En ce 25 mars 2025


Baptisé en Jésus

Par Jean-Paul Regimbal (1981)

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Frères et sœurs bien-aimés,

Toute la liturgie pascale nous a conduits progressivement vers l’accueil amoureux et chaleureux de l’Esprit. Et lorsque cet Esprit vient en nous, il nous révèle la réalité du mystère des mystères, à savoir que Jésus est Seigneur a la gloire de Dieu le Père et que le Père de notre Seigneur Jésus-Christ est également notre Père.

La montée pascale trouve donc son sommet dans le mystère de la Très sainte Trinité. Et pour nous préparer à célébrer cette fête des fêtes, il paraît important, je pense, de consacrer un temps de réflexion , de méditation, voire même de contemplation, pour en sortir toute la richesse, toute la sève, toute la nourriture substantielle qui nous permettra d’atteindre notre maturité dans la foi à titre d’enfants de Dieu.

Nous sommes baptisés, baptisée en Jésus, donc consacrés par Dieu lui-même comme temple vivant de la Très Sainte Trinité. Voilà une réalité tellement profonde que même l’éternité ne suffira pas pour en saisir toute la portée. Cependant, durant cette neuvaine, nous voulons au moins dégager quelques leçons pratiques pour notre propre profit et pour l’édification de toute l’Église, car si Dieu s’est révélé dans son mystère trinitaire, il n’a pas simplement voulu être l’objet de connaissance religieuse de notre part.

Il a voulu, surtout, être le terme de notre amour, la raison d’être de notre contemplation, de notre « aimance » radicale. Pourquoi? Parce que Dieu est amour. Et que l’amour se veut « dialogue » et communion. L’amour se veut « partage ». Si donc Dieu s’est révélé a nous dans son mystère intime, c’est pour que nous vivions de cette réalité lumineuse et savoureuse sur le plan de l’amour, sur le plan du service, sur le plan du plus être et du mieux-être , afin de témoigner sur la terre des hommes, a tous ceux qui ne le connaissent pas et ne l’aiment pas, la réalité du mystère auquel nous sommes tous conviés. Tous, tant que vous êtes, vous avez une vocation trinitaire de par votre baptême. Et même les non-baptisés, les non-chrétiens sont appelés par la miséricorde de Dieu à entrer dans ce mystère grâce au témoignage et à la mission apostolique dont nous avons été investis par la confirmation. Voilà donc pourquoi nous voulons consacrer un temps important à l’approfondissement de ce grand mystère de notre salut.

Ces mystères nous sont donnés pour l’enrichissement de notre amour et la maturité parfaite de nos personnes en communion avec chacune des personnes de la Très Sainte Trinité. Ces mystères nous sont révélés non pas d’abord comme objet de connaissance, mais comme objet d’amour, comme source de communion et de contemplation, comme source de lumière et de vie, comme source de nourriture et de force, afin que tout notre être transformé devienne source de transformation pour la famille, la société et le monde entier.

Si nous sommes devenus enfants de Dieu, saint Jean nous le rappelle, ce n’est pas seulement pour en porter le nom, mais pour être et vivre dans la conséquence qui en découle. Être enfants de Dieu, vivre selon cette noblesse et cette dignité qui nous est conférée en tant que personne baptisée et consacrée. Déjà dans la Genèse nous apprenons que Dieu nous a créés à son image et a sa ressemblance. Mais, malheureusement, cette image et cette ressemblance à Dieu a été « marée », a été souillée par le péché, mais ce que Dieu a créé de façon si admirable dans l’œuvre de sa création, il la restaure de façon si admirable dans l’œuvre de sa création, il la restaure de façon plus admirable dans l’œuvre de sa rédemption. Nous sommes les icônes de la Trinité, car le texte grec en nous parlant d’image et de ressemblance emploi le terme « icône ». Ce n’est pas peu dire! C’est-à-dire que chaque baptisé est un chef-d’œuvre de la Très Sainte Trinité. Chaque baptisé est un original issu de la pensée créatrice de Dieu, conforme à cette pensée amoureuse et, ensuite, actualisée d’une façon visible pour manifester l’invisible même.

Une icône, vous savez comme s’est produit? Les icônes sont œuvres de méditation, de contemplation, par des moines ou des personnes recluses qui prennent des mois, des années, de jeune et de prière afin d’être strictement sous la mouvance de l’Esprit lorsqu’ils produisent ces œuvres saintes. Et plus leur communion avec ce Dieu intime devient transparence, plus, alors, l’icône se fera reflet d’un mystère de foi.

