce que je vois: c'est beau et bon d'être vieux!

Notre société - qui souffre de «jeunisme» - aurait intérêt à regarder de plus près le charme et la richesse de ceux et celles qui sont rendus au troisième et au quatrième âge de leur humanité.

J'apprécie au plus haut point l'intelligence des aînés: ils ont acquis une expérience inestimable que la société devrait mettre davantage à son service.

Vous me direz qu'ils sont conservateurs. J'avoue que c'est parfois vrai, mais il ne faut pas généraliser. Je connais des personnes âgées qui sont pas mal plus ouvertes que les «p'tits jeunes» qu'on dit très libéraux. Ce n'est pas une question d'âge, mais plutôt une attitude qui habite l'intériorité de l'humain. Je connais de jeunes vieux et de vieux jeunes.

Il me semble que les jeunes générations devraient profiter de l'expérience qu'ils ont acquise au fil des ans.

Dans un livre paru il y a déjà quelques années, Jacques Ménard, président du conseil d'administration de BMO Nesbitt Burns et président de BMO Groupe financier (Québec), abondait dans la même voie: «Quand on montre la porte à des milliers de personnes en pleine possession de leurs moyens dans le secteur de la santé et de l'éducation, comme cela a été le cas il y a quelques années, on rate une belle occasion de transmettre du savoir et quelques expériences de vie. On constate ce que ça coûte aujourd'hui! Plusieurs d'entre nous ont acquis des actifs qui nous permettront de bien vivre et de continuer à contribuer à l'effort collectif.» (Jacques Ménard et Denis Bouchard)

N'est-ce pas un peu ce qu'écrivait, en d'autres mots, Simone Weil, dans l'Enracinement: «Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu'à l'avenir. C'est une illusion dangereuse de croire qu'il y ait même là une possibilité. L'opposition entre l'avenir et le passé est absurde. L'avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien; c'est nous qui, pour le construire, devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même. Mais pour donner, il faut posséder, et nous ne possédons d'autre vie, d'autre sève, que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous. De tous les besoins de l'âme humaine, il n'y en a pas de plus vital que le passé.»

Il est temps de favoriser une collaboration entre les personnes âgées et ceux et celles qui prennent leur relève. Un jour, le vieux dicton pourra s'exprimer avec élégance: «Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.»

C'est vrai que souvent la vieillesse n'est pas très belle, à cause des maladies qu'elle fait apparaître, mais j'aimerais tant avoir «la grâce» d'une longue vie, malgré les limitations des années qui avancent. Je me vois devenir un jeune centenaire comme mon oncle Gérard, décédé, il y a quelques mois, l'a été.

La Journée mondiale des personnes âgées qui est soulignée le 1er octobre nous rappelle que l'avenir d'un peuple, ce sont ses personnes âgées et ses enfants ». Elles représentent « la mémoire » et « la promesse». Quand on ne protège pas les vieux, on n'a pas d'avenir, parce qu'on perd la mémoire.

Tiré de: Benoit Voyer. «Devant nos «vieux», on perd la mémoire», Huffington Post Québec, 29 septembre 2014 (page consultée le 4 aout 2024) huffpost.com/archive/qc/entry/devant-nos-vieux-on-perd-la-memoire_b_5844162

François le révolutionnaire

Il était une fois dans les médias...


Le pape François est un révolutionnaire. Sa révolution est celle de la tendresse et de la miséricorde. Lors de son voyage à Cuba du 19 au 22 septembre, un prélude à sa visite aux États-Unis, il a agité les consciences.

Par Benoit Voyer (2015)


Le pape François est un révolutionnaire. Sa révolution est celle de la tendresse et de la miséricorde. Lors de son voyage à Cuba du 19 au 22 septembre, un prélude à sa visite aux États-Unis, il a agité les consciences.

« Jésus propose toujours la logique de l'amour. Une logique capable d'être vécue par tous, parce qu'elle est pour tous. Loin de tout type d'élitisme, l'horizon de Jésus n'est pas pour quelques privilégiés capables d'arriver "à la connaissance désirée" ou à divers niveaux de spiritualité. L'horizon de Jésus est toujours une offre pour la vie quotidienne», exhortait-il sur la Place de la Révolution, à La Havane.

