Tous unis en Jésus sauveur


Bien chers congressistes, permettez-moi de vous souhaiter la plus cordiale bienvenue à ce congrès du renouveau charismatique catholique francophone dans les mêmes termes avec lesquels Paul saluait les saints de l’Église de Corinthe :

Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, L’amour personnel de Dieu le Père Et la communion intime du Saint Esprit soient toujours avec vous tous! (Co 13,13)
Nous sommes tous bien conscients que ce vaste ralliement est l’œuvre de l’amour de la Très Sainte Trinité en nous et que Dieu le Père nous rassemble ici au nom de son Fils bien-aimé Jésus Christ, notre sauveur, pour nous faire vivre pendant trois jours une expérience d’unité sous la mouvance de son Esprit saint.
Le thème de ce congrès : Tous unis en Jésus Sauveur n’a pas été choisi au hasard mais a été muri dans la prière et le discernement communautaire des responsables de ces assises. En communion avec le pape et l’Assemblée des évêques, les membres du comité central ont voulu concrétiser leur solidarité d’Église dans leur poursuite inlassable de l’unité afin de proclamer la bonne nouvelle du salut à la face du monde, cette bonne nouvelle n’étant autre que Jésus sauveur, appelé par saint Paul : « L’évangile de Dieu (le Père) » (Rm 1,1-3).
Tout récemment, le pape Jean-Paul II rappelait à tous les hommes de bonne volonté que l’humanité vit actuellement un temps privilégié dans l’histoire du salut, une période d’intense bouleversement, de mutation profonde et d’attente fébrile : l’humanité vit en quelque sorte « un nouvel avent », porteur d’une riche promesse : La manifestation de gloire du Dieu vivant en la personne de Jésus rédempteur et sauveur.
Au sein de la tourmente, doit se révéler le témoignage unanime des fils de lumière afin que la création tout entière soit libérée de son joug de péché et de son voile de ténèbres. Ce témoignage des enfants de Dieu sera celui de l’unité par et dans l’amour!
Au sein de la tourmente, doit se révéler le témoignage unanime des fils de lumière afin que la création tout entière soit libérée de son joug de péché et de son voile de ténèbres. Ce témoignage des enfants de Dieu sera celui de l’unité par et dans l’amour.
Le temps est venu de cesser le scandale de la division parmi les chrétiens. Le temps est venu ou tous ceux qui croient en la personne de Jésus sauveur, s’unissent pour annoncer, en toute crédibilité, l’évangile du salut. Le temps est venu pour que tous les messagers de l’évangile fassent un front commun de l’agape afin de bâtir, dans la fois, ce royaume de justice, d’amour et de paix sur la terre des hommes annoncé par les prophètes et inauguré par Jésus christ, notre sauveur. Mais cette unité des frères chrétiens présuppose l’unité cordiale de ceux qui professent leur foi en l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Ce congrès s’offre à nous pour en donner le témoignage authentique. Tous, sans exception, quel que soit le secteur apostolique ou l’on vit son engagement d’Église, quel que soit le mouvement au sein duquel on fait œuvre d’évangile, tous attestent devant Dieu et devant les hommes qu’ils recherchent l’unité en Jésus sauveur :
Examinons ensemble le sens de cette démarche qui sera amorcée durant les trois jours que durera cette rencontre :
I- La prière de Jésus pour l’unité;
II- Le fondement de cette unité;
III- Les quatre moyens essentiels pour conserver l’unité.
Première partie La prière de Jésus pour l’unité
Dans sa prière sacerdotale après la cène, Jésus prie son Père d’accorder à ses disciples la même unité qui existe entre lui et son Père :
Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’eux aussi soient un en nous, afin que croie le monde que tu m’as envoyé.
Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN: Moi en eux et toi en moi. Pour qu’ils soient parfaitement un et que le monde sache que tu m’as envoyé et que je les ai aimés comme tu m’as aimé.
Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient aussi avec moi, pour qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la création du monde.
Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi, je t’ai connu et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé.
Je leur ai révélé ton nom et je leur révélerai pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux. » (Jn 17, 21-26)
A cet instant suprême de sa vie, Jésus livre le fond de son cœur et lègue a l’humanité le testament nouveau qui prendra force de loi, comme tout testament, a l’instant de sa mort en croix.
Situons dans le contexte original l’explication de son intercession.
Jésus a prié son Père…
1. Pour tous ceux qui ont vraiment admis que Jésus est issu du Père, qu’il est son Fils unique, son verbe de vie, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, égal et consubstantiel au Père, co-éternel avec lui par qui tout le monde visible et invisible fut créé (Jn 1, 7-8);
2. Pour tous ceux qui ont cru qu’il est l’envoyé du Père, le messie sauveur, le seul et unique médiateur pécheresse avec le Père des miséricordes (Jn 17,9);
3. Pour tous ceux que le Père lui a donnés car ils appartiennent au Père et tout ce qui est au Père est à Jésus (Jn 17,10);
4. Pour tous ceux qui n’appartiennent pas au monde comme lui, Jésus, n’est pas du monde, mais de Dieu;
5. Pour tous ceux que le Père a consacrés dans la vérité (or, sa Parole est vérité) donc, pour tous ceux qui sont envoyés comme lui, Jésus a été envoyé par le Père pour faire connaître la vérité du salut en son Fils (Jn 17,18);
6. Enfin, pour tous ceux qui, grâce à leur parole, croiront en son nom, en sa mission, en sa puissance, en son salut (Jn 17,20).
