La révolution de l’amour (1)


Par Jean-Paul Regimbal (1981)

La révolution de l’amour par la révolution du corps

Un peu d’histoire
Depuis 1950, notre monde a été secoué par toutes sortes de révolutions. En Chine, on a assisté à la Révolution culturelle, et vous vous souvenez surement, pour l’avoir lu, comment les gardes rouges ont mis à feu et à sang leur propre pays et comment, pendant trente ans, la jeunesse chinoise a été embrigadée dans un gigantesque mouvement dont les fruits ont été amers et dont les quatre grands dirigeants ont finalement échoué devant les tribunaux.

En 1957, une autre forme de révolution a éclaté, sexuelle celle-là, et elle a déferlé sur la jeunesse du monde, pour l’immerger de toute la boue qu’on a pu ramasser dans les bas-fonds de la pornographie universelle. En 1960, le Québec a connu la révolution dite tranquille, qui a bousculé beaucoup de choses, notamment le monde de l’éducation, et ce sont nos jeunes des polyvalentes et des Cégeps qui ont dû en payer les frais. La « jeunesse cobaye » de chez nous a alors été la première victime de certaines idéologies, malgré elle et souvent à son insu. Et cette révolution s’est traduite par des situations flagrantes et parfois très douloureuses! Vous voulez des chiffres? En 1980, au Québec seulement, 419 jeunes se suicidés, et 72 000 jeunes filles de treize a dix-neuf-ans se sont fait avorter!

Ensuite, on a tenté d’amorcer des révolutions économiques, et l’on prétend maintenant nous faire vivre des révolutions politiques. Quoi d’autre? Et qui paie la note? Les jeunes! Vous-même, qui ne savez plus ou est la vérité et qui, inquiets, cherchez à comprendre qui a raison… Car la jeunesse veut savoir! Les jeunes sont remplis d’espoir et vivent dans l’attente, assoiffés de liberté et de bonheur!

La révolution de l’amour
Or, la seule révolution qui n’ait pas été tentée, c’est celle de l’amour! Aujourd’hui, je déclare engagée, a tous les jeunes qui veulent m’écouter, la révolution de l’amour!

Ce sera le geste collectif d’une jeunesse, non pas révoltée, mais résolue – et bien résolue – à s’impliquer dans une révolution qui se fera en Jésus-Christ, par l’évangile. N’oublions pas que cette révolution ne triomphera que grâce à l’unité qui devra nous caractériser : « Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Esprit, un seul rédempteur, car nous n’avons qu’un seul Dieu et Père »[1].

Le programme que je vous propose implique votre engagement total a l’amour, qui unit plutôt que de diviser, qui donne plutôt que d’exploiter, qui épanouit plutôt que de refermer et de refroidir.

Cette révolution doit d’abord se vivre au niveau de l’amour même. On a trop souvent galvaudé l’amour : on l’a méprisé, rapetissé et méconnu, au point qu’on se contente aujourd’hui de « faire l’amour » et d’essayer des recettes que nous livrent des exploiteurs sans conscience, parce qu’on n’a pas encore compris ce qu’était le véritable amour.

Je suis convaincu que vous tous, les jeunes, avez plus que jamais faim et soif d’aimer et d’être aimés. Chaque jour, on vous offre en pâture toute la gamme des modules d’amour, qui ne pourront jamais satisfaire votre cœur, et encore moins votre appétit! Tout au fond de vous-mêmes, vous devinez bien qu’on cherche à vous exploiter. Or, quand on aime, on n’exploite pas. Quand on aime, on respecte l’être aimé! L’amour que vous serine la chanson la chanson, l’amour que vous livre la télévision ou le cinéma, l’amour que vous racontent les auteurs de bas étage, n’est et ne sera jamais qu’un amour a fleur de peau. Et vous, les jeunes, en avez marre de cet amour de surface; vous en avez la nausée, pour la bonne raison que vous voulez vivre un grand amour, l’amour profond et durable de l’être tout entier, corps et âme.

Dieu est amour
La première condition qu’il faut remplir pour participer à cette révolution à laquelle je vous convie, c’est de croire à l’amour qui ne finit pas, à l’amour plus fort que la mort, a l’amour qui ne se résume pas à un sentiment de passage, mais qui se traduit en une personne. « En ceci est apparu l’amour de Dieu pour nous, qu’il nous a donné son Fils unique Jésus-Christ, non pour condamner, mais pour sauver. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime »[2].