Or, nous ne sommes pas seulement des toiles. Nous ne sommes pas seulement des tableaux. Nous sommes des êtres vivants que Dieu a sculptés et formés à son image et ressemblance dans lequel il a insufflé son souffle de vie et, ensuite, il a communiqué finalement la vie même qui anime la famille des trois. Et la preuve en est que saint Paul confirmant l’enseignement de Jésus, nous dit :l’amour de Dieu, l’agape de la Trinité, a été communiqué en vos cœurs pas l’Esprit saint.

Le baptême vient enrichir votre vie humaine et conférer à votre personnalité un caractère , une dignité, une noblesse qui dépasse tout ce que la nature humaine ou le genre humain peut nous communiquer de plus riche : Icone vivante de la Très Sainte Trinité. Porteur et porteuse d’une réalité surnaturelle, même, comme le dit saint Paul, temple, cathédrale royale de la Très Sainte Trinité. Pourtant, saint Paul enseignait ces grandes vérités a des gens qui étaient fraichement sortis du paganisme. Il n’hésitait pas de leur donner la nourriture substantielle révélée par la foi.

Rien n’est plus beau que cette révélation que Jean, l’évangéliste, nous donne dans son prologue : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu. De tout être, il était la vie. Et la vie était la lumière des hommes et la lumière luit dans les ténèbres. Le Verbe est la lumière véritable de tout homme qui vient en ce monde. Le monde fut par lui, mais le monde ne l’a pas connu. Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. »

Ces pages de saint Jean, l’évangéliste, ont pour but de nous manifester le plan souverain de Dieu, nous donner le pouvoir de devenir fils et filles de Dieu, enfants de Dieu, par et à travers la filiation de l’unique Fils, le Verbe, qui s’est fait chair pour habiter parmi nous. Et s’il est venu parmi nous, c’était d’abord pour prendre sur lui le poids de nos péchés et de nos misères, afin de nous en délivrer. Et c’était ensuite de nous faire entrer de plein pied dans la communion familière avec son Père dans la joie de l’Esprit.

Voyez-vous pourquoi la liturgie commence toujours de la même manière? Nous faisons prendre conscience de la dimension trinitaire de notre condition baptismale « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Que la paix de Jésus-Christ notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion tout intime avec l’Esprit soit partout et toujours avec chacun de vous… »

(La foule répond : « Et avec votre esprit »)

Chaque eucharistie veut donc nous faire entrer en communion d’intimité avec ce Dieu trois fois saints, mais qui est aussi trois fois amour.

Vous êtes-vous déjà arrêtés à réfléchir sur ce simple signe de la croix? Pour la catéchèse des tout-petits nous le faisons attentivement, mais il semble qu’en vieillissant nous avons tendance à oublier la profondeur de sa signification. Lorsque nous touchons le front en nommant le Père, nous voulons signifier que lui, le Père, est la source de cette vie toute d’intelligence et de lumière qui donna naissance au Verbe, sa pensée lumineuse et amoureuse. Et le Père a envoyé son Verbe s’incarner dans le sein de la Vierge Marie. Il est venu habiter parmi nous. Et lorsqu’il est remonté vers le Père, c’était pour nous communiquer l’Esprit saint qui nous ferait passer de la vie du péché a la vie de la grâce, du royaume des ténèbres au royaume de la lumière. Comme c’est simple, mais comme c’est magnifique! Goutons et savourons cette délicatesse de l’Église qui veut précisément en tant que mère et éducatrice, nous permettre de gouter et de savourer la richesse des mystères de la foi. Je le répète : Ces mystères ne sont pas donnés d’abord et avant tout pour accroitre notre connaissance ou notre savoir religieux. C’est d’abord et avant tout pour enrichir notre vie, notre vécu, transformer notre être pour transformer nos relations d’être.

Et nous qui sommes nés en chrétienté, nous qui avons reçu cet héritage par le ministère des martyrs, par le ministère des mystiques, par le ministère des saints nos prédécesseurs, voici que nous en perdons, en quelque sorte, la notion, et même le gout.

Frères et sœurs bien-aimés,

Si le mystère de la Trinité nous a été révélé et si le baptême nous a consacrés selon un mode trinitaire d’être, c’est pour que nous en vivions. C’est ce mystère de la Très Sainte Trinité qui nous confère notre dignité et notre noblesse de personne humaine – participants de la nature divine – et nul ne peut contester ces titres de noblesse. C’est Dieu lui-même, c’est Dieu seul qui peut consacrer l’être humain. C’est Dieu lui-même et c’est Dieu seul qui peut bâtir à sa gloire des hosties de louange. C’est Dieu lui-même et c’est Dieu seul qui peut ériger à la louange de son nom des temples et des cathédrales faites de pierres vivantes. Donc, nous sommes tous cimentés les uns aux autres par l’Esprit saint et l’amour qu’il met en nos cœurs.

