En ce 31 mars 2025


Ma relecture de vie (3)

Par Benoit Voyer

31 mars 2025

Mon récit de vie est teinté de ma réalité chrétienne. J’aime ce que le pape François disait, le 3 août 2023 : « Vous n'êtes pas ici par hasard. Le Seigneur vous a appelés, non seulement en ces jours, mais dès le début de votre vie. Il nous a tous appelés depuis le début de notre vie. Oui, il vous a appelé par votre nom. […]  Essayez d'imaginer ces trois mots écrits en grosses lettres ; ensuite pensez qu'ils sont écrits en vous, dans vos cœurs, comme pour former le titre de votre vie, le sens de ce que vous êtes. […]  Aucun d'entre nous n'est chrétien par hasard : nous avons tous été appelés par notre nom. Au début de la trame de la vie, avant les talents que nous avons, avant les ombres et les blessures que nous portons en nous, nous avons été appelés. Nous avons été appelés, pourquoi ? Parce que nous sommes aimés. Nous avons été appelés, parce que nous sommes aimés. Que c’est beau ! Aux yeux de Dieu, nous sommes des enfants précieux qu'Il appelle chaque jour pour les étreindre et les encourager ; pour faire de chacun un chef-d'œuvre unique et original ; chacun d'entre nous est unique, il est original, et la beauté de tout cela, nous ne pouvons pas l’entrevoir. […]

Si Dieu t'appelle par ton nom, cela signifie que, pour Dieu, aucun d'entre nous n'est un numéro, mais un visage, une figure, un cœur. Je voudrais que chacun d’entre vous remarque une chose : beaucoup aujourd'hui connaissent ton nom, mais ne t'appellent pas par ton nom. Ton nom est connu, il apparaît sur les réseaux sociaux, il est traité par des algorithmes qui lui associent des goûts et des préférences. Mais tout cela n’implique pas ton unicité, seulement ton utilité pour les études de marché. Combien de loups se cachent derrière des sourires de fausse bonté qui disent savoir qui tu es mais ne t’aiment pas, insinuent qu'ils croient en toi et te promettent que tu deviendras quelqu'un, pour ensuite te laisser seul quand tu ne les intéresses plus. Ce sont les illusions du virtuel, et nous devons veiller à ne pas nous laisser tromper car aujourd’hui beaucoup de réalités qui nous attirent et nous promettent le bonheur se révèlent ensuite pour ce qu'elles sont : des choses vaines, des bulles de savon, des choses superflues, des choses inutiles et qui nous laissent vides intérieurement. Je vais vous dire une chose : Jésus n’est pas ainsi, il n’est pas ainsi ! Il a confiance en chacun de vous, en chacun de nous parce que, pour Jésus, chacun de nous est important, chacun de vous est important. C’est cela Jésus. […]

Ne vous lassez jamais de poser des questions ! c'est bien, c'est même souvent mieux que de donner des réponses, parce que celui qui pose des questions reste "inquiet", et l'inquiétude est le meilleur remède contre l'habitude, contre cette normalité plate qui anesthésie l'âme. Chacun de nous porte en lui ses propres inquiétudes. Portons ces inquiétudes et portons-les dans le dialogue »

Ma conviction : Je suis aimé
J’ai une conviction : J’ai été et je suis aimé. D’abord par mes parents, mais j’ai appris à découvrir à quel point Dieu m’aime depuis toujours.

Le 3 août 2023, a l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse, le pape François disait : « Vous n'êtes pas ici par hasard. Le Seigneur vous a appelés, non seulement en ces jours, mais dès le début de votre vie. Il nous a tous appelés depuis le début de notre vie. Oui, il vous a appelé par votre nom […]

Essayez d'imaginer ces trois mots écrits en grosses lettres ; ensuite pensez qu'ils sont écrits en vous, dans vos cœurs, comme pour former le titre de votre vie, le sens de ce que vous êtes […]

Aucun d'entre nous n'est chrétien par hasard : nous avons tous été appelés par notre nom. Au début de la trame de la vie, avant les talents que nous avons, avant les ombres et les blessures que nous portons en nous, nous avons été appelés. Nous avons été appelés, pourquoi ? Parce que nous sommes aimés. Nous avons été appelés, parce que nous sommes aimés. Que c’est beau ! Aux yeux de Dieu, nous sommes des enfants précieux qu'Il appelle chaque jour pour les étreindre et les encourager ; pour faire de chacun un chef-d'œuvre unique et original ; chacun d'entre nous est unique, il est original, et la beauté de tout cela, nous ne pouvons pas l’entrevoir. […]

Si Dieu t'appelle par ton nom, cela signifie que, pour Dieu, aucun d'entre nous n'est un numéro, mais un visage, une figure, un cœur. Je voudrais que chacun d’entre vous remarque une chose : beaucoup aujourd'hui connaissent ton nom, mais ne t'appellent pas par ton nom. Ton nom est connu, il apparaît sur les réseaux sociaux, il est traité par des algorithmes qui lui associent des goûts et des préférences. Mais tout cela n’implique pas ton unicité, seulement ton utilité pour les études de marché. Combien de loups se cachent derrière des sourires de fausse bonté qui disent savoir qui tu es mais ne t’aiment pas, insinuent qu'ils croient en toi et te promettent que tu deviendras quelqu'un, pour ensuite te laisser seul quand tu ne les intéresses plus. Ce sont les illusions du virtuel, et nous devons veiller à ne pas nous laisser tromper car aujourd’hui beaucoup de réalités qui nous attirent et nous promettent le bonheur se révèlent ensuite pour ce qu'elles sont : des choses vaines, des bulles de savon, des choses superflues, des choses inutiles et qui nous laissent vides intérieurement. Je vais vous dire une chose : Jésus n’est pas ainsi, il n’est pas ainsi ! Il a confiance en chacun de vous, en chacun de nous parce que, pour Jésus, chacun de nous est important, chacun de vous est important. C’est cela Jésus. »

Ordinaire
J’ai mené une vie bien ordinaire. Dieu (ou la Vie), dans sa grande bonté, a tout disposé pour qu’il en soit ainsi. Et j’apprécie cela…

Un jour, lorsqu’on célébrera mon entrée dans la gloire des bienheureux du ciel, au repos final des vivants, je suggère aux quelques personnes qui ne m’auront pas oublié de relire sans précipitation la belle poésie d’Anita Gagnon. Elle résume en peu de mots l’essentiel de mon bref parcours sur cette terre :

Il était beau, mon arbre,
mais je ne savais pas;
Il était vert, mon arbre,
mais je ne voyais pas;
Il était grand, mon arbre,
mais je ne l’aimais pas.

Il a fallu que l’hiver
parvienne jusqu’à mon seuil,
pour découvrir qu’hier,
sans que j’en porte le deuil’
il me manquait son ombrage.

Les vents ont passé :
une à une se sont envolées
dans la brume ses feuilles mouillées.
Et ses branches frissonnent
en silence l’automne.

Qu’importent les intempéries,
Qu’importent le vent et le gris,
ses racines profondes
ont raison de la nuit
et la sève féconde lui conserve la vie.

Dépouillé de ses feuilles mortes,
transplanté au temps des moissons,
il revit et sa tête monte
et reluit un nouvel horizon.

Dans mon cœur, étonnant de jeunesse.
De fraicheur, débordant de tendresse,
il grandit à chaque saison,
il fleurit pour une autre moisson,
mon arbre.

En ce 30 mars 2025


Ma relecture de vie (2)

Par Benoit Voyer

30 mars 2025

Il y a quelques années que je pense écrire sur ma vie, mais à chaque fois je remets cela a plus tard. Pourquoi avoir tant tardé? Pour une tonne de raisons. Il y en a toujours une bonne pour procrastiner quand la peur nous paralyse. Ainsi donc, la vraie cause est ma peur d’aller dans des coins plus difficiles de ma vie et d’en revivre certaines émotions.

En mai 2023, je me suis dit : Bon! Ça suffit le niaisage! A 56 ans, c’est le temps ou jamais de commencer cette longue réflexion sur moi-même afin de trouver des voies de passage à certaines impasses que je vis en moi, de faire certains deuils et surtout de clore des chapitres de mon existence, quelques-uns heureux, d’autres un peu ou pas mal moins. Au fil des ans, la poussière du passé est retombée, mais elle est encore bien présente dans certains racoins parce que l’humain a l’art de dissimuler la poussière sous le tapis.

Et, je ne me cache pas, ce travail rédactionnel et la recherche que je dois faire pour produire un texte qui me satisfasse, sert à mieux me comprendre, parce que, comme l’écrit Florence K dans un de ses livres, « comprendre, c’est prendre le contrôle. En s’expliquant les choses, on peut les maitriser ». Il me permet aussi de mieux assumer qui je suis réellement.

La finalité de ma relecture de vie
La totalité de mon travail de relecture de vie, n’a pas pour but d’être publié. En revanche, dans le processus de rédaction, j’en publie quelques bribes, notamment à travers mon blogue.

Puisqu’il s’agit d’un style autobiographique, je fais tout pour demeurer le plus objectif possible, tout comme le ferait un biographe, et de documenter certains passages. En revanche, cela m’est totalement impossible parce que ma vie n’est pas terminée et l’objectivité est parfois difficile à atteindre. Qui peut prétendre se connaître soi-même, totalement?

