La relève se fait rare au Carmel
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Benoit Voyer
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La plus grande difficulté rencontrée par la relève, selon sœur Marise Langevin du Carmel de Trois-Rivières, est le dépouillement de la prière de toutes sensibleries, sentiments et émotions. La place des rites est importante pour vivre ce dépouillement: contemplation silencieuse, vie sacramentelle, lecture des psaumes, etc.
La peur de l'engagement définitif semble être le 2e point de la désertification de ce choix de vie. "Les femmes qui viennent en formation au Carmel veulent rester, mais retardent l'échéance de l'engagement", explique celle qui demeure au Carmel trifluvien depuis 42 ans.
Ce n'est pas que dans la vie monastique que cette peur se fait sentir, c'est dans toute la société. Cette peur prend sa source dans la psychologie des adolescents. Les générations de cette partie du XXe siècle ont de la difficulté à entrer dans l’âge de la maturité. L'adulte n'hésite guère à se donner. Lui seul est capable d'assumer ses choix et de vivre les renoncements que ceux-ci impliquent.
Néanmoins, la religieuse demeure dans l'espérance, car la mentalité québécoise change: le mouvement féministe devient moins radical, les jeunes brisés par les problèmes des parents veulent vivre de façon différente et la peur du SIDA fait revenir en force la popularité de la chasteté...
L'année du centenaire du décès de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus qui débutera le 29 septembre, sera l'occasion pour les Carmélites de parler de la grandeur de la vie monastique et de Thérèse Martin. Une série d'activités seront proposées au public au long de ces mois pour commémorer cette grande fête de l'Église.
(L’Hebdo Journal, 11 aout 1996, p.48)