Frères et sœurs bien-aimés,

voyons comme ce grand mystère comporte 5 applications pratiques. D’abord, au sein de la Trinité, nous constatons une unité indivisible puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu. C’est donc dire que notre consécration trinitaire nous appelle à l’unité inviolable et indissoluble. Nous sommes faits pour l’unité, car nous sommes issus de l’unité même de la Trinité, scellés que nous sommes du même Esprit qui unifie les Trois, qui unifie l’Église et qui nous unifie dans la réalité du Corps mystique de Jésus.

Nous sommes faits pour l’unité. Ha! Si le monde comprenait cela! Est-ce qu’il y aurait dans les familles : séparations, divorces, ruptures? Est-ce qu’il y aurait dans l’Église de ces passions qui deviennent tantôt des schismes, tantôt des hérésies? Si nous comprenions vraiment notre vocation à l’unité! Est-ce que les Nations se livreraient des guerres fratricides? Si nous comprenions notre appel a l’unité! Est-ce que, véritablement, nous pourrions accepter ces déchirures entre humains qui ne sèment que violence, terreur, mort et ruine?

La première conclusion pratique qui découle du mystère de la Très Sainte Trinité, c’est notre vocation a l’unité. Nous sommes consacrés comme artisans d’unité, bâtisseurs d’unité sur la terre des hommes, au cœur du couple, au cœur de la famille, au cœur de la société, au cœur du monde tout entier.

Deuxième conclusion pratique : Le respect, la dignité et la noblesse inaliénable de la personne humaine. La Trinité sainte, tout en étant une dans sa nature indissoluble et néanmoins trois en personnes distinctes. Le Père n’est pas le Fils puisque c’est le père qui engendre, comme source de vie, un Fils égal à lui-même. Et bien que le Père engendre le Fils, le Fils est égal au Père, coéternel avec le Père, car dans la Trinité, il n’y a pas d’avant et d’après. Il n’y a qu’un présent éternel. Ainsi, le Père en s’exprimant lui-même dans son être, engendre le Verbe qui dit tout ce qu’il est. Mais c’est dans une… (hésitation, il se reprend) …Même un instant c’est trop long.

C’est par le fait même qu’il est le Père, il engendre le Verbe, il se dit pleinement en lui-même, non pas dans une parole, mais dans une personne. Le Père et le Fils étant distincts peuvent se rendre amour pour amour. Et cet amour au lieu d’être un sentiment ne devient personne à son tour. Le Père exprimant son amour au Fils soupire cet amour du même souffle dont le Fils exprime son amour au Père. Et l’Esprit saint n’est autre que le baiser mutuel du Père et du Fils, exhalant l’amour de tout son être.

Ce mystère de la Très Sainte Trinité ne nous aurait jamais été connu si le Père dans son amour n’était venu nous révéler par la personne de son Fils unique, la distinction des personnes. Et pourquoi? Pour que nos personnes à nous soient à la fois sauvées, purifiées, sanctifiées et intégrées finalement dans la famille des trois.

Nous tirons notre dignité et notre noblesse personnelles, non pas de nos souches humaines, non pas de notre stock parental, non pas de nos ancêtres plus ou moins illustrent… Nous tirons notre dignité propre de personnes… de par notre communion a chacune des personnes de la Très Sainte Trinité.

C’est Dieu qui nous a communiqué ce caractère inviolable et inaliénable. Et c’est pourquoi, aux yeux de Dieu, comme aux yeux de l’Église, la personne humaine devient le centre et la raison d’être de cette action salvifique, de cette action sanctificatrice et de cette action libératrice manifestée dans et par l’évangile de Jésus-Christ.

Nous ne pouvons être asservis à rien d’humain. Nous ne pouvons être contestés par rien qui vient de ce monde et c’est pourquoi, surtout le pape Jean-Paul II a la suite de ses prédécesseurs, ne cesse de se faire le défenseur de la dignité de la personne et ne cesse de revendiquer avec force la liberté des droits inaliénables de l’homme.

