La bienheureuse Marie-Rose du Durocher

Tombe de la bienheureuse Marie-Rose Durocher dans la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue, a Longueuil

Par Benoit Voyer

2 octobre 2024

Le 6 octobre est un jour mémorable pour la bienheureuse Marie-Rose Durocher. D’abord, en 1811, elle est née à cette date. C’était à Saint-Antoine-sur-Richelieu dans l’actuelle région de la Montérégie, au Canada. Elle décédera 35 ans plus tard, soit en 1849, a la même date. De nos jours, chaque 6 octobre, à travers ses liturgies eucharistiques, l’Église catholique du Canada honore sa mémoire et implore son intercession.

A sa naissance, ses parents, Olivier Durocher (1771-1859) et Geneviève Durocher (1768-1830), lui donnent le prénom d’Eulalie.

Comme sa sœur Séraphine, elle devient religieuse. A la demande de l’évêques catholique de Montréal, Mgr Ignace Bourget (1799-1885), elle fonde la congrégation des Sœurs de Jésus Marie, destinées à l’éducation. Comme l’usage le veut à cette époque, puisqu’il s’agit d’une nouvelle naissance, dit-on, elle devient sœur Marie-Rose.

De nos jours, la bienheureuse Marie-Rose Durocher repose dans la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue, à Longueuil.

Son arbre généalogique est impressionnant. Il comporte des ancêtres et proches parents aux tempéraments forts. Quelques-uns ont marqué l’histoire.

D’abord, on retrouve de nombreux marchands influents et assez fortunés. En exemple, sa grand-mère Geneviève Marchesseau (1748-1777) est inhumée dans l’église paroissiale de Saint-Antoine-sur-Richelieu, un privilège réservé aux familles financièrement aisées.

L’arrière-arrière-arrière-grand-père de Marie-Rose est Blaise Juillet (1611-1660), un des deux compagnons de Dollard des Ormeaux (1635-1660). Il est mort noyé le 19 avril 1660 près de l’île Saint-Paul en fuyant une attaque des Iroquois.

Geneviève Durocher, la mère d’Eulalie, a été « élevé » par sa tante Marie-Anne Mauvide (1736-1799), épouse du seigneur René-Amable Durocher (1737-1786), dans le manoir seigneurial de Saint-Jean, sur l’île d’Orléans. Le Manoir Mauvide-Genest [1] rappelle leur mémoire.

Son grand-père paternel, Olivier Durocher (1743-1821) était sur le champ de bataille, le 8 juillet 1758, lors de la victoire du général Montcalm a Carillon, sur le lac Champlain. Le fort de Carillon porte de nos jour le nom de Fort Tigonderoga et est situé dans l’actuel État de New York. Olivier, qui avait 14 ans, a mené le combat dans la troupe de Bourlamaque posté sur le Richelieu. Laissé pour mort, on se rend compte qu’il respire encore. Sans tarder, on le transporte. On lui sauve la vie. Plus tard, de 1786 à 1789, il sera marguiller à Saint-Antoine-sur-Richelieu et, de 1796 a 1800, député du comté de Surrey (Verchères). De 1800 à 1821, il vivra retiré chez son fils. Il apprendra à sa petite-fille Eulalie, la future sœur Marie-Rose, à lire, écrire et l’histoire de la Nouvelle-France.

Son arrière-grand-père paternel est le médecin-chirurgien Olivier Durocher (1717-1795) qui a pratiqué la chirurgie a l’Hôtel-Dieu-de-Montréal.

Ses arrière-arrière-grands-parents paternel, Joseph Durocher (1681-1749) et Marguerite Leroy (1685-1749) sont originaires d’Angers, dans l’actuelle région de Maine-et-Loire, en France. Ils se sont mariés dans l’antique église-cathédrale Saint-Maurille, le 6 juin 1705.

Enfin, la petite histoire du père d’Eulalie mérite une attention spéciale et explique en grande partie la sainteté de sa fille.

Olivier Durocher (1771-1859) fait de bonnes études et se destine à devenir prêtre de l’Église catholique romaine. C’est son souhait le plus cher. Il sent en lui la vocation. Olivier est un homme de grande piété.

Le père d’Olivier s’objecte sur le choix de vie de son fils. Il n’est pas question qu’il devienne prêtre! N’ayant que deux enfants et un seul fils, il veut que son gars lui donne une descendance afin de perpétuer son nom. Ainsi donc, Olivier n’aura pas le choix de se marier. Le 20 janvier 1794, il épouse Geneviève Durocher (1768-1830), une petite-cousine, à Saint-Jean, sur l’île d’Orléans. Il deviendra cultivateur et s’établiront à Saint-Antoine-sur-Richelieu.

Olivier et Geneviève donnent la vie à onze enfants : trois mourront en bas âge, trois se marieront et cinq choisiront le célibat en devenant religieux ou religieuses. Faut-il s’en étonner? Olivier Durocher(1771-1859) a transmis sa grande foi en Dieu a ses enfants.

De son côté, Séraphine (1809-1852), la sœur d’Eulalie, entrera dans la Congrégation de Notre-Dame de Montréal, fondée par sainte Marguerite Bourgeoys. Eusèbe (1807-1879), Théophile (1805-1852) et Flavien deviendront prêtres.

Flavien Durocher (1800-1876) sera prêtre séculier et puis se joindra aux Prêtres de Saint-Sulpice et, en bout de course, aux Oblats de Marie Immaculée, communauté fondée par saint Eugène de Mazenod. Il sera longtemps curé de la communauté des Innus de Betsiamites, devenue Pessamit, avant de fonder la paroisse Saint-Sauveur, à Québec. De nos jours, le Parc Durocher, situé aux coins des rues Durocher, Saint-Vallier et de Carillon, à Québec, rappelle sa mémoire. Au centre du lieu se dresse un immense monument érigé en 1912 ou les paroissiens de jadis y ont souligné qu’il a été un « prêtre zélé, religieux, parfait »et un « pasteur charitable ». Lorsque la bienheureuse Marie-Rose Durocher sera déclaré sainte faudra-t-il penser a élever sur les autels le père Flavien Durocher?

[1] www.manoirmauvidegenest.com