La Basilique Sainte Anne, a Varennes


Par Benoit Voyer

25 juillet 2024

Qu’on ait la foi ou pas, entrer dans un lieu de culte est une aventure en soi. Lorsqu’on prend le temps d’y rester un peu, on est toujours rejoint par un détail.

Depuis un demi-siècle, j’en ai visité des dizaines, voire des centaines. Pour faire une figure de style, depuis ma petite enfance, je me suis baigné dans l’eau bénite des bénitiers.

A chaque fois que j’entre dans un de ces lieux sacrés, je suis happé intérieurement par l’énergie pacifiant qui s’y trouve. A l’occasion, il m’est même arrivé de verser quelques lames.

C’est donc ce qui m’est arrivé lorsque j’ai mis les pieds pour la première fois dans la basilique Sainte-Anne, à Varennes, sur le bord du fleuve Saint-Laurent, en Montérégie. Le lieu a été désigné « basilique mineure » par le pape Jean-Paul II, en 1993.

C’est avec ma compagne de vie que j’y suis d’abord entré. Nous souhaitions voir et toucher la tombe de sainte Marguerite d’Youville, une lointaine parente de sang de Minou. Nous étions donc là pour une démarche a saveur généalogique. C’est tout de même un honneur d’avoir de la parenté avec une personne qui a marqué l’histoire.

C’était l’heure de la fermeture du lieu. Un gentil monsieur est passé nous saluer, son trousseau de clefs dans les mains, pour nous indiquer qu’il devait barrer le temple puisque les heures de visites étaient terminées, mais il a ajouté que nous pouvions tout de même prendre le temps qu’il faut et que la porte reste débarrée par l’intérieur.

A part nous deux, l’endroit était désert. Le seul éclairage que nous avions était celui provenant des verrières et des lampions.

Minou a passé un très long moment près de sa sainte parente, la main sur son tombeau. J’imagine qu’au fond d’elle, elle lui parlait de ses préoccupations.

Pendant ce temps, j’ai pu admirer l’endroit. C’est magnifique!

Dans cette basilique on entre inévitablement au cœur de l’histoire. Elle a été érigée entre 1884 et 1887. Elle est la quatrième église à occuper le terrain. La plus vieille remonte à 1692.

La pierre angulaire a été posée en décembre 1884.

L’architecture réfère à plusieurs styles architecturaux d’époques différentes. On parle donc d’un style éclectique.

A l’intérieur, ce que je vois, est de style néo roman.

Les fenêtres cintrées procurent un éclairage naturel particulier au centre du lieu de rassemblement ou je suis assis durant ma contemplation de l’espace.

Faut voir la coupole! Elle atteint la hauteur de 23,8 mètres à l’intérieur. A l’extérieur, avec la croix qui domine le dôme, elle atteint 37,8 mètres. Ce n’est pas rien!

Étant un admirateur de l’œuvre de l’artiste Guido Ninchiri, je suis comblé. Entre 1926 et 1929, il a terminé la décoration du bâtiment.

J’ai grandi en contemplant l’œuvre de Ninchiri. A Granby, dans l’ancienne église catholique Saint-Eugène, lieu de mon baptême et de pratique religieuse de mon enfance, et dans l’église Notre-Dame, situé à quelques rues de la, les vitraux sont aussi de lui. A Notre-Dame, ils sont dans ces premières créations. A Saint-Eugène, dans ses dernières. Durant mes années à Trois-Rivières, j’ai aussi pu admirer ceux qu’il a créé dans la cathédrale. Ninchiri était un génie de l’art sacré.

Dans la Basilique de Varennes, Guido Ninchiri y a peint des toiles marouflées, c’est-à-dire collées directement aux murs et au plafond. On est dans une technique d’imitation de l’art de la fresque.

Fait qui m’a toujours fasciné, Ninchiri prend toujours les visages des personnes réelles pour faire ceux de ses personnages bibliques. La Vierge Marie, c’est toujours celui de Giulia, sa conjointe. A Saint-Eugène, on retrouve le visage de l’abbé Télesphore Dubuc, le curé fondateur de l’église, en 1941, dans un vitrail. A Varennes, l’artistes a choisi le visage de plusieurs paroissiens, probablement les grands contributeurs pour la réalisation des toiles.

Dans la coupole, la fresque centrale regroupe 17 personnages et représente l’Assomption de Marie. Tout près, les quatre médaillons représentent les quatre évangélistes de la bible chrétienne, Marc, Jean, Mathieu et Luc.

Guido Ninchiri serait heureux de savoir que Marguerite d’Youville git maintenant dans ce lieu. Il lui vouait une grande admiration.

L’endroit conserve aussi quatre tableaux du pas très catholique François Malépart. Ils ont été créés pour la précédente église en 1792 et 1793. Dans la signature de l’artiste on retrouve un symbole franc-maçonnique.

Bien entendu, il y a bien plus à voir dans la basique Sainte-Anne. Il faut y entrer au moins une fois dans sa vie! Ce havre de paix est un petit bijou tout à fait divin!