C’est donc pour nous tous que Jésus a prié et pour tous les hommes qui, à travers notre ministère de la Parole et du témoignage, connaîtront Jésus en tant que sauveur, seigneur, rédempteur et libérateur.
Or, cette prière de Jésus sera nécessairement exaucée en tous points, et pas un seul iota de cette demande ne demeurera sans réponse de la part du Père. Jésus sait que son Père veut sauver tous les hommes, mais que cette volonté salvifique universelle ne peut enfreindre la liberté de l’homme qui est son don le plus précieux.
La volonté du Père, c’est non seulement que l’humanité entière soit sauvée en Jésus, mais que cette humanité soit rassemblée dans l’unité du Corps mystique : l’Église, sous le seul, l’unique tête, Jésus Christ (Col 1,18). Le Père veut ramener toutes choses sous un seul chef, le Christ, lorsque les temps seraient accomplis (Ep 1,10).
C’est en raison de cette prière pour l’unité que nous devons laisser tomber toutes nos préventions, nos préjugés, nos divisions, nos disputes et nos querelles afin d’annoncer à tous les hommes sans exception l’évangile de Jésus Christ dans la puissance du Saint Esprit.
Laissons-nous réconcilier en ce Jésus sauveur afin d’établir la crédibilité du message qu’il nous a envoyé proclamer jusqu’aux extrémités de la terre comme lui-même fut envoyé par le Père pour sauver tous les hommes
· de toutes races
· de toutes nations
· de toutes croyances
· de toutes tendances
· de toutes langues
· de toutes cultures
N’est-ce pas ce que le mot « catholique » veut signifier? De même que la mission de Jésus est universelle, de même l’est aussi la mission de l’Église; ainsi donc, notre propre mission en Église doit être universelle et pour la réaliser, il nous faut l’unité. Non pas l’unité par voie de discussion, par voie de délibération, par voie de votation, mais
· l’unité par voie de conversion au seul sauveur Christ
· L’unité par voie de réconciliation a la seule vérité en Jésus sauveur
· L’unité par voie de libération grâce à la puissance de Jésus rédempteur.
Cette unité ne vient pas des hommes, mais de Dieu. Elle est l’œuvre du Saint Esprit, lien personnel, substantiel et vivant qui unit le Père au Fils et le Fils au Père dans l’éternité des siècles.
Seul le Saint Esprit peut tisser entre les croyants les liens d’unité dans le Corps du Christ qui est l’Église
· Car seul le Saint Esprit peut nous faire professer du cœur et des lèvres que « Jésus est Seigneur » (1 Co 12,3)
· Seul le Saint Esprit peut nous faire crier « Abba! Père! » (Rm 8,15)
· Puisque lui seul peut rendre témoignage a notre esprit que nous sommes « enfants de Dieu » (Rm 8,16) et fils du Père dans l’unique et seul vrai Fils Jésus, notre sauveur.
IIe partie Le fondement de cette unité
Maintenant que se trouve établi, hors de tout doute, que la volonté du Père c’est que toute l’humanité soit unifiée sous un seul chef, le Christ Jésus, il importe d’examiner ensemble les fondements de cette unité.
Dès les origines de l’Église, ce problème d’unité est une préoccupation constante des apôtres, car, sans tarder, l’humain s’est mêlé au divin pour fomenter le trouble et la division.
A titre d’exemple, mentionnons les secteurs suivants
1. Juifs et gentils
2. Circoncis et incirconcis
3. Pharisaïsme et libéralisme
4. Hommes et femmes
5. Esclaves et hommes libres
Pierre et Paul eux-mêmes ont dû s’affronter sur certains points fondamentaux de la doctrine chrétienne de sorte qu’un concile a dû être convoqué à Jérusalem pour résoudre le différend.
En relisant les Actes des apôtres et les épitres de saint Paul, on redécouvre alors les arguments fondamentaux qui ont réussi à faire l’unité parmi les chrétiens de l’Église primitive.
A. Premier fondement : La personne de Jésus sauveur
Peu après la pentecôte, la popularité croissante des disciples du Christ inquiète les autorités religieuses de Jérusalem : les grands prêtres, les scribes et les pharisiens sont conscients de la menace que posent les apôtres face au judaïsme officiel.
Après le miracle du paralytique devant la « belle porte » du temple, Pierre et Jean sont traduits devant le haut tribunal ecclésiastique appelé le sanhédrin.