Et, aujourd’hui, d’une manière plus nécessaire que jamais, face a une société matérialiste et athée, la voix de l’Église se faisant l’écho de la voix du Christ doit faire prendre conscience a l’humanité de cette dignité et de cette noblesse de l’homme en tant que créature de Dieu consacrée par la Trinité, donc jouissant de droits imprescriptibles et inaliénables que même l’État le plus puissant n’a pas le droit d’enfreindre. Or, nous constatons, hélas, que dans les régimes totalitaires, que dans les régimes matérialistes, que dans les régimes athées, l’être humain ne compte pour rien. Il est réduit, simplement, a un élément composite qui sert à faire marcher les rouages socio-économiques. Il n’est plus qu’agent de production économique et il n’a plus de raison d’être que dans la mesure où il fournit de façon positive a l’accroissement du revenu national brut. Voilà la folie à laquelle on arrive quand on nie Dieu, parce que lorsque l’on nie Dieu, on nie l’homme lui-même.

Voilà pourquoi, il importe que durant cette préparation à la fête de la Très Sainte Trinité, nous redécouvrions nos sources, nos titres de noblesse, que nous prenions conscience de notre dignité et de nos droits inaliénables afin que nul ne nous empêchent de vivre dans la liberté de conscience, dans la liberté de religion, dans la liberté de confession publique de notre foi et dans la liberté de (hésitation) l’exercice de nos droits religieux , non pas seulement a l’intérieur de nos temples, mais sur la place publique et partout dans l’univers.

Ce droit nous a été acquis au prix du sang. C'est saint Pierre qui nous le rappelle dans sa première épître: Vous valez plus que l'or et l'argent, dit-il. Vous valez le sang d'un Dieu. Vous avez reçu une semence d'immortalité et vous êtes appelés à la gloire, vous êtes appelés à la communion avec le Père, le Fils et l'Esprit, car le baptême vous a introduit à titre de familiers de la Trinité, cohéritiers du Christ et héritiers de la vie éternelle.

La personne humaine, voilà quel en est le sens, la portée, la valeur. Et Jésus rédempteur de l'homme a restauré à l'homme son vrai sens, sa vraie signification, sa vraie noblesse, sa vraie valeur. Si Jésus, le Verbe fait chair, n'était pas venu nous révéler cette dignité que nous avons de par le plan de Dieu, eh bien, nous serions tous réduits à l'esclavage du péché et à l'esclavage des puissants de ce monde. On peut peut-être emprisonner les corps, mais on ne peut jamais emprisonner les enfants de Dieu, car même dans les chaînes nous conservons cette liberté de professer Jésus-Christ et de confesser à la face du monde que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père.

Troisième conclusion dérivant de ce mystère de la Très-Sainte-Trinité.

La Trinité et la distinction des personnes assurent la richesse et la vie de la Trinité elle-même. La distinction des personnes n'est pas un obstacle à l'unité. C’est la Trinité des personnes qui assure l'unicité de Dieu. Nous avons assez l'impression... souvent l’impression, que parce qu'il y a des personnes différentes de nous qui n'ont pas la même culture, le même tempérament, le même caractère, les pare mêmes éléments de pensée, que ces gens-là sont des menaces. Nous avons même une certaine réserve, pour ne pas dire une certaine méfiance à l'égard de ceux qui ne partagent ni notre race, ni notre religion, ni notre ethnie.

Pourtant, nous sommes tous issus du même Dieu et la diversité des personnes n'est pas un obstacle à l'unité. La diversité des personnes exprime la richesse même de cette unité. Comme la Trinité des personnes en Dieu exprime que cette unité est amour. Comment voulez-vous qu'il y ait amour s'il n'y a qu'une seule personne divine? elle-même, Si cette unique personne tombait en amour avec elle-même, ce serait la déification de l'égoïsme, de l’égocentrisme, du narcissisme… C'est parce qu'il y a distinction et diversité de personnes qu'il peut y avoir amour. Et c’est parce qu'il y a un amour dans la Trinité qu’il peut y avoir unité parfaite. Notre vocation c'est l'amour, notre vocation lest l'unité dans la diversité donc dans le respect de nos différences, dans la prise de conscience que nos diversités ne sont pas des sources de menaces, mais sources d'enrichissement mutuel.

Si les époux comprenaient cela, il y aurait beaucoup moins de querelles conjugales. Le mari veut tellement faire sa femme à son image et à sa ressemblance qu'il essai par tous les moyens de la transformer. Et après 5 ans d'efforts futiles, il est prêt à démissionner. "A veut rien comprendre! Elle a... elle a la tête dure! Est bouchée!" (rire de la foule) Et l'épouse de son côté, espère bien, à force de pouvoir communiquer avec son mari, de le transformer, lui, à son image et à sa ressemblance. après 5 ans, encore un échec épouvantable. Pourquoi cette frustration? Tout simplement parce qu’on n’a pas compris que c'est dans la diversité des personnes que se bâtit... (il manque la fin de la phrase car c'est la fin de la première face de la cassette)

Vous avez 2 enfants, 3 enfants, 5 enfants? Chez nous, nous étions 14 enfants. Bon. Pas 2 pareils. Une chance! (rire de la foule) Mais pendant qu'on élève ses enfants, on aimerait donc qu'ils soient tous copies conformes. Mais, mes amis, ce serait plus l'institution du mariage, ce serait l'instauration d'un régime Zérox! On sortirait tous des copies conformes! 14 carbones du père et de la mère! Ça serait épouvantable!

