Histoire des maisons des Trinitaires au Canada


Le presbytère Saint-Jean-de-Matha restera toujours dans la mémoire et dans le cœur des Trinitaires canadiens, le berceau de l’Ordre au Canada. Mais à mesure que l’enfant grandit, les cadres du berceau deviennent de plus en plus étroits au point de devenir même un danger pour sa croissance.

COUVENTS DE LA TRES-SAINTE-TRINITÉ

Rue Saint-Antoine :
C’est donc tout-à-fait normal de voir une première migration s’opérer en 1936 de la rue Allard a la rue Saint-Antoine. La jeune communauté y acquiert un couvent ayant appartenu jusque-là aux religieuses de la Congrégation de Notre-Dame. Ceux qui ont connu les heures héroïques de la rue Saint-Antoine ne peuvent s’en ressouvenir qu’avec une certaine nostalgie : tous y ont vécu des heures de joie, de douce intimité quoique les sacrifices y aient été nombreux et pénibles.

Avenue des Pins :
Mais, en 1944, les supérieurs doivent faire face à un problème épineux : il faut à tout prix quitter le local de la rue Saint-Antoine qui présente de graves dangers du point de vue sanitaire, et est devenu en outre trop exigu. La divine providence intervient a point pour secourir la jeune communauté en détresse.

Comme par miracle, du sans doute à l’intervention du bon saint Joseph, la communauté devient en mesure d’acquérir une vaste propriété avec jardins pour promenades et terrains de jeux, sur l’avenue des Pins au flanc du Mont-Royal. Peu a peu, cette maison se transforme en véritable maison d’observance.

Ce toit abrite maintenant plusieurs œuvres. Outre la maison provinciale et la procure des missions, le scolasticat Très-Sainte-Trinité y tient ses quartiers. C’est de la que sort régulièrement l’équipe de jeunes prêtres qui alimentent toutes les nouvelles fondations réalisées depuis une quinzaine d’années. C’est de la aussi que devront sortir les missionnaires, les prédicateurs, tous apôtres de demain.

COLLEGE TRES-SAINTE-TRINITÉ

Commencé bien modestement dans le quartier Saint-Antoine, le Collège Très-Sainte-Trinité suit le scolasticat dans sa migration vers les hauteurs du Mont-Royal. Depuis 1944, le collège progresse si bien qu’une construction s’impose pour loger nos soixante-dix élèves entrés en 1956.

Cette solution, tout excellente qu’elle soit, ne sera que provisoire. En effet, le projet de bâtir un vaste collège à Saint-Bruno de Chamblay est présentement à l’étude au vénérable définitoire provincial depuis un an déjà. On juge le Mont Saint-Bruno un site idéal pour l’érection d’un collège capable de loger cent cinquante étudiants aspirant à la vie sacerdotale et religieuse.

Quoi qu’il en soit des projets futurs, le collège compte déjà ses premiers véritables succès. Il compte cette année, pour la première fois, son premier conventum de finissants. Six jeunes gens terminent ce mois-ci leur classe de rhétorique après avoir suivi leurs cours dans notre institution depuis six ans. Quatre se destinent à la vie religieuse et deux a des professions civiles. C’est un résultat bien consolant pour ceux qui ont édifié cette œuvre au prix de leur personne, de leurs sacrifices et de leurs sueurs.

LA TRINITÉ-DU-MONT

En 1940, avec l’approbation de Monseigneur Forget, évêque de Saint-Jean-de-Québec, les pères deviennent propriétaires d’un vaste domaine situé sur la pente du Mont Saint-Bruno. Le verger qu’ils y exploitent est destiné à subvenir aux besoins multiples de la communauté.

Comme les débuts modestes sont la garantie de solides fondations, les Trinitaires commencent leur vie religieuse à Saint-Bruno dans un couvent de bois dont la plus grande partie sert à l’entreposage des pommes recueillies sur leur domaine. Neuf années durant, ils y mènent avec beaucoup de courage, à travers les épreuves et les difficultés de toutes sortes, une vie de sacrifice et de labeur.