Voici comme se déroule le procès :
« Ils firent comparaître les apôtres et se mirent à les questionner : « Par quel pouvoir ou par quel nom avez-vous fait cela, vous autres? » Alors Pierre, rempli de l’Esprit saint leur dit : « Chefs du peuple et anciens, puisqu’aujourd’hui nous avons à répondre en justice du bien fait à un infirme et moyen par lequel il a été guéri, sachez le bien, vous tous, ainsi que tout le peuple d’Israël : c’est par le nom de Jésus Christ, le nazaréen, celui que vous, vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité des morts, c’est par son nom, et par nul autres, que cet homme se présente guéri devant vous. C’est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée, et qui est devenue la pierre d’angle, car il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés » (Ac 4, 7-12)
L’évangéliste Jean fait la même déclaration dans son prologue
« A tous ceux qui l’ont reçu (comme Seigneur et sauveur), il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, a ceux quoi croient en son nom »
Enfin, saint Paul enseigne la même doctrine dans son épitre aux romains :
En effet, si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé » (Rm 10, 9-10)
Car la foi du cœur obtient la justice et la confession des lèvres, le salut.
Cet enseignement des apôtres n’est que l’application concrète de ce que Jésus lui-même avait proclamé tout au cours de son ministère public :
a) Qui croit au Fils a la vie éternelle; qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie; la colère de Dieu pèse sur lui (Jn 3,36)
b) En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma Parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et n’est pas soumis au jugement, mais il est passé de la mort a la vie (Jn 5,24)
c) C’est la volonté de mon Père que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle et que je le ressuscite au dernier jour (Jn 8,40)
d) Je suis la voie, la vérité et la vie éternelle. Nul ne va au Père que par moi (Jn 14,6)
e) Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi fut-il mort, vivra et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais, crois-tu cela? Et Marthe de répondre : Oui Seigneur, je crois que tu es le Christ (Messie) le Fils de Dieu, celui quoi devait venir dans le monde (pour le sauver (Jn 11, 25-27). N’est-ce pas, d’ailleurs, le sens même du nom de Jésus, en hébreux Yeschuah « Dieu sauve son peuple » (Mt 1,21. Lc 1,31)
f) Jésus enfin résume en deux phrases le sens de sa mission auprès des hommes : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin mais les malades; je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs au repentir » (Lc 5, 31-32)
g) D’où le commentaire lumineux de saint Jean : « Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,17)
B. Deuxième fondement : Le corps mystique du Christ
L’apôtre Paul exhorte plusieurs fois les chrétiens à l’unité en faisant appel à la notion du Corps mystique qui est l’Église :
a) Romains 12, 3-5 : « Au nom de la grâce qui m’a été donnée, je le dis à tous et à chacun : ne vous surestimez pas plus qu’il ne faut vous estimer, mais gardez de vous un sage estime chacun selon le degré de foi que Dieu lui a départi. Car, de même que notre corps en son unité possède plus d’un membre et que ces membres n’ont pas la même fonction, ainsi nous, a plusieurs, nous ne formons qu’un seul corps dans le Christ étant, chacun, pour sa part, membre les uns des autres. »
b) Corinthiens 12, 12-13 : « De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Aussi bien est-ce en un seul esprit que tous nous avons été baptisés pour ne former qu’un seul corps, Juifs et Grecs, esclaves ou hommes libres et tous, nous avons été abreuvés d’un seul Esprit ».
c) Éphésiens 4, 15-16 : « Mais vivant selon la vérité et la charité, nous grandirons de toutes manières vers celui qui est la tête, le Christ, dont le corps tout entier reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même, dans la charité ».
Mais l’argument théologique le plus puissant que saint Paul utilise part de l’unité de la très sainte Trinité elle-même :
a) 1 Corinthiens 12, 4-6 : Il y a certes, diversité de dons spirituels, mais - c’est le même Esprit; diversité de ministères - c’est le même Seigneur (Jésus sauveur); diversité d’opérations – c’est le même Dieu qui opère tout en tous.
b) Tite 3, 5-17 : Dieu le Père nous a sauvés, en nous donnant, par le baptême, la nouvelle naissance et le renouvellement dans l’Esprit saint. Cet Esprit, Dieu le Père l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ, notre sauveur, pour nous justifier par sa grâce et faire de nous ses héritiers dans l’espérance de la vie éternelle.
Mais c’est dans l’épitre aux Éphésiens que Paul met principalement en lumière la source trinitaire de cette unité qui doit régner dans l’Église de Dieu :
a) Éphésiens 1,3 : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ… En lui nous trouvons la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon la richesse de sa grâce qu’il nous a prodiguée en toute sagesse et intelligence. Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, ce dessein bienveillant qu’il avait formé en lui (Jésus sauveur) que vous aussi après avoir entendu le Parole de vérité, la bonne nouvelle de votre salut, et y avoir cru, vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit de la promesse, cet Esprit saint qui constitue les arrhes de notre héritage et prépare la rédemption du peuple que Dieu s’est acquis pour la louange de sa gloire ».
