Lectio divina: Mc 1, 21-28


Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat,
il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
On était frappé par son enseignement,
car il enseignait en homme qui a autorité,
et non pas comme les scribes.


Or, il y avait dans leur synagogue
un homme tourmenté par un esprit impur,
qui se mit à crier :
« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?
Es-tu venu pour nous perdre ?
Je sais qui tu es :
tu es le Saint de Dieu. »
Jésus l’interpella vivement :
« Tais-toi ! Sors de cet homme. »
L’esprit impur le fit entrer en convulsions,
puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
Ils furent tous frappés de stupeur
et se demandaient entre eux :
« Qu’est-ce que cela veut dire ?
Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité !
Il commande même aux esprits impurs,
et ils lui obéissent. »
Sa renommée se répandit aussitôt partout,
dans toute la région de la Galilée.

Mon commentaire
« Le Christ enseigne avec autorité et chasse les esprits mauvais, car il participe à la vie divine avec son Père. Il se démarque ainsi des autres prédicateurs »[1], écrit Jacques Kabangué.

Jésus n’enseignait pas comme les lettrés de son temps. Enseigner « en homme qui a autorité » veut dire que Jésus « les enseignait comme qui en a la liberté »[2] Jésus était libre.

Dans la synagogue, il y avait un homme habité d’un souffle impur. Celui-ci se mit injurier Jésus en s’époumonant: « De quoi te mêles-tu (…) Tu es venu pour nous perdre… Je sais qui tu es : Le saint de Dieu »[3]. On aurait pu aussi traduire : « Quoi entre nous et toi, Jésus Nazarénien? Es-tu venu nous massacrer? Oh, je sais qui tu es! Le Saint, celui de Dieu. »

Jésus lui répond : Hey! « Tais-toi! (…) Sors de lui! Le souffle impur trembla dans l’homme et avec un grand cri, sortit de lui »[4]

J’aime aussi cette traduction de Frédéric Boyer : « Mais Jésus s’en prend à lui et dit : « Silence! Et toi, sors de lui ». Oh le souffle esprit, l’impur, jette l’homme dans les spasmes. Il produit un grand bruit, d’une voix forte. Il sort de l’autre. »

L’histoire fit bien du chemin en Galilée.

Pour reprendre les mots de Jacques Kabangu : Jésus « exerce toujours la même puissance de nos jours : elle éveille à Dieu, remue les cœurs, transforme les personnes et chasse le mal »[5].
 

Benoit Voyer
27 janvier 2024


[1] Jacques Kabangué. Un prédicateur nommé Jésus, Prions en Église, janvier 2024, p.151.
[2] Frédéric Boyer. Évangiles, Guallimard, 2022
[3] La Bible. Bayard et Médiaspaul, 2001
[4] La Bible. Bayard et Médiaspaul, 2001
[5] Jacques Kabangué. Un prédicateur nommé Jésus, Prions en Église, janvier 2024, p.151.









Lectio divina: Jn 1, 35-42



En ce temps-là,
Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples.
Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit :
« Voici l’Agneau de Dieu. »
Les deux disciples entendirent ce qu’il disait,
et ils suivirent Jésus.
Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient,
et leur dit :
« Que cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent :
« Rabbi – ce qui veut dire : Maître –,
où demeures-tu ? »
Il leur dit :
« Venez, et vous verrez. »
Ils allèrent donc,
ils virent où il demeurait,
et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.
C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi).

André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples
qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus.
Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit :
« Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ.
André amena son frère à Jésus.
Jésus posa son regard sur lui et dit :
« Tu es Simon, fils de Jean ;
tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.

Mon commentaire
Dans ce texte, deux éléments sont à souligner : Premièrement, Jean le baptiste confie que Jésus est celui qui passe. En second lieu, André et Simon rencontrent pour la première fois Jésus.