Et puis, comme l’écrivait le biographe Andrès Vazquez de Prada dans l’introduction de sa biographie de saint Josémaria Escriva : « Au sens strict du terme, une biographie est le récit d’une vie singulière; en tant que genre scientifique, elle s’inscrit pleinement dans le cadre de l’histoire. Mais une vie ne se conçoit pas isolément, tel un ilot perdu au milieu de l’océan; le milieu propre de son développement est communautaire. L’individu est rattaché à un lieu, il s’inspire d’une culture déterminée et possède une patrie. En outre, a quelque époque qu’il vive, et quel que soit le pays, il sera marqué dans son existence par les événements qui se produiront, de sorte que l’approche biographique devra dépasser ce qui aura trait uniquement à la personne concernée. Le chercheur, et en dernier lieu le lecteur, doivent tenir compte de beaucoup d’autres éléments, à la fois culturels et sociaux, afin de préciser les faits et d’établir la vérité historique sur des bases solides. »

Ma vie est un long pèlerinage
Je me suis toujours senti en cette vie comme un pèlerin. D’ailleurs, j’aime ce que disait le pape François : « « pèlerins ». C’est un beau mot dont la signification mérite d’être méditée. Il signifie littéralement laisser de côté la routine habituelle et se mettre en chemin avec une intention, en se déplaçant « à travers les champs » ou « au-delà de ses frontières », c’est-à-dire hors de sa zone de confort, vers un horizon de sens. Dans le mot "pèlerin", nous voyons se refléter la condition humaine, parce que chacun est appelé à se confronter à de grandes questions qui n’ont pas de réponse, une réponse simpliste ou immédiate, mais qui invitent à accomplir un voyage, à se dépasser, à aller plus loin. C’est un processus qu’un universitaire comprend bien, car la science naît ainsi. Et ainsi grandit également la recherche spirituelle. Être pèlerin, c’est marcher vers un but ou chercher un but. Il y a toujours le danger de marcher dans un labyrinthe, où il n’y a pas d’objectif. Et même pas de sortie. Méfions-nous des formules préfabriquées – ce sont des labyrinthes – méfions-nous des réponses qui semblent à portée de main, tirées de la manche comme des cartes à jouer truquées ; méfions-nous de ces propositions qui semblent tout donner sans rien demander. Méfions-nous! Cette méfiance est une arme pour pouvoir avancer et ne pas continuer à tourner en rond. » […] « L’imperfection caractérise notre condition de chercheurs et de pèlerins »

Devant Dieu

En ce 29 mars 2025


Ma relecture de vie (1)

Par Benoit Voyer
29 mars 2025

Au départ, le plan de rédaction de ma relecture de vie prévoyait un grand chapitre sur ma préhistoire. Je voulais partir de mes lointains ancêtres européens et remonter le fil du récit de mes arrière-grands-parents jusqu’à moi et de leurs descendants. Ainsi donc, j’aurais pu me pavaner en lançant que je fais partie de la descendance de tel ou tel saint catholique, évêques, seigneur, noble, premiers ministres ou personnages publics importants.

En exemple, grâce à ma filiation maternelle, je suis toujours fier, comme un grand nombre de francophones d’Amérique du Nord, de dire que mes onzièmes arrière-grands-parents sont nul autre que Louis Hébert et Marie Rollet, a l’origine de la première famille française à s’établir définitivement en Amérique du Nord en 1617.

D’autres exemples? L’ancien premier ministre René Lévesque est un arrière-petit-cousin et le père Georges-Henri Lévesque, grand idéateur de la Révolution tranquille québécoise, sont aussi dans mon grand arbre généalogique.

Aussi, je pourrais ajouter les saints et bienheureux catholiques Marie-Léonie Paradis, Dina Bélanger, et Louis-Zéphirin Moreau et plusieurs autres personnages religieux importants dans l’histoire de l’Église, comme Jean-Paul Regimbal.

Lorsque j’ai pris conscience qu’il a fallu au moins 32 466 personnes sur quatorze générations pour faire ce que je suis, j’ai abandonné ce projet parce que chaque personne de mon arbre généalogie mériterait une recherche et un long texte ou un livre à son sujet.

Un Voyer pure laine
Pour faire une histoire courte, comme si nous étions dans un récit biblique...

Je suis le fils de Roméo Voyer et Jeannine Jean.

Du côté de mon père: Roméo est le fils d'Edgar Voyer et Alice Chénard. Edgar est le fils de Louis Voyer et Dorilda Garneau. Louis est le fils de Louis Voyer et Joséphine Bélanger. Louis est le fils de Louis Voyer et Éléonore Pelletier. Louis est le fils de Jean-Baptiste Voyer et Louise Dumais. Jean-Baptiste est le fils d'Étienne Voyer et Magdeleine Dupont.

Du côté de ma mère: Jeannine est la fille de Louis Jean et Claire Beaulieu. Claire est la fille de Joseph Beaulieu et Alvina Lévesque. Alvina est la fille d'Étienne Lévesque et Philomène Lavoie. Philomène est la fille de Antoine Lavoie et Louise Voyer. Louise est le fils de Jean-Baptiste Voyer et Louise Dumais. Jean-Baptiste est le fils d'Étienne Voyer et Magdeleine Dupont.

En conclusion, mes deux parents sont les descendants en ligne directe de René-Étienne Voyer et Magdeleine Dupont.

René-Étienne, mon pas si lointain arrière-grand-père
On ne s’en vante pas, je suis le descendant d’un criminel. Mon 5e arrière-grand-père, René-Étienne Voyer, est un bandit, condamné à la prison à vie ou à la déportation dans les colonies par la justice royale de l’Anjou pour un délit. Son crime? Il a vendu illégalement une petite quantité de sel. En images modernes, c’est comme s’il avait acheté 2 ou 3 caisses de cigarettes dans une réserve amérindienne pour les revendre à quelques membres de son entourage. Mais bon, le roi avait besoin de peupler ses colonies et il avait trouvé ce moyen pour le faire. C’est ainsi que René, un célibataire de 30 ans, a été obligé de quitter bien malgré lui son pays natal, l’Anjou. Il n’a pas choisi de migrer en Amérique a l’été 1744.

Il arrive, au port de Québec, en Nouvelle-France, a l’été 1744. A son débarquement, René ne va pas très bien. La traversée en bateau a été fort difficile. Devant son piètre état, il sera hospitalisé de nombreuses semaines (en juillet et août) à l'Hôtel-Dieu du Précieux sang de Québec. C’est dans le petit hôpital de Québec, a cause d’une mauvaise calligraphie dans le registre des malades ou peut-être aussi parce qu’il roulait ses « R », René devient « Et Renne » ou Étienne.

Finalement, après un bref séjour sur l’île d’Orléans, il s’établira à Sainte-Marie, au cœur de la Beauce. Il défrichera une partie de ce qu’est devenu le centre-ville. De nos jours, l’avenue Marguerite-Bourgeoys, sur toute sa longueur, est au centre de son ancienne propriété.

Membre des premiers bâtisseurs de Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce, on ne se souvient même plus de lui et le cœur de son fief ne porte même pas son nom. On lui a donné le de nom d’une sainte, Marguerite Bourgeoys, qui n’a jamais marché dans les sentiers de cette vieille forêt.

A sa mort, presque tous ses gars, ses filles et leur mère sont partis de ce patelin. Jean-Baptiste a quitté Sainte-Marie, emportant avec lui sa mère, devenue veuve, pour s’établir en Bas Saint-Laurent. Magdeleine Dupont décédera dans le nouveau petit village de Kamouraska, ou elle sera inhumée en 1812. Ne cherchez pas sa pierre tombale, elle n’en a pas, mais elle est bien la, a l'ombre de l'actuel clocher.

En ce 28 mars 2025


Mes sources

Par Benoit Voyer
28 mars 2025

Chaque humain a deux parents, un père et une mère. Il a aussi quatre grands-parents, huit arrière-grands-parents, seize deuxièmes arrière-grands-parents, 32 troisièmes arrière-grands-parents, 64 quatrièmes arrière-grands-parents, 128 cinquièmes arrière-grands-parents, 256 sixièmes arrière-grands-parents, 512 septièmes arrière-grands-parents, 1024 huitièmes arrière-grands-parents, 2048 neuvièmes arrière-grands-parents, 4056 dixièmes arrière-grands-parents, 8112 onzièmes arrière-grands-parents et 16 224 douzièmes arrière-grands-parents. D’une génération à l’autre, le nombre se multiplie toujours par deux.

Sur quatorze générations, il a fallu 32 466 personnes pour faire ce que chacun est.

En Afrique, il y a un proverbe célèbre qui dit qu’il faut un village pour éduquer un enfant. C’est effectivement le cas. Chaque personne est, dans son individualité, un produit collectif.

Je dis souvent que mon individualité est génétiquement parlant le fruit d’une municipalité de taille moyenne.

Ainsi donc, l’humain n’est pas un être isolé. Sur le plan génétique, il est à l’image de ses parents ou des ancêtres de ceux-ci.

Et puis, il est le fruit de la société d’où il évolue. Chacun de nous provient d’une micro-société familiale et dans une société plus grande où nous sommes influencés par des valeurs communes, une histoire et des croyances. Chacun de nous est le résultat d’un collectif humain.

Ainsi donc, physiquement, j’ai hérité d’une génétique qui prend sa source en France, en Maine-et-Loire. En exemple, les Voyer, d’Étienne Voyer, viennent du royaume d’Anjou. Nous sommes des Angevins. Le centre de l’Anjou est la ville d’Angers, en France.

