Mobilité durable, la vertu... et la réalité

Il était une fois dans les médias...


Par Benoit Voyer (2012)


J’habite sur le chemin de la côte Saint-Louis, à Sainte-Thérèse. Chaque jour, en fin de soirée, je me rends travailler sur le boul. des Pionniers, à Terrebonne, tout près de l’intersection des autoroutes 40 et 640. Le trajet en automobile est simple : je sillonne la route117, c’est-à-dire le boul. Curé-Labelle, et la 640. La durée du trajet est de 25 minutes. Au retour, le matin, il faut ajouter 10 à 20 minutes, à cause de la densification de la circulation entre la 335 et l’autoroute15. C’est l’heure de pointe, quoi !

Je rêve du jour où je pourrai me rendre travailler en transport en commun afin qu’il y ait moins de véhicules sur la route le matin et pour faire ma part pour la préservation de l’environnement. De plus, ça me ferait vraiment plaisir de laisser mon automobile à la maison parce que je n’éprouve pas un grand plaisir derrière le volant. Me déplacer en transport en commun serait possible, mais tellement peu pratique pour moi. Voici mon scénario le plus simple pour aller travailler en utilisant la mobilité durable.

Puisque les circuits d’autobus sont moins nombreux en soirée, je dois partir de chez moi à 20 h 30 et marcher 5 à 7 minutes pour me rendre à l’arrêt de la 9 au coin du boul. Curé-Labelle et de la 17e avenue. L’autobus passe à 20 h 43. Je dois donc arriver quelques minutes plus tôt. On me débarque vers 21 h 16 au métro Montmorency, à Laval. À cet endroit, le circuit 19, en direction de Terrebonne, m’attend à 21 h 22. Vers 21 h 47, je descends au coin de l’autoroute25 et de l’île Saint-Jean pour un transfert d’autobus. À 21 h 52, l’autobus 11 me conduit à son tour jusqu’au secteur de Lachenaie. On m’amène jusqu’en face de mon lieu de travail, vers 22 h 30. Je commence ma nuit de travail à 23 h 30. Pour me rendre travailler et utiliser ce mode de transport, je dois donc consacrer 3 heures de mon temps - alors qu’il me faut seulement 25 minutes en automobile.

Le matin, le retour à la maison prend un peu moins de temps. Puisque je sors de mon lieu de travail vers 7 h 35, je dois attendre la 11 jusqu’à 8 h 07, sur le boul. des Pionniers, en face du Costco. Je débarque pour un transfert vers 8 h 46, sur le boul. des Seigneurs, en face du Zellers. À 8 h 52, le circuit 23 me conduit jusqu’au Cégep Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse. L’arrivée se fait vers 9 h 25. De cet endroit, je marche une quinzaine de minutes jusqu’à chez moi. La durée du trajet est d’environ 1 h 30, à laquelle je dois ajouter les temps à attendre l’autobus et à marcher. Le total global est d’environ 2 h 05. C’est plus d’une heure de trajet qu’en automobile.

Ainsi donc, si j’utilise le transport en commun pour aller et revenir à la maison, je dois consacrer, chaque jour, un peu plus de 5 heures de mon temps. Et lorsque je besogne la fin de semaine, ce temps augmente, puisqu’il y a moins de service.

Déménager près de mon lieu de travail ne serait pas une alternative valable puisque ma conjointe, qui travaille à 15 minutes de marche de notre domicile, aurait la même problématique que moi. Je suis pour la vertu environnementale, mais je ne suis donc pas plus fou que d’autres ! Je prends mon automobile pour aller travailler parce que le transport en commun n’est vraiment pas une solution logique pour moi.

Je ne vois pas le jour où j’utiliserai des moyens de mobilité durable, parce qu’en ce moment, tous les investissements dans les services d’autobus dans les Laurentides et Lanaudière ont pour but de favoriser la circulation entre Montréal et sa banlieue. Il y a peu de vision à court et moyen termes pour les déplacements dans l’axe est-ouest.

Tiré de : Benoit Voyer. « Mobilité durable, la vertu... et la réalité », Le Devoir, 21 novembre 2012 (page consultée le 10 aout 2024) ledevoir.com/opinion/libre-opinion/364481/mobilite-durable-la-vertu-et-la-realite