b) Éphésiens 2, 11-18 : « Rappelez-vous donc qu’autrefois, vous les païens – quoi étiez tels dans la chair, vous qui été appelés « prépuce » par ceux qui l’appellent « circoncisions » - rappelez-vous qu’en ce temps-là vous étiez sans Christ, exclus de la cité d’Israël, étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant ni espérance, ni Dieu en ce monde. Or, voici qu’à présent, dans le Christ Jésus, vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches, grâce au sang du Christ. Car c’est lui qui est notre paix, lui qui des deux (Juifs et gentils) n’a fait qu’un seul peuple, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair, la haine, cette loi des préceptes avec ses ordonnances, pour créer en sa personne, les deux en un seul homme nouveau, faire la paix, et les réconcilier avec Dieu le Père, tous deux, en un seul corps par la croix : en sa personne, il a tué la haine. Alors il est venu proclamer la paix, paix pour vous qui étiez loin et paix pour ceux qui étaient proches : Par lui (Jésus sauveur) nous avons en effet, tous deux, en un seul Esprit, accès auprès du Père. »
c) Éphésiens 4, 1-4 (appel à l’unité) : « Je vous exhorte donc, moi le prisonnier dans le Seigneur, à mener une vie digne de l’appel que vous avez reçu; en toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité, appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix. Il n’y a qu’un Esprit, comme il n’y a qu’une espérance au terme de l’appel que vous avez reçu; Un seul Seigneur et sauveur Jésus Christ, une seule foi, un seul baptême; Un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous. »
Dans l’épitre aux Galates, saint Paul utilise le même argument pour mettre un terme aux querelles et disputes entre les disparités de classe qui divisaient les chrétiens en Galatie :
Galates 3, 25-28 : « Vous êtes tous fils de Dieu le Père par la foi au Christ Jésus. Vous tous, en effet, êtes baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : il n’y a donc plus parmi vous ni Juif, ni Grec, il n’y a ni esclave, ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus. La preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu le Père a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils Jésus qui crie en vous : « Abba! Père ». »
Si donc saint Paul était ici devant vous ce soir, ne vous exhorterait-il pas de la même manière avec les mêmes arguments pour vous établir solidement dans l’unité parfaite : à savoir cette unité qui règne dans la Trinité d’amour.
Mettons donc un terme à toutes formes de division entre nous qui déchirent le Corps du Christ, qui discréditent le message de l’évangile et qui provoquent le scandale dans le monde entier à cause de notre contre-témoignage. C’est la crédibilité même de l’évangile et de l’Église qui est mise en cause par nos dissensions sans fin.
Écoutons Paul VI et Jean-Paul II nous exhorter dans le même sens que saint Paul :
« La force de force de l’évangélisation se trouvera bien diminuée si ceux qui annoncent l’évangile sont divisés entre eux par toutes sortes de ruptures. Ne serait-ce pas là, l’un des grands malaises de l’évangélisation d’aujourd’hui? En effet, si l’évangile que nous proclamons apparait déchiré par des querelles doctrinales, des polarisations idéologiques, ou des condamnations réciproques entre chrétiens, au gré de leurs vues différentes sur le Christ et sur l’Église et même à cause de leurs conceptions diverses de la société et des institutions humaines, comment donc ceux à qui s’adresse notre prédication ne s’en trouveraient-il pas perturbés, désorientés, sinon scandalisés?
Le testament spirituel du Seigneur nous dit que l'unité entre ses disciples n'est pas seulement la preuve que nous sommes siens, mais aussi la preuve qu'il est envoyé du Père, test de crédibilité des chrétiens et du Christ lui-même. Évangélisateurs, nous devons offrir aux fidèles du Christ, non pas l'image d'hommes divisés et séparés par des litiges qui n'édifient point, mais celle de personnes mûries dans la foi, capables de se rencontrer au-delà des tensions réelles grâce à la recherche commune, sincère et désintéressée de la vérité. Oui, le sort de l'évangélisation est certainement lié au témoignage d'unité donné par l'Église. Voilà une source de responsabilité mais aussi de réconfort.
Sur ce point, Nous voudrions insister sur le signe de l'unité entre tous les chrétiens comme voie et instrument d'évangélisation. La division des chrétiens est un grave état de fait qui parvient à entacher l'œuvre même du Christ. (…) Nous avons cru nécessaire de rappeler à tous les fidèles du monde catholique que la réconciliation de tous les hommes avec Dieu, notre Père, présuppose, en effet, le rétablissement de la communion entre ceux qui ont déjà, dans la foi, reconnu et accueilli Jésus-Christ comme le Seigneur de la miséricorde qui libère les hommes et les unit dans l'Esprit d'amour et de vérité » (Evangelii nuntiandi, no 77)
Sa sainteté Jean-Paul II non seulement endosse la position de son prédécesseur Paul VI, de regrettée mémoire, mais il ose même poser la question étonnante : « Sommes-nous même allés assez loin sur ce chemin de l’unité? » Voici sa réponse :
« Il est peut-être bon que les porte-parole de ces opinions expriment leurs craintes, mais, là aussi, il faut maintenir de justes limites. Il est évident que cette nouvelle étape de la vie de l'Église exige de nous une foi particulièrement consciente, approfondie et responsable. La véritable activité œcuménique signifie ouverture, rapprochement, disponibilité au dialogue, recherche commune de la vérité au sens pleinement évangélique et chrétien; mais elle ne signifie d'aucune manière, ni ne peut signifier, que l'on renonce ou que l'on porte un préjudice quelconque aux trésors de la vérité divine constamment professée et enseignée par l'Église.
