La révolution de l'amour (4)


 Par Jean-Paul Regimbal (1981)

La révolution de l’amour par la révolution de la famille
Nous sommes tous conscients de vivre un événement historique très spécial : la crise de civilisation qui fait craquer de toutes parts les structures fondamentales de la société que nous connaissons. Inévitablement, il fallait s’attendre à ce que la révolution sexuelle des années cinquante aboutisse tôt ou tard à l’éclatement de la famille traditionnelle.
Désormais, on ne veut plus parler de famille nucléaire ou de famille monogamique ou de famille autonome; non, on emploie beaucoup plus les termes de familles ouvertes, de couples multiples, de « jet-sets » et de « swingers ». J’irai même plus loin : tout un courant de pensée veut changer la législation officielle pour que les couples s’engagent désormais à terme limité : contrat de deux ans, de cinq ans, de dix ans, par simple accord mutuel.
Vous, les jeunes qui me lisez maintenant, peut-être avez-vous déjà connu le drame de la séparation ou du divorce de vos propres parents? Peut-être même avez-vous été habitués à cohabiter, certaines fins de semaine, avec un « oncle » ou une « tante », avec « l’amant » ou la « maitresse » : le partenaire d’un de vos parents? Il n’est pas rare aujourd’hui de constater la confusion énorme de milliers de jeunes qui ne savent trop comment se situer par rapport à leurs propres parents.
En effet, tout en aimant son père et sa mère, le jeune se sent souvent déchiré entre les deux à cause de certaines décisions légales ou des dispositions particulières d’entente entre les époux, de sorte qu’il se voit balloté tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, et sollicité en faveur de l’un contre l’autre.
Il est clair que la famille contemporaine est l’objet d’une violente attaque de tous les côtés. La philosophie hédoniste préconise des liens de jouissance et de plaisir plutôt que des liens de responsabilité et de devoir. Un courant sociologique définit même le couple non plus comme une union stable entre un homme et une femme dans le but de favoriser la naissance et le développement des enfants, mais plutôt comme « l’union de deux personnes humaines en vue de leur épanouissement mutuel » (ces deux personnes pouvant être aussi bien deux hommes ou deux femmes, selon le cas). De son côté, la structure socio-économique favorise l’indépendance économique de chacun des époux pour accroitre le produit national brut et la démographie exhorte les couples à tendre vers la dénatalité pour atteindre, le plus vite possible, le taux de croissance zéro, d’ici l’an 2000. Ajoutons même que les personnes âgées sont presque forcées de vivre en concubinage plutôt qu’en couples mariés pour ne pas voir baisser leurs prestations sociales et leurs revenus annuels.
Chers jeunes, ce langage ne vous aide pas. De telles situations ne vous sont pas étrangères et la description que je viens de faire correspond, j’en suis sûr, à votre propre expérience, a votre vécu. En effet, de tels événements se sont déjà produits dans chacune de vos familles, ou, du moins, dans votre milieu immédiat de vie, et vous avez été les témoins confus et bouleversés de ces situations bizarres.
La riposte Deux réactions sont possibles devant une telle conjoncture : la démission ou la révolution. La démission, c’est tout simplement la solution des lâches! « Tout le monde le fait, fais-le donc. » La démission, c’est l’intégration pure et simple à ce système dénaturé, l’intégration et l’intériorisation des fausse valeurs qu’il véhicule. La démission, c’est l’admission de son impuissance et la collaboration inconsciente a l’effondrement d’une civilisation en voie d’éclatement. En grand majorité, avouons-le franchement, une certaine jeunesse contemporaine a déjà opté en faveur de la démission :
- « J’veux rien savoir, parce que ça m’écœure! »
- « Je ne suis pas plus fou qu’un autre. Pourquoi ne pas en profiter? »
« Tout le monde ne peut pas avoir tort en même temps; c’est donc qu’ils ont raison! »
Mais, il existe aussi une autre option, c’est la révolution de l’amour. La révolution de l’amour consiste à lutter contre le courant moderne, le laisser-faire et le laisser-aller. La révolution de l’amour consiste à refaire en mieux ce que la civilisation a dénaturé : « Refaire d’une façon plus admirable encore cette création pervertie par le péché »[1]. La révolution de l’amour consiste à mettre en marche aujourd’hui la sorte de famille, la sorte de société, la sorte d’univers qu’on anticipe pour l’an 2000. La révolution de l’amour, c’est la voie de l’héroïsme contre l’érotisme. La révolution de l’amour, c’est l’option radicale des béatitudes en vue du plus-être et du mieux-être de toute la famille humaine, en rebâtissant à partir de sa cellule initiale, la famille singulière comme communauté voulue par le Seigneur : une communauté de partage, de prière, de louange, de vie, de dépassement, une communauté « d’agape ».
Le rôle des parents Lors d’une déclaration récente, les évêques du Québec ont insisté sur le rôle primordial et prioritaire de la famille dans l’éducation de la personne globale, y inclus l’éducation sexuelle :
« L’éducation sexuelle est une responsabilité qui incombe d’abord aux parents en vertu du droit naturel d’éduquer leurs enfants. Cette responsabilité éducative est antérieure à celle de l’école.
Sur ce plan, la famille joue un rôle primordial et, en un certain sens, irremplaçable. C’est dans le milieu familial que l’enfant fait ses premières expériences de confiance, d’amour, de tendresse, d’ouverture aux autres : autant d’occasions d’apprentissage de la sexualité.