Dieu dans sa richesse et sa diversité a voulu que chaque personne soit unique. Et dans cette (hésitation) unicité qui est diversité, manifestant ainsi la richesse multiforme de son être. C'est parce qu'il y a diversité qu'il y a harmonie et beauté et chef-d’œuvre. Je ne le répéterai jamais assez, chaque personne est un chef-d’œuvre conçu et créé par la Trinité elle-même. chef-d’œuvre.

Chaque personne avec son tempérament, son caractère, sa personnalité, ses caractéristiques, voire même ses défauts, contribue à faire un tableau encore plus sublime de la création tout entière. Si ce tableau était tout noir ou tout blanc on n’y verrait rien de la beauté des coloris. Mais parce qu'il y a des contrastes entre l'or, le bleu, le rouge, le vert, le sable et parce qu'il y a une diversité de couleurs, il y a chef-d’œuvre. Et quand on regarde les grands chefs-d’œuvre de Rambran... Et quand on regarde les grands chefs-d’œuvre de la Renaissance... Qu'est-ce que l'on constate? Ce sont précisément les zones sombres qui mettent en lumière les zones les plus significatives, la lumière prenait plus de relief. Et ce qui était mis en lumière prenait plus de sens et éclatait davantage à nos yeux. Le Seigneur se sert même de la diversité de nos défauts pour nous enrichir dans la plénitude de notre être humain.

Je vous donne un exemple: Je prends un homme travaillant, très rapide, très primaire, qui, lui, prend des décisions sur le coup. Vous allez voir, il va presque toujours choisir une conjointe qui elle est calme, lente et en quelque sorte pondérée. S’il fallait que les deux soient du vif argent, et bien, ça ne serait pas vivable! S'il fallait que les deux soient primaires, on vivrait sur un volcan. S'il fallait que les deux aient le même caractère, le même tempérament, les mêmes réactions, plains bien les enfants qui naîtraient de ce couple parce qu’ils ne parviendraient jamais à se comprendre. Mais parce qu'il y a un équilibre dans la diversité des personnalités, là on arrive à quelque chose de neuf, une création nouvelle, un nouvel être, une nouvelle manière d'être, une nouvelle manière de voir. Et parfois, les parents se désolent de dire: "Si au moins y était comme son père! Si au moins y était comme sa mère!" Mais la plupart du temps c'est qu'il n'est pleinement ni l'un ni l'autre puisqu'il est issu à part entière de l'un et de l'autre en même temps.

Vous n'avez pas le droit d'exiger qu'il soit comme le père ou comme la mère parce que vous avez contribué tous les deux à son stock héréditaire et, en plus, Dieu dans sa sagesse infinie, lui dont les pensées ne sont pas nos pensées et les voies ne sont pas nos voies, a créé l'âme immortelle de chaque enfant qui est né. Et cela dès le premier instant de sa conception. Et en créant cette âme immortelle, il l'a appelée à une vocation de sainteté, à l'immortalité et à la gloire en traçant dans son être un grand dessein d'amour auquel cet être nouveau sera appelé à correspondre dans et par l'amour tout au cour de sa vie.

C'est pourquoi, il y a parfois un contraste si étonnant entre ce dans que les parents entreprennent et ce que les enfants décident. On voit, par exemple, dans certaines familles plus ou moins croyantes, plus ou moins pratiquantes, émerger une vocation missionnaire. On dit: "D'où est-ce que ça sort ça?" Ça vient de la Très-Sainte-Trinité, car la vocation ne vient pas des hommes, elle vient de Dieu.

Bien sûr que la vocation a plus de chances de s'épanouir dans un climat favorable à la grâce. Mais Dieu est plus grand que nature humaine et il peut appeler, il peut former, il peut destiner quelqu’un aux antipodes de ses propres parents. Un bel exemple contemporain, le cas du grand athée Frossard, fils d'un père communiste, issu d'une famille athée, qui en un instant devant le St-Sacrement reçoit la grâce de la foi, la connaissance complète de la bible et devient un apôtre du Dieu vivant. Voilà le mystère de Dieu!