Si vous relisez l’histoire, vous constaterez qu’aucun des grands révolutionnaires n’a donné sa vie pour les autres. Sans doute, ont-ils livré des messages, des stratégies et parfois galvanisé des troupes à leur idéologie, mais au plus fort de la tourmente, ils ont pris bien soin de se défiler, quitte à sacrifier ceux qui marchaient à leur suite. Jésus est le seul à nous avoir aimés jusqu’au sacrifice de sa propre vie. Il est venu dans notre monde nous apprendre un type de charité, une qualité d’amour qui n’a aucun lien avec l’ « l’éros » qu’on voit affiché partout. Bien qu’il ne s’agisse pas pour autant de mépriser les valeurs du véritable érotisme.

Le Christ est venu nous tenir un autre langage: celui de l’“agape”[3]. Car, jamais l’érotisme, quoi qu’on en dise, ne conduira à la résurrection de la chair. Et cet “agape”, qu’il a puisé dans le sein du Père, il nous l’a communiqué par l’Esprit saint. “L'agapè a été répandu dans nos cœur par l’Esprit saint”[4], Le point de départ de cette révolution, à laquelle je vous invite à prendre part, c’est précisément cet amour “agape”.

“Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, de tout ton esprit, et tu aimeras ton prochain comme toi-même”[5]. Voilà le commandement d’amour du Seigneur, le résumé de tout son Évangile.

Comme vous pouvez le voir, il n’y a pas grand érotisme dans le contenu de cette déclaration du maître. Et pourtant, ce message a eu le don de transformer ceux et celles qui l’ont reçu et compris, et il pourrait changer la face de notre société, si celle-ci le voulait. Je ne veux pas faire de vous des révoltés, mais préparer des jeunes, qui comprendront et accepteront le message d’amour du Christ.

Le message du Christ dérange notre quiétude
Jésus n’est pas venu établir sur la terre des hommes un climat de tranquillité. Il a apporté une Parole, qu’il présente comme un glaive. Et il a ajouté que sa parole diviserait ceux qui l’entendraient: des gens pour; des gens contre! “Celui qui n’est pas pour moi, est contre moi. Celui qui n’amasse pas avec moi, disperse”[6].

Jésus - ne l’oublions pas – n'était pas un bonhomme de paille, inconsistant, peureux et pleurnicheur. Il avait tout de celui qui s’affirme et qui tranche, au grand désespoir des conformistes de son époque. Sa Parole continue de déranger le monde et de nous déranger... Il faudrait systématiquement faire table rase de toutes ces idoles pseudo-chrétiennes, qui nous présentent un Jésus “bonbon rose”, débonnaire et conciliant.

Le Jésus que je vous prêche est le libérateur de l’homme, et il n’a pas craint de descendre au cœur de la réalité humaine pour inaugurer et déclencher la plus radicale des révolutions, en faisant participer l’homme pécheur au privilège de sa divinité. Par un révolutionnaire, si grand fut-il, n’a pu réaliser un tel exploit! Il fallait un Dieu pour le faire. Comparés au Christ, tous les révolutionnaires de l’histoire n’ont été que des caricatures! Cessons de nous laisser impressionner par tous ces grands personnages qu’on a élevés sur des piédestaux, même de leur vivant, pour les descendre après leur mort. Souvenez-vous de Mao Tse Tung, dont on voyait l’image à chaque coin de rue en Chine communiste et qu’on a fait disparaitre trois ans à peine après sa mort.

Marx, Lénine, Staline et combien d’autres ont connu le même sort! Khrouchtchev, qui s’est appliqué à déstaliniser la Russie, n’y a pas échappé... Et j’en passe! Les petits révolutionnaires du Québec, qui se disent “sauveurs” et “novateurs”, verront à leur tour, et plus tôt qu’ils ne le pensent, ce qu’il en coute de “rêver”!

La révolution sexuelle par l’amour
La révolution de l’amour passe nécessairement par la sexualité. Sur ce point, il n’y a aucune hésitation possible! Il n’existe aucune authentique révolution de l’amour qui ne soit d’abord une révolution de la sexualité. Mais attention! Je ne me réfère pas ici à cette sexualité à laquelle vous pouvez peut-être songer! A partir de 1981, nous annonce-t-on, sera instauré dans toutes les écoles du Québec un programme obligatoire d'éducation sexuelle. Je viens d’en prendre connaissance, et je considère qu’on ne nous propose rien d’autre que l’éducation sexuelle du cheptel humain québécois. Appelons les choses par leur nom! On donnerait des cours de gynécologie a des animaux et l’on aboutirait presque au même résultat.