C’est à travers les figures parentales qu’il commence à prendre conscience de son identité de garçon ou de fille. Par leurs attitudes et leurs comportements plus que par leurs paroles, les parents posent les bases de l’éducation sexuelle au sein de leur foyer Et c’est en faisant appel aux ressources de leur intelligence et de leur cœur qu’au fil des jours ils remplissent ce rôle auprès de leurs enfants.
Si beaucoup de parents s’acquittent de cette responsabilité avec bonheur, bien d’autres cependant se sentent mal à l’aise devant la tâche à accomplir. Ils ne savent trop comment engager le dialogue avec leurs enfants et leurs adolescents. En outre, dans plusieurs familles, la situation particulière des conjoints (mésentente, séparation, divorce, foyer monoparental, etc.) rend plus difficile encore la tache de l’éducation sexuelle.
C’est pour toutes ces raisons que bien des familles ne se croient pas en mesure d’assumer seules cette responsabilité. Aussi est-il nécessaire d’aider les parents à remplir le mieux possible leur rôle d’éducateur en ce domaine. L’école peut y contribuer en jouant son rôle propre dans un esprit de franche collaboration avec eux. Ensemble, dans un climat de confiance réciproque, parents et éducateurs scolaires sont appelés à préciser, pour leur milieu respectif, les orientations de l’éducation sexuelle et les modalités concrètes de collaboration. Ensemble, ils ont à s’acquitter, pour le plus grand bien des jeunes, de cette importante responsabilité. Ainsi donc, en matière de sexualité, la mission éducative de l’école s’exerce dans le respect du droit des parents et en étroite participation avec eux.”[2]
Le rôle des jeunes Vous tous, bien chers jeunes, qui rêvez d’amour et qui voulez tellement bâtir ensemble un monde meilleur ou règnent la justice, l’amour et la paix, vous êtes en mesure de mettre en marche cette révolution de l’amour au cœur même de votre propre famille, quelle que soit la situation présente de vos parents.
Je veux vous proposer un programme en dix points précis qui facilitera votre action et guidera vos démarches:
1. Acceptez-vous tels que vous êtes, sans blâmer qui que ce soit;
2. Apprenez à vous pardonner vous-même vos propres erreurs et vos propres manquements sans garder d’amertume pour le passé;
3. Pratiquez quotidiennement le pardon dans l’Esprit
4. Explorez toutes les voies possibles de réconciliation;
5. Témoignez de Jésus-Christ aux membres de votre famille;
6. Devenez un signe convaincu et convaincant d’unité et de paix;
7. Priez sans cesse pour les membres de votre famille que vous pouvez rejoindre;
8. Invoquez l’Esprit saint sur les mêmes personnes, afin qu’elles reçoivent “un cœur nouveau et un esprit nouveau”;
9. Accueillez avec joie, sérénité et compassion tous les membres de votre, quels que soient leurs problèmes;
10. Attendez dans une joyeuse expectative l’intervention du “Dieu de l’impossible”.
Voilà, en bref, les grands jalons de cette révolution de l’amour que vous êtes tous en mesure de réaliser puisque vous ne la faite pas en votre propre nom, ou en votre propre puissance, mais bien au nom de Jésus et avec la puissance de l’Esprit saint.
1.Acceptez-vous tels que vous êtes, sans blâmer les autres
a) Tel que vous êtes
Le problème majeur que connaissent les jeunes adolescents et les jeunes adultes se ramène dans le fond a une crise d’identité: on ne s’accepte pas tel qu’on est, on ne s’aime pas soi-même et on se sent incapable de s’aimer soi-même ou de se laisser aimer des autres. Cela est lié à des causes bien superficielles: la taille, le poids, l’apparence, les tic nerveux, etc. Mais, il faut dire aussi que, parfois, les problèmes sont beaucoup plus profonds: on se pense superflu au sein de la famille; on se croit rejeté, mal aimé, sous-estimé, marginalisé. La plupart du temps, cette perception est fausse, exagérée ou, du moins, partiellement non fondée.
Dans quelques cas plus rares, on refuse carrément sa sexualité, sa masculinité, sa féminité, son propre corps, on est alors porté à vouloir être complétement différent de ce qu’on est. Puis, admettons-la, il y a le champ délicat de l’ambivalence sexuelle qui trouble plusieurs jeunes: ils se sentent à la fois homme et femme, mâle et femelle, attirés vers des personnes de leur propre sexe sans trop comprendre pourquoi. En chaque être humain, il y a une certaine tendance fondamentale, mais plus ou moins marquée, vers l’homosexualité. Cela se retrouve chez la plupart des adolescents et même chez un bon nombre de jeunes adultes.
Tant et aussi longtemps qu’on refuse de s’accepter tel qu’on est selon la totalité de son être, avec ses qualités et ses défauts, ses bonnes et ses mauvaises tendances, ses points forts et ses points faibles, ses succès et ses échecs, il est impossible d’en arriver absolument à la sérénité intérieure et à la paix de l’esprit absolument requises pour retrouver son propre équilibre.