A tous ceux qui, pour quelque motif que ce soit, voudraient dissuader l'Église de rechercher l'unité universelle des chrétiens, il faut répéter encore une fois: nous est-il permis de ne pas le faire? Pouvons-nous - malgré toute la faiblesse humaine, toutes les déficiences accumulées au cours des siècles passés - ne pas avoir confiance en la grâce de Notre-Seigneur, telle qu'elle s'est révélée ces derniers temps par la parole de l'Esprit Saint que nous avons entendue durant le Concile? Ce faisant, nous nierions la vérité qui nous concerne nous-mêmes et que l'Apôtre a exprimée d'une façon si éloquente: « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce à mon égard n'a pas été stérile (1 Co 15,10) » (Jean-Paul II, le Rédempteur de l’homme, no 6).
Ce congrès vise donc à prendre conscience collectivement de l’urgence et de la priorité de devenir les artisans de l’unité, tant au sein de nos mouvements, au sein de nos paroisses et diocèses qu’au sein des nombreux organismes œcuméniques où nous avons la joie et le privilège de faire œuvre d’évangile.
Durant ces trois jours de rassemblement, l’orientation de notre cœur, la direction de notre intelligence, de notre volonté et de nos être le plus profond n’est et ne peut être que vers Jésus, notre sauveur et notre rédempteur. C’est vers lui que nous voulons, dès ce soir, tourner notre regard parce que c’est seulement en lui, le Fils de Dieu, que se trouve le salut, et nous renouvelons la proclamation de Pierre : « Mais a qui d’autre irions-nous, Seigneur? Toi seul as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68).
Troisième partie Le secret de cette unité
Une fois établis les fondements de l’unité, il nous reste à définir comment cette unité peut être maintenue et alimentée, en d’autres termes, comment les communautés primitives de l’Église parvenaient-elles a maintenir l’unité de l’Esprit dans les liens de la paix alors que de nombreuses divisions mettaient constamment en péril ce bien précieux de l’unité communautaire?
C’est dans les Actes des apôtres que nous découvrons la réponse :
« Ils se montraient assidus :
1) A l’enseignement des apôtres
2) A la communion fraternelle
3) A la fraction du pain
4) Et aux prières » (Ac 2,42)
A- Ils se montraient assidus :
La première note à relever dans ce texte concis est celle de l’ « assiduité ».
i) Le verset 46 précise en effet que « jour après jour, les fidèles fréquentaient le temple et rompaient le pain dans leurs maisons prenant leur nourriture avec joie et simplicité de cœur »
ii) Actes 3,1 ajoute que « Pierre et Jean montaient au temple pour la prière de la neuvième heure », soit précisément à l’heure du sacrifice du soir et a l’heure où Jésus avait offert sa vie pour le salut du monde, pour la rémission des péchés de la multitude.
iii) Actes 6,1 mentionne le service quotidien des tables par les apôtres eux-mêmes jusqu’au jour où ce service a dû être confié aux diacres pour ne pas délaisser le ministère de la Parole.
iv) Actes 5,12 déclare que la communauté des croyants se rassemblait sous le portique de Salomon très régulièrement pour se mettre d’un « commun accord » dans la prière, le partage, le discernement des besoins de chacun et le témoignage des merveilles du Seigneur.
C’est sans doute cette assiduité et cette fidélité constante qui intrigua d’abord, puis convainquit ensuite la multitude d’hommes et de femmes qui finirent par « s’adjoindre au Seigneur » (AC 5,14). Le chapitre 5e nous dit même que « le nombre des disciples augmentait considérablement à Jérusalem, et une multitude de prêtres obéissaient à la foi » (Ac 6,7).
Le secret de n’importe quelle réussite est le résultat de la persévérance et de la fidélité. Le Seigneur lui-même ne dit-il pas : « Celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé » (Mt 24,13. Mt 10,22. Lc 18,8). Un des signes les puissants de l’action de l’Esprit consiste précisément dans la constance en tout engagement pris pour le Seigneur : cette constance suppose la fermeté dans la foi, l’oubli de soi, l’acceptation du sacrifice et le dépassement de ses petits intérêts mesquins. Sur ce point précis de la fidélité et de l’assiduité, il ne peut y avoir de différence essentielle entre l’Église primitive et celle d’aujourd’hui. L’unité de la communauté des croyants exige encore et toujours la présence fidèle et constante des membres de la communauté. Elle ne peut jamais être le fruit du hasard ou le résultat fortuit de rencontres sporadiques. Si l’on croit que l’unité est voulue du Seigneur comme preuve de la mission du Christ et de l’Église, il faut voir dans l’assiduité une valeur prioritaire et dans la constance une condition indispensable. Non seulement être présent de temps à autres, mais être « toujours présent » à chaque fois que la vie communautaire le requiert. Voilà le prix à payer si l’on aspire à une unité durable.
B- Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres :
Le contexte du verset 42 nous indique qu’il s’agit ici des instructions données aux nouveaux convertis ou l’on explique les écritures à la lumière des faits chrétiens et non pas de la proclamation de la bonne nouvelle aux non-chrétiens.
