En ce 30 mars 2025


Ma relecture de vie (2)

Par Benoit Voyer

30 mars 2025

Il y a quelques années que je pense écrire sur ma vie, mais à chaque fois je remets cela a plus tard. Pourquoi avoir tant tardé? Pour une tonne de raisons. Il y en a toujours une bonne pour procrastiner quand la peur nous paralyse. Ainsi donc, la vraie cause est ma peur d’aller dans des coins plus difficiles de ma vie et d’en revivre certaines émotions.

En mai 2023, je me suis dit : Bon! Ça suffit le niaisage! A 56 ans, c’est le temps ou jamais de commencer cette longue réflexion sur moi-même afin de trouver des voies de passage à certaines impasses que je vis en moi, de faire certains deuils et surtout de clore des chapitres de mon existence, quelques-uns heureux, d’autres un peu ou pas mal moins. Au fil des ans, la poussière du passé est retombée, mais elle est encore bien présente dans certains racoins parce que l’humain a l’art de dissimuler la poussière sous le tapis.

Et, je ne me cache pas, ce travail rédactionnel et la recherche que je dois faire pour produire un texte qui me satisfasse, sert à mieux me comprendre, parce que, comme l’écrit Florence K dans un de ses livres, « comprendre, c’est prendre le contrôle. En s’expliquant les choses, on peut les maitriser ». Il me permet aussi de mieux assumer qui je suis réellement.

La finalité de ma relecture de vie
La totalité de mon travail de relecture de vie, n’a pas pour but d’être publié. En revanche, dans le processus de rédaction, j’en publie quelques bribes, notamment à travers mon blogue.

Puisqu’il s’agit d’un style autobiographique, je fais tout pour demeurer le plus objectif possible, tout comme le ferait un biographe, et de documenter certains passages. En revanche, cela m’est totalement impossible parce que ma vie n’est pas terminée et l’objectivité est parfois difficile à atteindre. Qui peut prétendre se connaître soi-même, totalement?

Et puis, comme l’écrivait le biographe Andrès Vazquez de Prada dans l’introduction de sa biographie de saint Josémaria Escriva : « Au sens strict du terme, une biographie est le récit d’une vie singulière; en tant que genre scientifique, elle s’inscrit pleinement dans le cadre de l’histoire. Mais une vie ne se conçoit pas isolément, tel un ilot perdu au milieu de l’océan; le milieu propre de son développement est communautaire. L’individu est rattaché à un lieu, il s’inspire d’une culture déterminée et possède une patrie. En outre, a quelque époque qu’il vive, et quel que soit le pays, il sera marqué dans son existence par les événements qui se produiront, de sorte que l’approche biographique devra dépasser ce qui aura trait uniquement à la personne concernée. Le chercheur, et en dernier lieu le lecteur, doivent tenir compte de beaucoup d’autres éléments, à la fois culturels et sociaux, afin de préciser les faits et d’établir la vérité historique sur des bases solides. »

Ma vie est un long pèlerinage
Je me suis toujours senti en cette vie comme un pèlerin. D’ailleurs, j’aime ce que disait le pape François : « « pèlerins ». C’est un beau mot dont la signification mérite d’être méditée. Il signifie littéralement laisser de côté la routine habituelle et se mettre en chemin avec une intention, en se déplaçant « à travers les champs » ou « au-delà de ses frontières », c’est-à-dire hors de sa zone de confort, vers un horizon de sens. Dans le mot "pèlerin", nous voyons se refléter la condition humaine, parce que chacun est appelé à se confronter à de grandes questions qui n’ont pas de réponse, une réponse simpliste ou immédiate, mais qui invitent à accomplir un voyage, à se dépasser, à aller plus loin. C’est un processus qu’un universitaire comprend bien, car la science naît ainsi. Et ainsi grandit également la recherche spirituelle. Être pèlerin, c’est marcher vers un but ou chercher un but. Il y a toujours le danger de marcher dans un labyrinthe, où il n’y a pas d’objectif. Et même pas de sortie. Méfions-nous des formules préfabriquées – ce sont des labyrinthes – méfions-nous des réponses qui semblent à portée de main, tirées de la manche comme des cartes à jouer truquées ; méfions-nous de ces propositions qui semblent tout donner sans rien demander. Méfions-nous! Cette méfiance est une arme pour pouvoir avancer et ne pas continuer à tourner en rond. » […] « L’imperfection caractérise notre condition de chercheurs et de pèlerins »

Devant Dieu