Vous tous, chers jeunes, mes amis, je vous respecte et vous estime trop pour concevoir qu’on puisse vous obliger à vous vautrer dans la boue! Vous êtes faits pour rester debout, dans toute la vigueur et la force de votre généreuse sexualité, une sexualité assumée et responsable, une sexualité respectueuse et victorieuse. Je vous reconnais assez de maturité, de noblesse et de force, parce que je vous sais enfants de Dieu. Je refuse de croire que la voie royale de l’épanouissement humain doive nécessairement passer par les organes génitaux. La voie de la révolution vers la dignité passe d’abord par le cœur, l’esprit et la volonté. Et la sexualité est intégrée dans la personne globale qui, elle, exprime son amour d’une façon saine, équilibrée et heureuse.

C’est bien en effet ce que les évêques du Québec nous affirment, eux aussi, lorsqu’ils nous disent:

“L’éducation sexuelle est liée à la valeur de la personne: pour l’enfant comme pour l’adolescent, elle est d’abord affaire de climat, de conditions de vie favorables au sein de la famille, de relations humaines de qualité avec des éducateurs scolaires, autant de facteurs qui permettent au jeune d’apprendre:

·         A être en harmonie avec lui-même, à percevoir la réalité de son corps d’une façon positive et valorisante;

·         A être à l’aise, comme homme ou femme, avec les autres;

·         A orienter sa sexualité vers une forme concrète de vie et d’engagement (mariage, célibat);

·         A se former un jugement critique face aux divers messages véhiculés dans son milieu sur la sexualité.”[7]

Certes, comme je l’ai déjà souligné, la révolution dont il est ici question doit passer par la sexualité. Tel est l’ordre voulu par le créateur. Mais combien de jeunes gens ont triomphé de leur propre sexualité? Parfois, pendant des semaines et des mois, voire des années, ils ont subi un esclavage sexuel, dont ils rougissent aujourd’hui. Cependant, ils savent à quel point leur âme se tordait de douleur pendant qu’ils se vautraient dans la chair.

Je connais si bien la jeunesse québécoise que je peux affirmer qu’elle n’est pas trop heureuse dans la recherche insatiable de la jouissance physique, sous toutes ses formes. Que les appâts qu’on lui offre quotidiennement sont loin de l’épanouir! Et je suis convaincu que nos jeunes ont des aspirations plus élevées. C’est d’ailleurs dans les termes suivants que les évêques du Québec définissent la sexualité:

“Au regard de la foi, en effet, la sexualité humaine est un merveilleux don de Dieu a l’humanité qui est appelée à la noble vocation de l’amour.”[8]

Vous le savez: vous avez reçu le don précieux de votre corps, de votre cœur et de votre esprit pour vous construire, dans la chasteté et la maitrise de vous-mêmes, une personnalité rayonnante et dynamique. On ne me convaincra pas que la révolution sexuelle au Québec doive nécessairement passer par les sexologues, les CLSC[9] et les CRSSS.[10]

La révolution se fera dans le cœur de ceux et de celles qui croient assez à l’amour pour assurer la victoire de l’esprit sur la chair, de l’équilibre sur l’émotivité, grâce justement a un amour plus grand que la jouissance physique, c’est-à-dire grâce à cet amour “agape” dont je parlais plus haut. Jamais vous ne pourrez semer dans l’érotisme ce que vous voudrez récolter dans l’esprit. Car si vous semez dans la chair, vous récolterez les fruits de la corruption. Par contre, si vous semez dans l’esprit, vous récolterez les biens de l'esprit, l’immortalité et la gloire. Vous êtes faits non pour la boue et la mort, mais pour la transfiguration et la résurrection.

L’espoir dans la jeunesse
A tous les chefs politiques, je déclare qu’on ne sauvera pas le Québec dans et par la révolution sexuelle des jeunes. Vous, les quinze et vingt ans, jeunes hommes et jeunes filles de chez nous, vous êtes porteurs des promesses d’immortalité et de gloire d’un peuple qui ne supporte plus toute la corruption dont on l’inonde et qui veut enfin se tenir debout, parce qu’il a foi dans les réalités de l’amour et qu’il croit encore aux victoires de l’esprit. Aussi est-ce a vous que j’adresse mon message, assuré que je ne me suis pas trompé d’auditoire...