Vous voyez donc que c'est quelque chose de pratique. Dieu n'est pas un être que l'on devine et que l'on peut anticiper par nos raisonnements humains. Dieu est Dieu! Au-dessus de nous! Et parce qu'il est au-dessus de nous, il a des plans d'amour qui nous dépassent tous. Il nous appelle à une vocation tout autre et c'est pourquoi dans son plan d'amour, il nous invite à marcher sans cesse vers la sainteté. Dans la diversité des missions, la diversité des ministères, dans la diversité des fonctions, car c'est par cette richesse diversifiée qu'il manifeste et contribue l'unité de toute l'Église.

4e conclusion pratique: Nous sommes faits pour la communauté. L'être humain n'est pas fait pour vivre isolément sur une île ou SOUS une cloche de verre. Nous sommes faits pour vivre communautairement, nous sommes faits pour le partage. Nous sommes faits pour la communion. Nous sommes faits pour la compréhension. Nous sommes faits pour vivre les uns avec les autres à la fois dans des rapports de nécessité, dans des rapports complémentarité, dans des rapports de suppléance. Dieu nous a créé pour la communauté: communauté conjugale, communauté familiale, communauté paroissiale, communauté religieuses, communauté ecclésiale, communauté universelle... Nous sommes faits pour vivre en commun.

Vous voyez combien ça devient contradictoire et contresigne que de vivre comme un ours tout seul dans sa chambre, de vivre coupé des autres essayant de se suffire à soi-même, essayant de vivre dans un climat d'indépendance et d'indifférence en disant: "Les autres ça les regarde, c'est leur problème. Moi, je suis moi! Il n'y a que moi qui compte. " Avant moi le déluge. Après moi, l’holocauste ».

Nous sommes issus de la Trinité, donc nous sommes faits pour la communion. Nous sommes faits pour la Communauté d'agape! Et c'est l'amour qui rend possible la communauté. Lorsqu'il n'y a pas d'amour, qu'est-ce qui arrive? Ce qui était communauté devient séparation, rupture. Le couple qui n'est plus capable de s’aimer, n'est plus capable de s'endurer, et quand on est plus capable de s'endurer, on s'aliène, et chacun dans son aliénation devient de plus en plus égoïste, exigeant et, finalement, intransigeant.

C'est l'amour qui rend possible la communauté. C'est l'amour qui rend possible la réconciliation. C'est l'amour qui rend possible le pardon. Nous sommes donc faits pour vivre d'Agape d'une façon communautaire. Donc, nous avons reçu en même temps que la puissance de devenir enfants de Dieu, nous avons reçu la puissance de pouvoir aimer, comprendre, pardonner et réconcilier. Que nul ne dise "Moi, je ne peux pas pardonner, ce n'est pas dans mon tempérament, ce n'est pas dans mon caractère. C'est ben d'valeur, moi je ne pardonne pas! Chu pas fait d'même. Pas vrai! »

Vous êtes issus de la Trinité, vous avez été pétris dans l'amour même de Dieu, vous avez donc le potentiel nécessaire pour pardonner par amour, au nom de Jésus, dans la puissance du Saint-Esprit.

Vous avez la capacité d'accueillir l'autre même dans ses bêtises et ses erreurs, car vous êtes issus de ce Dieu de miséricorde qui nous a aimés tel que nous sommes, tous pécheurs que nous étions, avant que nous ne soyons sauvés. Nous avons reçu de Dieu des entrailles de miséricorde parce que nous avons reçu de Dieu et la foi et l'espérance et l'amour et que nous avons reçu de Dieu les vertus de justice, de force, de tempérance et de piété. Nous les avons reçus de Dieu au baptême. Mais qu'avons-nous fait de ces magnifiques cadeaux dont la Trinité nous a comblés dès le jour de notre baptême?

Les avons-nous mis dans le placard en disant: "Seigneur, c'est bien beau tout cela, mais j'trouve pas ça pratique!" ou bien si vous vous êtes empressés à déballer les cadeaux pour voir et apprécier les dons de Dieu et les mettre en application, les utilisant jour après jour.

Un exemple: Lorsque des jeunes couples se marient, ils reçoivent toutes sortes de cadeaux bigarrés à l'occasion de leurs noces: 3 théières, 4 cafetières, une demi-douzaine d'articles identiques, et finalement, ils s'aperçoivent que bien de ces cadeaux-là sont des cadeaux conventionnels. Et, finalement, surtout quand ils connaissent tante Toutine ou oncle Tonton, ben y prennent même pas la peine de déballer les cadeaux parce qu'ils savent que c'est probablement une vieillerie sortie du grenier pour rappeler les ancêtres d'autrefois. Alors, on les laisse emballer pis on les met dans le recoin le plus secret. On n’a pas l'intention de s'en servir.

