En ce 9 aout 2025

Robert Lebel No 4


Le spirituel, l’espace caché en soi

Le spirituel, l’espace caché en soi

Par Benoit Voyer

9 aout 2025

Le spirituel est universel et au cœur de chaque personne. Il n'est pas la propriété d'une religion en particulier.

La spiritualité est toute la partie cachée au fond de soi qui n'est pas toujours clairement explicable.

« Tous les êtres humains sont de grands spirituels. On a tous un petit jardin en soi, mais il y a plein de gens qui ne le visitent pas », explique l'explorateur Bernard Voyer [1]. Pour lui, « la spiritualité est le côté inexplicable de la vie. Plusieurs personnes refusent de s'y rendre. Pourquoi? Parce que, dans notre société, on s'est donné comme défi de tout comprendre. C'est normal! C'est le propre de l'intelligence! Si on est intelligent, on veut comprendre ce qui nous entoure, on veut répondre à toutes les questions qui commencent par pourquoi. On se donne des moyens, on informatise, on cherche ... On a besoin de comprendre, mais il y a une partie que l'humain doit accepter de ne jamais comprendre »[2].

Le spirituel réfère à la dimension de l'humain qui est à la recherche d'une réponse aux questions de sa propre identité [3], de ses relations avec les autres [4], de sa relation avec un absolu ou une force supérieure [5].

En d'autres mots, la spiritualité est une force dynamique de l'humain qui l'incite à trouver un sens à sa vie, à chercher à se relier à son être profond, aux autres et à un être supérieur. Aussi, elle l'encourage à avoir un projet de vie qui le met en lien avec lui, les autres et le Tout Autre, Dieu.

De son côté, le religieux est plutôt associé à un système de croyances, pratiques, rituels et symboles et à une communauté de croyants destinés à favoriser le développement de la relation avec le sacré et le transcendant et à développer une meilleure compréhension de la relation et des responsabilités des croyants envers les autres membres de la communauté humaine. Ainsi donc, le religieux est au service du spirituel.

Dimension spirituelle de l'humain
La spiritualité est importante pour l'humain. Elle est même un besoin. Toute personne possède en soi une dimension spirituelle. C'est un « lieu où surgissent les questions existentielles : Qu'est-ce que je fais ici? Y a-t-il quelque chose qui est attendu de moi? Y a-t-il des règles de jeu que je peux découvrir et utiliser pour orienter mes conduites » ?[6]

La journaliste Anne-Marie Lecomte abonde dans le même sens : « Dans la vie humaine la spiritualité n'est pas une option. C'est un besoin. Or, si j'offre le vide à mes enfants, ils vont le remplacer par quoi? [...] J'aime autant la bergerie dans laquelle j'ai été baptisée ! »[7]

Le besoin est tellement vital pour l'humain que, lorsqu'il le chasse de son univers, la spiritualité prend de nouvelles formes en lui.

La journaliste Élias Levy explique qu’ aujourd'hui, sauf exception, c'est moins les religions qui menacent nos libertés que des croyances contemporaines déguisées en savoir. Ainsi, la science, les techniques, la publicité, l'économie, les médias ... sont devenus de véritables idoles. Ces nouveaux cléricalismes tablent désormais sur leurs prêtres et diacres, dont les discours sont assénés et reçus sans aucun esprit critique, comme parole d'Évangile »[8].

Jean-Claude Guillebaud, auteur de La Force de conviction [9], dit que « les croyances, c'est quelque chose d'archaïque; maintenant ce qui compte, c'est le savoir. Le savoir de l'économie, le savoir de la technique, le savoir transgénique ... Le fait de donner à ces secteurs-là le statut de savoir, ça leur permet de toiser avec un brin de condescendance les croyances et de les considérer comme des choses vétustes. Mais ce n'est qu'un mensonge, un subterfuge »[10]

Nous sommes entourés de savoirs qui n'en sont pas réellement. Ceux-ci sont des croyances qui se déguisent en savoir.

Il y a autant de croyances, en d'autres mots de superstitions, dans l'économie et la politique que dans le religieux et le spirituel. On essaie pourtant de nous faire croire que ce sont des sciences, comme c'est le cas des mathématiques. On nous berne!

Ces secteurs, dont le libéralisme fondé par Adam Smith et d'autres penseurs, ne sont rien d'autres que des choix éthiques, voire des philosophies. Ce n'est pas de la mathématique. On choisit une option économique ou politique dans le seul but d'en arriver à un résultat sur l'humain.

Il en va de même pour la technique. Elle n'est pas objective. Elle contient une part de croyances.

Ainsi, face à ces faux savoirs, l'humain ne doit pas sacrifier son sens critique et se soumettre aveuglément. S'il le fait, il devient esclave de systèmes de pensée.