Laissez-moi vous suggérer une courte prière que vous direz dans le secret de votre cœur et dans l’intimité de votre chambre:
Seigneur Jésus, je crois du fond de mon cœur que tu es mort sur la croix pour moi et que tu as livré ta vie pour me sauver par amour. Je crois vraiment que tu m’as aimé le premier tel que je suis, tel que tu me connais. Aujourd’hui même, je veux m’accepter tel que je suis parce que c’est ainsi que tu m’as aimé le premier. Je me livre à toi sans réserve: change ce qui doit être changé, maintiens ce qu’il y a de meilleur et fais croitre en beauté ce qu’il y a de moins beau en moi. En ton nom, Seigneur Jésus, dans la puissance de l’Esprit saint, je veux m’aimer moi-même afin de pouvoir mieux aimer les autres et les conduire tous à la découverte de l’amour.
b) Sans blâmer les autres
La façon la plus facile d’éviter de prendre ses propres responsabilités, c’est de blâmer tout le monde et son frère pour ce qui arrive, ou encore pour le résultat final de ce qu’est devenue notre personnalité. “C’est pas moi, c’est ma sœur qui a cassé la machine à vapeur!”
Oui, hélas, sous l’influence de la psychologie et de la sociologie, “d’ailleurs mal comprises”, les jeunes ont tendance à blâmer les carences affectives, l’autoritarisme exagéré de leurs parents ou encore les attitudes castratrices de mères surprotectrices... et de pères fouettards.
Dans la même veine, sous l’influence d’Adler, on cherche à expliquer ses troubles de caractère et de personnalité par le rang particulier qu’on occupe dans la “fratrie”. Ainsi, l’instinct de puissance et de domination des uns écrase et exploite les autres; les plus vieux sont portés à l’égocentrisme, a la jalousie et à l’indépendance, tandis que les plus jeunes sont supposés devenir timides, introvertis et plaignards. Encore une fois, le principe consiste à blâmer les autres pour ses propres difficultés, ses complexes et ses incompétences. Si l’on passe maintenant à la sociologie et aux sciences humaines qui en relèvent, nul n’est jamais vraiment coupable de quoi que ce soit, puisque l’influence du milieu sociologique, socio-économique, socio-culturel et socio-politique a joué davantage que sa propre liberté d’homme dans le produit fini qu’on appelle “la personnalité globale”. En fin de compte, c’est toute la société qui est coupable, condamnable: “Nous sommes tous des assassins!”
Eh bien, non! Si importantes que puissent être les diverses contributions des sciences humaines, il ne faut jamais perdre de vue que l’être humain jouit de trois facultés fondamentales qu’on appelle intelligence, volonté et liberté. Chacun est donc responsable non pas bien de son environnement ni de ses parents, mais bien de ses propres choix, de ses propres attitudes et de ses propres créations face aux réalités concrètes qui le confrontent. Aussi la meilleure façon de retrouver son équilibre fondamental consiste-t-elle à cesser de blâmer quiconque pour quoi que ce soit et à assumer, en tant qu'être responsable, les conséquences plus ou moins heureuses de ses choix. Même si, effectivement, les autres peuvent avoir eu des torts réels et des influences négatives dans le passé, il importe de vivre au présent dans un climat d’amour, de pardon, de confiance et de compréhension. Être adulte, c’est savoir assumer tout son passé en le dépassant grâce à l’aujourd’hui de l’amour “qui excuse tout, croit tout, espère tout et supporte tout”[3]. Tout passe, sauf l’amour, et quand on investit dans l’amour, rien ne se perd et tout se recrée!
Voulez-vous une petite prière pour vous aider à franchir cette étape? Dites simplement du fond du cœur:
O Père, je suis ton enfant. Bien avant la création du monde, tu m’as choisi et aimé en ton Fils bien-aimé, Jésus. Selon ta divine providence, tu m’as fait cheminer pour me conduire là où je me trouve actuellement. Je m’abandonne inconditionnellement à ta divine miséricorde pour tout ce qui concerne mon passé. Je confie à ta divine providence tout mon avenir et je veux consacrer mon présent à l’aujourd’hui de ton amour. Donne-moi la patience d’accepter ce que je ne peux pas changer, le courage de changer tout ce que je peux changer et la sagesse d’en connaître la différence.
2. Apprenez à vous pardonner vous-mêmes vos propres erreurs et vos propres manquements sans garder d’amertume pour le passé.
Il est bien normal qu’un adolescent ou un jeune adulte conserve dans sa mémoire, son cœur et son esprit le souvenir de certaines blessures, humiliations, peines et déceptions accumulées depuis la tendre enfance. Tout cela prend des proportions encore plus importantes lorsque s’éveillent la sensibilité et la susceptibilité caractéristiques au processus d’identification pubertaire. Toutefois, il n’y a pas lieu pour autant d’être pris dans la panique, car chacun a son histoire, sa psychogénèse, ses hauts et ses bas, son poids de souffrances et de blessures qui en font un être unique, tant sur le plan du caractère que du tempérament. Au lieu de nous laisser abattre en ruminant constamment les souvenirs endoloris d’une enfance plus ou moins heureuse, nous pouvons tout transformer, en positifs, les traits négatifs de notre existence, en les plaçant sur la croix de Jésus et en les purifiant dans son précieux sang. La puissance de l’amour, l’efficacité de la foi en Jésus-Christ sont telles que toute semence de mort est transformée en germe de vie, en immortalité et en gloire. Voilà pourquoi il est juste de parler d’une véritable révolution de l’amour.
Ce dont je veux vous parler ici, bien chers jeunes, ce n’est pas d’autosuggestion, ni d’autohypnose. Je veux partager avec vous la puissance de la guérison intérieure et l’efficacité de l’autopardon.