À Cuba, l'Argentin a encore une fois dérangé l'ordre établi.

François ne juge point. Il ne condamne pas, mais il bouscule. Il bouscule beaucoup...

Il bouscule le marxisme en disant que « le service n'est jamais idéologique, puisqu'il ne sert pas des idées, mais des personnes. » Et il ajoute que « l'importance d'une personne se fonde toujours sur la façon dont elle sert la fragilité de ses frères. »

Il rappelle au régime Castro, sans le nommer directement, et à tous, que « servir signifie, en grande partie, prendre soin de la fragilité. Servir signifie prendre soin des membres fragiles de nos familles, de notre société, de notre peuple. Ce sont les visages souffrants, les personnes sans protection et angoissées que Jésus propose de regarder et invite concrètement à aimer. [...] Ce sont des personnes en chair et en os, avec leur vie, leur histoire et spécialement leur fragilité, que Jésus nous invite à défendre, à protéger et à servir. [...] Le chrétien est toujours invité à laisser de côté ses aspirations, ses envies, ses désirs de toute puissance, en voyant concrètement les plus fragiles. »

Et il dit encore : «Il y a un "service" qui sert les autres ; mais nous devons nous prémunir contre l'autre service, contre la tentation du "service" qui "se" sert des autres. Il y a une façon d'exercer le service qui vise comme intérêt le bénéfice des "miens", au nom de ce qui est "nôtre". Ce service laisse toujours les "tiens" dehors, en générant une dynamique d'exclusion.»

Le roi de la Cité du Vatican bouscule ceux qui croient que la prospérité économique résoudrait tous les problèmes des Cubains.

Sa révolution est surtout pour la jeunesse. Il les appelle à rêver en plaçant l'amitié au cœur de leurs aspirations : « La capacité de rêver doit rentrer dans la réalité de la vie. Et un jeune qui n'est pas capable de rêver est fermé, renfermé sur lui-même. [...] Rêve qu'avec toi le monde peut être différent. Rêve que si tu y mets le meilleur de toi-même, tu vas aider à ce que ce monde soit différent. Ne l'oubliez pas, rêvez. Parfois, vous exagérez et vous rêvez trop grand, et la vie réduit votre chemin. Peu importe, rêvez. Comptez sur vos rêves. »

Il les a invités à accueillir l'autre dans sa différence et éviter de s'enfermer dans des pièges idéologiques fermés : «Pourquoi ne nous donnons-nous pas la main en ce que nous avons de commun ? Nous encourager à parler de ce que nous avons de commun. Et ensuite, nous pourrons parler des choses que nous avons de différent ou que nous estimons telles. Mais je dis de parler. Je ne dis pas de nous quereller. Je ne dis pas de nous enfermer. [...] C'est possible uniquement si on a la capacité de parler de ce qu'on a en commun avec l'autre ».

C'est aussi l'Église cubaine qu'il bouscule en rappelant l'idéal de la pauvreté au clergé et aux religieux et religieuses dans ce pays sous embargo et qui est plongé dans la misère : « L'Église, notre Sainte Mère, est pauvre, Dieu la veut pauvre. [...] Aimez la pauvreté comme une mère».

Personne n'y échappe. Il secoue l'ensemble des chrétiens : Ils doivent se faire serviteurs des plus pauvres. L'Évangile les oblige à donner l'amour qu'il y a en eux parce qu'ils doivent être des témoins de la miséricorde en donnant eux-mêmes le pardon.

Avec une vive surprise, il ne ménage pas ses prêtres. Il les supplie de retourner au confessionnal, mais en les invitant à la prudence : «Lorsqu'il te montre sa misère, s'il te plaît, ne le défie pas, ne l'arrête pas, ne le punis pas. [...] Ne le chasse pas du confessionnal, ne le défie pas. [...] Pense à tes péchés. Et pense que tu peux être cette personne. Et pense que, probablement, tu peux arriver plus bas encore. Et pense qu'en ce moment tu as un trésor dans les mains, qui est la miséricorde du Père. S'il vous plaît - vous, les prêtres -, ne vous lassez pas de pardonner. Soyez des dispensateurs de pardon. [...] Ne vous cachez pas derrière des peurs et des rigidités. »

Et il secoue le voile des nonnes en reprenant en d'autres mots ce qu'il écrivait dans son exhortation apostolique « L'Évangile de la Joie » : Il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques. [...] Un évangélisateur ne devrait pas avoir constamment une tête d'enterrement ».