Les principales victimes de cela sont les jeunes. « Nous voyons apparaître une génération de jeunes qui sont à la fois plus libres qu'aucun individu ne l'a jamais été face à toutes les croyances possibles, à toutes les options de vie, explique Jean-Claude Guillebaud. Cette liberté, cette autonomie, c'est une conquête formidable. Je n'ai pas du tout envie de la remettre en question. Mais, en même temps, les jeunes d'aujourd'hui sont littéralement perdus parce qu'on ne leur a pas transmis une culture religieuse, quitte à ce qu'ils se révoltent contre elle, mais qu'ils aient au moins un rapport dialectique avec cette transmission. On ne leur a pas transmis non plus une culture ouvrière, parce que celle-ci a disparu dans nos sociétés, ni une culture régionale ... On ne leur a transmis qu'une espèce d'accumulation du savoir. Et, ils sont aujourd'hui face à leur propre liberté dans un état de désarroi. Ils n'ont plus de repères, ni de mémoire, ni de culture, une culture religieuse par exemple. Dans un tel état de vacuité, ils deviennent alors les proies toutes désignées pour toutes les croyances idolâtres, les plus folles, parce qu'ils n'ont plus de moyens de défense. [...] En chassant le religieux institutionnel on a favorisé le retour des idoles. Moi, je crois que les idoles peuvent être demain encore plus meurtrières que l'était le religieux [11]. »

Dans les endroits où Dieu disparaît, l'humain ne devient pas plus grand. Au contraire, il en vient à perdre sa dignité divine. « A la fin, il n'apparaît plus que le produit d'une évolution aveugle. [...] Ce n'est que si Dieu est grand que l'homme est également grand. [...] Nous ne devons pas nous éloigner de Dieu, mais rendre Dieu présent; faire en sorte qu'il soit grand dans notre vie; ainsi, nous aussi, nous devenons divins », disait Benoît XVI, le 15 août 2005.

Une sécularisation de la spiritualité
Les idéologies issues de la modernité ont manifestement contribué à une sécularisation de la spiritualité et de la religion.

Libérée du carcan issu des grandes religions, la spiritualité est maintenant une donnée accessible à tous. Elle est même devenue un sujet à la mode. Chacun a la sienne. On en parle comme d'une donnée philosophique. Nous assistons à une laïcisation de la spiritualité. Ainsi donc, la spiritualité est devenue une forme de discours philosophique. Lorsqu'il s'agira de parler de l'expérience spirituelle concrète, on parlera plutôt de vie spirituelle.

Depuis plusieurs années, plusieurs penseurs d'ici et d'ailleurs en Occident défendent l'idée de cette libération du sacré, c'est-à-dire l'idée d'une spiritualité sans religion. Cela se remarque facilement dans la manière de penser de l'explorateur Bernard Voyer : « Qui a raison dans la spiritualité? C'est bien que personne n'ait raison et que tous aient raison! Chacun a sa couleur. Est-ce que toutes les fleurs ont les mêmes coloris? Est-ce que le vent vient toujours du même sens? Est-ce que tous les lacs ont la même forme? C'est différent! Alors pourquoi toutes la croyance serait la même? »[12]

Au milieu des années 1960, au même moment que se tenait à Rome le Concile Vatican II, plusieurs penseurs, notamment des sociologues, clament la fin de la religion au cœur de la société civile.

A la suite des travaux du théologien Dietrich Bonhoeffer, on disait que la fin de la religion permettrait de retrouver la foi à l'état pur et de la vivre dans un univers séculier adulte et autonome.

Devant le phénomène de la spiritualisation hors des grandes traditions religieuses, il semble devenu essentiel de se poser des questions : Qu'est-ce que la spiritualité? Quels sont les éléments qui la composent?

De plus, depuis quelques années, des spiritualités de diverses religions se sont ajoutées aux spiritualités chrétiennes. Se mêlent à elles des spiritualités sans dieu ou humanistes qui, souvent, font appel à des figures mythologiques anciennes.

Et ce n'est pas tout! Nous faisons face à une nouvelle réalité sociologique importante : les gens ne veulent plus être associés à une religion lorsqu'ils parlent de la spiritualité. En librairies, il est étonnant de constater le grand nombre de livres de spiritualité de tout acabit, surtout à saveur ésotérique, témoin de cette nouvelle tendance.

Il y a lieu de se questionner: est-ce que l'hyperconsommation du phénomène spirituel est bonne et sain?

Le débat va son chemin. Cependant, une chose est maintenant assurée: il est de plus en plus difficile de se mettre à l'abri des autres cultures et spiritualités. Les dernières décennies ont considérablement changé le portrait du phénomène spirituel

Le réveil du religieux
Un événement majeur se joue dans l'histoire religieuse occidentale depuis 1975 environ. Il est d'une portée insoupçonnée. L'Occident connaît un réveil des âmes. Cela peut paraître étonnant, mais c'est une réalité. Nous sommes en train d'assister à quelque chose de nouveau qui a une conséquence positive extraordinaire sur le renouveau des grandes traditions religieuses, surtout le christianisme duquel est issu le catholicisme. Devant ce qui peut paraître un cul-de-sac pour le christianisme, il y a plutôt lieu de se réjouir de ce qui est en train de surgir. Le résultat est encore inconnu, mais l'avenir est à l'espérance.