En d’autres mots, reprenons ce récit :

Jean, le baptiste, affirme à deux de ses élèves que celui qui passe est Jésus, l’élu. Il l’appelle « l’agneau de Dieu ». Il est à noter que dans chaque liturgie eucharistique on rappelle ces paroles de Jean le baptiste au moment de l’invitation à « recevoir le corps du christ »: « Voici l’agneau de Dieu ».

Sans tarder, ceux-ci se mettent à la suite de Jésus. Parmi eux se trouve André, le frère de Simon.

Se sentant suivi, Jésus leur demande : « Que cherchez-vous? »

Ils répondent à la question par une autre question: « où demeures tu ? »

Et Jésus répond par une boutade : « Venez et vous verrez » bien.

Le narrateur nous dit qu’il est 16h et insinue qu’ils passeront la nuit auprès de Jésus. On imagine qu’ils ont bavardé longuement avec lui.

Ayant pris congé de Jésus, André ne tarde pas à aller voir son frère Simon afin de lui dire qu’il a enfin rencontré le messie tant attendu. Et sans tarder, il amène Simon rencontrer Jésus.

En voyant Simon, Jésus pose son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas[1] » – ce qui veut dire : Pierre.

Ainsi donc, il y a plusieurs manières de rencontrer Jésus. Ce récit nous en montre deux : André le suit parce qu’il croie ce qu’on lui affirme à son sujet. De son côté, Simon le fait à l’invitation de son frère et, surtout, a cause du regard de Jésus posé sur lui. Sa vie ne sera jamais plus même.

Benoit Voyer
13 janvier 2024


[1] D’autres traducteurs écrivent « Céphas ».







Lectio divina: Mt 2, 1-12


Jésus était né à Bethléem en Judée,
au temps du roi Hérode le Grand.
Or, voici que des mages venus d’Orient
arrivèrent à Jérusalem
et demandèrent :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
Nous avons vu son étoile à l’orient
et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé,
et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple,
pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent :
« À Bethléem en Judée,
car voici ce qui est écrit par le prophète :
Et toi, Bethléem, terre de Juda,
tu n’es certes pas le dernier
parmi les chefs-lieux de Juda,
car de toi sortira un chef,
qui sera le berger de mon peuple Israël. »
Alors Hérode convoqua les mages en secret
pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :
« Allez-vous renseigner avec précision sur l’enfant.
Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer
pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Après avoir entendu le roi, ils partirent.
Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient
les précédait,
jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit
où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile,
ils se réjouirent d’une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison,
ils virent l’enfant avec Marie sa mère ;
et, tombant à ses pieds,
ils se prosternèrent devant lui.
Ils ouvrirent leurs coffrets,
et lui offrirent leurs présents :
de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,
ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Mon commentaire
L’Épiphanie est traditionnellement appelée la « fête des rois ».

Bien des légendes circulent au sujet des « rois mages », mais ce récit de Luc[1] en est la version élémentaire ou épurée. Je l’apprécie.

De passage à Jérusalem, qui sont ces mages qui suivent une étoile? Les traducteurs de l’évangile de Mathieu de la Nouvelle traduction de la Bible[2], Marie-Andrée Lamontagne et André Myre, utilisent le terme « astrologues ». Plus récemment, dans sa traduction des Évangiles[3], Frédéric Boyer utilise le mot « magiciens ». Il s’agirait donc de devins ou de magiciens ou d’astrologue venus d’Orient.

Ces étrangers qui viennent en Israël sont en pèlerinage à la recherche du « roi des judéens ». Dans leur recherche, ils questionnent. Pour commencer, ils s’adressent aux autorités religieuses de la Judée.

Le roi Hérode est informé du passage de ces étrangers. Il est troublé en apprenant l’objet de leur recherche.

