Nouvelles religions: A l'écoute des signes des temps

Il était une fois dans les médias...


Par Benoit Voyer (1997)

Depuis environ 15 ans, les grandes Église du monde ont multiplié les études pour savoir à quels besoins répondent les milliers de nouvelles religiosités qui existent autour du globe et pourquoi les gens délaissent les grandes religions comme l’Église catholique. Elles cherchent à bien interpréter les « signes des temps ».

En 1991, lors d’une réunion des cardinaux du monde entier – convoquée par le pape Jean-Paul II -, le terme « signe des temps » est revenu souvent dans le discours au sujet des nouveaux groupes spirituels. Cette expression n’était pas nouvelle pour les membres du consistoire et l’ensemble du catholicisme puisque le pape Jean XXIII l’avait déjà utilisée lors de la convocation du concile Vatican II, il y a plus de 30 ans.

« Ces signes sont des interpellations adressées aux grandes Églises et une révélation des besoins profonds qui se manifestent dans cette recherche spirituelle des gens », dit Bertrand Ouellet, directeur général du Centre d’études sur les nouvelles religions.

« Il ne faut pas partir en guerre contre tel ou tel groupe », ajoute-t-il. « Ce serait comme partir en guerre contre une pâtisserie qui a du succès parce que ses gâteaux sont bons. Il faut dire pourquoi ils sont délicieux et pourquoi les gens les achètent. »

Il refuse de passer un jugement de valeurs en parlant de bons ou de mauvais regroupements. Pour lui, ils existent parce qu’il y a une soif de spiritualité dans la société. Les termes religieux sont présentement à la mode, même à la télévision, au cinéma et dans les chansons populaires (« Seigneur », de Kevin Parent en est l’exemple).

Pour diverses raisons, l’Église catholique se trouve discréditée dans cette recherche. Le jugement est sans appel. Les gens cherchent ailleurs », explique M. Ouellet.

Discernement
Le discernement spirituel n’est pas facile et ne peut pas se faire rapidement. L’époque de « hors de l’Église point de salut » est révolue. Bertrand Ouellet explique qu’une autre génération a réglé ce problème. Les grandes religions (dont celle de Rome) sont maintenant plus ouvertes au pluralisme et a l’existence de la vérité chez les autres et au dialogue entre les religions.

« Ce n’est pas simple, mais il y a des moyens pour vivre ça avec sérénité », encourage-t-il.

Quand un membre de la famille se joint à un nouveau groupe religieux, il ne faut pas paniquer, ne pas choisir la confrontation, essayer de construire sur la relation qui existe et parler en « je ». Ces règles sont élémentaires. Ensuite, il faut se documenter sur le groupe en question, continuer à accueillir et écouter l’autre et, enfin, demander de l’aide à une organisation comme le Centre d’informations sur les nouvelles religions qui offre un soutien aux familles et aux individus ou au monastère qui donne des soirées-conférences sur le sujet et qui offre un service d’accompagnement individuel.

« Le rassemblement des cardinaux disait qu’il ne faut jamais avoir une attitude négative envers ces groupes. Il faut que les Catholiques les considèrent comme des personnes pour qui le Christ a également donné sa vie », demande Bertrand Ouellet.

Tiré de Trinité - Le bulletin d’informations de la Maison de spiritualité des Trinitaires de Granby. Janvier 1997, p. 3. Copies conservées chez Bibliothèque et archives nationale du Québec, a Montréal, et a la Société d'histoire de la Haute Yamaska (fonds P049), a Granby.