Ainsi, le terme « spiritualité » a connu une évolution rapide depuis ce temps, évolution qui échappe, en ce moment, aux professionnels de la religion et de la théologie.

Le théologien Normand Provencher, professeur à l'Université Saint-Paul à Ottawa, s'étonne de cette nouvelle réalité : « Ce retour de Dieu est d'autant plus étonnant qu'il se réalise dans un contexte d'indifférence religieuse massive en Occident où la modernité a réussi à s'imposer. Par contre les idéaux de progrès sont fortement ébranlés et on constate que l'avenir de l'humanité est de plus en plus menacé et incertain. La modernité crée ainsi un espace pour des voies ou des recherches de sens, de réalisation de soi et de salut. D'où ces expressions d'un retour du religieux que nous pouvons interpréter comme les derniers soubresauts de la fin de la religion, ou comme des protestations à l'égard de la modernité qui n'a pas réussi à combler les attentes des contemporains et qui a creusé un vide spirituel. Même si le retour du religieux peut être considéré comme une réaction au désenchantement à l'égard de la modernité, il me semble que Dieu continue de s'éloigner et que l'éclipse des religions institutionnelles se fait de plus en plus totale. »[13]

Ce réveil des âmes reste donc fragile.

Reconnaissant les nombreux « progrès accomplis dans le domaine technique et scientifique » et « l'importance des "ressources matérielles dont nous pouvons disposer aujourd'hui", le pape Benoit XVI faisait observer, le 25 décembre 2005, à l'occasion de Noël, que "l'homme de l'ère technologique risque cependant d'être victime des succès mêmes de son intelligence et des résultats de ses capacités d'action s'il se laisse prendre par une atrophie spirituelle, par un vide du cœur". » [...] « La lumière de la raison ne suffit pas au cœur de l'homme », soulignait le pape. Pour lui, l’époque moderne est souvent présentée comme une période de réveil du sommeil de la raison, comme la venue de l'humanité à la lumière, émergeant ainsi d'une période obscure. Néanmoins, sans le Christ, la lumière de la raison ne suffit pas à éclairer l'homme et le monde.

Néanmoins, le réveil des âmes n'est pas pour tout le monde. Aujourd'hui, au Québec, un grand nombre des jeunes n'arrivent pas à trouver les mots pour exprimer leur foi chrétienne. « La langue de la foi n'est plus leur langue maternelle, mais bien une langue étrangère », lance le théologien Normand Provencher.[14]

La modernité et l'émergence du spirituel hors de l'univers religieux forcent les grandes religions et les Églises chrétiennes à trouver un langage nouveau pour entrer en relation avec le monde moderne.

La spiritualité chrétienne devant la modernité :
Du Dieu utile au Dieu de la grâce


Dans ce monde de plus en plus déchristianisé, Dieu semble de plus en plus inutile pour l'humain. La question se pose : Dieu est-il nécessaire?

Ebernard Jüngel pense que « Dieu est mondainement non nécessaire »[15]. On doit lui donner raison. On n'a pas besoin de Dieu pour explorer les sciences, faire des transplantations cardiaques ou aller sur la planète Mars ou dans d'autres galaxies.

Le professeur et théologien Normand Provencher lui donne également raison: « Dans la modernité, l'homme prend conscience de son autonomie et il montre qu'il peut vivre humainement sans Dieu. Des hommes et des femmes se tiennent debout sans la foi chrétienne. Ils ne comptent plus sur Dieu pour affronter leur souffrance et leur culpabilité, mais ils ont d'autres recours. La non-nécessité de Dieu pour la réussite de la vie humaine est une dimension de la modernité. »[16]

Cependant, en s'appuyant sur les propos du théologien Edward Schillebeecky [17], il se permet quelques bémols : « Mais il faut préciser aussitôt qu'il s'agit d'un Dieu utile, d'un Dieu garant de l'ordre social, d'un Dieu en compétition avec l'être humain et jaloux de sa liberté et de son autonomie. Mais est-ce le Dieu de l'Évangile? Dans la modernité, la prédication chrétienne est appelée à montrer que la puissance de Dieu est encore plus extraordinaire car elle est celle de l'amour. »[18]

Le Dieu de Jésus Christ semble avoir des affinités avec la modernité. Tout comme l'Évangile, la modernité apporta à l'humain une plus grande autonomie. Ainsi, elle se situe dans la ligne de la vision du Dieu Créateur et de l'Ascension. Lors de la création Dieu se retire et confie la création à l'humain. Il accepte de lui faire confiance. Lors de l'Ascension, au moment où Jésus disparaît de la vue des disciples, il leur donne de la place et les envoie construire un monde inspiré de son enseignement. En faisant confiance à l'humain, Dieu reste discret dans son univers. Il ne s'impose jamais, mais il est toujours présent. Lorsque l'homme et la femme ne savent plus où il se cache, c'est souvent parce qu'ils sont eux-mêmes ailleurs et distraits.