De plus, je suis un enfant de la génération X, dite la génération sacrifiée.

Aussi, je suis un chrétien de tradition catholique qu’on nommera pendant longtemps « un enfant du concile Vatican ». Je suis de la dernière génération québécoise à avoir vu régulièrement des églises catholiques pleines à craquer. Au Québec, durant ma petite enfance, presque tous vont à la messe du dimanche. Il était très facile de savoir quels voisins n’y allaient pas.

Enfin, le Québec des années 1965 à 1985 est majoritairement composée de caucasiens francophones. Jusqu’à la fin de mon primaire, à Granby, je ne connaîtrai qu’une seule famille au teint basané. Elle était originaire d’Haïti.

Depuis ma naissance, le monde a bien changé.

En ce 27 mars 2025

La rivière Chaudière, a Sainte-Marie




René-Étienne Voyer (1715-1785)

Par Benoit Voyer
27 mars 2025

René Voyer nait le 11 novembre 1715 à Beaufort-en-Vallée, en Anjou. Il est le fils de René Voyer, fils de René Voyer et Simonne Thourault, et de Marie Bellanger, fille de Pierre Bellanger et Marie Couet, qui ont uni leurs destinées dans l’église Notre-Dame, à Beaufort-en-Vallée, en Anjou, le 26 juin 1710.

Il est le frère ainé de Marie (née le 27 juin 1717) et Adrien (né le 4 octobre 1721). Adrien épousera Françoise Busque, fille de Jean-François Busque et Michelle Renault, le 23 novembre 1751, à Beaufort-en-Vallée. Il passera sa vie dans son patelin natal et deviendra serrurier. Il y décédera le 19 mai 1794, vers 7h du matin.

Dans certaines régions de France, le prix du sel qu’on utilise pour la conservation des aliments est fort élevé et est l’objet d’une taxe spéciale. René Voyer, comme plusieurs autres, en achète illégalement afin de le revendre dans son milieu. Malheureusement, il se fait prendre la main dans le sac. René est condamné pour trafic de sel par le système judicaire royal. Ainsi donc il est un « faux saulnier ».

Sa condamnation : La prison à vie ou l’extradition permanente dans la colonie de la Nouvelle-France ou il devra se mettre un certain temps au service de “l’habitant” ou de la “milice” avant de retrouver sa pleine liberté.

C’est ainsi que René, un célibataire de 30 ans, est obligé, bien malgré lui, de quitter sa région natale, l’Anjou. Il ne choisit donc pas de migrer en Amérique.

Avec d’autres prisonniers, il est embarqué à La Rochelle. Il part pour un long voyage en bateau de la compagnie de Fonville de la France jusqu’au port de Québec. A bord, l’hygiène et la nourriture seront de piètre qualité.

Le 11 juillet 1744, il arrive à Québec. Lui et plusieurs autres prisonniers débarquent du navire, malades. Sa mauvaise condition physique nécessite des soins urgents.

Sans tarder, il est hospitalisé à l’Hôtel-Dieu du Précieux-Sang. Il en ressortira le 5 aout. Durant ses semaines de soins, il donne quelques renseignements à son sujet. Ceux-ci seront notés dans le registre des malades. De sa déclaration, on note qu’il s’appelle « Étienne », du moins c’est ce qu’on répétera pendant très longtemps. Malheureusement, la personne qui a écrit la note n’a pas une très bonne calligraphie. En réalité, elle a noté « et Renne ». Ainsi donc, il s’agit de René Voyer, mais, à partir de ce jour, il sera connu du prénom d’Étienne.

En 1744, l’église catholique est dirigée par Mgr de Pontbriand, arrivé à Québec en aout 1741.

Depuis plusieurs années, la population de la Nouvelle-France est en forte croissance. Les dirigeants décident donc d’ouvrir de nouveaux territoires à la colonisation. C’est ainsi que le 23 septembre 1736, le marquis de Beauharnois, gouverneur de la Nouvelle-France, concède à Thomas-Louis Taschereau, une seigneurie qui couvre une étendue de trois lieus des deux côtés de la rivière Chaudière. Celle-ci est baptisée du nom de Sainte-Marie de la Nouvelle-Beauce et deviendra une mission catholique en 1738 et une paroisse en 1744.

Étienne Voyer et plusieurs habitants de l’île d’Orléans flairent la bonne affaire. Ils s’y établiront.

Le 28 février 1746, le seigneur Tashereau donne un terrain à la fabrique pour la construction d’une petite église catholique. Le voisin de ce terrain est « Voyer ». Ce dernier cultive une propriété de trois arpents de front sur une profondeur de 40 arpents. De nos jours, son terrain est devenu en grande partie la rue Marguerite-Bourgeoys, en plein centre-ville de la municipalité de Sainte-Marie.

Durant ses premiers mois à Sainte-Marie, le travail d’Étienne est principalement de « faire de la terre », c’est-à-dire de défricher la forêt ancestrale. Il fallait jusqu’à trois ans de travail pour rendre une terre cultivable.

En 1748, dans la nouvelle seigneurie de Sainte-Marie, en Nouvelle-Beauce, on ouvre un nouveau cimetière. Il est voisin de la terre d’Étienne.

Le 7 février 1750, Étienne Voyer épouse dans la petite église catholique de Sainte-Marie Magdeleine Dupont. Elle a une quinzaine d’années de moins que lui. Leur convention de mariage sera signée le 20 juin 1750 à la greffe du notaire Claude Barolet.

En 1751, 1752 et 1754, Étienne et Magdeleine donnent naissance à Thérèse, Étienne et Louis.

En 1754, à Sainte-Marie, on construit une première église en bois. Le temple devient voisin de la terre d’Étienne et Magdeleine.

En 1755, le conflit entre les colonies anglaises et françaises est bien amorcé en Nouvelle-France. Durant cet été, l’Hôtel-Dieu de Québec ou a été soigné Étienne a l’été 1744, est la proie des flammes.

En 1756 et 1758, Étienne et Magdeleine donnent naissance à Louis et Julienne.

En juillet 1759 a lieu le siège de Québec. Après d’importants bombardements sur la petite ville de Québec, le 18 septembre 1759 Québec capitule aux mains des Anglais.

Mgr de Pontbriand, l’évêque de la Nouvelle-France, est conciliant avec l’envahisseur britannique. Il demande la même attitude de la part des catholiques. Il veut à tout prix préserver l’Église canadienne et éviter qu’elle devienne anglicane. Il décédera le 8 juin 1760, quelques mois avant la capitulation de Montréal en septembre 1760. Puisque l’envahisseur est hostile au catholicisme, il n’y aura pas d’évêque à Québec jusqu’en 1766.

En 1760, Étienne et Magdeleine donnent naissance à René. Son nom est fort probablement donné en hommage au grand-père d’Étienne.

Le recensement de 1762 permet d’apprendre qu’Étienne et Madeleine comptent 3 “enfants mâles au-dessous de 15 ans” et 3 enfants femelles”. Ils possèdent trois arpents de terre et 9 en semences, un boeuf, deux vaches, deux “taurailles”, etc.

En 1763, année de la fin du Régime français, débuté en 1674, Étienne et Magdeleine donnent naissance à Marie-Madeleine.

En cette année 1763 est signé le Traité de Paris dans lequel la France cède presque l’entièreté de ses possessions territoriales en Amérique du Nord, dont le Canada, aux Britanniques. Londres adopte la Proclamation royale et crée la « Province of Quebec ». C’est la naissance du Régime britannique en Amérique. Les Anglais voudront à partir de ce moment « britanniser » son nouveau territoire par l’immigration et l’assimilation de la population francophone, qui compte environ 60 000 habitants.

Les affaires administratives et religieuses passent ainsi sous la domination de l’Angleterre.

Marie-Claire Fleury de la Gorgendière, devenue seigneuresse à la suite du décès de son mari, procède au règlement de la succession et régularise les titres de propriétés de ses censitaires. Puisqu’Étienne n’avait reçu qu’une concession verbale, on lui concède le lot 52. L’acte est enregistré dans le registre du notaire Pierre Parent le 26 février 1764.

En 1765, Étienne et Magdeleine donnent naissance à des jumeaux : Jean-Baptiste et Jacques-François. Ils décéderont la même année, de même que le petit Étienne.

En 1766 et 1768, Étienne et Magdeleine donnent naissance à Jean-Baptiste et Marguerite.

Le 22 juin 1774, le roi Georges III ratifie l’Acte de Québec. Il sera permis au Canadiens français le droit de conserver leur langue, leur droit civil et la religion catholique.

«Devant la faible immigration britannique dans la « Province of Quebec », « le mécontentement des Canadiens d’origine française et le contexte tendu dans les Treize colonies américaines obligent Londres à faire preuve de réalisme et à écouter les conseils du gouverneur Guy Carleton. Ce dernier recommandait de renoncer au projet d’assimiler les Canadiens pour entretenir l’harmonie et faciliter la gestion de la colonie. Sa position reçut des appuis à Londres, notamment parmi ceux qui ne voulaient pas répéter les erreurs commises en Irlande.

Les mesures importantes instaurées en 1774 sont le rétablissement des lois civiles françaises et du régime seigneurial, l’élargissement considérable de la Province of Quebec et l’abolition du serment du test. Celui-ci, en obligeant les individus à renier l’autorité papale et la transsubstantiation du Christ dans l’Eucharistie, restreignait l’accès des catholiques français aux charges publiques.