En effet, la Parole de Dieu nous enseigne avec clarté que si nous sommes sauvés par le sang de Jésus, nous sommes d’abord guéris par les plaies de Jésus. Permettez-moi de vous enseigner un moyen simple et efficace de régler une fois pour toute l’amertume, le ressentiment, voire la haine qui ont pu s’accumuler en vous jusqu’à ce jour. Profitez d’un moment de silence et de calme pour redire en vous-mêmes les trois petites prières que je vous suggère maintenant:
1.Seigneur Jésus, je crois vraiment de toute mon âme que tu es venu sauver tous les hommes en sacrifiant ta vie pour leur salut. Mais je crois également que c’est par tes plaies que tu peux me guérir de toutes mes blessures intérieures. En ton nom, Seigneur Jésus, dans la puissance du Saint-Esprit, guéris ma mémoire, mon cœur et mon esprit de toute amertume, peine et ressentiment par les mérites et l’efficacité de tes sainte plaies. Que cela soit fait pour la gloire de ton Père et la gloire de ton nom.
2. Du fond de mon cœur, Seigneur Jésus, je renonce formellement à tout retour sur mon passé. Je pardonne à tous ceux qui, consciemment ou non, ont pu me blesser, me peiner ou m’humilier. Toi seul, Seigneur Jésus, connais la profondeur de mes blessures; toi seul connais la cause de mes souffrances; toi seul es donc en mesure de remédier radicalement a tout ce qui reste de racines empoisonnées dans le fond même de mon être. Par amour pour toi, confiant en ta puissance et en ta miséricorde, je veux opter radicalement pour le pardon de l’offense et pour le refus de m’apitoyer sur moi-même.
3. En ton nom, Seigneur Jésus, par la puissance de l’Esprit saint, je me pardonne à moi-même tous mes péchés, toutes mes erreurs, toutes mes infidélités que tu m’as déjà pardonnées par le sacrement de réconciliation. En ton nom, Seigneur Jésus, par la puissance de l’Esprit saint, je me libère de toutes les blessures du mal que j’ai pu faire consciemment ou non, et je me libère aussi de tout sentiment de culpabilité, d’amertume et de ressentiment. Enfin, Seigneur Jésus, je te prie de me combler de ton Esprit d’amour miséricordieux, de ta paix, de ta joie et de tes dons.
3. Pratiquez quotidiennement le pardon dans l’Esprit
Si l’on veut comprendre vraiment le sens de la révolution de l’amour, il importe par-dessus tout de se rappeler les enseignements de Jésus sur le pardon des offenses. D’abord: “Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés”[4]. Ensuite: “Pardonnez septante fois sept fois”[5], c’est-à-dire pardonnez sans cesse. Et enfin: “Pardonnez à vos ennemis, car les païens eux-mêmes savent pardonner à leurs amis”[6].
L’homme affronte à chaque jour des heurts, des conflits, des accrochages. S’il laisse s’accumuler les offenses, il devient de plus en plus difficile à son cœur de les pardonner. Par contre, s’il apprend à pardonner tous les jours à ceux qui l’ont offensé, la démarche du pardon devient non seulement plus facile, mais, à la longue, elle se transforme en une habitude de seconde nature. Elle se fait tout bonnement, sans trop d’effort, “ne laissant jamais le soleil se coucher sur la colère”.
Le meilleur conseil que je puisse vous donner, bien chers jeunes, c’est d’apprendre la pratique quotidienne du pardon dans l’’Esprit saint. Qu’est-ce que cela signifie? Dans le fond, c’est très simple: que vous ne comptez plus seulement sur vos propres moyens, vos propres sentiments ou vos propres émotions pour précéder au pardon d’autrui. En effet, le plus grand obstacle qui s’oppose au pardon, c’est l’ensemble des émotions sensibles qui vous paralysent, les sentiments agressifs que nous ne pouvons maitriser, et l’ensemble des dispositions trop fragiles de notre moi orgueilleux et susceptible. Le moyen que je veux vous enseigner court-circuite complètement le jeu de vos sensibilités trop délicates car il s’agit de faire appel, par le moyen de la foi, au nom puissant de Jésus et à l’action souveraine de l’Esprit saint. Puisque toute la démarche est accomplie au nom de Jésus, dans la puissance du Saint-Esprit, je n’ai plus à tenir compte de tout ce qui “scribouille, grenouille et gargouille” dans mon pauvre cœur lacéré et dans mes nerfs en boule. C’est Dieu qui passe en direct, c’est la foi mise en action. C’est l'amour miséricordieux mis en action, c’est... la révolution de l’amour. Voici donc les trois petites prières suggérées pour pratiquer facilement le pardon quotidien des offenses:
PARDON En ton nom, Seigneur Jésus, par la puissance de ton Esprit saint pour la gloire du Père, je pardonne à tous ceux que je connais ou ne connais pas et qui m’ont fait du mal dont je suis conscient ou non. Je leur pardonne à tous sans aucune exception tout le mal qu’ils m’ont fait consciemment ou non.
LIBÉRATION En ton nom, Seigneur Jésus, par la puissance de ton Esprit saint, je libère toutes ces personnes pour toujours et a jamais de toute dette envers moi, sans aucune condition, san aucune exception.