Cependant, la foi ne peut pas être au service du monde, si elle n'est pas avant tout pour Dieu. Normand Provencher explique :

« Quant à la foi chrétienne, elle-même, en voulant d'abord être utile au monde, elle risque de s'abolir finalement. La foi qui tient à être essentiellement pour le monde en vient à écouter le monde plutôt que Dieu. Non pas que la foi qui écoute Dieu n'écoute plus le monde; elle l'écoute autrement. Si la religion écoute d'abord le monde, elle en vient à ramener Dieu au "divin" abstrait qui habite quelque part les faubourgs du monde.

Dans la modernité, nous avons l'occasion de redécouvrir le Dieu de l'Alliance qui propose de se donner à nous de façon gratuite et dans le respect de notre liberté et de notre autonomie. Dieu est non utile et non nécessaire, puisqu'il est l'inconditionné, mais il peut se déterminer à se donner. En Jésus Christ, Dieu se fait infiniment proche de nous tout en restant entièrement mystérieux et discret. C'est le message de la révélation judéo-chrétienne. D'autre part, même si l'être humain peut vivre sans Dieu, cela ne veut pas dire nécessairement qu'il veut être sans Dieu. Dans l'expérience même de le connaître et de l'aimer, nous découvrons une mystérieuse affinité, une sorte de re-connaissance qui nous fait pressentir que notre cœur est fait pour lui et que nos recherches de sens s'orientaient ultimement vers lui. La foi chrétienne n'est pas un article de luxe, ni la simple réponse à un besoin religieux, mais plus profondément la libre réponse à une initiative de Dieu que Jésus nous a révélée et qui dépasse les besoins et les attentes des humains. Elle se rapporte au Dieu de la gratuité, qui étonne et qui surprend. [...]

Le Dieu à faire découvrir aujourd'hui n'est pas le Dieu qui vient agir à notre place, ni le Dieu objet de consommation et d'expérience parmi bien d'autres, ni le Dieu à notre mesure, mais le Dieu de la gratuité, le Dieu de la vérité et de l'amour, le Dieu de la démesure qui nous aime jusqu'à se donner lui-même à nous pour y faire sa demeure. »[19]

Mythologie et spiritualité
La mythologie a les mêmes fondements que la spiritualité. Toutes deux servent à donner un sens à la vie humaine.

L'histoire du Petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry est un exemple de récit mythologique moderne. À travers un récit qui, en apparence, semble simpliste, il cherche à donner un sens à l'amitié.

Il en va de même pour le film 15 février 1839 [20] de Pierre Falardeau qui a pour but de donner du sens à la finitude des luttes libératrices du peuple francophone du Québec.

La mythologie prend habituellement ses racines dans la tradition orale. Il y a le mythe américain. Nos voisins du Sud ont fini par croire que sans eux il n'y a pas de salut pour l'avenir de la planète.

Plus près de nous, au Québec, pensons à toute la légende de René Lévesque. Il est perçu par les souverainistes comme le libérateur de notre peuple.

A quoi sert la spiritualité?

D’abord, un préambule à la question :


a) L'humain, une question :

« L'homme en son unité est dès toujours posé devant soi comme dans une question »[21]. C'est ce qu'enseigne la pensée de Karl Rahner contrairement à l'anthropologie grecque qui transporte l'humain dans un dualisme primitif ou dans de vieilles écoles théologiques qui situent l'âme comme « un élément susceptible d'être immédiatement découvert en lui-même [...] »[22]

L'homme ne peut pas « être expliqué à l'aide du modèle d'un système pluriel en régulation de soi, comme doivent le faire, au fond, toutes les anthropologies particulières, de par leur nature »[23]

b) Le non-déductible :

« L'homme est le non-déductible »[24] parce qu'il est une personne et un sujet. Il « ne peut s'édifier de façon adéquate à partir d'autres éléments [...]; il est celui qui dès toujours est remis à lui-même. Lors donc qu'il rend compte de soi, qu'il s'analyse, qu'il se reconduit à la pluralité de ses origines, il se passe encore une fois comme le sujet qui fait cela, et qui, dans cet acte, s'éprouve lui-même [...] »[25]. Malgré la finitude de son être, « l'homme est dès toujours posé devant lui-même comme un tout. Il peut tout mettre en question [...] »[26] et tout analyser à la lumière de sa singularité : Il est « l'être d'un horizon infini ».[27] « En éprouvant sa finitude de façon radicale, il passe cette finitude, il s'éprouve comme être de transcendance, comme esprit »[28]. Ainsi, l'humain « demeure toujours fondamentalement en chemin »[29]. Tout but qu'il se donne est perçu comme une étape et quelque chose de provisoire. La personne humaine est une possibilité infinie. Elle s'éprouve elle-même, car elle pose question.