A son tour, Hérode qui n’est pas Judéen cherche à comprendre. Il se renseigne d’abord aux titulaires du sacerdoce suprême, les hauts responsables des sacrifices au Temple de Jérusalem au sujet de ce qui est dit au sujet de l’endroit ou devrait naître le roi attendu et, en second lieu, aux lettrés du peuple. Ces lettrés étaient les gardiens des écrits sacrés. Frédéric Boyer explique qu’ « en hébreu, sopherim, employé plusieurs fois dans la Torah, désignait les scribes qui avaient la charge d’écrire sur les rouleaux sacré le texte de la Loi et de veiller à sa conservation »[4]

On lui cite le passage du livre de Michée : « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »

Dans sa traduction, Frédéric Boyer n’utilise pas les mots « gouverner » ou « chef ». Il traduit : « un prince qui veillera sur mon peuple Israël ».

Hérode n’est pas entièrement satisfait de la réponse. Il poursuit son enquête en interrogeant « en secret » ces pèlerins d’Orient. Avant de les quitter, il leur demande de trouver l’endroit exact où se trouve l’enfant en question et revenir l’en informer pour qu’il puisse lui aussi aller l’adorer.

Après leur rencontre avec Hérode, ils se remettent en route. L’étoile les guidera et s’arrêtera juste au-dessus de l’endroit où l’enfant est.

Leur joie est grande en découvrant ce petit bout d’homme. En le voyant, ils s’abaissent pour rendre hommage à l’enfant et lui offrent des cadeaux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

En donnant de l’encens à l’Enfant Jésus, les mages reconnaissent sa nature divine. Ce don était habituellement offert en sacrifice aux dieux et brûlé dans leurs temples.

La myrrhe pour son humanité. Dans l’antiquité, la myrrhe était utilisée entre autres pour le culte des morts.

Enfin, de l’or en reconnaissance de la royauté de Jésus.

Intuitivement, comme s’il s’agissait d’un songe reçu ou du signe donné à travers un rêve, les pèlerins d’Orient décident de ne pas revoir Hérode. Ils doutent de son honnêteté. Ils décident donc de rentrer chez eux par un autre chemin.

Être « pèlerins » : « C’est un beau mot dont la signification mérite d’être méditée, disait le pape François le 3 août 2023. Il signifie littéralement laisser de côté la routine habituelle et se mettre en chemin avec une intention, en se déplaçant « à travers les champs » ou « au-delà de ses frontières », c’est-à-dire hors de sa zone de confort, vers un horizon de sens. Dans le mot "pèlerin", nous voyons se refléter la condition humaine, parce que chacun est appelé à se confronter à de grandes questions qui n’ont pas de réponse, une réponse simpliste ou immédiate, mais qui invitent à accomplir un voyage, à se dépasser, à aller plus loin. C’est un processus qu’un universitaire comprend bien, car la science naît ainsi. Et ainsi grandit également la recherche spirituelle. Être pèlerin, c’est marcher vers un but ou chercher un but. Il y a toujours le danger de marcher dans un labyrinthe, où il n’y a pas d’objectif. Et même pas de sortie. Méfions nous des formules préfabriquées – ce sont des labyrinthes – méfions nous des réponses qui semblent à portée de main, tirées de la manche comme des cartes à jouer truquées ; méfions nous de ces propositions qui semblent tout donner sans rien demander. Méfions nous! Cette méfiance est une arme pour pouvoir avancer et ne pas continuer à tourner en rond. » (…) « L’imperfection caractérise notre condition de chercheurs et de pèlerins »

Comme ces pèlerins venus d’Orient (ou ces mages, astrologues et magicien), prenons la route. Ne cessons jamais de suivre l’étoile a la recherche de ce qui prend naissance, de Celui qui naît.

Benoit Voyer
6 janvier 2024


[1] Traduction liturgique
[2] La Bible. Bayard et Médiaspaul, 2001
[3] Frédéric Boyer. Évangiles, Guallimard, 2022
[4] Frédéric Boyer. Évangiles, Guallimard, 2022