BÉBÉNICTION Et je te prie Seigneur de les combler de ton Esprit d’amour et de tes bénédictions.
AMEN, ALLÉLUIA!
Deux remarques s’imposent ici avant de terminer cette section:
a) Il ne faudrait pas croire que cette pratique du pardon dispense qui que ce soit de recevoir le sacrement du pardon. Si belle que puisse être une prière, elle ne vaut jamais un sacrement.
b) Il est aussi opportun de rappeler que l’Église étant un corps visible doté de ministres et des sacrements institués par le Seigneur, donc le sacrement du salut, nous avons besoin de signes visibles et sensibles pour nous réconcilier avec Dieu et nos frères. Il serait donc faux de croire que chacun peut s’arranger seul à seul avec le Seigneur, sans passer par le ministère de l’Église.
4. Explorez toutes les voies possibles de réconciliation
Pour la plupart des jeunes, il est à la fois très gênant et très humiliant de faire des gestes concrets de réconciliation avec les personnes impliquées dans un conflit. Toutefois, le Seigneur Jésus est formel sur ce point: “Si, en apportant ton offrande a l’autel, tu te rends compte que ton frère a quelque chose contre toi, laisse la ton offrande: va d’abord te réconcilier avec lui et reviens déposer ton sacrifice sur l’autel”. Si pénible que cela puisse paraitre au premier abord, la pratique concrète de cette démarche est pleine de surprises et de consolations. En effet, on constate bien souvent que l’autre personne avait la même intention, sans oser faire la même démarche. En outre, on retrouve finalement de meilleurs amis, de meilleures relations et un meilleur climat de communication et de vie.
Là où la pratique est la plus fructueuse, c’est lorsque les jeunes eux-mêmes prennent l’initiative de demander pardon à leurs parents en profitant de cette occasion pour leur exprimer leur amour et leur tendresse. J’ai vu des miracles s’opérer par de telles démarches. A la grande surprise des jeunes, les parents eux-mêmes admettent souvent leurs propres torts et demandent pardon à leur tour. Quel meilleur moyen de bâtir une communauté familiale faite de confiance mutuelle, de respect et de communion (commune-union)!
Bien sûr, il faut savoir discerner quand et comment faire cela, et tenir compte des meilleures circonstances pour obtenir les résultats espérés. En agissant trop vite, trop brusquement, sans tact et sans jugement, on risque de tout gâcher et d’empirer sa situation, au lieu de l’améliorer. Vous voyez donc pourquoi la pratique du pardon quotidien est si importante pour faciliter la réconciliation interpersonnelle dont je parle ici.
Ce que je viens de dire pour les parents vaut également en ce qui concerne l’approche des professeurs, des responsables et des autres adultes avec qui, souvent, on peut avoir des heurts et des collisions frontales. Je sais, cependant, par expérience, que des merveilles se sont accomplies dans des cégeps et des polyvalentes, dans des équipes sportives et dans des centres de loisirs lorsque les jeunes eux-mêmes ont eu assez de courage et de responsabilité pour faire les premiers pas et renouer des liens après certaines ruptures parfois très pénibles. Le propre de la révolution de l’amour est de renverser nos conceptions trop humaines et nos anciennes habitudes de conduite. On serait porté à croire que c’est aux adultes, aux personnes plus raisonnables, aux gens doués de plus de maturité de faire les premiers pas, mais tout cela est bien trop humain! Quand l’inverse se produit, c’est évidemment tout divin! Comme le dit le proverbe d’autrefois: “Tomber, c’est humain; pardonner, c’est divin,”
5. Témoignez de Jésus-Christ aux membres de votre famille
Une fois accomplies les étapes que je viens de décrire, il reste pourtant à passer à un stade plus délicat et certainement plus engageant, celui du témoignage de Jésus-Christ dans sa propre famille. C’est le maitre lui-même qui, avant de quitter ce monde pour retourner vers son Père, disait à ses apôtres: “Vous serez mes témoins à Jérusalem”[7]. Or, que signifie Jérusalem pour un adolescent ou un jeune adulte? Jérusalem c’est l'endroit précis où l’on risque le plus de se faire “crucifier” par ceux qu’on connait et qu’on aime. Témoigner auprès des étrangers ou même des camarades de classe, c’est relativement facile et peu compromettant, mais témoigner auprès des membres de sa propre famille, c’est vraiment se mettre à blanc, c’est s’exposer à se faire ridiculiser et mépriser par ceux qui peuvent nous répondre si facilement: “Pour qui te prends-tu, espèce de timbré! C’est comme rien, tu as dû capoter complétement lors de ta dernière retraite!” Mais ce risque, il faut avoir le courage et l’audace de le courir pour le nom et la gloire de Jésus: “Celui qui rougira devant les hommes, je rougirai de lui devant mon Père qui est dans les cieux; mais celui qui me confessera devant les hommes, je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux.”[8]Courage donc, bien chers jeunes! La révolution de l’amour commence à la maison, dans votre cour!