L'humain est celui qui est inquiété par le surgissement de son être vers la transcendance et propulsé vers le « toujours PLUS ». Il ne peut comprendre l'appel à « CE PLUS » [30], à un au-delà de lui-même qu'en l'accueillant.

La transcendance se situe en deçà de l'origine humaine, ce qui veut dire qu'elle a précédé la vie de l'homme. Elle est hors d'atteinte concrète de ce que l'humain est, mais dans l'aventure mystique et dans la solitude, il peut toucher à « CE PLUS », cet au-delà de lui-même, ce qui le surpasse.

Avez-vous remarqué que la signe de la croix a la forme d'un plus en mathématique? Nos croix du quotidien seraient-elles des plus pour notre vie?

Alors voici quelques réponses à la question « a quoi sert la spiritualité? »


1- À mieux « jouer à la course au trésor »


La spiritualité permet « de mieux jouer au jeu de la vie » qui ressemble à une grande course au trésor. Ainsi, la spiritualité donne des indices pour trouver le trésor. La mythologie a une mission similaire en le faisant à travers de petites histoires, des petits récits quasi enfantins.

C'est ainsi que se qualifie l'explorateur Bernard Voyer : « Je fais des courses au trésor, comme lorsque j'étais enfant. J'aimais beaucoup ce jeu! J'ai décidé de faire cela toute ma vie. La vie est comme une course au trésor. C'est cela mon véritable sens de l'existence : trouver le fameux trésor ... »[31]

Mais qu'est-ce que le trésor? Il répond sans tarder que « le trésor ... c'est de chercher le trésor. Plus la course est longue, plus nous avons de plaisir. Il faut trouver des indices et ... que les étapes soient réconfortantes ... Les choses les plus importantes dans la vie, ce ne sont pas de naître et mourir! C'est ce que nous faisons entre les deux ... »[32]

2- A « philosopher »

Devant la « laïcisation de la spiritualité », nous devons maintenant faire une distinction entre la spiritualité et la vie spirituelle

Ainsi, la spiritualité fait appel à l'intelligence. Elle constitue une expérience théorique du sacré et des valeurs fondamentales de l'existence. Elle est de l'ordre du discours. Sa structure prend sa source dans les théories philosophiques, mythologiques et théologiques. Il ne faut donc pas confondre la spiritualité avec le terme « vie spirituelle ». Ce dernier est de l'ordre de l'expérience pratique.

Puisqu'elle fait appel à l'intelligence du sujet humain, la spiritualité est différente d'une personne à l'autre. Il en est de même pour l'image de Dieu que chacun se fait au fond de lui-même. Ainsi, une spiritualité ne se traduit pas nécessairement par une théophanie ou une christophanie, c'est-à-dire par une croyance en Dieu ou en Jésus ressuscité et Fils de Dieu. Bien qu'elles soient des réalités voisines, les termes « spiritualité » et « foi » sont différents. La foi implique une adhésion profonde, pas la spiritualité. Cette dernière est un discours sur l'irrationnel auquel on ne croit pas nécessairement. La foi est une croyance en des éléments d'une spiritualité ou d'un récit mythologique.

3-A l'unification de l'être

Ce n'est pas un secret, l'humain est un être déchiré par des paradoxes. En lui, il y a des désirs et des pulsions parfois contradictoires. Il suffit de penser à son dilemme interne entre le bien et le mal et, l'autre, entre la haine et l'amour. Il est aussi partagé entre le don total et désintéressé de sa personne au service des autres et ses désirs hédonistes. Il ne faut pas oublier, aussi, sa recherche constante d'équilibre entre ses devoirs familiaux et sa propre personne. Cette entreprise d'unification implique des choix.

Ainsi, le rôle de la spiritualité est d'unifier l'être divisé entre plusieurs pôles et de l'orienter dans son ensemble vers une valeur ultime et fondamentale, c'est-à-dire vers un pôle assez puissant pour ramasser tout l'être éparpillé. La spiritualité favorise donc l'harmonie en soi. Elle donne les pistes qui conduisent à l'unification de l'être.

