Il y a 80 ans aujourd’hui
Le bon père Frédéric rendait l’âme
Même très malade, le père Frédéric était présent au traditionnel pèlerinage en train qui conduisait les pèlerins de Montréal a Ste-Anne-de-Beaupré en ce beau 10 juin 1916. Il avait fait le voyage depuis Trois-Rivières pour venir les rejoindre.
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Benoit Voyer
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A bord du train il eut un grand malaise qui aurait pu l'emporter si Eugène Virolle, un médecin, avait été absent du périple.
Suite à l'incident, le religieux de 78 ans commençait à dire aux gens: "C'est mon dernier pèlerinage avec vous. Je me sens mourir. Je n'en puis plus."
Cancer
De retour à Montréal, il se présenta au cabinet du docteur Virolle pour un examen médical complet. L'omnipraticien découvrit chez le septuagénaire un néoplasme de l'estomac, une forme de cancer. Le médecin ne tarda point d'aviser le supérieur des Franciscains qu'il était impossible de sauver le bon Frédéric.
Le père Janssoone se rendit en toute hâte à Trois-Rivières - le temps d'une journée pour régler des affaires urgentes. Ce 15 juin 1916 fut la dernière fois qu'il mit les pieds dans sa cité d'adoption avant de rendre l'âme. Il en était conscient. Le lendemain, il revenait à Montréal pour débuter ses traitements intensifs à l'infirmerie du couvent St-Joseph.
"Ne demandez pas ma guérison. Laissez faire le bon Dieu", disait-il aux individus qui venaient lui souhaiter un prompt rétablissement. Enfin, arrivait ce jour de la grande rencontre avec Dieu qu'il désirait tant.
Son ami le frère André Bessette de L'Oratoire St-Joseph vint le réconforter. L'archevêque de Montréal, Mgr Paul Bruchési, le fit également à deux reprises. Son plus grand soulagement fut à l'arrivée d'un confrère, le père Augustin, qui venait l'accompagner de la vie à trépas. Ce 12 juillet fut mémorable.
"Que le bon Dieu vous récompense de la peine que vous vous êtes donnée pour venir consoler un vieillard expirant qui désirait ardemment vous voir avant de fermer les yeux à la lumière", lui lançait du fond de son être Frédéric Janssoone.
Départ pour le ciel
Le 4 août 1916 à 4h, le malade eut une sérieuse crise. Tous croyaient que c'était la fin. Cependant, il fallut attendre jusqu'à 16h pour que celle-ci arrive. Le Provincial administrait les derniers sacrements et le mourant répondait aux prières. Dès qu'il commençait à sombrer, le père Augustin s'approchait de son compagnon et, pour répondre à une demande faite quelques jours plus tôt par Frédéric, disait doucement sans s'arrêter à l'oreille du défunt: "Veni, domine Jesu..." (Viens, Seigneur Jésus). Et Frédéric embarquait dans ce mouvement et, bien paisiblement, rendait l'âme... Il était 16h55.
(L’Hebdo journal, 4 aout 1996, p.5)