Paul VI parle aux jeunes Dans son merveilleux message sur l’évangélisation, voici ce que le pape Paul VI disait à tous les jeunes du monde:
“Les circonstances nous invitent à une attention toute spéciale aux jeunes. Leur monde numérique et leur présence croissante dans la société, les problèmes qui les assaillent doivent éveiller en tous le souci de leur offrir avec zèle et intelligence l’idéal évangélique à connaitre e à vivre. Mais il faut, par ailleurs, que les jeunes, bien formés dans la foi et la prière, deviennent toujours davantage les apôtres de la jeunesse. L’Église compte beaucoup sur cet apport et nous-même, a bien des reprises, nous avons manifesté notre pleine confiance envers eux.”[9]
6. Devenez un signe convaincu et convaincant d’unité et de paix.
Pour que le témoignage auprès de votre famille ait un véritable impact en profondeur, il est nécessaire que la Parole proclamée corresponde réellement à votre vécu en tant que témoins. C’est la personne qui devient le signe par l’authenticité de son être et de son agir. Or, partout dans le monde, les jeunes affirment à corps et a ci “qu’ils ont horreur du factice, du falsifié, de l’imitation; qu’ils recherchent par-dessus tout la vérité et la transparence”[10].
En d’autres termes, il faut qu’il soit évident à première vue, aussi évident qu’un feu de circulation qui éclaire les carrefours de la ville, que vous croyez ce que vous annoncez! Que vous viviez pleinement ce que vous croyez! Que vous prêchez seulement ce que vous vivez! Autrement, c’est votre crédibilité personnelle et radicale qui est mises en cause.
Bien chers jeunes qui me lisez, vous êtes non seulement responsables de l’évangile que vous proclamez, mais aussi solidaires avec tous les jeunes du monde pour annoncer Jésus-Christ au cœur des réalités humaines, dont la plus immédiate et la plus significative reste, pour chacun de vous, votre propre famille, votre milieu scolaire, votre milieu de travail, votre milieu de compagnonnage.
Le signe qui ne parvient pas à transmettre avec évidence, rapidité et force le message qu’il doit véhiculer devient complètement insignifiant. Or, au cours des vingt dernières années, je n’ai jamais rencontré un jeune qui voulait passer pour “un grand insignifiant”! L’alternative est donc très simple: ou bien le jeune devient un signe significatif, convaincu et convaincant, ou bien il devient un signe sans aucune signification, un sel sans saveur, une lampe qui n’éclaire pas et un levain incapable de faire lever la pâte. D’ici l’an 2000, la révolution de l'amour doit mettre en marche une authentique civilisation de l'amour qui changera la surface de la terre!
7. Priez sans cesse pour les membres de votre famille que vous ne pouvez rejoindre
Il est clair que, dans la conjoncture actuelle, plusieurs familles sont déjà dispersées. Lorsque le père et la mère sont séparés et divorcés, la plupart des enfants cherchent eux-mêmes a se refaire une vie et jouissent de la plus grande autonomie possible. Par contre, dans un très grand nombre de cas, il n’y a que deux ou trois membres de la famille qui ont décidé de quitter le bercail pour s’affranchir de la domination parentale ou d’un certain climat de tension insupportable, irrespirable.
Quoi faire alors pour rejoindre ceux qui ne sont plus là, mais qu’on conserve dans le fond de son cœur et dans la trame de sa vie? La réponse, très chers jeunes, c’est saint Paul qui nous la fournit:
“Restez toujours joyeux. Priez sans cesse. En toute condition, soyez dans l’action de grâces. C’est la volonté de Dieu sur vous, dans le Christ Jésus.”[11]
Vous n’avez aucune idée de la puissance et de l’efficacité de la prière, surtout quand cette prière prend la forme de la louange et de l’intercession! Oui, priez, priez sans cesse. Et si vous sentez que vous ne pouvez plus prier, donnez la chance à l’Esprit saint de venir en aide à votre faiblesse pour prier en vous d’une façon ineffable, car il sait, lui, pourquoi prier et, surtout, comment prier pour plaire au Père et obtenir ce qu’il y a de mieux pour ceux qui lui sont chers.
Trois petites suggestions pratiques:
1. Mettez-les en prison.
2. Mettez l’Esprit saint à leur trousse.
3. Persévérez jusqu’au bout.
Je m’explique:
1.Quand je vous dis de mettre ces personnes en prison, je veux vous inviter a placer nommément chacune d’elles dans le centre même du cœur de Jésus, les rendant prisonniers d’amour jusqu’au jour de leur complète libération. Oui, priez sur eux le sang de Jésus; appliquez-leur l’efficacité de la croix de Jésus, et gardez-les en prison aussi longtemps qu’il le faudra pour que leur cœur et leur esprit soit entièrement transformés par le Christ.
2.Une fois qu’ils sont sécurisés dans la prison du cœur de Jésus, demandez à l’Esprit saint de les placer sous la conviction de leur propre misère, de leur propre faiblesse et de leur propre indigence. Le rôle de l’Esprit saint consiste à éclairer la conscience et le cœur de l’homme pour bien mettre en évidence le vrai sens du péché et à favoriser une authentique et durable conversion. Comme il est le guide, le conseiller, le consolateur et l’avocat, il saura bien trouver les paroles, les arguments et les réflexions salutaires qui ramèneront vers l’unité du foyer ceux qui s’en sont éloignés dans un mouvement de colère, d’impatience, de rage ou de révolte. De la même façon qu’il scelle l’unité même de la Trinité, le Saint-Esprit scelle l’unité de la famille, image terrestre de la Trinité éternelle. Ce que vous ne pouvez réussir en termes de relation et de communication, lui peut le réaliser par monde de « théo-communication ». Il est le spécialiste de la TSF : Transmission Sans Faiblesse. Il sait à la fois respecter la liberté de l’homme et séduire le cœur, sans jamais violenter la volonté. Comme il est le seul à avoir accès à la conscience, au cœur et a l’esprit, il est le seul à pouvoir théo-communiquer vos propres demandes par sa TSF divine.