Il est donc fait état d’un approfondissement quotidien de la foi en scrutant les écritures, la loi et les prophètes et en cherchant toujours plus fidèlement le vrai sens de la révélation, ayant maintenant compris que Jésus ressuscité est bien celui en qui toutes ces prophéties s’accomplissent. Puis, c’est la mise en commun de tout ce que les apôtres ont appris de Jésus directement non seulement en enseignement oral, mais aussi en actions prophétiques, en praxis situationnelle, en fait de comportement, de mentalité, de coutumes et de style de vie. Il ne faut jamais oublier que la tradition vivante des apôtres est de beaucoup antérieures aux textes écrits du nouveau testament. Les fidèles apprenaient ensemble à vivre selon l’Esprit de Jésus et découvraient, dans la pratique du vécu quotidien, les points saillants de la doctrine du maître. Tel ou tel événement provoquait un commentaire plus approfondi d’une parole du Seigneur, d’une des nombreuses paraboles, d’un miracle ou d’une guérison accomplie par Jésus. Ce que nous appelons aujourd’hui les quatre évangiles et les actes de apôtres n’existaient pas à cette époque, mais ils sont nés à partir de la catéchèse primitive de Matthieu, de Pierre, de Luc et de Jean.
L’unité de doctrine s’est précisée jusqu’au moment où l’Esprit saint inspira les évangélistes à fixer le plus fidèlement possible les éléments essentiels et fondamentaux de la vie et l’enseignement de Jésus.
Or, c’est le même Esprit qui est à l’œuvre dans l’Église pour faire découvrir à chaque génération de croyants les profondeurs de la sagesse de Dieu et la science des saints contenues dans l’écriture. Le magistère de l’Église, les conciles œcuméniques, l’enseignement des docteurs de la foi et surtout la praxis continue de l’Église permettent, grâce à l’action permanente de l’Esprit, la transmission fidèle du message évangélique garantie par la succession des apôtres. De sorte que le successeur de Pierre est toujours chargé de la même mission fondamentale : « Raffermis tes frères dans la foi ». « Pierre, tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » (Mt 16,18).
L’unité de l’Église du Christ exige donc la fidélité non seulement au texte de l’Écriture mais également la fidélité aux enseignements des apôtres et leurs successeurs, les évêques en communion avec Pierre.
Le concile Vatican II a largement contribué à maintenait la fidélité à l’enseignement des apôtres grâce au principe de la collégialité autour de la personne du pape. Et l’unité de l’Église aujourd’hui ne peut se maintenir qu’au prix de la joyeuse acceptation du premier pasteur responsable de toute la bergerie. La grande purification des 20 dernières années est vraiment une grâce du Seigneur à son Église, car son Épouse en ressort plus belle « sans tache, ni ride ».
La meilleure preuve qu’on puisse en fournir est cette encyclique du pape Jean-Paul II sur le rédempteur de l’homme qui vient corroborer, approfondir et appliquer tout ce que Paul VI et Jean-Paul 1 avaient enseigné sur l’urgence et la priorité de l’évangile dans le monde d’aujourd’hui.
Sommes-nous aussi assidus que les fidèles de la primitive Église à scruter les Écritures et à assimiler l’enseignement des apôtres? Si oui, l’unité est en bonne voie. Si non. L’unité est sérieusement compromise.
C- Ils étaient fidèles à la communion fraternelle :
Ce qui est mis en lumière ici, ce n’est pas la matérialité de la présence physique a toutes les activités de la communauté. La « communion fraternelle » c’est cet accord fondamental du cœur et de l’esprit avec tout ce que la communauté vit et entreprend. « Ils avaient un seul cœur et une seule âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait : entre eux tout était commun » (Ac 4,32). L’harmonie, la bonne entente, la joie et la paix de la communauté primitive reposaient sur l’amour que les chrétiens avaient les uns pour les autres. « Aussi parmi eux, nul n’était dans le besoin; car ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposait au pied des apôtres. On distribuait alors à chacun suivant ses besoins » (Ac 4,34). Donc il n’y avait ni mendicité, ni richesse extravagante. mais un partage fraternel et librement consenti alimenté par une sollicitude authentique à l’égard de tous et de chacun, surtout à l’égard des pauvres, des veuves et des orphelins. L’agape communautaire garantissait l’unité des fidèles et la diaconie d’amour s’empressait auprès des plus nécessiteux.
C’est bien à cause de cette « unité » que les apôtres pouvaient proclamer la Parole de Dieu avec tant de puissance. « Nombreux étaient les signes et les prodiges accomplis par les apôtres » (Ac 2,43). « Avec beaucoup de puissance les apôtres rendaient témoignage a la résurrection du Seigneur Jésus et ils jouissaient tous d’une grande faveur » (Ac 4,33).
Tout le nouveau testament met un lien évident entre l’unité d’une part et la puissance de la Parole d’autre part, car Jésus lui-même avait prié le Père que la crédibilité de sa mission et de son message soient attestés hors de tout doute, grâce aux liens de l’agape qui signifiaient visiblement l’amour insondable entre son Père et lui.
Combien urgente devient pour nous tous la responsabilité de vivre notre solidarité chrétienne au niveau du partage, au niveau du service caritatif, au niveau de l’action apostolique et missionnaire. Sommes-nous suffisamment conscients, sommes-nous suffisamment engagés, sommes-nous suffisamment formés à vivre notre solidarité avec tous nos frères humains? SI oui, l’unité de l’Église des cœurs et des esprits est en bonne voie. Si non, l’unité de l’Église est menacée du dedans.