Un Conseil législatif, dont les membres sont toutefois nommés par le gouverneur, est aussi instauré par l’Acte de Québec. Des Canadiens français catholiques seront nommés par le gouverneur et vont pouvoir siéger au sein de ce nouveau conseil. […]

Les diverses mesures mises en place par l’Acte de Québec plaisent bien entendu aux élites seigneuriales canadiennes et à l’Église catholique, mais déplaisent en revanche aux marchands britanniques de Montréal et de Québec, qui voient les nouvelles mesures comme une victoire des catholiques français. L’élargissement d’une province « papiste » sur les terres fertiles de l’Ohio crée aussi du mécontentement dans les Treize colonies et contribue à la Révolution américaine.

Si on prend la nation québécoise comme objet d’étude, l’Acte de Québec incarne une forme de renaissance. Évidemment, sur le terrain, l’application de la Proclamation royale était déjà assez souple en réalité. Néanmoins, en 1774, une nation conquise dont le destin était de disparaître se voit tout à coup reconnue par son conquérant, qui renonce officiellement à l’assimiler, lui redonne ses institutions et lui permet de continuer d’exister.

À première vue, cette nation issue de la colonisation française semble ainsi se voir offrir un nouvel horizon des possibles, lui permettant d’espérer et de se projeter dans l’avenir. »[1]

A Sainte-Marie, en 1778, on construit une chapelle en bois consacrée à sainte Anne. Ce lieu de piété a pour but de satisfaire la dévotion envers la grand-mère de Jésus des catholiques de la seigneurie et implorer cette dernière de les préserver des dégâts de inondations.

En 1781, le curé Jean-Marie Verreau et le seigneur Gabriel-Elzéar Taschereau font construire une deuxième église. Celle-ci sera en pierre et remplacera la précédente faite de bois.

Le 30 juillet 1785, la justice ordonne à la seigneurie de Sainte-Marie et ses habitants de procéder aux réparations des ponts sur son territoire et l’élargissement du chemin du roy. La terre de la famille d’Étienne Voyer figure sur la liste des propriétés touchées. Le jugement stipule que les travaux devront être terminés au plus tard le 26 juillet 1786.

Étienne Voyer, ne verra pas la fin des travaux puisque qu’il décède le 8 décembre 1785, à Sainte-Marie. Ses funérailles sont célébrées le 10 décembre dans l’église paroissiale, située juste à côté de sa propriété et il est inhumé dans le cimetière de Sainte-Marie ou on enterre les défunts de la seigneurie depuis 1748. Il y rejoint ses quatre enfants décédés en bas âges.

______________________________________

[1] Martin Lavallée. « Il y a 250 ans, l’Acte de Québec redonnait vie au Canada francais », Journal de Montréal, 22 juin 2024 www.journaldemontreal.com/2024/06/22/il-y-a-250-ans-lacte-de-quebec-redonnait-vie-au-canada-francais

Vous devez goûter à cette confiture. C'est sublime!

 Suggestion


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En ce 26 mars 2025


Ma généalogie

Par Benoit Voyer
26 mars 2025

Je m'intéresse à la généalogie de la famille depuis ma tendre enfance. C'est en revanche dans les années 2010 que j'y ai consacré énormément de temps. Manon et moi passions de 20 à 30 heures par semaine à scruter les registres paroissiaux afin de vérifier chacune des inscriptions et à visiter des cimetières. L'an dernier, j'ai replongé dans mes dossiers de jadis.

Lorsque j'ai débuté, mon frère Yvon m'a remis une boîte avec des documents ramassés au fil des ans. Dans celle-ci, il y avait des notes manuscrites de ma tante, soeur Rachel Voyer. Elle avait transcrit les notes manuscrites de documents de l'abbé Ludger Voyer (décédé en 1956 et inhumé au Repos Saint-François-d'Assise, à Montréal, ou repose également Armand Voyer, le frère de mon grand-père Edgar). Mon oncle Gérard Voyer avait en main les mêmes notes puisqu'il m'en a parlé. Ce sont d'abord avec celles-ci que j'ai commencé mon travail de recherche. En vérifiant dans les registres paroissiaux chaque inscription qu'il y avait (il y avait beaucoup d'erreurs), Manon et moi avons pu élaborer mon véritable arbre généalogique, d'abord le tronc de moi a Étienne auquel nous avons pu greffer, au fil des ans, entre 40 000 et 50 000 branches et feuilles.

L'an dernier, lorsque j'ai repris ma recherche généalogique (à temps perdu), mon objectif s'est fixé sur nos racines françaises. Nous ne savions rien sur les origines d'Étienne Voyer, sauf sa condamnation par la justice royale pour trafic de sel à la prison à vie ou l'expulsion vers une colonie française (dans son cas: la Nouvelle-France) en 1743 ou 1744. Grâce à mes lectures et correspondance, j'avais la forte intuition que je retrouverais sa trace et celles de sa famille (donc de la mienne) dans le secteur de Beaufort-en-Anjou (a une trentaine de minutes d'automobile d'Angers). Manon et moi avons scruté quelques registres de la paroisse Notre-Dame de Beaufort-en-Vallée, page par page, sur une période d'une trentaine d'années (un travail de moine). Après quelques semaines, nous avons trouvé un certain Adrien Voyer, fils d'un couple Voyer-Bellanger, noms de parents qui correspond à une déclaration faite par Étienne a l'Hôtel-Dieu de Québec en aout 1744. De là, nous avons pu retrouver Marie Voyer, René Voyer et l'acte de mariage du René Voyer et Marie Bellanger. En relisant bien mes notes et en analysant la calligraphie dans les registres d'Amérique, il est devenu clair que le René de Beaufort-en-Vallée est celui qu'on a connu en Amérique du prénom d'Étienne. Il aurait fallu plutôt lire "et renne" pour "et René". 

En octobre, la recherche a été suspendue. J'espère la reprendre ce printemps. J'ai encore quelques dizaines de registres de Maine-et-Loire à analyser page par page. Par la suite, je dois trouver les actes de la justice royale pour les années 1742 à 1745 afin de les analyser. Par la suite. il me faudra assurément faire quelques séjours en France pour tenter d'élucider d'autres mystères.

Demain, je publierai une mise à jour de la petite histoire de René-Étienne Voyer. 

Pour ceux que ca intéresse, voici ma ligne généalogie d'aujourd'hui a hier, en passant par René-Étienne.

MON PÈRE: Roméo Voyer (1930-2021)

MA MERE: Jeannine Jean (1933-).

 

MON GRAND-PÈRE (du côté de mon père): Edgar Voyer (1889-1967) - Alice Chenard (1889-1981)
MA GRAND-MÈRE (du côté de ma mère): Claire Beaulieu (1912-2000) - Louis Jean (1901-1974) *Elle est la mère de ma mère

 

MON ARRIÈRE-GRAND-PÈRE (1): Louis Voyer (1861-1902) - Dorilda Garneau (1865-1913) *Ils sont les parents d'Edgar, Rosario, Armand, Jean-Charles, Louis-Philippe et quelques autres enfants décédés en bas âges.
MON ARRIÈRE-GRAND-MÈRE (1) (du côté de ma mère): Alvina Lévesque (1872-1939) - Joseph Beaulieu (1866-1950) *Elle est la mère de Claire Beaulieu.

 

NOTRE ARRIÈRE-GRAND-PÈRE (2): Louis Voyer (1826-1910) - Joséphine Bélanger (1838-1878)

MON ARRIÈRE-GRAND-MÈRE (2) (du côté de ma mère): Philomène Lavoie (1838-1923) - Étienne Lévesque (1834-1898) *Elle est la mère d'Alvina Lévesque

 

MON ARRIÈRE-GRAND-PÈRE (3): Louis Voyer (1804-1886) - Éléonore Pelletier (1804-1886)

MON ARRIÈRE-GRAND-MÈRE (3) (du côté de ma mère): Louise Voyer (1801-1873) - Antoine Lavoie (1793-1871) *Elle est la mère de Philomène Lavoie.

 

MON ARRIÈRE-GRAND-PÈRE (4): Jean-Baptiste Voyer (1766-1838) - Louise Dumais (1772-1866) *Ils sont les parents de Louis et Louise Voyer.

 

MON ARRIÈRE-GRAND-PÈRE (5): René-Étienne Voyer (1715-1785) - Magdeleine Dupont (1730-1812) *Né en France et décédé en Amérique.

 

MON ARRIÈRE-GRAND-PÈRE (6): René Voyer et Marie Bellanger *Marie est née le 6 août 1676 à Beaufort-en Vallée (France).

 

MON ARRIÈRE-GRAND-PÈRE (7): René Voyer et Simone Thourault.

Dessin d'enfant


Chef d'oeuvre de Samuel, 4 ans. Un grand artiste!

En ce 25 mars 2025


Baptisé en Jésus

Par Jean-Paul Regimbal (1981)

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Frères et sœurs bien-aimés,

Toute la liturgie pascale nous a conduits progressivement vers l’accueil amoureux et chaleureux de l’Esprit. Et lorsque cet Esprit vient en nous, il nous révèle la réalité du mystère des mystères, à savoir que Jésus est Seigneur a la gloire de Dieu le Père et que le Père de notre Seigneur Jésus-Christ est également notre Père.