3.Pour que ce système fonctionne, il ne faut pas se contenter d’une prière a la sauvette ou de quelques Pater par-ci par-là. Non, c’est un véritable assaut de prières qu’il faut lancer auprès du trône de Dieu. C’est la prière persévérante qui obtient tout parce qu’elle attend tout du Dieu de l’impossible. Prier sans cesse signifie prier jour et nuit. Prier sans cesse, c’est faire de sa prière une respiration du cœur et de l’esprit. Quand on cesse de respirer, on crève. Quand on cesse de prier, on n’obtient rien. Est-ce impossible de prier jour et nuit? Absolument pas! Même quand je dors, mon cœur veille. Même quand je cesse humainement de prier, l’Esprit saint prend la relève et prie sans relâche. De plus, Jésus se tient constamment devant son Père pour plaider en faveur de ceux qui nous sont chers. Or, ce n’est pas seulement par sa bouche que plaide le Verbe; c’est par les plaies béantes de son corps transpercé qu’il se fait votre avocat irréfutable auprès de son Père miséricordieux. Ainsi se réalise une prière d’équipe, une sorte de « course a relais » spirituelle où vous passez votre bâton témoin a l’Esprit saint, qui s’empresse aussitôt de le remettre à Fils libérateur tant et aussi longtemps que le but n’est pas atteint. « Celui qui persévère jusqu’au bout, c’est celui-là qui est exaucé »[12].
8.Invoquez l’Esprit saint sur les mêmes personnes, afin qu’elles reçoivent “un cœur nouveau et un esprit nouveau”
Ne croyez pas, chers jeunes, que je me répète en vous abordant cette autre considération. En effet, il ne s’agit pas seulement d’obtenir la conversion pure et simple de ceux qui se sont éloignés, car vous savez déjà par expérience que chacun est extrêmement fragile immédiatement après sa conversion. Rappelez-vous votre propre conversion et songez un peu au temps qu’il vous a fallu pour retrouver votre équilibre et votre joie dans la plénitude de l’Esprit saint.
Voici donc ce qu’il s’agit de demander à l’Esprit saint: de combler l’attente et les besoins de ceux que la grâce a déjà rejoints au moment de leur conversion. Ne cessez pas de prier tant et aussi longtemps que vous n’aurez pas obtenu une véritable pentecôte nouvelle pour vos êtres chers. C’est l’effusion de l’Esprit saint qui vient consolider et confirmer la grâce de la conversion. La créature nouvelle qui vient de se réconcilier avec Dieu a besoin, en outre, d’un cœur nouveau et d’un esprit nouveau, sans quoi des rechutes douloureuses sont inévitables.
Pourquoi se contenter de moins, quand on peut obtenir davantage du cœur inépuisable de Jésus et de la tendresse infinie du Père? C’est jusqu’au bout qu’il faut solliciter le cœur de Dieu pour obtenir la totalité, la plénitude des bénédictions qui les préparent au cœur contrit, broyé, humilié et repentant. Quand l’Esprit saint a réussi à produire de tels résultats dans le cœur des croyants, c’est qu’il est prêt à parachever son œuvre en venant lui-même prendre possession de l’être et de l’esprit de ceux qu’il a déjà convertis: “Bonnes-leur, Seigneur, un cœur nouveau! Mettez en eux, Seigneur, un esprit nouveau!”[13].
9. Accueillez les membres de votre famille
Entre le moment de la prière d’intercession et la réponse complète du Seigneur, il s’écoule nécessairement un certain temps. L’heure “H” de Dieu n’est pas l’heure “H” des hommes. Dieu calcule le temps avec une “Aeterna” et nous, les hommes, avec une “Timex” ordinaire.
L’attitude de l’amour, c’est l’accueil inconditionnel des autres, car la limite de l’amour est d’aimer sans limites. Il est donc vital de comprendre qu’en portant dans la prière les membres de sa famille, il faut les accueillir dans son cœur, dans sa vie et dans sa maison sans les juger, sans les condamner, sans les mépriser: “L’amour excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout”[14].
Il était de mise autrefois de refuser l’aces de la maison a la brebis égarée, a la brebis galeuse, a la brebis noire de la famille. On n’avait rien compris a l’amour miséricordieux du bon pasteur. La révolution de l’amour veut précisément changer tout cela. Quand on croit à la force de l’amour, on sait que tout ou tard il triomphera. Bien sûr, notre nature humaine s’impatiente devant la lenteur des autres. Toutefois, rappelons-nous notre propre cheminement: Dieu a su nous attendre; il a su supporter nos propres refus et nos propres lenteurs. Il a respecté intégralement notre liberté d’hommes. Aussi s’attend-t ’il a ce que nous agissions de la même façon envers nos proches, nos propres parents:
“Les heures de nos impatiences ne sont jamais des heures de grâces!”[15]
Il ne faut jamais oublier qu’avant de gagner les cœurs, il faut gagner la confiance des autres. Plus on est proche parent, plus il faut mettre de temps pour rétablir le climat de confiance nécessaire. Quand l’autre a vraiment senti, dans le fond de son âme, qu’il est accepté pour lui-même et non pour sa conduite; quand l’autre a découvert qu’il n’est ni jugé, ni condamné, ni méprisé, alors la confiance devient possible et l’ouverture du cœur n’est pas loin à l’horizon. Le meilleur fondement de cette attitude n’est autre que celle du Christ envers la Samaritaine, la femme adultère, Zachée et Lévis devenu Mathieu. Savoir attendre, dans bien des cas, c’est savoir aimer réellement. Savoir attendre, c’est respecter les délais du Seigneur, qui font partie d’un plan d’ensemble d’amour dont nous ne comprendrons la délicatesse et la beauté que plus tard lorsque les réconciliations seront devenues réalités.