La révolution du pape François est en marche. « Nous sommes invités à vivre la révolution de la tendresse », lançait le leader catholique au Sanctuaire de la Vierge de la Charité à Santiago de Cuba, la patronne de Cuba. « Nous sommes invités à ''sortir de chez nous'', à avoir les yeux et le cœur ouverts aux autres. Notre révolution passe par la tendresse, par la joie qui se fait toujours proximité, qui se fait toujours compassion ». Le chrétien se doit de vivre la nouvelle « écologie sociale », un grand changement d'environnement.

Comme on dit au Québec : « Allez! On se bouge les fesses! C'est là que ça se passe...»

Tiré de: Benoit Voyer. « Francois le révolutionnaire », Huffington Post Québec, 25 septembre 2015 (page consultée le 4 aout 2024) www.huffpost.com/archive/qc/entry/francois-le-revolutionnaire_b_8192132

Le budget de l'État québécois

Il était une fois dans les médias...


Il faut profiter de la baisse du dollar canadien, des bas taux d'intérêt, de la diminution du prix du pétrole et de la vigueur de l'économie américaine pour mettre nos affaires en ordre.

Par Benoit Voyer (2016)


Si le gouvernement gardait le cap sur ses promesses électorales, 50% des surplus à venir iraient à des baisses d'impôts et 50% à rembourser la dette. Et puis, ce serait le début de la fin de la taxe santé qui devrait disparaître lors de l'élection de 2018.

Le premier ministre Philippe Couillard n'écarte pas l'idée de baisser les impôts des contribuables, mais il ne pense pas le faire immédiatement. Pour l'instant, il mise plutôt sur l'abolition progressive de la taxe santé à compter du 1er janvier 2017. Ce sera un premier pas pour aider la classe moyenne. Comme l'expliquait le chef libéral, cette abolition «représente un allégement fiscal important pour les Québécois». La réalisation de cet engagement privera à terme le gouvernement de recettes estimées à 1G$. C'est énorme. Afin de ne pas aggraver les finances publiques, il faut donc y aller par étapes. Ainsi, la baisse d'impôts risque d'être un cadeau préélectoral pour 2018 ou une promesse que le Parti libéral du Québec remettra dans son prochain programme.

La dette du Québec
Le problème du Québec est son endettement. On le sait, il est au sommet des provinces canadiennes.

Habituellement, la théorie économique - celle du Britannique John Maynard Keynes - veut que lorsqu'arrive un temps de récession on favorise une croissance des dépenses publiques pour stimuler l'activité économique. Et puis, lorsque ça va mieux, on engrange les surplus afin d'avoir les moyens d'intervenir lors d'un prochain ralentissement de l'économique. C'est cette logique que met en action en ce moment le gouvernement fédéral.

Cette manière de faire ne fonctionne plus au Québec. La précédente récession est terminée depuis un bon moment et le potentiel de croissance ne s'active pas. Quel est le problème? Le vieillissement de la population.

Grâce aux libéraux, nous sommes sur la bonne voie pour améliorer notre situation financière. Il faut profiter de la baisse du dollar canadien, des bas taux d'intérêt, de la diminution du prix du pétrole et de la vigueur de l'économie américaine pour mettre nos affaires en ordre.

Il faut bien entendu continuer de tenir le budget serré, c'est-à-dire compresser les dépenses publiques, stabiliser celles des programmes, réviser régulièrement la pertinence de ceux-ci et éviter les déficits. Et puis, il faut surtout s'attaquer sérieusement à la dette publique québécoise.

L'augmentation de 1% du taux d'intérêt sur les emprunts se traduit en une dépense supplémentaire de plus de 220M$ annuellement pour l'État. C'est l'équivalent du budget de fonctionnement de plusieurs services publics.

