En ce 25 juin 2024


POLITIQUE: Après un très long dépouillement qui a pris fin vers 5h ce matin, Don Stewart, le candidat conservateur dans Toronto-St. Paul (Ontario), a gagné l’élection partielle. Ce comté était sous la domination du Parti libéral de Justin Trudeau libéral depuis 1993. Ainsi donc, le Parti conservateur du Canada remporte avec 42,1% des votes. Suit le Parti libéral du Canada avec 40,5%, le Nouveau parti démocratique avec 10,9%, le Parti vert avec 2,9% et le Parti populaire du Canada de Maxime Bernier (Dennis Wilson, candidat) avec 0,6%. enr.elections.ca/ElectoralDistricts.aspx?ed=2237&lang=f

POLITIQUE: Pour le 3e lien et contre le tramway : Poilievre rejette le rapport de CDPQ Infra
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FINANCES PERSONNELLES: Le Fonds de solidarité FTQ a conclu le mois dernier son année financière 2023-2024 avec un rendement annuel à ses actionnaires (hors crédit d’impôt) de 8%, soit le double de celui réalisé l’année précédente.

SANTÉ MENTALE: psychiatre de rue
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SANTÉ MENTALE: La kétamine, espoir prudent contre la dépression: journaldemontreal.com/2024/06/24/la-ketamine-espoir-prudent-contre-la-depression

SANTÉ MENTALE: Fin du programme de toxicomanies au CUSM : onde de choc dans le milieu communautaire
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LANAUDIERE: Inondations au Camping du Parc ensoleillée, à Rawdon: près de 200 jeunes secourus pendant leur après bal
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Les confidences du médecin de Robert Bourassa

Il était une fois dans les médias...


Par Benoit Voyer (2005)

Le Dr Joseph Ayoub est cancérologue a l’Hôpital Notre-Dame, CHUM, à Montréal. Il est directeur de l’enseignement au Centre hospitalier universitaire de Montréal et directeur du programme d’oncologie et professeur-chercheur a la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Il vient de publier, en 2004, Guérir parfois, soulager souvent, réconforter toujours (Éditions Pauline et Anne Sigier).


Article paru en février 1999

Joseph Ayoub

« Un jour j’ai dit à Robert Bourassa : « Le Québec vous aime, monsieur Bourassa! » Des larmes d’émotions contenue ont alors coulé sur son visage, silencieusement », dit d’une voix touchante Joseph Ayoub, l’oncologue qui a accompagné l’ex-premier ministre du Québec sur le chemin vers l’autre vie. Ce qui l’a surpris, c’est la simplicité et la foi en Dieu qui habitaient ce personnage important de l’histoire du Québec, décédé le 2 octobre 1996 a 5h45, a l’Hôpital Notre-Dame de Montréal, emporté par un cancer.

Accompagner cette personnalité québécoise a été un événement circonstanciel, voire providentiel. Lors de l’arrivée de Robert Bourassa a l’hôpital, Joseph Ayoub était de garde. « J’ai appris à voir l’homme a travers le politicien. J’ai appris à découvrir un être d’une grande simplicité et d’une grande humilité », ajoute-t-il.

L’hommage qu’il a fait le jour du décès et qui a été repris par tous les médias de la métropole québécoise a profondément touché les sensibilités de ses compatriotes d’adoption. Le monde catholique a découvert en lui une âme riche de la présence de Dieu. Son témoignage n’a pourtant pas été quelque chose de très planifié.

« Durant ses dernières minutes, je suis venu d’urgence a son chevet pour encourager la famille. Sur la route pour me rendre à l’hôpital, je me suis dit: c’est le 2 octobre, fête des anges gardiens. C’est en ces termes que j’ai parlé à la famille Bourassa lorsqu’il a exhalé son dernier souffle. « Son ange gardien a accompagné son âme au Seigneur » », raconte le réputé spécialiste du cancer.

Il poursuit : « En sortant de la messe, vers 7h30 (a l’Hôpital Notre-Dame ou je participe souvent à l’eucharistie), je me suis dit : ça ne se peut pas qu’un homme qui a tellement contribué a l’évolution du Québec parte sans que quelqu’un livre un dernier hommage. Je savais que la famille ne voulait faire aucun commentaire officiel aux médias. Alors, je me suis rendu a mon bureau (le K5219 du Pavillon Mailloux de l’Hôpital Notre-Dame, a Montréal) pour griffonner un petit texte et j’ai téléphoné a madame Bourassa pour lui demander la permission de livrer ma déclaration aux médias. »

Andrée Bourassa accepte la proposition. Joseph Ayoub se rend alors au bureau de Jacques Wilkins, directeur des communications de l’institution pour lui remettre son bout de papier. M. Wilkins le met au propre et l’envoie a toutes les salles de presse par le biais de l’agence Telbec.

Puis le docteur Ayoub se rend à une réunion au Collège des médecins du Québec sans trop se soucier de la suite de son geste spontané. Mais très vite M. Wilkins lui lance un appel urgent au téléphone : « Monsieur Ayoub, on a des téléphones de partout. Les médias veulent vous voir et vous entendre lire ce témoignage que vous avez rédigé. » A midi, il était la vedette d’un point de presse en direct sur les ondes de plusieurs stations de radio et de télévision.

