Un peu de bonheur dans ma vie


Voulez-vous mettre un peu de bonheur dans votre vie ? Mettez-y de l’amour! Quand on aime beaucoup, la vie devient un charme ! Mais, l’embêtement, c’est de trouver pour notre amour un objet assez beau, assez bon et assez stable pour n’avoir pas à recommencer sans cesse à aimer.
Une suggestion, chers amis : Aimez donc l’amour ! - L’amour ?... - oui, celui qui est amour : celui que saint Jean n’a pu nommer autrement tellement il en a saisi la ravissante activité. Pour lui, la très sainte Trinité s’est révélée sous un tel jour qu’il s’est écrié sans plus : “Deus charitas est : Dieu est l’amour : la Trinité est amour”.

J’entends déjà votre objection : “Mais la Trinité, c’est bien trop compliqué pour moi à comprendre ! Ça me prend tout pour dire mon chapelet et suivre ma messe ! Comment voulez-vous que je parvienne à passer mon temps dans la pensée de la Trinité ? Décidément, vous êtes un idéaliste, un emballé !”


Peut-être bien, mais ma conviction demeure que le bonheur se trouve dans l’amour et l’amour vrai, profond, stable, c’est l’amour même : la très sainte Trinité.


Un préjugé à vaincre
On s’imagine toujours que le mystère de la Trinité tient tellement du mystère qu’il n’a à absolument rien à y comprendre. Pourtant, c’est un mystère qui n’est guère plus mystérieux que les autres! Ainsi, à Noel, on s’empresse d’adorer le petit Jésus dans la crèche sans se créer de difficulté et, pourtant, c'est le mystère de l’incarnation sur lequel on médite à loisir! Durant la semaine sainte et le jour de Pâques, on se fait un devoir de suivre pas-a-pas le Christ souffrant et glorieux sans trop s’arrêter aux problèmes que suscitent vraiment les deux mystères de la rédemption et de la résurrection. Mais lorsqu’il s’agit de la Trinité, on se bute presqu’avec complaisance sur l’obstacle de notre faible raison, et on conclut: il n’y a rien à y comprendre. Or, ceci est absolument faux.


Une vérité à établir
Non seulement il y a quelque chose à comprendre dans le mystère de la très sainte Trinité, mais il y a même tout un programme de vie à y découvrir. Voilà, chers amis, ce que cette série d’articles - dont vous lisez actuellement le premier – voudrait vous aider à mieux saisir, à mieux apprécier. Je me contenterai cette fois-ci de vous en donner trois preuves.


UN: Quand on lit l’évangile avec cette préoccupation d’y trouver des lumières sur la Trinité, on est frappé de constater comme Jésus s’est “forcé les méninges” (pour ainsi dire) afin de faire comprendre à ses auditeurs cette sublime vérité. Dans toute la richesse de son vocabulaire, dans toute l’étendue de sa science naturelle et surnaturelle, Jésus n’a découvert que trois mots pour exprimer le fond de sa pensée. D’après lui, rien n’était plus apte à nous faire connaitre la première personne que cette idée de Père. Tout le monde possède un père et tout enfant vraiment digne de ce nom, aime tendrement son père. A l’idée de Père correspond nécessairement celle de Fils. Et voilà sous quel aspect Jésus s’est présenté au monde: il se dit Fils de Dieu, le Fils bien-aimé du Père. Enfin, pour nous présenter la troisième personne, il recourt à un moyen subtil: en deux circonstances – une fois a Nicodème et l’autre fois à ses apôtres - Jésus compare l’Esprit saint au souffle mystérieux qu’on ne peut voir mais dont en ressent les effets. Eh bien, dit-il, ce souffle est comme mon Esprit d'amour qui souffle où il veut. Or, l’amour, vous le savez tous, cherche l’union, l’unité. Et voilà! La Trinité, dans ses grandes lignes, n’est pas plus compliquée que cela à saisir: un Père qui aime tendrement son Fils, un Fils qui rend à son Père l’amour qu’il en reçoit au point de s’unir inséparablement a lui dans un souffle d’amour qui est l’Esprit saint.


DEUX: C’est si peu compliqué à comprendre que les Juifs, Caïphe surtout, l’ont compris du premier coup! On n’a pas trouvé de meilleur chef d’accusation pour condamner Jésus que ses propres paroles. Vous vous souvenez de la scène: “Par le Dieu vivant, ordonne le grand prêtre, je vous adjure de nous dire si vous êtes le Christ, le Fils de Dieu?” Jésus répond simplement: “Oui!” Et sa cause est jugée sans appel! Il a blasphémé, clame-t-on, car il a introduit en Dieu une autre personne que celle du Père. Pour eux, c’était tellement clair qu’ils ont crucifié Jésus le même jour.


TROIS: Vous êtes-vous déjà arrêtés à vous demander ce qui serait arrivé si Dieu n’était pas Trinité? Voici! D’abord, il n’y aurait pas de création car toutes choses ont été faites par le Fils et dans le Fils. C’est saint Jean qui nous l’assure dans son prologue. Et, de plus, pas d’incarnation ni de rédemption. Puisque le Fils n’étant pas, il ne peut pas venir vivre et mourir parmi nous. Pas d’Église non plus puisque la validité et l’efficacité de la mission de l’Église se tire entièrement de la divinité de son fondateur. Encore moins de sacrements puisque ceux-ci doivent nous transmettre la grâce de la rédemption en vertu de la passion et de la mort de l’homme-Dieu qui les a institués.


A vrai dire, sans la Trinité, notre sort serait des plus tristes à supposer même que nous ayons pu recevoir l’existence


Un programme à vivre

Dieu n’a certes pas l’habitude d’agir sans raison. Si donc, dans son amour, il a daigné nous révéler le mystère de la très sainte Trinité, c’est qu’il en attend des résultats. Le Christ qui nous l’a appris au péril de sa vie, n’a cessé de nous dire combien son Père nous aimait, combien lui-même nous aimait jusqu’à se livrer pour nous et combien il souhaitait pour nous la venue de son Esprit d’amour. Il semble donc impossible que cette vérité dynamique ne change rien dans nos rapports avec Dieu. Le désir de Jésus est cependant que nous vivions comme des fils reconnaissants envers notre Père du ciel. Il veut que nous soyons animés de son Esprit au point de nous exclamer face à Dieu: “Abba! Père!” Nous voici pour accomplir votre sainte volonté!”


Alors seulement pourrons nous affirmer avec conviction que la Trinité occupe dans notre vie une place d’honneur, la première place, la seule qui lui convienne en réalité.


Jean-Paul Regimbal


Tiré de la revue Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, 4e année, No. 1, 1957, pp. 5 à 7. Disponible pour consultation a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby (Fonds P049).