Pour ce qui est des programmes sociaux, qu'importe ce qu'en pensent plusieurs, j'estime qu'en ce moment il y en a trop. Les Québécois sont gâtés. Leur panier de services publics reste - et de loin - le plus fourni au Canada et en Amérique du Nord.

Pourquoi ne pas faire payer les plus riches? Cet argument ne tient pas la route au Québec. En 2011, à peine 4,8% des payeurs de taxes ont déclaré un revenu total de plus de 100 000$. Il n'y a donc pas tant de riches que ça par ici.

La rigueur budgétaire
Il est à espérer qu'en 2016-2017 on cesse d'avoir des déficits annuels au Québec et qu'on s'attaque sérieusement à la dette. Une dette c'est une dette de trop. Il faut vivre selon ses moyens. C'est ce que pense mon vieux père: vaut mieux ramasser du capital et tenter le plus possible de payer comptant les dépenses.

Un jour, peut être que le Fonds des générations pourra peut-être s'accompagner d'un solide solde annuel en banque, une sorte de compte d'épargne pour payer les éventualités. Je sais que mon ordinateur sera un jour obsolète. Je mets de l'argent de côté pour le remplacer lorsque ce sera le temps. On sait qu'une infrastructure devra un jour être réparée ou remplacée. Pourquoi ne pas prévoir la chose au lieu d'emprunter à chaque fois? Il faut que le Trésor québécois en vienne à avoir «un coussin financier» dans lequel il pourrait piger pour s'emprunter de l'argent à lui-même sans avoir affaire aux banquiers assoiffés par les profits.

Et puis, en poussant la réflexion un peu plus loin, l'État québécois devrait fonder sa propre banque d'État, la Banque du Québec. Le programme électoral de Québec Solidaire faisait la promotion de cela aux dernières élections. Peut-être que les libéraux pourraient récupérer cette idée.

En paroles, Philippe Couillard a déjà dit qu'une fois l'équilibre budgétaire sera acquis, il continuera à s'appliquer.

Le Bureau de révision permanente des programmes, c'est-à-dire ce qu'est devenue la Commission Robillard, est une entité à garder bien vivante. Jusqu'à maintenant ses recommandations permettront au Québec d'économiser. Un programme gouvernemental est là pour suppléer un certain temps à un problème. Par la suite, il devrait disparaître ou être transformé en autre chose.

Les perspectives économiques de 2016
Enfin, le Québec ira mieux en 2016, selon le Conference Board. Le PIB québécois devrait augmenter de 2,1%, comparativement à 1,3% en 2015. Une variation de 1% du PIB a un impact de 550M$ sur les revenus autonomes du gouvernement.

Cette augmentation placerait le Québec au 5e rang des provinces derrière la Colombie- Britannique (3,6%), le Manitoba (2,5%), l'Ontario (2,3%) et la Nouvelle-Écosse (2,3%).

Les exportations vers les États-Unis paraîtront dans l'économie. En 2014, les exportations québécoises vers notre voisin représentaient 70% de celles-ci. Elles ne font qu'augmenter depuis ce temps.

Toujours selon le Conference Board, cette vigueur des exportations passeront d'une croissance de 0,8% en 2015 en un gain de 2,9% cette année.

Tiré de: Benoit Voyer. «Le budget de l'État québécois», Huffington Post Québec, 7 février 2016 (page consultée le 4 aout 2024) huffpost.com/archive/qc/entry/le-budget-de-l-tat-quebecois_b_9152780

Une humeur probablement politiquement correcte

Il était une fois dans les médias...


Depuis que j'ai terminé la biographie de Guy Gendron sur Brian Mulroney, une seule idée revient dans ma tête : le bien commun n'est jamais populaire...

Par Benoit Voyer (2014)


Mon plus vieux à lunettes a complété, il y a déjà quelques années, une maîtrise à la sérieuse École des Hautes études commerciales (HEC), à Montréal. Puisqu'il connaît maintenant les affaires « plates » et austères du monde de l'argent, il m'arrive de discuter avec lui de finances publiques. Étant plus de nature « homme de lettres », je suis content d'avoir à portée de cerveau un « homme de chiffres », un gestionnaire.