Mais quand Dieu nous donne des cadeaux, ce n’est jamais des C'est du neuf! Et ces cadeaux, même s'ils portent le même nom, ne se reproduisent jamais de la même manière en deux personnes distinctes. Dieu adapte et personnalise les cadeaux qu’il nous fait. C'est pourquoi, il y a beaucoup de chrétiens qui ne sont pas déballés! Y sont encore empaillés, "empactés". Y sont encore enveloppés pis même y portent la boucle sur le front (rire de la foule). Y sont jamais sortis de leur placard depuis le jour de leur baptême. On accuse parfois les charismatiques d'être des emballés. Moi, je trouve que ce sont des déballés parce qui ont au moins déballé les charismes que le Seigneur leur a donnés en cadeau. Avez-vous déballé vos cadeaux? Les avez-vous évalués? Les avez-vous utilisés? Qu'avez-vous fait des vôtres? Pour votre croissance, votre plus être et pour permettre, surtout, cette vie communautaire issue de la communion même de la famille des Trois. Nous sommes faits pour la communauté! Nous sommes faits pour la vie en communauté! Nous sommes faits pour former des communautés de vie, de lumière, d'amour, de justice et de paix. C'est ça la conclusion pratique des origines trinitaires qui sont nôtres par le baptême N'est-ce pas enthousiasmant? N'est-ce pas enrichissant que de découvrir tous ces mystères qui nous sont révélés dans la fête des pères, la fête de la Très-Sainte-Trinite

Une 5e conclusion qui dérive de ce grand mystère, c'est que tout dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit est communion à une même volonté d'être et d'agir. Pourquoi? Parce que tout est scellé par le sceau de l'Esprit saint. Le Fils fait toujours la volonté de son Père, mue qu'il est par le Saint-Esprit. Et c'est pourquoi, il ne peut jamais y avoir de discorde au sein de la Très Sainte Trinité, car ils sont d'un seul cœur et d'une seule âme en voulant tous la même chose: la volonté du Père.

Jésus disait: "Ma nourriture, c'est de faire la volonté de mon Père. Je ne fais rien que le Père ne me dise de faire" et Jésus se laissait conduire par l'Esprit saint dans l'exécution jour après jour de cette volonté du Père même quand cette volonté a été aussi douloureuse que dans la nuit de Gethsemani et l'après-midi du Golgotha: "Père, si c'est possible que ce calice s'éloigne de moi, mais toutefois non pas ma volonté, mais la tienne."

Cette volonté amoureuse du Père, si elle a voulu d'une part le sacrifice du Fils unique, c'était en vue de la résurrection ou la victoire du Fils sur le monde, la mort et le péché seraient communiqués à toute l'humanité. Si donc la croix a été voulue par le Père pour le Fils, c'est afin que cette croix soit source de vie, de lumière et de libération. Ainsi, tout est accompli dans la Trinité au rythme de la volonté du Père.

Toutes les fois que nous cherchons notre volonté propre. Toutes les fois qu nous cherchons à imposer aux autres les desseins de notre propre vouloir humain, nous exerçons une tyrannie qui est une atteinte à la dignité de l’autre et nous imposons un modèle qui n'est pas nécessairement parfait quoiqu'on en pense.

Habituellement, l'homme, le père de famille, s'imagine que la solution à laquelle il est arrivée, c'est la plus parfaite qui soit sur la terre des hommes. Et sa femme lui dit: "Eh bien, y a peut-être d'autres choses!" "Comment? Tu ne connais rien là-dedans! Fais ce que j'te dis!"

Ce n’est pas toujours aussi parfait. La volonté humaine est pleine d'errance. La volonté humaine est souverainement faillible, souverainement vulnérable, souverainement fragile!

C'est pourquoi, lorsque nous cherchons d'un seul cœur et d'une seule âme dans la communauté d'Agape la seule volonté du Père sous la mouvance de l'Esprit, là il en résulte de l'ordre, de 'harmonie, de la beauté, de la joie, du bonheur et de la vie en abondance. Partout où on se met en désaccord avec la volonté du Père c'est la confrontation, la frustration, la revendication et assez souvent le désastre de la rupture. Nous sommes faits pour communier à la volonté du Père et cette volonté du Père nous veut un bien souverain. Dieu veut par-dessus tout notre bonheur. Dieu veut notre joie et une joie que nul ne peut nous ravir. Dieu veut, pour nous, notre sanctification. Dieu veut pour nous, le bonheur éternel en communion de vision et d'amour au sein même de la Trinité. Nous sommes faits pour la gloire!