Quels critères pourront nous servir de guide dans l’évaluation concrète de notre communion fraternelle?
a) Suis toujours solidaire avec le pape, avec mon évêque, avec mon curé, avec mon supérieur, surtout en ce qui concerne l’évangélisation, le salut des âmes, le service des pauvres et la poursuite du bien commun?
b) Suis-je facilement solidaire avec les mal-aimés, les mal-nantis, les mal-nourris, les mal-logés, les mal-heureux qui me sollicitent jour après jour?
c) Suis-je spontanément solidaire avec mes frères du tiers-monde, avec mes frères de l’Église du silence, avec mes frères qui sont injustement emprisonnés, torturés, humiliés et exploités, soit ici, soit ailleurs dans le monde.
d) Suis-je interpellé jusqu’au fond de moi-même chaque fois qu’un de mes frères humains est blessé ou lésé dans sa dignité d’homme, dans sa dignité de travail, dans sa dignité de conscience, dans sa dignité de famille, de nation, de race?
e) Suis-je porté à secourir et à défendre mes frères atteints dans leurs droits inaliénables, dans leurs libertés fondamentales et dans leurs conditions de vie, de santé, de bien-être et de sécurité?
C’est jusque-là, au moins, que la sollicitude chrétienne doit se porter si elle veut concrétiser l’unité de l’Église par la « communion fraternelle ».
D- Ils étaient fidèles à la fraction du pain:
Prise en elle-même, l’expression évoque un repas juif ou celui qui préside prononce une bénédiction avant de partager le pain. Mais dans la langue chrétienne, elle signifie et vise le repas eucharistique (I Co 10, 16. 11,24. Lc 22,19. Mc 14,22). Ce repas pascal était célébré, non pas au temple, mais dans quelque maison d’un membre de la communauté; il n’était pas séparé d’un véritable repas (I Co 11, 20-24).
Toutefois, ceux qui participaient à la fraction du pain étaient parfaitement conscients de la sainteté du mystère qui s’y déroulait. Ils discernaient pleinement le corps et le sang du Christ sous les apparences du pain et du vin. Chaque fois qu’ils célébraient ce mystérieux repas en mémoire du Seigneur Jésus. Jusqu’à ce qu’il vienne, ils saisissaient la dimension prophétique et parousiaque du geste sacré et solennel. A tel point, en effet, que celui qui osait manger le pain ou boire à la coupe du Seigneur, sans en être digne, savait parfaitement bien qu’il mangeait et buvait sa propre condamnation (I Co 11,26-28).
Les disciples d’Emmaüs ont certainement fait connaître par de nombreux témoignages l’extraordinaire expérience vécue avec le voyageur inconnu : « Ils le reconnurent à la fraction du pain » (Lc 24,31). Pas étonnant alors que les fidèles étaient assidus à l’eucharistie. En communion parfaite avec Jésus sauveur, ils voulaient célébrer et signifier leur propre unité en lui. Pour eux, la fraction du pain constituait la source et le sommet de leur « unité » en tant que chrétiens car seuls les « baptisés » y avaient accès, les catéchumènes n’étant même pas admis à ce banquet divin.
Cette fête d’intimité et de partage avec Jésus ressuscité, rédempteur et sauveur donnait à l’ancien mystère pascal un sens beaucoup plus riche et beaucoup plus incarné : oui, l’agneau pascal était consommé en entier, portant ainsi sur lui le péché du monde. Et la coupe de l’alliance nouvelle et éternelle qui abolissait tous les sacrifices de l’ancienne loi. Quelle ivresse spirituelle. Quelle joie fraternelle que celle de l’amour même de Dieu. I admirable échange ou Jésus sauveur se livre corps et âme aux pécheurs pardonnés et sauvés afin d’en recevoir amour pour amour.
Comme elle était vraie cette parole de Jésus : « Nous viendrons en lui et nous ferons chez lui notre demeure » (Jn 14,23) et cette autre révélée à Jean dans l’apocalypse : « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi (Ao 3,20). A chaque célébration eucharistique, les fidèles avaient la conviction d’annoncer le retour du Seigneur, de préparer sa glorieuse parousie et même de hâter, par leur intercession fervente, le jour béni de sa manifestation éclatante.
Les mêmes réalités demeurent encore aujourd’hui, car Jésus est le même hier, aujourd’hui, il le sera à jamais (He 13,8). Le concile Vatican II a remis en lumière tous ces aspects de l’eucharistie en soulignant notamment le caractère sacerdotal, royal et prophétique des baptisés qui offrent au Père et en Jésus dans l’unité de l’Esprit.
Les quatre prières eucharistiques restaurées dans leur beauté primitive, explicitent, chacune à leur manière, la puissance de l’Esprit qui rassemble dans l’unité de la foi tous les membres du corps du Christ qui, ensembles, avec leur chef, exaltent la sainteté du Père de qui découle toute vie, toute sainteté du Père de qui découle toute vie, toute sainteté et toute puissance en Jésus et par Jésus.
Mais, en toute vérité, pouvons-nous affirmer que nous sommes assidus à la fraction du pain? En faisons-nous une fête de communion, de joie et de partage fraternel? Sommes-nous toujours conscients du caractère prophétique de l’acclamation qui suit la consécration :
« Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire »
Si oui, notre unité est presque complète. Si non, notre unité risque fort de s’effriter.