10.Attendez dans une joyeuse expectative l’intervention du “Dieu de l’impossible”
Attendre, c’est bien! Savoir attendre, c’est mieux!
Il est une attente qui pèse au cœur de l’homme, parce qu’elle se traduit par une simple résignation a un éventuel devenir: l’attente langoureuse de celui qui vit sans espoir. Puis, il y a l’attente fébrile qui énerve, excite et amène certains à croire qu’ils servent vraiment Dieu quand ils provoquent, de toute pièce, des “circonstances favorables”. Il y a encore l’attente d’incrédulité: c’est celle de ceux qui demandent, sans être certains de recevoir une réponse favorable. Par exemple, ceux qui disent: “oui, c’est possible, mais c’est peu probable”, ou encore: “Il n’y a qu’un miracle pour sauver la situation, mais je ne crois pas tellement aux miracles.”
L’attente provoquée par l’amour est aussi fille de l’espérance. Il s’agit d’une attente remplie de certitude et de joie, d’une attente du cœur qui voit déjà le produit fini avant sa pleine réalisation. C’est cette joyeuse expectative qu’on appelle parfois la longanimité.
Quelle que soit la demande qu’on fasse à Dieu, par le nom puissant de Jésus, il est absolument indispensable de croire qu’on est déjà exaucé en principe, car celui qui prie dans le doute est semblable “aux flots de la mer que le vent soulève et agite. Qu’il ne s’imagine pas, celui-là, recevoir quoi que ce soit du Seigneur: homme a l’âme partagée, inconstant dans toutes ses voies”.
Bien chers jeunes, Dieu a fait vos cœurs pour la joie et l'espérance. Il s’attends que vous lui fassiez pleinement confiance lorsqu’il vous dit: “Allez au large!” Ne restez pas amarrés au quai, le cœur lourd et l’âme en peine, vous répétant sans cesse: “Quand donc le Seigneur m’exaucera-t-il?” Bien au contraire: brisez les amarres, larguez larges vos voiles pour que le souffle de l’espérance vous conduise à l’endroit précis ou Dieu a préparé le jour et l’heure de sa réponse pleine d’amour. Puisque Dieu lui-même vous a tellement aimés le premier et qu’il est allé vous chercher dans les ténèbres, au milieu de vos problèmes, au centre du gouffre ou vous étiez tombés, il fera la même chose pour ceux que vous aimez le plus. Vous avez le droit d’attendre dans la joie et l’espérance, car votre attente se fonde sur trois choses:
fidélité de Dieu a son alliance; 2-L'efficacité de la rédemption du Christ; 3-L’amour miséricordieux d’un Dieu qui ne se démentira jamais.
Pour terminer, permettez-moi une petite analogie bien simple: quand vous fréquentez sérieusement un jeune garçon ou une jeune fille de votre âge, et que vous entrevoyez le rêve d’un mariage possible, votre attente n’est ni défaitiste, ni indifférente. Elle est, au contraire, pleine de joie et d’espérance, tellement votre cœur est certain que la réponse finale sera un “oui” merveilleux. Ainsi en est-il quand vous faites appel à l’alliance de Dieu pour rescaper tel ou tel membre de votre famille. Le temps importe peu: ce qui compte, c’est la certitude intérieure et l’expectative exubérante d’un “oui” merveilleux de la part du Seigneur et sauveur Jésus-Christ. Ainsi, vous pouvez chanter à pleine poitrine:
“La joie du Seigneur est mon soutien!”[16]
“Celui qui espère en toi n’est jamais déçu!”[17]
[1]Prière eucharistique no 1
[2]Déclaration du Comité épiscopal sur l’éducation; Une approche pastorale de l’Éducation sexuelle, A.E.Q., mai 1981, #3
[3] 1 Corinthiens 7,13
[4]Matthieu 6,12
[5]Matthieu 18,21
[6]Matthieu 5,47
[7]Actes des apôtres 1,8
[8] Marc 8,38
[9] Paul VI, Evangelii Nuntiandi, no 72
[10] Paul VI, Evangelii Nuntiandi, no 76
[11] 1 Thessaloniciens 5, 16-18
[12]Matthieu 10,22
[13]Cf. Ezéchiel 13,26. Jérémie 36,31.
[14] 1 Corinthiens 13,7
[15]S.Ignace de Loyola, Exercices spirituels: le discernement des esprits.
[16]Néhémie 8, 10
[17]Psaume 69, 7
Tiré de: Jean-Paul Regimbal. La Révolution de l’amour, Éditions internationales Alain Stanké Ltée, 1981. Livre conservé a la Société d’histoire de la Haute-Yamaska, à Granby, (P049) et chez Bibliothèque et Archives nationales du Québec, à Montréal (BANQ 248.83 R335R 1981)