« Êtes-vous conscient d’avoir touché le cœur des Québécois? Avouez que c’était bien plus qu’un hommage à Robert Bourassa! Vos propos de foi ont pénétré la sensibilité collective. Par la suite, la population ne parlait que de cela! Elle disait de vous : « Quel grand humaniste! Quel grand homme! » » lui est-il lancé pour tenter de le faire sortir quelques secondes de sa grande humilité

Il répond, après un bref silence, comme pour se justifier : « Ce témoignage est sorti de mon cœur après avoir côtoyé ce monsieur pendant cinq semaines… » Après un silence lourd a la recherche d’une réponse au fond de lui, il ose des commentaires puisés a la source de sa spiritualité : « C’est la que je te dis : c’est la voie du Seigneur. Il a des voies qui nous dépassent, toi et moi. Il y a longtemps que j’ai constaté – et cela bien avant cet événement – que les Québécois ont une foi profonde, mais qu’elle est endormie. Ils ont peur de l’exprimer. »

Pour lui, la foi au Québec est omniprésente et il n’y a qu’a enlever une couche de terre, une couche de poussière pour qu’elle resurgisse. La racine de la foi est bien vivante. Pour qu’elle revive, il faut qu’il y ait de véritables témoins. Seuls des gens qui vivent pleinement de la Parole de Dieu permettront à la foi de fleurir à nouveau.

Un médecin pas comme les autres
Joseph Ayoub est oncologue au Pavillon Notre-Dame du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), directeur d’oncologie médicale et professeur de médecine de l’Université de Montréal, et responsable de l’unité du cancer du poumon pour le Fonds de recherche en santé du Québec (Réseau cancer). Il s’occupe aussi des protocoles de recherche clinique pour le cancer du poumon.

Il est rare de rencontrer une telle qualité humaine chez un spécialiste de la santé. Bien plus qu’un médecin du corps, il est celui de l’âme. N’est-ce pas cela apporter le salut? Dans sa racine hébraïque, ce mot veut dire « la guérison ». C’est ce que Jésus a fait, et Joseph Ayoub tente de l’imiter à sa façon.

Le regard de Joseph Ayoub ressemble au regard de compassion que le Christ, docteur des âmes, portait sur les malades. Son visage est rempli de lumière. Ses yeux sont chargés de tendresse et ses paroles pleines de bonté. Il n’a pas besoin de parler. De sa personne transparaissent les traces du Ressuscité. Il côtoie tellement la mort de près, qu’il est constamment en contact avec les âmes du ciel. On peut facilement imaginer que Dieu, tellement fier de la préparation que le médecin fait à ses patients pour aller a sa rencontre, doit lui préparer une des plus belles places au royaume des bienheureux du ciel. Vraiment, il est rare de rencontrer une si belle âme.

Médecin catholique
Joseph Ayoub est né en Égypte, en janvier 1937, fils d’un père libanais et d’une mère égyptienne. Il a son doctorat en médecine en 1961. Après deux ans de travail en résidence, il commence sa carrière de médecin à Alexandrie. Et cette même année 1963, il rencontre sa future femme et ils se marient.

En octobre 1966, il quitte son pays pour s’établir au Canada avec son épouse (ses yeux s’illuminent lorsqu’il parle d’elle) et leur bébé d’un an, Jean-Pierre. Ils deviennent officiellement citoyens canadiens, cinq ans plus tard.

« Avant de venir ici, j’ai lu de nombreux livres sur l’histoire du Québec. Ce qui m’a attiré, ce sont les origines mystiques de la Nouvelle-France. J’en rêvais. Je me disais que ce serait la que je pourrais vivre ma foi d’une façon pleine et idéale. C’était juste avant la révolution culturelle qu’a vécue le Québec », commente le sympathique spécialiste.

Si le fait d’être un médecin catholique passe bien auprès des malades, cela est moins bien reçu de la part des intellectuels. Il croit cependant que la foi vécue pleinement, simplement et normalement, finit par amener les réfractaires à admettre qu’il y a quelque chose de sérieux dans la manifestation religieuse.

« Il y a une certaine réflexion qui s’établit parmi mes collègues et les autres médecins. Ils arrivent à voir que l’on peut faire une alliance entre la foi et la science. C’est une évolution de la pensée. Dans les années 1970, il fallait choisir entre l’une ou l’autre. Tu ne pouvais pas avoir les deux. Comme le disait si bien le cardinal Poupart : « Pour la science, connaître c’est expliquer. Pour la foi, connaître c’est aimer. Expliquer et aimer peuvent aller ensemble », conclut-il.

Le mélange science et foi est ce qu’il a utilisé pour soigner Robert Bourassa et tant d’autres malades. Pour Joseph Ayoub, la médecine n’est pas une profession, mais une vocation particulière, une mission apostolique.

Tiré du livre « Les Témoins de l’essentiel », éditions Logiques, une division de Québecor, 2005, pp. 27 à 31. (BANQ 204.4 V975t 2005). Article paru initialement dans la Revue Sainte Anne.

Jadis a la radio: Devenir grands-parents

Devenir grands parents,
Benoit Voyer a l'émission radiophonique
"Il fait toujours beau quelque part",
entre 2017 et 2023

Mes humbles prières

(Photo: Benoit Voyer)