E- « Ils étaient assidus aux prières »
Cette expression désigne les prières en commun présidées par les apôtres (Ac 1,14. 4, 24-32. 6, 4. I Co 14,24. I Co 12,5. 14,24).
C’est évidemment tous les jours que la communauté des croyant se rassemblait pour prier, soit au temple, soit sous le portique de Salomon, soit encore en un lieu désigné chez l’un ou l’autre des membres de la communauté. Parfois, c’était même en prison qu’on se rassemblait pour prier. Et quelle prière! A deux reprises, les portes se sont ouvertes après les fondations mêmes de la prison furent secouées par un violent tremblement de terre (AC 4,31.16,25).
Durant ces rassemblements de prière, la Parole de Dieu était proclamée, commentée et médités; chacun instruisait son frère par des admonitions réciproques; puis c’était le chant de louange et d’action de grâces par des paumes, des hymnes et des cantiques inspirés (Col 3,16).
Tout se passait avec décence, calme, ordre et harmonie car chacun respectait les charismes et les ministères de ses frères. A l’un était donné une parole de sagesse, a l’autre une parole de prophétie, a un autre encore une parole de science et lorsqu’un livrait un message en langue, il y avait dans l’assemblée quelqu’un a qui le Seigneur donnait l’interprétation. Celui qui jouissait du ministère d’enseignement, donnait un enseignement inspiré et celui qui avait le don de guérir ou de faire des miracles mettait ces dons spirituels au service de la communauté pour faire grandir le corps de l’Église a la pleine maturité de l’amour.
Toutes les formes de prière s’y exprimaient : L’adoration, la louange, la bénédiction, l’action de grâce, l’intercession et la communauté de prière se fondait dans l’unité du Saint Esprit, car chacun devenait une source d’édification pour son frère, une source de consolation, de correction fraternelle, de bénédiction et de support moral.
Encore une fois, il est essentiel que l’accent soit mis sur l’assiduité a la prière communautaire. C’est par la fréquence et l’intensité de ces moments de grâce communautaire que ces liens fraternels entre les membres devenaient de plus en plus forts, stables, profonds et inébranlables. Ils devenaient unis à la vie, a la mort, dans le Christ sauveur grâce aux liens tissés par le Saint Esprit lui-même.
Voilà donc, en résumé, comment se déroulaient les rencontres de prières sous la présidence des apôtres, des presbytres, des anciens de la communauté ou des pasteurs locaux.
C’est un peu tout cala que redécouvre le renouveau dans l’Esprit. C’est dans la même ligne de partage évangélique et de prière communautaire que tous les groupements animés par l’Esprit expérimentent ensemble la beauté, l’efficacité et la suavité de la prière évangélique.
Le concile Vatican II a ouvert d’immenses horizons en restaurant dans la vie même de l’Église toute la richesse spirituelle des charismes et des ministères charismatiques. C’est du concile qu’est né le renouveau charismatique catholique.
Le pape Paul VI en reconnaissait l’authenticité par les fruits et manifestait toute sa joie devant cette véritable renaissance spirituelle dans l’Église a la grandeur du monde entier. Comment oublier ce lundi de Pâques en 1975 alors que des alléluias de gloire ont accueilli le souverain pontife et que son discours merveilleux a été suivi d’une longue période de chant en langues et même d’une véritable danse dans l’Esprit a la grandeur du Vatican.
Étonnement des touristes, ébahissement de la garde suisse, mais édification profonde de tous face aux manifestations joyeuses de l’Esprit qui anime son peuple d’élans nouveaux et d’audace inouïe pour annoncer la bonne nouvelle du salut a toute créature jusqu’aux extrémités de la terre.
Conclusion
Ce troisième congrès canadien francophone du renouveau charismatique catholique est donc un événement d’importance qui nous conduit vers l’approfondissement du sens de nos solidarités en Église et vers la poursuite à la manière des apôtres de l’unité la plus parfaite par notre assiduité a l’enseignement et à la tradition apostolique, notre fidélité à la communion fraternelle, a la fraction du pain et aux prières.
Demain, divers ateliers vous offriront la possibilité de vivre l’expérience concrète de cette unité en Jésus sauveur. Puissiez-vous découvrir, avec nous, la hauteur, la profondeur, la largeur et la longueur de cet amour dont Jésus nous aima le premier jusqu’à offrir sa propre vie pour nous sauver.
Comme grâce spéciale de ce congrès, demandons à la très sainte Trinité que chacune de nos familles, de nos groupes de prières, de nos paroisses et de nos communautés deviennent des reflets terrestres de cette communauté d’agape qui subsiste éternellement dans la famille des trois, le Père, le Fils et le Saint Esprit.
Jean-Paul Regimbal
« Tous unis en Jésus sauveur » est une conférence prononcée au Congrès charismatique national du juin 1979 qui a eu lieu au Stade olympique a Montréal.
Tiré d'un document de l'Assemblée canadienne francophone du renouveau charismatique catholique, conservé a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby (P049) et chez Bibliothèque et archives nationales du Québec, a Montréal (BANQ 262.72 R335t 1979)