ARTICLE DU JOUR: La bienheureuse Élisabeth Turgeon
Par Benoit Voyer
15 août 2025
Élisabeth Turgeon est née le 7 février 1840, à Saint-Etienne-de-Beaumont (en 1998, la municipalité prend officiellement le nom de Beaumont), dans l’actuelle région de Chaudière-Appalaches, sur la rive sud du Saint-Laurent. Elle est la fille de Louis-Marc Turgeon (1801-1855) et Angèle Labrecque (-1904).
Le 8 février 1840, le curé Louis Raby (1787-1843) déclare dans le registre de la paroisse avoir baptisé Marie-Élisabeth née la veille de ce jour. Les parrain et marraine qui ont demandé la foi chrétienne pour la petite sont Colomban Turgeon (1807-1893), frère de son père, et Julie Goupille (1806-1890), épouse du parrain.
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Élisabeth Turgeon |
Le 6 septembre 1860, Elisabeth, 20 ans, entre enfin à l'école normale Laval, à Québec.
L’institution est dirigée par l’abbé Jean Langevin. Chez Élisabeth, il remarque une vive intelligence, une maturité au-dessus de la moyenne, une piété solide et des qualités d'éducatrice exceptionnelles. Elle lui a confié son désir d’être religieuse.
Le 3 juillet 1862, elle reçoit un diplôme d’enseignement.
En septembre 1863, elle prend la direction d’une école de garçons à Saint-Romuald d’Etchemin.
En 1867, Jean Langevin est nommé premier évêque du diocèse de Rimouski. Au Bas Saint-Laurent, il se heurte à la pauvreté de la population et au manque d’éducation de celle-ci. Il voit l'urgence de mettre en place un bon milieu éducatif. Malheureusement, dans la région, les institutrices compétentes sont rares.
Il pense souvent à son ancienne élève. En 1871, il invite Élisabeth à diriger une école à Rimouski. Elisabeth refuse pour raison de santé. Ce n’était pas un mensonge. En 1872, malade, Elisabeth quittera définitivement l’école de Saint-Romuald d’Etchemin.
Au cours de l'année 1873, elle ouvre une classe privée à Saint-Roch, à Québec.
L’année suivante, afin de remplir une promesse faite à la bonne sainte Anne, elle enseigne gratuitement à Sainte-Anne-de-Beaupré.
Cette même année, Mgr Jean Langevin invite à nouveau Elisabeth, à Rimouski, pour y diriger une petite société d'institutrices pour les écoles du diocèse. Élisabeth refuse à nouveau.
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Soeur Élisabeth Turgeon |
Le 3 avril 1875, à la suite d’une troisième demande de Mgr Jean Langevin, elle arrive à Rimouski et se joint à celles qu'on nomme déjà les Sœurs des petites écoles. Le 15 septembre, avec deux compagnes, elle revêt l'habit propre à l'institut.
En 1876, Elisabeth dirige l'école des garçons de Rimouski. Elle y enseigne avec une consœur jusqu'en juin 1878.
Le 12 septembre 1879, à Rimouski, avec douze compagnes, Élisabeth devient officiellement religieuse en prononçant les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance. Le même jour, elle est nommée supérieure par l'évêque.
7 janvier 1881, Elisabeth ouvre à Rimouski une école indépendante pour la formation de futures enseignantes.
En mars, trop malade, elle doit absolument arrêter presque toutes ses activités.
Le 5 avril 1881, un incendie ravage le Séminaire diocésain. Dès qu'elle apprend la nouvelle, Élisabeth, extrêmement malade et en danger de mort, n'hésite pas à offrir, avec l’accord de ses compagnes, le bâtiment où elles habitent, « la vieille Église » de Rimouski, qui avait reçu bien des écoliers avant d'être mise à la disposition de la communauté, par l'évêque. Les nouvelles religieuses avaient réparé cette vieille affaire au prix de travaux épuisants. Mgr Langevin et d'autres témoins sont émus par cette offre qu’ils qualifient d'héroïque. L’offre est acceptée.
Les religieuses déménagent. Trop malade, Élisabeth, assistée de deux compagnes, est contrainte demeurer au milieu du va-et-vient des élèves et des travaux pour adapter le bâtiment aux besoins du Séminaire.
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Lieu de sépulture d'Élisabeth Turgeon |
De nos jours, elle repose dans la chapelle des Sœurs du Très Saint-Rosaire, 300, allée du Rosaire, à Rimouski. Les religieuses sont toujours heureuses d’accueillir les visiteurs qui désirent se recueillir auprès de leur bienheureuse fondatrice.