4- Répondre au besoin de sens

La quête de sens est l'élément fondamental d'accès à la spiritualité. C'est un critère élémentaire. C'est elle qui permet à l'humain de s'ouvrir à l'expérience du sacré. Le sens donne une cohérence à l'existence.[33]

Il est intéressant de constater que l'humain est le seul être vivant à exiger un sens pour se mouvoir. C'est ce qui lui donne une raison de se mettre en action, d'espérer et de surmonter le difficile pessimisme névrotique qui habite son intelligence et sa sensibilité

« Si la dimension spirituelle est généralement considérée comme une démarche de quête de sens, la santé spirituelle prendra la couleur de découverte de sens. La santé spirituelle sera donc l'aboutissement de cette quête entreprise en vue d'un mieux-être. »[34]

Ainsi, comme on l'expliquait préalablement, la spiritualité [35] aide l'humain à répondre aux « pourquoi? » de l'existence. Pourquoi aimer? Pourquoi vivre? Pourquoi mourir ? Pourquoi travailler? Pourquoi? Ces « pourquoi? » ont pour but de donner du sens parce que sans lui l'humain ne trouve pas de motivation pour agir et pour vivre. De l'autre côté, les sciences humaines et exactes répondent à des questions plus techniques. Comment aimer? Comment vivre heureux ou en santé? Comment bien se préparer à la mort? Comment être efficace au travail? Comment?

Nous pouvons aussi illustrer la spiritualité [36] par une ligne tracée sur une feuille. Nous pourrions dire que cette ligne symbolise la vie. Ainsi, tout ce qu'il y a sur la ligne est de l'ordre du « comment? ».

De ce « comment ? » apparaissent toutes les questions que la vie de chaque jour amène. Comment faire à manger ? Comment travailler ? Comment se laver ? Comment fonctionne tel ou tel appareil ? Comment se construit un ordinateur ? Comment fonctionne Internet ?

Les extrémités de cette ligne, les endroits où le vide apparaît, sont de l'ordre du « pourquoi? ». Tout ce qui était avant et après la ligne ne peut s'expliquer par la raison. Il faut donc en appeler à l'irrationnel pour répondre aux questions que ce vide fait surgir.

Les « pourquoi ? » arrivent lorsqu'il y a un vide dans le questionnement technique. C'est l'irrationnel. Pourquoi la vie et la mort ? La question pourrait se reformuler par « qu'est-ce qu'il y a avant et après la vie ? ». La mystique juive dit qu'avant il y avait la gouve, c'est-à-dire la fontaine des âmes, et qu'après vient la promesse de la résurrection des corps dans la Jérusalem glorieuse. Le christianisme dit qu'après, vient la résurrection de l'âme dans une autre dimension qui est symbolisée par le ciel. D'autres courants religieux disent qu'après la vie l'humain se métamorphose en d'autres formes de vie. C'est la réincarnation avec toutes ses variantes. Ainsi la réponse à « pourquoi la vie et la mort ? » pourrait être « pour bien se préparer à ce qui vient après la vie ».

Pendant longtemps, tout l'inexplicable était expliqué par la mythologie d'où prend sa source la spiritualité. La croyance était au centre de tout questionnement. L'avènement des sciences humaines a provoqué un éclatement. Les « pourquoi? » et les « comment? » se sont séparés.

Nous pourrions comparer l'évolution de la mythologie et des sciences humaines à un grand arbre. Initialement, il y avait le tronc. Celui-ci était formé de tous les savoirs. C'était l'ère où tout était de l'ordre de la mythologie. Et puis sont apparues deux branches. Ainsi se sont séparées en deux les sciences humaines et la mythologie. Les deux ont fait éclore des bourgeons et d'autres branches. Les sciences humaines ont fait surgir les sciences exactes, comme la médecine. La mythologie s'est, quant à elle, développée plus lentement, mais a quand même fait germer des souches, comme le monothéisme.

Avec les années qui avancent, quelques branches de l'arbre commencent à se ressouder ensemble. On voit apparaître de nouveaux champs d'études, comme la neurothéologie.

Le docteur Joseph Ayoub a été le témoin de ce changement qui s'opère : « Il y a une certaine réflexion qui s'établit parmi mes collègues et les autres médecins. Ils arrivent à voir que l'on peut faire une alliance entre la foi et la science. C'est une évolution de la pensée. Dans les années 1970, il fallait choisir entre l'une et l'autre. Tu ne pouvais pas avoir les deux. »[37]

Pour accéder au sacré, il suffit donc à l'humain d'être sensible au mystère et au doute qui vivent en lui et d'admettre l'existence de valeurs qui dépassent ce qu'il est et le moment présent. Il fait donc une prise de contact avec lui-même dans sa réalité la plus profonde. C'est une action primaire chez l'humain, le seul être vivant qui a accès à la conscience.

Normand Provencher clame que chaque personne doit contribuer à la quête de ce sens de la vie : « Nous ne pouvons plus admettre qu'il appartient à la science seule, ni même aux politiciens et aux juristes, de décider de la question de sens de l'existence humaine. »[38]

5- À se questionner davantage
Parler de spiritualité, c'est s'engager dans un débat de fond sur notre façon de vivre et de penser, avec ou non une référence à un être absolu. Ce questionnement permet de voir notre façon de faire une action de réflexion sur ce que nous sommes.

Ce questionnement est grandement associé à la vie intellectuelle. Celle-ci n'est pas à négliger. Josémaria Escriva parle de la « nécessité de faire aussi de l'apostolat avec les intellectuels, car ils sont comme les sommets enneigés lorsque la neige fond, l'eau en descend pour en féconder les vallées »[39].