Il n'y a pas longtemps, il m'a donné un cours de « Finance 101 », c'est-à-dire les rudiments de base d'une bonne gestion. Un peu comme à l'école primaire.

Il m'a rappelé que, lorsqu'on fait un budget et qu'on s'y tient, il y a d'un côté une colonne pour l'argent qui rentre et, à côté d'elle, une autre pour celui qui se dépense. Quand on soustrait les deux, le total doit être égal ou supérieur à zéro. Si on n'y parvient pas, il y un problème de solvabilité. On est dans le trou quoi!

Ainsi, si je reprends sa logique appliquée aux finances publiques, si un gouvernement dépense plus de pécule qu'il en récolte et qu'il fait des avances de fonds sur sa carte de crédit - notre « Master Card » collective -, pour faire l'épicerie, c'est sûr qu'un jour ou l'autre ça va être la catastrophe.

Mon érudit de fils me fait un peu penser à Brian Mulroney. Je suis rassuré parce qu'il n'a pas les défauts et les travers de l'ancien premier ministre du Canada. Mon fils à lunettes est parfait!

Ma progéniture à lunettes m'a aussi avoué, lors d'une conversation sur le canapé de son condo, être une sorte de « progressiste-conservateur », c'est-à-dire de « gauche sociale et de droite économique ». Exactement comme Mulroney! Mon fils est sûrement ministrable.

Bon! Un peu de sérieux!

Depuis que j'ai terminé la biographie de Guy Gendron sur Brian Mulroney, une seule idée revient dans ma tête : le bien commun n'est jamais populaire... Il a fallu au moins 20 ans pour entendre quelques éloges sur l'héritage de cet homme.

Il n'avait pas le choix, il est arrivé au pouvoir à un moment où la situation était devenue intenable. Devant l'État lamentable de l'économie du pays (les seules intérêts sur la dette représentaient le tiers des revenus du gouvernement), il ne s'est pas caché la tête dans le sable, il a fait ce qu'il devait faire, même s'il savait d'avance que cela le rendrait impopulaire : réduire les dépenses du gouvernement, revoir la fiscalité, dynamiser les exportations, se départir de certains avoirs et, en conséquence, revoir le rôle de l'État. Un peu comme ce que Philippe Couillard essaie de faire actuellement dans la « belle province » qui, malgré sa devise « Je me souviens » a souvent des problèmes de mémoire.

Son successeur à la tête du pays, Jean Chrétien, qui a pourtant fait sa campagne électorale contre tout ce que les « bleus » avaient mis en place, n'a pas fait grand-chose, après avoir été conduit au pouvoir pour défaire les mesures de son prédécesseur. Son ministre des Finances, Paul Martin, en a profité pour se pavaner et s'attribuer le mérite du déficit zéro, alors qu'il aurait dû remercier ses prédécesseurs. A César ce qui revient à César! A cette époque, c'est Brian Mulroney qui a remis sur rail l'économie du pays.

Plus conservateur et, en apparence, moins sympathique que Mulroney, Stephen Harper fait un exercice presque kif-kif depuis près d'une décennie. Je ne pense pas voter pour lui, parce que je ne l'aime pas beaucoup, mais je dois me confesser (avec une petite gêne là!) que sa politique économique est peut-être très bonne. A preuve : Le Canada devrait enregistrer un surplus budgétaire dans quelques mois. L'opposition néodémocrate salive déjà à l'idée de dépenser les surplus. On se calme! On a réussi à équilibrer le budget, il faut payer nos dettes collectives maintenant! Sans vouloir faire un jeu de mots, l'époque Trudeau nous a « mis dans le rouge ». Il ne faut pas répéter l'erreur!

Vous êtes perspicace! Pourquoi je n'aime pas Stephen Harper? C'est peut-être juste parce qu'il n'est pas encore venu prendre un café à la maison à Sainte-Thérèse et goûter au « pouding chômeur » à l'érable de ma « petite femme ». Il est sublime!