L’église catholique du Canada commémore sa mémoire le 17 août de chaque année.
JEAN-PAUL REGIMBAL: Dieu le Fils dans ma vie
Notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, ne s’est pas incarné pour le plaisir de vivre sur la terre avec nous. S’il a quitté les splendeurs de la gloire céleste où il vivait heureux dans l’intimité de son Père, c’est qu’il voulait nous faire partager son bonheur en nous faisant partager d’abord sa vie divine par la grâce. « Je suis venu afin que vous ayez la vie, et que vous l’ayez en abondance… »
Jésus nous a tellement aimés que non seulement il nous a DONNÉ sa propre vie, mais il s’est fait lui-même notre vie. C’est dire qu’il ne veut point qu’on le considère comme un étranger mais bien comme l’être le plus intime qu’on puisse connaître et aimer. Il désire qu’on devienne des membres vivants de son Corps mystique pour qu’on reçoive constamment de lui la sève vitale et surnaturelle de la grâce.
C’est dire que Jésus doit devenir pour chacun d’entre nous la VOIE, la VÉRITÉ, la VIE : La VOIE qui nous mène à Dieu le Père, la VÉRITÉ qui nous instruit de secrets divins et la VIE qui nous anime pour l’éternité.
Notre voie
Les auteurs spirituels ont souvent comparé Jésus Christ a un PONT qui relie par ses extrémités la divinité a l’humanité. A la fois Dieu et homme, notre Seigneur comble l’abîme insondable qui sépare le Créateur de sa créature. Lui seul donc est capable de nous acheminer dans l’enceinte de la divinité puisqu’il y a part, de par sa propre nature. Seul aussi peut-il connaître la vraie route qui mène à Dieu : En effet, il répliqua fort adroitement aux pharisiens du Temple qui les questionnaient dans le Trésor : « Je sais d’où je suis venu et ou je vais. Mais vous, vous ne savez ni d’où je viens, ni ou je vais… Vous autres, vous êtes d’en bas ; Moi, je suis d’en haut. Vous autres, vous êtes de ce monde ; Moi, je ne suis pas de ce monde » (Jn 8,14.23). « Personne n’est monté au ciel que celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme » (Jn 3,13).
C’est donc avec raison que Jésus déclare à ses disciples : « Nul ne va au Père, si ce n’est par le Fils ». Puisque Jésus est le seul vrai médiateur entre Dieu et les hommes, puisqu’il est le Fils unique de Dieu le Père, il est souverainement raisonnable qu’il n’y ait pas, en dehors de lui, de voie plus pure, de voie plus sainte, de voie plus courte pour aller vers Dieu le Père, SON Père qui est aussi NOTRE Père !
Notre vérité
Saint Jean ne cesse d’insister sur cette pensée que notre Seigneur Jésus Christ est le VERBE de Dieu fait chair. La deuxième Personne de la très sainte Trinité qui a daigné revêtir notre humaine nature n’est autre que la Pensée substantielle et subsistante du Père éternel. C’est pourquoi il peut dire en toute propriété du terme : « Je suis la VÉRITÉ ». Il est la VÉRITÉ même tout en étant vraiment homme comme nous !
Jésus est donc qualifié pour nous parler des vérités nécessaires à notre salut. Ce n’est pas seulement une doctrine qu’il enseigne, c’est lui-même qu’il prêche. A tel point que celui qui refuse la vérité, refuse le Fils de Dieu et que celui qui accepte la vérité, accepte Dieu lui-même : « A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu : A ceux qui croient en son nom, qui ne sont nés ni du sang, ni du vouloir charnel, ni du vouloir humain, mais de Dieu par grâce…
Notre Vie
Celui qui admet le Christ Jésus comme sa VÉRITÉ ne peut faire autrement que de le considérer comme sa VIE : « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ». Or, cette vie, Jésus, l’a reçue de son Père, il la possède en plénitude et la donne a qui la veut. La vie divine que Jésus nous transmet est la vie trinitaire, c’est-à-dire la vie de connaissance et d’amour qui unit les trois Personnes de la Trinité dans la seule et même nature.
La vie chrétienne, modelée sur la vie de Jésus, doit être faite de connaissance et d’amour et s’épanouir en opérations vitales tout orientées vers l’approfondissement des mystères divins et l’affection sincère de chaque Personne divine. Alors seulement pourrons-nous dire avec Saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ».
Jean-Paul Regimbal
Tiré de: Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, 4e année, No. 3, 1958, pp. 5 à 7. Copie conservée a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby (Fonds P049).