Un devoir de mémoire tellement important en ces années de cynisme politique


Un devoir de mémoire tellement important en ces années de cynisme politique

Par Benoit Voyer

20 juin 2025

Depuis l’an dernier, d’un mois à l’autre, je visite les lieux de sépultures des premiers ministres du Québec et du Canada.

Au moment d’écrire ces lignes, j’achève ma tournée de tous ceux qui ont dirigé le Québec depuis 1867. Il y en eu 32, incluant l’actuel premier ministre François Legault. De ce nombre, sept sont toujours en vie. Sur les 22 qui ne sont plus de ce monde, il ne me reste que trois d’entre eux a visiter, soit les lieux d’inhumations du libéral Lomer Gouin qui est Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal; le conservateur John Jones Ross qui est dans la crypte de l’église catholique de Sainte-Anne-de-la Pérade; et, le conservateur Charles Eugène Boucher de Boucherville qui est dans la crypte de l’église catholique Sainte-Famille, à Boucherville.

Ma liste des visites des lieux où reposent les premiers ministres du Canada depuis la Confédération ne fait que commencer. Il y en eu 24 jusqu’à maintenant, dont sept (incluant le premier ministre Mark Carney) sont toujours en vie. Jusqu’à maintenant j’en ai visité trois sur les 17 qui ont trépassé : le libéral Louis Saint-Laurent qui repose dans le Cimetière Saint-Thomas-d’Aquin, à Compton; le libéral Pierre Elliot-Trudeau qui est dans le cimetière de Saint-Rémi de Napierville; et, le progressiste-conservateur Brian Mulroney au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal.

Visiter ces lieux permet un exercice de mémoire. A chaque fois, si je le connais peu, je relis le résumé de l’existence de ce que chacun a été. Pour les autres, depuis Jean Lesage et Pierre Elliot-Trudeau, il me suffit d’entrer dans mes neurones cervicales pour me souvenir d’eux. Même si je n’ai pas aimé les orientations politiques de plusieurs, ils demeurent tout de même des compatriotes qui ont dirigé notre destin démocratique et celui de ceux qui nous ont précédés. Ils ont permis au Canada de devenir une des plus grandes nations du monde. C’était d’ailleurs ce que souhaitait réaliser le premier ministre Wilfrid Laurier : « Ici [au Canada], je veux que le marbre demeure marbre, que le granit demeure granit, que le chêne demeure chêne, et avec tous ces éléments, je bâtirai une nation, grande parmi les nations du monde. »

Nous sommes chanceux d’habiter ce grand pays qui nous permet d’être ce que nous sommes sans contrainte. Je pourrais faire miens les propos du premier ministre John Diefenbaker. Le 25 avril 1958, dans un discours prononcé devant le Congrès du travail du Canada, il disait : « Je suis Canadien, un Canadien libre, libre de m’exprimer sans crainte, libre de servir Dieu comme je l’entends, libre d’appuyer les idées qui me semblent justes, libre de m’opposer à ce qui me semble injuste, libre de choisir les dirigeants de mon pays. Ce patrimoine de liberté, je m’engage à le sauvegarder pour moi-même et pour toute l’humanité. »

Au fil des prochains mois et possiblement deux ou trois ans, je poursuivrai mes visites de ces lieux méconnus et de plusieurs de ces leaders que nous avons souvent oubliés, mais dont le devoir de mémoire s’avère tellement important en ces années de cynisme politique.