Ici au Québec, le contenu du programme de notre « barbu- neurochirurgien-premier ministre » est visiblement du style Mulroney. Il a la même teinte « progressiste-conservateur ». Mon « monsieur Y, dit les lunettes » en n'est pas encore convaincu, mais c'est mon observation de « style génération X » qui voit cela.

Et puis, y paraît qu'il faut maintenant se dire « les vrais affaires » : les chefs des partis d'opposition à Québec défendent, avec quelques nuances, des programmes économiques qui se ressemblent. De son côté, Québec solidaire n'a pas de chef, juste des porte-parole. Alors, laissons-les parler.

Petite pause. Je ne me sens pas bien. Je suis vraiment gêné de l'écrire, mais je dois me confesser : j'ai en poche une carte de membre de Québec solidaire valide jusqu'en octobre 2015, mais j'ai voté pour le Parti québécois aux dernières élections. Ce sont l'audace de PKP de se présenter en politique et le féministe en moi qui aime voir des femmes prendre leur place en société qui m'ont fait changer de couleur.

Et si c'était à refaire, aujourd'hui, je voterais peut-être pour le Parti libéral. Bien que je sois foncièrement de « gauche sociale », encore plus que mon fils, « je n'haï pas pantoute » les idées économiques de « centre droit » que pratique Philippe Couillard parce qu'elles ont toujours contribué jusqu'à maintenant au bien commun.

En ce moment, je me demande sérieusement si je vais renouveler mon adhésion aux solidaires. Il y a deux ans c'était vraiment plus facile. Je n'avais pas eu ma leçon d'«Économie 101» et je n'avais pas pris conscience que dans un budget il faut équilibrer les dépenses et les gains. En ce moment, je pense changer mes lunettes. La marque de mon intello me plait énormément. D'ailleurs, j'ai un rendez-vous chez l'optométriste dans quelques minutes. J'y vais...

Tiré de: Benoit Voyer. «Une humeur probablement politiquement correcte», Huffington Post Québec, 25 octobre 2014 (page consultée le 4 aout 2024) huffpost.com/archive/qc/entry/une-humeur-probablement-politiquement-correcte_b_5999316

Plus on coupera en santé, plus nos infrastructures seront sales et contaminées

Il était une fois dans les médias...


Faut-il vraiment passer au bistouri jusqu'au budget des soins directs aux patients, leur disponibilité et leur qualité? En d'autres termes, faut-il aller jusqu'à couper dans la salubrité et l'entretien des installations et dans le personnel soignant et d'entretien qui sont à la base d'une bonne qualité des soins?

Par Benoit Voyer (2014)


Il y a quelques jours, une patiente de l'hôpital Fleurimont, une composante du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, a contracté la légionellose. Elle était hospitalisée au 7e étage pour traiter son cancer. À la suite de son infection, elle a été admise d'urgence aux soins intensifs de l'établissement pour stabiliser son état.

La bactérie legionella pneumophilia a été détectée dans la salle de bain de sa chambre. La cause du problème était le chauffe-eau ou la tuyauterie. Naturellement, on n'a guère tardé à désinfecter sa chambre, sa toilette et le réseau d'eau de l'hôpital.

Cette histoire ressemble à une autre vécue à l'été 2012 dans la capitale québécoise. La Maladie du légionnaire a contaminé 180 personnes. Treize en sont mortes. Le bassin d'incubation microbien n'était nul autre qu'une tour de refroidissement du Complexe Place Jacques-Cartier.

Techniquement, une tour a pour mission « d'évacuer vers le milieu extérieur la chaleur issue de systèmes de refroidissement (climatisation ou procédé industriel) en faisant circuler de l'eau chaude dans un flux d'air. C'est un échangeur de chaleur entre l'eau et l'air ambiant», pour reprendre la description de Wikipédia. En termes plus simples, elle est à la base du système d'aération des édifices publics.

La légionellose ne se transmet pas d'une personne à une autre.

La fameuse bactérie se retrouve naturellement dans l'eau douce des lacs et des rivières ainsi que dans le sol. Elle se multiplie en période de beau temps, soit à une température, variant entre 25 et 42 degrés Celsius. Ce n'est cependant pas cela qui est à l'origine des problèmes vécus à Sherbrooke et Québec et qui pourraient surgir de nouveau ailleurs au Québec.