La montée pascale trouve donc son sommet dans le mystère de la Très sainte Trinité. Et pour nous préparer à célébrer cette fête des fêtes, il paraît important, je pense, de consacrer un temps de réflexion , de méditation, voire même de contemplation, pour en sortir toute la richesse, toute la sève, toute la nourriture substantielle qui nous permettra d’atteindre notre maturité dans la foi à titre d’enfants de Dieu.

Nous sommes baptisés, baptisée en Jésus, donc consacrés par Dieu lui-même comme temple vivant de la Très Sainte Trinité. Voilà une réalité tellement profonde que même l’éternité ne suffira pas pour en saisir toute la portée. Cependant, durant cette neuvaine, nous voulons au moins dégager quelques leçons pratiques pour notre propre profit et pour l’édification de toute l’Église, car si Dieu s’est révélé dans son mystère trinitaire, il n’a pas simplement voulu être l’objet de connaissance religieuse de notre part.

Il a voulu, surtout, être le terme de notre amour, la raison d’être de notre contemplation, de notre « aimance » radicale. Pourquoi? Parce que Dieu est amour. Et que l’amour se veut « dialogue » et communion. L’amour se veut « partage ». Si donc Dieu s’est révélé a nous dans son mystère intime, c’est pour que nous vivions de cette réalité lumineuse et savoureuse sur le plan de l’amour, sur le plan du service, sur le plan du plus être et du mieux-être , afin de témoigner sur la terre des hommes, a tous ceux qui ne le connaissent pas et ne l’aiment pas, la réalité du mystère auquel nous sommes tous conviés. Tous, tant que vous êtes, vous avez une vocation trinitaire de par votre baptême. Et même les non-baptisés, les non-chrétiens sont appelés par la miséricorde de Dieu à entrer dans ce mystère grâce au témoignage et à la mission apostolique dont nous avons été investis par la confirmation. Voilà donc pourquoi nous voulons consacrer un temps important à l’approfondissement de ce grand mystère de notre salut.

Ces mystères nous sont donnés pour l’enrichissement de notre amour et la maturité parfaite de nos personnes en communion avec chacune des personnes de la Très Sainte Trinité. Ces mystères nous sont révélés non pas d’abord comme objet de connaissance, mais comme objet d’amour, comme source de communion et de contemplation, comme source de lumière et de vie, comme source de nourriture et de force, afin que tout notre être transformé devienne source de transformation pour la famille, la société et le monde entier.

Si nous sommes devenus enfants de Dieu, saint Jean nous le rappelle, ce n’est pas seulement pour en porter le nom, mais pour être et vivre dans la conséquence qui en découle. Être enfants de Dieu, vivre selon cette noblesse et cette dignité qui nous est conférée en tant que personne baptisée et consacrée. Déjà dans la Genèse nous apprenons que Dieu nous a créés à son image et a sa ressemblance. Mais, malheureusement, cette image et cette ressemblance à Dieu a été « marée », a été souillée par le péché, mais ce que Dieu a créé de façon si admirable dans l’œuvre de sa création, il la restaure de façon si admirable dans l’œuvre de sa création, il la restaure de façon plus admirable dans l’œuvre de sa rédemption. Nous sommes les icônes de la Trinité, car le texte grec en nous parlant d’image et de ressemblance emploi le terme « icône ». Ce n’est pas peu dire! C’est-à-dire que chaque baptisé est un chef-d’œuvre de la Très Sainte Trinité. Chaque baptisé est un original issu de la pensée créatrice de Dieu, conforme à cette pensée amoureuse et, ensuite, actualisée d’une façon visible pour manifester l’invisible même.

Une icône, vous savez comme s’est produit? Les icônes sont œuvres de méditation, de contemplation, par des moines ou des personnes recluses qui prennent des mois, des années, de jeune et de prière afin d’être strictement sous la mouvance de l’Esprit lorsqu’ils produisent ces œuvres saintes. Et plus leur communion avec ce Dieu intime devient transparence, plus, alors, l’icône se fera reflet d’un mystère de foi.

Or, nous ne sommes pas seulement des toiles. Nous ne sommes pas seulement des tableaux. Nous sommes des êtres vivants que Dieu a sculptés et formés à son image et ressemblance dans lequel il a insufflé son souffle de vie et, ensuite, il a communiqué finalement la vie même qui anime la famille des trois. Et la preuve en est que saint Paul confirmant l’enseignement de Jésus, nous dit :l’amour de Dieu, l’agape de la Trinité, a été communiqué en vos cœurs pas l’Esprit saint.

Le baptême vient enrichir votre vie humaine et conférer à votre personnalité un caractère , une dignité, une noblesse qui dépasse tout ce que la nature humaine ou le genre humain peut nous communiquer de plus riche : Icone vivante de la Très Sainte Trinité. Porteur et porteuse d’une réalité surnaturelle, même, comme le dit saint Paul, temple, cathédrale royale de la Très Sainte Trinité. Pourtant, saint Paul enseignait ces grandes vérités a des gens qui étaient fraichement sortis du paganisme. Il n’hésitait pas de leur donner la nourriture substantielle révélée par la foi.

Rien n’est plus beau que cette révélation que Jean, l’évangéliste, nous donne dans son prologue : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu. De tout être, il était la vie. Et la vie était la lumière des hommes et la lumière luit dans les ténèbres. Le Verbe est la lumière véritable de tout homme qui vient en ce monde. Le monde fut par lui, mais le monde ne l’a pas connu. Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. »

Ces pages de saint Jean, l’évangéliste, ont pour but de nous manifester le plan souverain de Dieu, nous donner le pouvoir de devenir fils et filles de Dieu, enfants de Dieu, par et à travers la filiation de l’unique Fils, le Verbe, qui s’est fait chair pour habiter parmi nous. Et s’il est venu parmi nous, c’était d’abord pour prendre sur lui le poids de nos péchés et de nos misères, afin de nous en délivrer. Et c’était ensuite de nous faire entrer de plein pied dans la communion familière avec son Père dans la joie de l’Esprit.

Voyez-vous pourquoi la liturgie commence toujours de la même manière? Nous faisons prendre conscience de la dimension trinitaire de notre condition baptismale « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Que la paix de Jésus-Christ notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion tout intime avec l’Esprit soit partout et toujours avec chacun de vous… »

(La foule répond : « Et avec votre esprit »)

Chaque eucharistie veut donc nous faire entrer en communion d’intimité avec ce Dieu trois fois saints, mais qui est aussi trois fois amour.

Vous êtes-vous déjà arrêtés à réfléchir sur ce simple signe de la croix? Pour la catéchèse des tout-petits nous le faisons attentivement, mais il semble qu’en vieillissant nous avons tendance à oublier la profondeur de sa signification. Lorsque nous touchons le front en nommant le Père, nous voulons signifier que lui, le Père, est la source de cette vie toute d’intelligence et de lumière qui donna naissance au Verbe, sa pensée lumineuse et amoureuse. Et le Père a envoyé son Verbe s’incarner dans le sein de la Vierge Marie. Il est venu habiter parmi nous. Et lorsqu’il est remonté vers le Père, c’était pour nous communiquer l’Esprit saint qui nous ferait passer de la vie du péché a la vie de la grâce, du royaume des ténèbres au royaume de la lumière. Comme c’est simple, mais comme c’est magnifique! Goutons et savourons cette délicatesse de l’Église qui veut précisément en tant que mère et éducatrice, nous permettre de gouter et de savourer la richesse des mystères de la foi. Je le répète : Ces mystères ne sont pas donnés d’abord et avant tout pour accroitre notre connaissance ou notre savoir religieux. C’est d’abord et avant tout pour enrichir notre vie, notre vécu, transformer notre être pour transformer nos relations d’être.

Et nous qui sommes nés en chrétienté, nous qui avons reçu cet héritage par le ministère des martyrs, par le ministère des mystiques, par le ministère des saints nos prédécesseurs, voici que nous en perdons, en quelque sorte, la notion, et même le gout.

Frères et sœurs bien-aimés,

Si le mystère de la Trinité nous a été révélé et si le baptême nous a consacrés selon un mode trinitaire d’être, c’est pour que nous en vivions. C’est ce mystère de la Très Sainte Trinité qui nous confère notre dignité et notre noblesse de personne humaine – participants de la nature divine – et nul ne peut contester ces titres de noblesse. C’est Dieu lui-même, c’est Dieu seul qui peut consacrer l’être humain. C’est Dieu lui-même et c’est Dieu seul qui peut bâtir à sa gloire des hosties de louange. C’est Dieu lui-même et c’est Dieu seul qui peut ériger à la louange de son nom des temples et des cathédrales faites de pierres vivantes. Donc, nous sommes tous cimentés les uns aux autres par l’Esprit saint et l’amour qu’il met en nos cœurs.

Frères et sœurs bien-aimés,

voyons comme ce grand mystère comporte 5 applications pratiques. D’abord, au sein de la Trinité, nous constatons une unité indivisible puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu. C’est donc dire que notre consécration trinitaire nous appelle à l’unité inviolable et indissoluble. Nous sommes faits pour l’unité, car nous sommes issus de l’unité même de la Trinité, scellés que nous sommes du même Esprit qui unifie les Trois, qui unifie l’Église et qui nous unifie dans la réalité du Corps mystique de Jésus.