Une forme de spiritualité
Il existe plusieurs modèles de spiritualité. La spiritualité chrétienne en est une et, à l'intérieur du christianisme, il existe plusieurs autres modèles.

La spiritualité mariale est une façon de vivre sa vie chrétienne. A travers elle, la personne contemple ce qu'a vécu Marie, la mère de Jésus, tout au long de sa vie.

« Je suis la servante du Seigneur » (Lc 2,19). Ce passage de l'Évangile montre à quel point elle accepte dans sa vie la volonté de Dieu en toutes circonstances. Son « oui » authentique devient l'accueil de l'accueil du Souffle (ruah) en elle.

Tout au long de sa vie, Marie « garde tout cela dans sa mémoire et y réfléchit longuement » (Lc 2,19). Ainsi, elle se souvient des événements qui ont eu lieu devant elle et en elle, les repasse dans son esprit.

Célia Chua, docteur en mariologie et Missionnaire de l'Immaculée Conception qui œuvre au village des lépreux dans la province de Sichuan, en Chine, explique :

« L'un des attributs de cette spiritualité vient de son enracinement dans la Parole de Dieu, le Fils incarné. Lorsque nous contemplons Jésus, Parole vivante, l'Esprit saint nous forme et nous transforme comme il l'a fait en Marie. Cette façon de vivre la vie chrétienne nécessite un engagement personnel, car Dieu appelle la personne humaine non seulement à suivre son fils, mais surtout à entrer en communion avec le Dieu Trinité ( ... )

Une spiritualité mariale se caractérise par une attitude de don de soi et de transcendance de soi. ( ... )

Cette spiritualité en est aussi une de communion. La visitation de Marie à sa cousine Élisabeth souligne l'union et la communication entre deux femmes. La communion entre deux femmes. La communion indique une relation entre Dieu et des personnes humaines, relation personnelle et collective, c'est-à-dire qui transforme la notion du JE en celle du NOUS. Cette communion d'amour et de sollicitude s'ouvre et s'agrandit pour atteindre la dimension cosmique de la création tout entière. En réalité, une spiritualité mariale actualise la croissance spirituelle. »[40]

Dans une spiritualité mariale, qui peut devenir un modèle de vie spirituelle (nous reviendrons sur la vie spirituelle dans un prochain module), Marie forme et guide la personne humaine vers une attitude contemplative et la rendre plus conforme à l'esprit de Jésus.

____________________

[1] Bernard Voyer est mon petit cousin et le cousin propre de mon père Roméo Voyer. Le père de Bernard était le frère de mon grand-père paternel, Edgar Voyer. Cf. www.bernardvoyer.com
[2] Benoit Voyer, « Bernard Voyer, explorateur : "Nous ne sommes pas grand-chose !" », Revue Sainte Anne (novembre 2000), p. 439 et 478.
[3] Qui suis-je? Y-a-t-il une vie après la mort? Comment puis-je me connaître et me réaliser dans toute la profondeur de mon être?
[4] Qu'est-ce qui m'unit aux autres ? A quoi suis-je utile pour les autres ? Quelles sont les valeurs transmises ?
[5] Quelle place occupe le sacré, le transcendant ou l'absolu dans ma vie ? Comment développer cette relation ?
[6] Jean-Luc Hétu, Psychologie de l'expérience spirituelle, Montréal, Éditions du Méridien, 1997
[7] Anne-Marie Lecomte, « Je crois en toi, maman », Châtelaine (février 2006), p. 42
[8] Elias Levy, « Chassez le religieux et les fantômes reviennent », La Presse, 8 janvier 2006, cahier « Lectures », p. 11.
[9] Jean-Claude Guillebaud, La Force de conviction, Paris, Seuil, 2005.
[10] Elias Levy, op. cit.
[11] Elias Levy, op. cit.
[12] Benoit Voyer, « Bernard Voyer, explorateur : « "Nous ne sommes pas grand-chose !" », op. cit.
[13] Normand Provencher, La foi une étrangère dans le monde moderne? Montréal, Fides, 1998, p. 22-23.
[14] Normand Provencher, op. cit., p. 8.
[15] Ebernard Jüngel, Dieu mystère du monde, tome 1, Paris, Cerf, 1983, p. 23
[16] Normand Provencher, op. cit., p. 29.
[17] Edward Schillebeecky, L'Histoire des hommes, récit de Dieu, Paris, Cerf, 1982, p. 16
[18] Normand Provencher, op. cit., p. 29-30.
[19] Normand Provencher, op. cit., p. 31-32.
[20] Cf. Benoit Voyer, « 15 février 1839, maintenant sur vidéocassette : Évangile de De Lorimier selon saint Falardeau », Revue Sainte Anne (juin 2001), p. 274-275.
[21] Karl Rahner, Traité fondamental de la foi. Introduction au concept de christianisme. Paris, Le Centurion, 1983 (1976), 517 pages; p.37 à 55
[22] Ibid.
[23] Ibid.
[24] Ibid.
[25] Ibid.
[26] Ibid.
[27] Ibid.
[28] Ibid.
[29] Ibid.
[30] L'expression « CE PLUS » est de Eric Nicolai : « Je prenais conscience que ce n'est pas juste moi qui planifie ma vie. Dieu est toujours là pour me demander quelque chose de PLUS. Ce PLUS était pour moi une invitation au célibat apostolique et la possibilité de travailler avec plusieurs personnes, surtout pour faire connaître l'enseignement du Chris et de l'Église. L'idée m'a fait un peu peur, mais, en même temps, elle m'attirait. » Extrait d'un article sur Eric Nicolai écrit par l'auteur de ce travail, publié dans la Revue Sainte Anne, novembre 2003, pages 441 et 446.
[31] Benoit Voyer, « Bernard Voyer, explorateur : "Nous ne sommes pas grand-chose !" », op. cit.
[32] Ibid.
[33] Ainsi la spiritualité joue le même rôle que la mythologie. Ce n'est pas étonnant puisqu'elle y a pris naissance tout comme la religiosité.
[34] Comité santé, Document de consultation - Document no 3, Diocèse de Montréal, 17 novembre 2005.
[35] La mythologie joue le même rôle.
[36] L'exemple qui suit est également valable pour la mythologie.
[37] Benoit Voyer, Les Témoins de l'essentiel, Montréal, Éditions Logiques, Montréal, 2005, p. 31.
[38] Normand Provencher, op. cit., p. 35.
[39] Propos de Fidel Gomez Colomo, tirés du livre d'Andrés Vazquez de Prada, Le Fondateur de l'Opus Dei : vie de Josémaria Escriva, vol. 1, Montréal, Le Laurier, Paris, Wilson et Lafleur, 2001, p. 266.
[40] Celia Chua, « Une spiritualité mariale. Façon de vivre la vie chrétienne », Le Précurseur (automne 2006), p.4-5

