“Je prie et Jésus guérit…”

Il était une fois dans les médias...



Ce n’est pas tous les jours qu’un missionnaire canadien en République dominicaine célèbre la messe et prie à la cour royale. Le père Émilien Tardif, un des leaders mondiaux du renouveau charismatique, a eu cette chance auprès de l’ex-roi Beaudoin 1er de Belgique. Ce religieux est reconnu internationalement pour son ministère de guérison.

Par Benoit Voyer (1995)

Il est 21h30. A l’extérieur, c’est l’orage. L’entretien qui a été difficile à obtenir auprès du célèbre prêtre catholique débute. Une panne électriquesurvient. C’est la pénombre, l’obscurité presque totale. La conversation se poursuit malgré les ténèbres du monde...

“Un journaliste me demandait un jour: Combien de malades avez-vous guéris dans votre ministère? J’ai répondu aucun! Moi, je prie et Jésus guérit” raconte ce religieux membre de la communauté des Missionnaires du Sacré-Cœur.

Selon lui, la guérison est un don gratuit que Dieu donne à plusieurs personnes. Pourtant, Jésus n’est-il pas mort, il y a 2000 ans? Il poursuit: “Il agit par beaucoup de signes. Le 20 novembre dernier, a 17 heures, nous avions une eucharistie pour les malades au Paraguay. C’était dans un stade. Il y avait 17 000 personnes. Pendant la messe, au moment de la distribution de la communion, un ministre de l’Eucharistie passe à côté d’une personnes aveugle depuis 25 ans. L’homme de 58 ans ressent une grande chaleur dans les yeux. Au bout de quelques minutes, il voyait clair. Il était guéri!”

Mais soyons sérieux: est-ce que les médecins ont confirmé cette guérison? “Il n’y a pas de confirmation à y avoir! Il était complètement aveugle et là il est capable d’aller n’importe où. Ce n’était pas psychologique!” argumente-t-il.

Il semble qu’Émilien Tardif ait rencontré beaucoup de signes de cette présence vivante de Jésus dans l’Église contemporaine. “J’ai le témoignage, poursuit le prêtre sexagénaire, d’’une jeune prostituée de République dominicaine qui souffrait du Sida. Elle devait avoir 21 ans. Pendant une retraite pour les jeunes filles, au moment de la prière pour les malades, elle a commencé à sentir sa guérison. Les médecins qui soignaient sa maladie n’avaient plus d’espoir. Il y a maintenant plus de 2 ans qu’elle n’a plus de traces du HIV.”

N’est-ce pas là la réalisation de la parole de l’évangile qui dit: “Voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru. En mon nom, ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris...”?

Il y a quelques années, il a fait lui-même l’expérience de la guérison. Il souffrait de tuberculose pulmonaire. Il admet que s’il était resté à l’hôpital pendant un an ou deux, il aurait pu être guéri avec une bonne médication.
Le Seigneur m’a guéri par la prière de 5 laïcs qui sont venus prier pour moi, témoigne-t-il. Au bout de 4 jours, je respirais bien, je recommençais à manger avec appétit. Les médecins ont dû me laisser sortir sans même m’avoir soigné. Le Seigneur m’avait lui-même guéri!”

Il ne parle pas de miracle mais bien de guérison. Pour parler de cause miraculeuse, l’Église stipule qu’il faut vraiment que l’état actuel de la science ne puisse rien faire de concret. C'est le cas pour le sida. D’ailleurs, dans sa prédication, il n’insiste pas sur le mot miracle.

“Je parle de signes parce que je n’ai pas le temps de commencer à étudier chaque guérison. Le Seigneur ne veut pas prouver qu’il peut le faire...”
Le père Émilien Tardif est-il un peu marginal? Il se demande qui l’est vraiment: lui ou les autres prêtres? “Moi, je vis l’évangile... Je me demande ce qu’ils vivent eux?”

Mais il revient sur le même argument: l'évangile dit de prier pour les malades. Il est assuré que plusieurs hommes d’Église ne suivent pas cette pastorale proposée par Jésus.

Sensiblerie? Recherche du merveilleux? Il se défend: “Mais notre Dieu est un Dieu merveilleux? les théologiens voudraient en faire un Dieu plate et ennuyeux. Ceux qui prétendent qu’on ne doit pas chercher le merveilleux sont en train d’éteindre la foi.”

Tiré de : Revue Notre-Dame du Cap, Janvier- février 1995, p. 23, Copie conservée à la Bibliothèque du Séminaire de Saint-Hyacinthe