Nous sommes faits pour l’unité. Ha! Si le monde comprenait cela! Est-ce qu’il y aurait dans les familles : séparations, divorces, ruptures? Est-ce qu’il y aurait dans l’Église de ces passions qui deviennent tantôt des schismes, tantôt des hérésies? Si nous comprenions vraiment notre vocation à l’unité! Est-ce que les Nations se livreraient des guerres fratricides? Si nous comprenions notre appel a l’unité! Est-ce que, véritablement, nous pourrions accepter ces déchirures entre humains qui ne sèment que violence, terreur, mort et ruine?

La première conclusion pratique qui découle du mystère de la Très Sainte Trinité, c’est notre vocation a l’unité. Nous sommes consacrés comme artisans d’unité, bâtisseurs d’unité sur la terre des hommes, au cœur du couple, au cœur de la famille, au cœur de la société, au cœur du monde tout entier.

Deuxième conclusion pratique : Le respect, la dignité et la noblesse inaliénable de la personne humaine. La Trinité sainte, tout en étant une dans sa nature indissoluble et néanmoins trois en personnes distinctes. Le Père n’est pas le Fils puisque c’est le père qui engendre, comme source de vie, un Fils égal à lui-même. Et bien que le Père engendre le Fils, le Fils est égal au Père, coéternel avec le Père, car dans la Trinité, il n’y a pas d’avant et d’après. Il n’y a qu’un présent éternel. Ainsi, le Père en s’exprimant lui-même dans son être, engendre le Verbe qui dit tout ce qu’il est. Mais c’est dans une… (hésitation, il se reprend) …Même un instant c’est trop long.

C’est par le fait même qu’il est le Père, il engendre le Verbe, il se dit pleinement en lui-même, non pas dans une parole, mais dans une personne. Le Père et le Fils étant distincts peuvent se rendre amour pour amour. Et cet amour au lieu d’être un sentiment ne devient personne à son tour. Le Père exprimant son amour au Fils soupire cet amour du même souffle dont le Fils exprime son amour au Père. Et l’Esprit saint n’est autre que le baiser mutuel du Père et du Fils, exhalant l’amour de tout son être.

Ce mystère de la Très Sainte Trinité ne nous aurait jamais été connu si le Père dans son amour n’était venu nous révéler par la personne de son Fils unique, la distinction des personnes. Et pourquoi? Pour que nos personnes à nous soient à la fois sauvées, purifiées, sanctifiées et intégrées finalement dans la famille des trois.

Nous tirons notre dignité et notre noblesse personnelles, non pas de nos souches humaines, non pas de notre stock parental, non pas de nos ancêtres plus ou moins illustrent… Nous tirons notre dignité propre de personnes… de par notre communion a chacune des personnes de la Très Sainte Trinité.

C’est Dieu qui nous a communiqué ce caractère inviolable et inaliénable. Et c’est pourquoi, aux yeux de Dieu, comme aux yeux de l’Église, la personne humaine devient le centre et la raison d’être de cette action salvifique, de cette action sanctificatrice et de cette action libératrice manifestée dans et par l’évangile de Jésus-Christ.

Nous ne pouvons être asservis à rien d’humain. Nous ne pouvons être contestés par rien qui vient de ce monde et c’est pourquoi, surtout le pape Jean-Paul II a la suite de ses prédécesseurs, ne cesse de se faire le défenseur de la dignité de la personne et ne cesse de revendiquer avec force la liberté des droits inaliénables de l’homme.

Et, aujourd’hui, d’une manière plus nécessaire que jamais, face a une société matérialiste et athée, la voix de l’Église se faisant l’écho de la voix du Christ doit faire prendre conscience a l’humanité de cette dignité et de cette noblesse de l’homme en tant que créature de Dieu consacrée par la Trinité, donc jouissant de droits imprescriptibles et inaliénables que même l’État le plus puissant n’a pas le droit d’enfreindre. Or, nous constatons, hélas, que dans les régimes totalitaires, que dans les régimes matérialistes, que dans les régimes athées, l’être humain ne compte pour rien. Il est réduit, simplement, a un élément composite qui sert à faire marcher les rouages socio-économiques. Il n’est plus qu’agent de production économique et il n’a plus de raison d’être que dans la mesure où il fournit de façon positive a l’accroissement du revenu national brut. Voilà la folie à laquelle on arrive quand on nie Dieu, parce que lorsque l’on nie Dieu, on nie l’homme lui-même.

Voilà pourquoi, il importe que durant cette préparation à la fête de la Très Sainte Trinité, nous redécouvrions nos sources, nos titres de noblesse, que nous prenions conscience de notre dignité et de nos droits inaliénables afin que nul ne nous empêchent de vivre dans la liberté de conscience, dans la liberté de religion, dans la liberté de confession publique de notre foi et dans la liberté de (hésitation) l’exercice de nos droits religieux , non pas seulement a l’intérieur de nos temples, mais sur la place publique et partout dans l’univers.

Ce droit nous a été acquis au prix du sang. C'est saint Pierre qui nous le rappelle dans sa première épître: Vous valez plus que l'or et l'argent, dit-il. Vous valez le sang d'un Dieu. Vous avez reçu une semence d'immortalité et vous êtes appelés à la gloire, vous êtes appelés à la communion avec le Père, le Fils et l'Esprit, car le baptême vous a introduit à titre de familiers de la Trinité, cohéritiers du Christ et héritiers de la vie éternelle.

La personne humaine, voilà quel en est le sens, la portée, la valeur. Et Jésus rédempteur de l'homme a restauré à l'homme son vrai sens, sa vraie signification, sa vraie noblesse, sa vraie valeur. Si Jésus, le Verbe fait chair, n'était pas venu nous révéler cette dignité que nous avons de par le plan de Dieu, eh bien, nous serions tous réduits à l'esclavage du péché et à l'esclavage des puissants de ce monde. On peut peut-être emprisonner les corps, mais on ne peut jamais emprisonner les enfants de Dieu, car même dans les chaînes nous conservons cette liberté de professer Jésus-Christ et de confesser à la face du monde que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père.

Troisième conclusion dérivant de ce mystère de la Très-Sainte-Trinité.

La Trinité et la distinction des personnes assurent la richesse et la vie de la Trinité elle-même. La distinction des personnes n'est pas un obstacle à l'unité. C’est la Trinité des personnes qui assure l'unicité de Dieu. Nous avons assez l'impression... souvent l’impression, que parce qu'il y a des personnes différentes de nous qui n'ont pas la même culture, le même tempérament, le même caractère, les pare mêmes éléments de pensée, que ces gens-là sont des menaces. Nous avons même une certaine réserve, pour ne pas dire une certaine méfiance à l'égard de ceux qui ne partagent ni notre race, ni notre religion, ni notre ethnie.

Pourtant, nous sommes tous issus du même Dieu et la diversité des personnes n'est pas un obstacle à l'unité. La diversité des personnes exprime la richesse même de cette unité. Comme la Trinité des personnes en Dieu exprime que cette unité est amour. Comment voulez-vous qu'il y ait amour s'il n'y a qu'une seule personne divine? elle-même, Si cette unique personne tombait en amour avec elle-même, ce serait la déification de l'égoïsme, de l’égocentrisme, du narcissisme… C'est parce qu'il y a distinction et diversité de personnes qu'il peut y avoir amour. Et c’est parce qu'il y a un amour dans la Trinité qu’il peut y avoir unité parfaite. Notre vocation c'est l'amour, notre vocation lest l'unité dans la diversité donc dans le respect de nos différences, dans la prise de conscience que nos diversités ne sont pas des sources de menaces, mais sources d'enrichissement mutuel.

Si les époux comprenaient cela, il y aurait beaucoup moins de querelles conjugales. Le mari veut tellement faire sa femme à son image et à sa ressemblance qu'il essai par tous les moyens de la transformer. Et après 5 ans d'efforts futiles, il est prêt à démissionner. "A veut rien comprendre! Elle a... elle a la tête dure! Est bouchée!" (rire de la foule) Et l'épouse de son côté, espère bien, à force de pouvoir communiquer avec son mari, de le transformer, lui, à son image et à sa ressemblance. après 5 ans, encore un échec épouvantable. Pourquoi cette frustration? Tout simplement parce qu’on n’a pas compris que c'est dans la diversité des personnes que se bâtit... (il manque la fin de la phrase car c'est la fin de la première face de la cassette)

Vous avez 2 enfants, 3 enfants, 5 enfants? Chez nous, nous étions 14 enfants. Bon. Pas 2 pareils. Une chance! (rire de la foule) Mais pendant qu'on élève ses enfants, on aimerait donc qu'ils soient tous copies conformes. Mais, mes amis, ce serait plus l'institution du mariage, ce serait l'instauration d'un régime Zérox! On sortirait tous des copies conformes! 14 carbones du père et de la mère! Ça serait épouvantable!

Dieu dans sa richesse et sa diversité a voulu que chaque personne soit unique. Et dans cette (hésitation) unicité qui est diversité, manifestant ainsi la richesse multiforme de son être. C'est parce qu'il y a diversité qu'il y a harmonie et beauté et chef-d’œuvre. Je ne le répéterai jamais assez, chaque personne est un chef-d’œuvre conçu et créé par la Trinité elle-même. chef-d’œuvre.