Et la volonté du Père qui nous a destiné à l'immortalité, nous a tissé d'une façon si parfaite que même notre corps mortel sera transformé en un corps glorieux. Lorsqu'à l'heure de la résurrection notre âme et notre corps se fusionneront à nouveau dans la création nouvelle. Mais il faudra au préalable que nous puissions dire au Père: Ta volonté a été faite en tout! Celui-là qui fait la volonté de mon Père, c'est celui-là que mon père aimera. Mais celui qui ne fait pas la volonté de son Père ne peut pas entrer dans l'amour du Père. Et, c'est lui, finalement, qui est exclu de la famille du Père parce qu'il a choisi sa volonté plutôt que celle de son Dieu plein d'amour. Il a en lui-même recherché sa propre finalité. Il est devenu sa propre fin et il se condamne donc à sa propre misère. C'est pourquoi, il est vital que nous apprenions à nous dépouiller de notre volonté propre. Même être prêt à mourir à notre égoïsme, à notre amour propre et à tous ces aspects négatifs de notre personnalité pour atteindre à cette liberté complète où notre être communiant à l'être de Dieu, devient un seul vouloir avec le Père. Alors, le Père peut dire en nous regardant chacun: Voilà mon enfant bien-aimé en qui j'ai mis toutes mes complaisances.

Et c'est lorsque nous avons accompli la volonté du père jusqu'au point de devenir conforme au Fils qu'il nous ouvre tout grand les bras pour nous accueillir dans sa demeure : "Entre, enfant bien-aimé, dans la joie que je t'ai préparée de toute éternité."

Regardez ce que Jésus nous dit avant de retourner vers le père. Il dit: Je suis sorti du Père et je retourne vers le Père, car là où je suis, je veux que vous soyez vous aussi Pourquoi? Pour vous préparer une place avec moi auprès de lui, car la ou je suis, je veux que vous soyez vous aussi.

Et il prend la peine de nous dire : "Il y a plusieurs places, plusieurs demeures dans la maison de mon Père. C'est pourquoi, la volonté du Père est tellement variée d'une personne à l'autre, car il y a place pour tous les projets du Père, afin que soit manifesté la grâce multiforme issue de sa pensée créatrice et de son cœur miséricordieux. Nous sommes faits pour entrer éternellement dans cette maison du Père, accueillis à bras ouverts par le Père lui-même parce que nous sommes faits pour être en communion avec la volonté du Père, et la volonté du Père c’est que nous soyons là où est le Fils, c'est-à-dire à sa droite dans la gloire.

Frères et sœurs bien-aimés,

Vous voyez, alors, que le mystère de la Très Sainte Trinité ce n'est pas une élucubration intellectuelle pour grands savants seulement. On s'imagine parfois que le mystère de la Très Sainte Trinité est tellement obscure et tellement nébuleux et tellement éthéré qu'il n'y a que les grosses têtes et les intellects pointus qui peuvent arriver à y connaitre et à y comprendre quelque chose.

Dieu a révélé son mystère trinitaire à tout homme qui croit en son Fils bien-aimé. C'est un bien de famille! C'est un trésor qui nous est communiqué pour que nous en jouissions pleinement. Dieu a voulu rendre son mystère accessible en employant des termes avec lesquelles nous sommes familiers : Le terme de Père, le terme de Fils et le terme d'Esprit. Le terme de Père. Car il ne peut pas exister, même sur le plan humain, une famille quelconque qui ne connaisse une source de fécondité paternelle, qui ne connaisse une filiation quelconque et sans qu'il existe un esprit de famille qui unit les membres entre eux.

Dieu a voulu prendre des mots simples pour nous faire connaître le plus sublime des mystères. Non pas pour que nous connaissions davantage, mais pour que nous aimions plus et mieux. Et que cet amour ayant réussi à nous transformer, parvienne à transformer nos vies humaines sur le plan conjugal, familial, paroissial, ecclésial et universel.

Voilà les 5 conclusions pratiques qui découlent du grand mystère de la Très Sainte Trinité. Et tout cela est contenu en germe dans le baptême.

Demain, nous verrons ensemble ce qui résulte de la consécration chrismale, c'est-à-dire du sacrement de la confirmation. Vous allez voir que les conclusions sont éblouissantes, engageantes, enthousiasmantes. faits pour la vie. Dieu nous a faits pour l'amour. Dieu nous a faits pour la vie. Dieu nous a faits pour le plus être. Il nous a fait pour le dépassement jusque dans la communion éternelle du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen! Alléluia!

(La foule répond: Amen. Alléluia.)

(Conférence donnée le 8 juin 1981 a la maison des Trinitaires, à Granby, a l’occasion de la retraite de la fête de la Trinité)