Cependant leur persévérance est couronnée de succès. En 1948, les supérieurs de l’Ordre autorisent la construction d’un couvent ou les religieux pourront plus facilement suivre les exercices de la vie commune tout en assurant l’entretien de la ferme. Grace a une mécanisation moderne, les frères quoique peu nombreux, parviennent à suffire aux multiples taches de leur vie agricole. Pour endiguer les aléas inévitables de la pomiculture, la construction d’un entrepôt frigorifique s’impose. Allant de progrès en progrès, le couvent de la Trinité-du-Mont est appelé à jouer dans l’avenir de l’Ordre au Canada un rôle de la plus haute importance.

L’AUMONERIE DE LA PRISON DE MONTRÉAL

L’acte constituant en corporation civile l’Ordre trinitaire dans la province de Québec, acte préparé par le révérend père Xavier de l’Immaculée-Conception et sanctionné par la législature le 4 avril 1929, porte la clause suivante : “La mission” de cet Ordre est de s’occuper du rachat des captifs, d’œuvres de charité, d’aide et de secours aux immigrants, de s’intéresser au sort et de vaquer à la moralisation des captifs et des prisonniers...”

Par-là, les Trinitaires canadiens rejoignent une tradition séculaire de l’Ordre dans son ministère auprès des malheureux captifs. En réponse à la demande de son éminence le cardinal Paul-Émile Léger, ils acceptent au mois d’aout 1954, en la personne de leur supérieur majeur, d’assumer le service religieux à la Prison de Montréal (Bordeaux).

Le révérend père aumônier, actuellement le R. P. Yves de Saint-Bernard, exerce auprès des détenus de droit commun et des condamnés, son ministère de miséricorde et de charité, continuant ainsi la lignée déjà célèbre des Trinitaires-Rédempteurs.

L’HOTELLERIE REGINA MUNDI

Un important projet de fondation prend naissance au cours de l’été 1954. Le très révérend père Pierre de la nativité, vicaire provincial, appuyé par le vénérable définitoire de la vice-province du Sacré-Cœur (érigé canoniquement au mois de juin 1953) annonce l’acquisition d’une nouvelle propriété et l’établissement imminent d’une autre maison de l’Ordre aux limites de la ville de Granby dans le diocèse de Saint-Hyacinthe.

Grace a la bienveillance de son excellence Mgr Arthur Douville, évêque de Saint-Hyacinthe, et au patronage de la compagnie Avery et Robert limitées de Granby, P.P. un couvent trinitaire très moderne s’élève actuellement au centre du développement modèle connu sous le nom de Mont plaisant.

Cet édifice aux proportions impressionnantes abrite à la fois :

1-    Le noviciat de la vice-province du Sacré-Cœur, ou se forment des jeunes gens qui se destinent à la vie cléricale ou encore à la vie des frères convers ;

2-    Une paroisse dédiée à la Très Sainte-Trinité qui compte actuellement cent vingt familles ;

3-    Une hôtellerie qui porte le nom de “Regina Mundi” en souvenir de l’année mariale au cours de laquelle ce projet fut élaboré. Cette hôtellerie est ouverte à la fois aux prêtres et aux laïcs qui désireraient faire une halte occasionnelle de prière et de repos dans une vie si pleine d’activité. Une aile entière est consacrée aux vieux prêtres qui aimeraient à terminer leurs jours dans une atmosphère sacerdotale et toute familiale en compagnie des religieux de la très sainte Trinité.

Fidèlement a une tradition plusieurs fois centenaires, les Trinitaires canadiens désirent faire de cette maison :

A-   Un centre de recueillement ou jeunes et vieux pourront dans l’intimité d’une retraite occasionnelle, prendre un contact plus intime avec la vie de l’adorable Trinité qui habite en eux ;

B-   Un centre de rayonnement trinitaire : selon la parole du révérendissime père Ignace du Très saint sacrement : “Chaque couvent doit être une station de diffusion et de transmission toujours en opération pour tout ce qui peut favoriser le culte, la dévotion et l’amour envers la très sainte Trinité”.

C-   Un centre de vie liturgique et de vie sacerdotale par les offices qui se récitent en commun selon le cérémonial prescrit par la sainte Église ;

D-   Et, enfin, un centre d’orientation spirituelles, un centre de rédemption par la puissance libératrice de la foi et de la charité.

Jean-Paul Regimbal

Tiré de: « L’histoire d’une province », Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, 5e année, No. 2, Juin et juillet 1959, pp. 24 à 28, Revue conservée chez Bibliothèque et archives nationales du Québec, a Montréal (SHHY – Fonds P049).