Chaque personne avec son tempérament, son caractère, sa personnalité, ses caractéristiques, voire même ses défauts, contribue à faire un tableau encore plus sublime de la création tout entière. Si ce tableau était tout noir ou tout blanc on n’y verrait rien de la beauté des coloris. Mais parce qu'il y a des contrastes entre l'or, le bleu, le rouge, le vert, le sable et parce qu'il y a une diversité de couleurs, il y a chef-d’œuvre. Et quand on regarde les grands chefs-d’œuvre de Rambran... Et quand on regarde les grands chefs-d’œuvre de la Renaissance... Qu'est-ce que l'on constate? Ce sont précisément les zones sombres qui mettent en lumière les zones les plus significatives, la lumière prenait plus de relief. Et ce qui était mis en lumière prenait plus de sens et éclatait davantage à nos yeux. Le Seigneur se sert même de la diversité de nos défauts pour nous enrichir dans la plénitude de notre être humain.

Je vous donne un exemple: Je prends un homme travaillant, très rapide, très primaire, qui, lui, prend des décisions sur le coup. Vous allez voir, il va presque toujours choisir une conjointe qui elle est calme, lente et en quelque sorte pondérée. S’il fallait que les deux soient du vif argent, et bien, ça ne serait pas vivable! S'il fallait que les deux soient primaires, on vivrait sur un volcan. S'il fallait que les deux aient le même caractère, le même tempérament, les mêmes réactions, plains bien les enfants qui naîtraient de ce couple parce qu’ils ne parviendraient jamais à se comprendre. Mais parce qu'il y a un équilibre dans la diversité des personnalités, là on arrive à quelque chose de neuf, une création nouvelle, un nouvel être, une nouvelle manière d'être, une nouvelle manière de voir. Et parfois, les parents se désolent de dire: "Si au moins y était comme son père! Si au moins y était comme sa mère!" Mais la plupart du temps c'est qu'il n'est pleinement ni l'un ni l'autre puisqu'il est issu à part entière de l'un et de l'autre en même temps.

Vous n'avez pas le droit d'exiger qu'il soit comme le père ou comme la mère parce que vous avez contribué tous les deux à son stock héréditaire et, en plus, Dieu dans sa sagesse infinie, lui dont les pensées ne sont pas nos pensées et les voies ne sont pas nos voies, a créé l'âme immortelle de chaque enfant qui est né. Et cela dès le premier instant de sa conception. Et en créant cette âme immortelle, il l'a appelée à une vocation de sainteté, à l'immortalité et à la gloire en traçant dans son être un grand dessein d'amour auquel cet être nouveau sera appelé à correspondre dans et par l'amour tout au cour de sa vie.

C'est pourquoi, il y a parfois un contraste si étonnant entre ce dans que les parents entreprennent et ce que les enfants décident. On voit, par exemple, dans certaines familles plus ou moins croyantes, plus ou moins pratiquantes, émerger une vocation missionnaire. On dit: "D'où est-ce que ça sort ça?" Ça vient de la Très-Sainte-Trinité, car la vocation ne vient pas des hommes, elle vient de Dieu.

Bien sûr que la vocation a plus de chances de s'épanouir dans un climat favorable à la grâce. Mais Dieu est plus grand que nature humaine et il peut appeler, il peut former, il peut destiner quelqu’un aux antipodes de ses propres parents. Un bel exemple contemporain, le cas du grand athée Frossard, fils d'un père communiste, issu d'une famille athée, qui en un instant devant le St-Sacrement reçoit la grâce de la foi, la connaissance complète de la bible et devient un apôtre du Dieu vivant. Voilà le mystère de Dieu!

Vous voyez donc que c'est quelque chose de pratique. Dieu n'est pas un être que l'on devine et que l'on peut anticiper par nos raisonnements humains. Dieu est Dieu! Au-dessus de nous! Et parce qu'il est au-dessus de nous, il a des plans d'amour qui nous dépassent tous. Il nous appelle à une vocation tout autre et c'est pourquoi dans son plan d'amour, il nous invite à marcher sans cesse vers la sainteté. Dans la diversité des missions, la diversité des ministères, dans la diversité des fonctions, car c'est par cette richesse diversifiée qu'il manifeste et contribue l'unité de toute l'Église.

4e conclusion pratique: Nous sommes faits pour la communauté. L'être humain n'est pas fait pour vivre isolément sur une île ou SOUS une cloche de verre. Nous sommes faits pour vivre communautairement, nous sommes faits pour le partage. Nous sommes faits pour la communion. Nous sommes faits pour la compréhension. Nous sommes faits pour vivre les uns avec les autres à la fois dans des rapports de nécessité, dans des rapports complémentarité, dans des rapports de suppléance. Dieu nous a créé pour la communauté: communauté conjugale, communauté familiale, communauté paroissiale, communauté religieuses, communauté ecclésiale, communauté universelle... Nous sommes faits pour vivre en commun.

Vous voyez combien ça devient contradictoire et contresigne que de vivre comme un ours tout seul dans sa chambre, de vivre coupé des autres essayant de se suffire à soi-même, essayant de vivre dans un climat d'indépendance et d'indifférence en disant: "Les autres ça les regarde, c'est leur problème. Moi, je suis moi! Il n'y a que moi qui compte. " Avant moi le déluge. Après moi, l’holocauste ».

Nous sommes issus de la Trinité, donc nous sommes faits pour la communion. Nous sommes faits pour la Communauté d'agape! Et c'est l'amour qui rend possible la communauté. Lorsqu'il n'y a pas d'amour, qu'est-ce qui arrive? Ce qui était communauté devient séparation, rupture. Le couple qui n'est plus capable de s’aimer, n'est plus capable de s'endurer, et quand on est plus capable de s'endurer, on s'aliène, et chacun dans son aliénation devient de plus en plus égoïste, exigeant et, finalement, intransigeant.

C'est l'amour qui rend possible la communauté. C'est l'amour qui rend possible la réconciliation. C'est l'amour qui rend possible le pardon. Nous sommes donc faits pour vivre d'Agape d'une façon communautaire. Donc, nous avons reçu en même temps que la puissance de devenir enfants de Dieu, nous avons reçu la puissance de pouvoir aimer, comprendre, pardonner et réconcilier. Que nul ne dise "Moi, je ne peux pas pardonner, ce n'est pas dans mon tempérament, ce n'est pas dans mon caractère. C'est ben d'valeur, moi je ne pardonne pas! Chu pas fait d'même. Pas vrai! »

Vous êtes issus de la Trinité, vous avez été pétris dans l'amour même de Dieu, vous avez donc le potentiel nécessaire pour pardonner par amour, au nom de Jésus, dans la puissance du Saint-Esprit.

Vous avez la capacité d'accueillir l'autre même dans ses bêtises et ses erreurs, car vous êtes issus de ce Dieu de miséricorde qui nous a aimés tel que nous sommes, tous pécheurs que nous étions, avant que nous ne soyons sauvés. Nous avons reçu de Dieu des entrailles de miséricorde parce que nous avons reçu de Dieu et la foi et l'espérance et l'amour et que nous avons reçu de Dieu les vertus de justice, de force, de tempérance et de piété. Nous les avons reçus de Dieu au baptême. Mais qu'avons-nous fait de ces magnifiques cadeaux dont la Trinité nous a comblés dès le jour de notre baptême?

Les avons-nous mis dans le placard en disant: "Seigneur, c'est bien beau tout cela, mais j'trouve pas ça pratique!" ou bien si vous vous êtes empressés à déballer les cadeaux pour voir et apprécier les dons de Dieu et les mettre en application, les utilisant jour après jour.

Un exemple: Lorsque des jeunes couples se marient, ils reçoivent toutes sortes de cadeaux bigarrés à l'occasion de leurs noces: 3 théières, 4 cafetières, une demi-douzaine d'articles identiques, et finalement, ils s'aperçoivent que bien de ces cadeaux-là sont des cadeaux conventionnels. Et, finalement, surtout quand ils connaissent tante Toutine ou oncle Tonton, ben y prennent même pas la peine de déballer les cadeaux parce qu'ils savent que c'est probablement une vieillerie sortie du grenier pour rappeler les ancêtres d'autrefois. Alors, on les laisse emballer pis on les met dans le recoin le plus secret. On n’a pas l'intention de s'en servir.

Mais quand Dieu nous donne des cadeaux, ce n’est jamais des C'est du neuf! Et ces cadeaux, même s'ils portent le même nom, ne se reproduisent jamais de la même manière en deux personnes distinctes. Dieu adapte et personnalise les cadeaux qu’il nous fait. C'est pourquoi, il y a beaucoup de chrétiens qui ne sont pas déballés! Y sont encore empaillés, "empactés". Y sont encore enveloppés pis même y portent la boucle sur le front (rire de la foule). Y sont jamais sortis de leur placard depuis le jour de leur baptême. On accuse parfois les charismatiques d'être des emballés. Moi, je trouve que ce sont des déballés parce qui ont au moins déballé les charismes que le Seigneur leur a donnés en cadeau. Avez-vous déballé vos cadeaux? Les avez-vous évalués? Les avez-vous utilisés? Qu'avez-vous fait des vôtres? Pour votre croissance, votre plus être et pour permettre, surtout, cette vie communautaire issue de la communion même de la famille des Trois. Nous sommes faits pour la communauté! Nous sommes faits pour la vie en communauté! Nous sommes faits pour former des communautés de vie, de lumière, d'amour, de justice et de paix. C'est ça la conclusion pratique des origines trinitaires qui sont nôtres par le baptême N'est-ce pas enthousiasmant? N'est-ce pas enrichissant que de découvrir tous ces mystères qui nous sont révélés dans la fête des pères, la fête de la Très-Sainte-Trinite

Une 5e conclusion qui dérive de ce grand mystère, c'est que tout dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit est communion à une même volonté d'être et d'agir. Pourquoi? Parce que tout est scellé par le sceau de l'Esprit saint. Le Fils fait toujours la volonté de son Père, mue qu'il est par le Saint-Esprit. Et c'est pourquoi, il ne peut jamais y avoir de discorde au sein de la Très Sainte Trinité, car ils sont d'un seul cœur et d'une seule âme en voulant tous la même chose: la volonté du Père.