Nature


Sentier La Rivière du Parc national de la Yamaska

En musique: Comme je t'aime - France Robert (1991)


Services funéraires africains - De Cap-de-la-Madeleine à Kinshasa


Services funéraires africains

De Cap-de-la-Madeleine à Kinshasa

Les Services funéraires africains sont de plus en plus en demande à Kinshasa, la capitale du Zaïre. Cette nouvelle entreprise, exploitée par Pierre Garneau de la maison J.D. Garneau a Cap-de-la-Madeleine, André Lépine du Collège Rosemont à Montréal et Hector Dianzenza N'Défi du Zaïre, s'occupe, actuellement, des arrangements d'une moyenne d'une à deux funérailles par jour au pays. La demande croît d'une semaine à l'autre. Pourtant, il n'y a que quelques mois que la business est en opération dans ce pays.
_______________

Benoit Voyer
_______________

Il n'est pas question pour l'instant de recevoir des profits de ce service de pompes funèbres. Cependant, il n'est plus nécessaire, pour le duo Garneau-Lépine, d'investir dans ce pays pour le développement de la firme. Elle couvre ses frais d'opération et les salaires de ses employés dont Hector Dianzenza N'Défi qui dirige les affaires.

Il est projeté de pratiquer la thanatopraxie, c'est-à-dire l'embaumement des corps, dès l'an prochain, dans un local qui sera aménagé près de l'hôpital de cette ville de près de 5 millions d'habitants. Les pratiques d'ici ne sont pas encore pratiquées là-bas. C'est un marché sans compétitions qui est ouvert à ce nouveau cabinet de thanatologie.

"Nous prévoyons nous rendre à Kinshasa en juin 1997 pour former des personnes à la thanatopraxie. Il y des médecins du pays qui ont manifesté leur intérêt à travailler pour nous" dit Pierre Garneau qui tient à spécifier qu'il s'agit d'un investissement personnel qui n'a pas de liens avec l'entreprise familiale solidement implantée en Mauricie.

"Quand le laboratoire et la boutique seront ouverts, nous pourrons commencer à tirer de petits profits", ajoute-t-il. Cependant, les premiers serviront à envoyer de nouveaux équipements en Afrique. Ce n'est qu'après cela que ceux-ci rapporteront aux deux investisseurs canadiens.

L'entrepreneur raconte que les Zaïrois sont très fiers du corbillard envoyé par bateau l'an dernier. Ils n'ont jamais vu ce genre de véhicule qui permet de sortir et d'entrer le cercueil par le côté.

"C'est quelque chose d'exceptionnel et ça fait plus solennel pour eux. C'est comme si ça apporte l'image d'un plus grand respect pour les défunts", conclut monsieur Garneau.

(L’Hebdo Journal, 18 aout 1996, p.50 ET La Cité (Kinshasa), 22 au 28 octobre 1996, p.4)