Les principaux lieux d'infection sont, de manière particulière, les installations de production et de distribution d'eau chaude - comme les chauffe-eaux, les robinets et les douches -, les tours de refroidissement et les appareils de thérapie(s) respiratoire(s) qui génèrent des aérosols.

Ainsi donc, la contamination de l'humain par la sournoise «bibitte invisible à l'œil» prend sa source dans l'eau ou les vapeurs qu'elle produit. Elle se fait par inhalation de gouttelettes d'eau infectées en suspension dans l'air.

En France, la legionella pneumophilia est présente dans 30 à 60 % des prélèvements d'eau chaude sanitaire réalisés, notamment, dans les hôpitaux.

Pour limiter le développement des légionelles, il est nécessaire d'assurer une bonne hygiène des équipements. Et pour cela, il faut du personnel disponible et compétent pour le faire.

Les coupes budgétaires du gouvernement Couillard se font déjà sentir dans le réseau de la santé publique du Québec. Le premier ministre dit à tous qu'aucun service aux citoyens ne sera amputé, mais il n'a pas parlé de la qualité de ceux-ci et de leur disponibilité.

Dans le cas de la qualité, l'entretien des infrastructures des centres de santé, incluant les hôpitaux, CHSLD et CLSC, laisse à désirer. Et pourtant, elle devrait être exemplaire dans ces lieux qui accueillent des personnes malades et vulnérables.

On n'a qu'à entrer dans un centre d'accueil ou à l'urgence d'un hôpital et regarder les bouches d'aération pour se rendre compte qu'elles ne sont pas souvent nettoyées. Pourtant, la majorité des gouttelettes de poussière et d'humidité passe par là.

Combien de fontaines à eau et glace sont encrassées? Il suffit parfois de scruter les appareils pour en avoir la nausée.

À ce que j'entends, la population est en général assez d'accord avec l'idée gouvernementale de rationalisation des dépenses. Chacun comprend que la situation financière de l'État québécois est précaire avec sa dette de 181G$. Ce n'est plus un secret de polichinelle, la belle province est la plus endettée au Canada.

Pour le système public de la de santé, les Québécoises et Québécois ne disent pas non à une diminution du nombre de cadres, à la disparition des agences régionales de la santé et des CSSS qui sont des modèles administratifs coûteux et peu performants.

Ils le sont beaucoup moins avec la coupure du nombre de soignants dans le réseau public de la santé, comme les médecins, les spécialistes, les infirmiers, les préposés aux bénéficiaires et le personnel d'entretien, et la fermeture de lits dans les hôpitaux et CHSLD. Quand on se retrouve en première ligne avec un proche malade ou pour soi, on veut être soigné. Quand on entre à l'hôpital, on craint de plus en plus d'être contaminés par diverses bactéries, notamment des maladies nosocomiales.

Faut-il vraiment passer au bistouri jusqu'au budget des soins directs aux patients, leur disponibilité et leur qualité? En d'autres termes, faut-il aller jusqu'à couper dans la salubrité et l'entretien des installations et dans le personnel soignant et d'entretien qui sont à la base d'une bonne qualité des soins? Poser la question c'est déjà un peu y répondre.

Et l'avenir ne s'annonce pas rose. Le gouvernement de Stephen Harper a spécifié, à la suite de l'expiration de l'accord fédéral-provincial sur la santé, en 2011, que les transferts vont croître de 6% par année jusqu'en 2017 et que, par la suite, ils seront liés à la croissance économique et à l'inflation. Selon l'ancien premier ministre du Québec, Jean Charest, cela amènera des transferts autour de 4%. Ce sera insuffisant pour combler les besoins.

Tiré de: Benoit Voyer. «Plus on coupera en santé, plus nos infrastructures seront sales et contaminées», Huffington Post Québec, 25 aout 2014 (page consultée le 4 aout 2024) huffpost.com/archive/qc/entry/plus-on-coupera-en-sante-plus-nos-infrastructures-seront-sales_b_5697465

Mes humbles prières

(Photo: Benoit Voyer)