Jésus disait: "Ma nourriture, c'est de faire la volonté de mon Père. Je ne fais rien que le Père ne me dise de faire" et Jésus se laissait conduire par l'Esprit saint dans l'exécution jour après jour de cette volonté du Père même quand cette volonté a été aussi douloureuse que dans la nuit de Gethsemani et l'après-midi du Golgotha: "Père, si c'est possible que ce calice s'éloigne de moi, mais toutefois non pas ma volonté, mais la tienne."

Cette volonté amoureuse du Père, si elle a voulu d'une part le sacrifice du Fils unique, c'était en vue de la résurrection ou la victoire du Fils sur le monde, la mort et le péché seraient communiqués à toute l'humanité. Si donc la croix a été voulue par le Père pour le Fils, c'est afin que cette croix soit source de vie, de lumière et de libération. Ainsi, tout est accompli dans la Trinité au rythme de la volonté du Père.

Toutes les fois que nous cherchons notre volonté propre. Toutes les fois qu nous cherchons à imposer aux autres les desseins de notre propre vouloir humain, nous exerçons une tyrannie qui est une atteinte à la dignité de l’autre et nous imposons un modèle qui n'est pas nécessairement parfait quoiqu'on en pense.

Habituellement, l'homme, le père de famille, s'imagine que la solution à laquelle il est arrivée, c'est la plus parfaite qui soit sur la terre des hommes. Et sa femme lui dit: "Eh bien, y a peut-être d'autres choses!" "Comment? Tu ne connais rien là-dedans! Fais ce que j'te dis!"

Ce n’est pas toujours aussi parfait. La volonté humaine est pleine d'errance. La volonté humaine est souverainement faillible, souverainement vulnérable, souverainement fragile!

C'est pourquoi, lorsque nous cherchons d'un seul cœur et d'une seule âme dans la communauté d'Agape la seule volonté du Père sous la mouvance de l'Esprit, là il en résulte de l'ordre, de 'harmonie, de la beauté, de la joie, du bonheur et de la vie en abondance. Partout où on se met en désaccord avec la volonté du Père c'est la confrontation, la frustration, la revendication et assez souvent le désastre de la rupture. Nous sommes faits pour communier à la volonté du Père et cette volonté du Père nous veut un bien souverain. Dieu veut par-dessus tout notre bonheur. Dieu veut notre joie et une joie que nul ne peut nous ravir. Dieu veut, pour nous, notre sanctification. Dieu veut pour nous, le bonheur éternel en communion de vision et d'amour au sein même de la Trinité. Nous sommes faits pour la gloire!

Et la volonté du Père qui nous a destiné à l'immortalité, nous a tissé d'une façon si parfaite que même notre corps mortel sera transformé en un corps glorieux. Lorsqu'à l'heure de la résurrection notre âme et notre corps se fusionneront à nouveau dans la création nouvelle. Mais il faudra au préalable que nous puissions dire au Père: Ta volonté a été faite en tout! Celui-là qui fait la volonté de mon Père, c'est celui-là que mon père aimera. Mais celui qui ne fait pas la volonté de son Père ne peut pas entrer dans l'amour du Père. Et, c'est lui, finalement, qui est exclu de la famille du Père parce qu'il a choisi sa volonté plutôt que celle de son Dieu plein d'amour. Il a en lui-même recherché sa propre finalité. Il est devenu sa propre fin et il se condamne donc à sa propre misère. C'est pourquoi, il est vital que nous apprenions à nous dépouiller de notre volonté propre. Même être prêt à mourir à notre égoïsme, à notre amour propre et à tous ces aspects négatifs de notre personnalité pour atteindre à cette liberté complète où notre être communiant à l'être de Dieu, devient un seul vouloir avec le Père. Alors, le Père peut dire en nous regardant chacun: Voilà mon enfant bien-aimé en qui j'ai mis toutes mes complaisances.

Et c'est lorsque nous avons accompli la volonté du père jusqu'au point de devenir conforme au Fils qu'il nous ouvre tout grand les bras pour nous accueillir dans sa demeure : "Entre, enfant bien-aimé, dans la joie que je t'ai préparée de toute éternité."

Regardez ce que Jésus nous dit avant de retourner vers le père. Il dit: Je suis sorti du Père et je retourne vers le Père, car là où je suis, je veux que vous soyez vous aussi Pourquoi? Pour vous préparer une place avec moi auprès de lui, car la ou je suis, je veux que vous soyez vous aussi.

Et il prend la peine de nous dire : "Il y a plusieurs places, plusieurs demeures dans la maison de mon Père. C'est pourquoi, la volonté du Père est tellement variée d'une personne à l'autre, car il y a place pour tous les projets du Père, afin que soit manifesté la grâce multiforme issue de sa pensée créatrice et de son cœur miséricordieux. Nous sommes faits pour entrer éternellement dans cette maison du Père, accueillis à bras ouverts par le Père lui-même parce que nous sommes faits pour être en communion avec la volonté du Père, et la volonté du Père c’est que nous soyons là où est le Fils, c'est-à-dire à sa droite dans la gloire.

Frères et sœurs bien-aimés,

Vous voyez, alors, que le mystère de la Très Sainte Trinité ce n'est pas une élucubration intellectuelle pour grands savants seulement. On s'imagine parfois que le mystère de la Très Sainte Trinité est tellement obscure et tellement nébuleux et tellement éthéré qu'il n'y a que les grosses têtes et les intellects pointus qui peuvent arriver à y connaitre et à y comprendre quelque chose.

Dieu a révélé son mystère trinitaire à tout homme qui croit en son Fils bien-aimé. C'est un bien de famille! C'est un trésor qui nous est communiqué pour que nous en jouissions pleinement. Dieu a voulu rendre son mystère accessible en employant des termes avec lesquelles nous sommes familiers : Le terme de Père, le terme de Fils et le terme d'Esprit. Le terme de Père. Car il ne peut pas exister, même sur le plan humain, une famille quelconque qui ne connaisse une source de fécondité paternelle, qui ne connaisse une filiation quelconque et sans qu'il existe un esprit de famille qui unit les membres entre eux.

Dieu a voulu prendre des mots simples pour nous faire connaître le plus sublime des mystères. Non pas pour que nous connaissions davantage, mais pour que nous aimions plus et mieux. Et que cet amour ayant réussi à nous transformer, parvienne à transformer nos vies humaines sur le plan conjugal, familial, paroissial, ecclésial et universel.

Voilà les 5 conclusions pratiques qui découlent du grand mystère de la Très Sainte Trinité. Et tout cela est contenu en germe dans le baptême.

Demain, nous verrons ensemble ce qui résulte de la consécration chrismale, c'est-à-dire du sacrement de la confirmation. Vous allez voir que les conclusions sont éblouissantes, engageantes, enthousiasmantes. faits pour la vie. Dieu nous a faits pour l'amour. Dieu nous a faits pour la vie. Dieu nous a faits pour le plus être. Il nous a fait pour le dépassement jusque dans la communion éternelle du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen! Alléluia!

(La foule répond: Amen. Alléluia.)

(Conférence donnée le 8 juin 1981 a la maison des Trinitaires, à Granby, a l’occasion de la retraite de la fête de la Trinité)

En ce 23 mars 2025

Un temps nouveau

En ce 21 mars 2025



Devenir religieux ou religieuse aujourd’hui

Par Benoit Voyer
21 mars 2025

Il n’est pas facile devenir religieux ou religieuse.

En 1996, sœur Marise Langevin, prieure du Carmel de Trois-Rivières m’expliquait que la plus grande difficulté rencontrée par la relève est le dépouillement de la foi et de la prière de toutes sensibleries, sentiments et émotions : « C'est dans la réalité du mystère qu'il faut vivre sa foi »[1].

Selon elle, la place des rites est importante pour vivre ce dépouillement : contemplation silencieuse, vie sacramentelle, lecture des psaumes, etc. Il faut en venir à avoir la conviction que Dieu est présent au cœur de son quotidien sans le sentir par ses émotions.

Elle m’expliquait qu’il y a aussi la peur de l'engagement définitif : « Les femmes qui viennent en formation au Carmel veulent rester, mais retardent l'échéance de l'engagement ».

Pour elle, ce n'est pas que dans la vie monastique que cette peur de s'engager se fait sentir, c'est dans toute la société. Cette caractéristique prend sa source dans la psychologie des adolescents. Les générations de cette partie du 21e siècle ont de la difficulté à entrer dans l'âge de la maturité. L'adulte n'hésite pas à se donner. Lui seul est capable d'assumer ses choix et de vivre les renoncements que ceux-ci impliquent.


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[1] Benoit Voyer. « Centenaire du décès de Thérèse de l'Enfant-Jésus - Les recrues sont rares au Carmel », Revue Sainte Anne, septembre 1996.