Si je vous tiens ce langage, c’est que je le tiens du Christ lui-même, qui s’est tourné d’abord du côté des jeunes quand le temps est venu de réaliser son projet de la rédemption. Marie, sa ère, n’avait que seize ans et Joseph, son père, dix-neuf ans. Il s’est plu à s’entourer de la jeunesse tout au long de sa vie publique, depuis le jeunes Marc, qui n’avait que quatorze ans, avant de devenir l’évangéliste qu’on connaît, jusqu’au premier pape de son Église, l’apôtre Pierre, qui avait à peine trente ans. Or, c’est aux jeunes qu’on confie la direction des révolutions! Celle-ci-ci n’ont jamais été réalisées par des vieillards et n’ont jamais été l’œuvre de « momies ». C’est par l’action de la jeunesse d’aujourd’hui qu’on prépare les victoires de demain. C’est maintenant qu’on prépare l’an 2000, et c’est en ce moment même qu’on travaille à l’avènement de la civilisation de l’amour! C’est encore aujourd’hui que vous assumez votre jeunesse pour bâtir, dans le Christ Jésus, une authentique civilisation de l’amour axée sur les valeurs de l’esprit, sur la vitalité et la générosité d’une sexualité saine, équilibrée et vigoureuse. Vous vous devez de préparer les générations montantes, non plus dans la décrépitude et la dégénérescence d’une sexualité abusée, mais d’une sève jaillissante et renouvelée d’une sexualité ajustée et bien assumée : la vôtre!

Il me reste à adresser un avertissement sévère a bon nombre de nos sexologues qui, au nom d’une quelconque qualification universitaire, se croient autorisés a proposer un pseudo-programme de jouissance sexuelle aux jeunes de nos écoles, plutôt qu’une démarche éducative qui tienne compte a la fois des valeurs corporelles et des valeurs spirituelles. Car il ne faut jamais oublier que l’homme est à la fois chair et esprit. Il est donc faux d’affirmer, comme le font certains, que le corps humain n’est rien d’autre que le siège d’un plaisir et d’une jouissance assurant un bien-être global. Ce n’est pas par les seules zones érogènes qu’on bâtit une nation, mais plutôt dans la foi en une jeunesse saine et forte qui, sans mépriser sa sexualité, sait l’assumer et la mettre au service des autres, de la société et de l’Église.

Dans un texte récent, les évêques du Québec insistaient sur la nécessité de l’éducation sexuelle :

« Comme toutes les autres composantes de la personnalité, la sexualité humaine requiert pour s’épanouir une éducation appropriée a toutes les étapes de la vie. La réalité sexuelle influence, il est certain, la capacité de l’être humain d’établir des relations avec les autres, de communiquer avec eux, de leur manifester de l’amitié ou de l’amour. Cette grande force de rencontre qui exprime un besoin fondamental de la personne exige d’être éclairée et orientée de façon constructive.

Indispensable a une formation complète, l’éducation sexuelle est donc à la fois un besoin et un droit de la personne ».

L’amour n’est stérile
Le troisième élément de cette révolution que je vous exhorte à réaliser est d’une importance capitale. J’ai parlé plus haut de l’amour « agape », et j’ai aussi mentionné que la révolution de l’amour passait par la révolution de la sexualité, mais d’une sexualité bien assumée et, bien plus, orientée vers sa plénitude de fécondité responsable.

 Or, je vous le demande : peut-on parler de fécondité responsable quand on fait l’amour « à la sauvette », en utilisant des moyens contraceptifs, comme la pilule? Est-ce vraiment assumer sa sexualité que de rechercher la jouissance pour la jouissance, sans autre but que d’assouvir son plaisir égoïste? « Faites-le sans danger, n’importe où ». Voilà le langage qu’on vous tient actuellement au Québec. Vous en doutez? Dans un de ses récents numéros, une revue, qu’on dit fort recommandable, publiait un article intitulé La sexualité, ça s’apprend![11] On y énumérait, a l’intention des jeunes, tout ce qui était nécessaire pour jouir sexuellement, en évitant les dangers de la conception : « Vivez librement votre sexualité, soyez surs de ne point concevoir! »[12]

Or, tout le message de la rédemption repose sur un fait : « Une vierge a conçu… Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ». Ainsi, le troisième élément de cette révolution de l’amour passe par la voie d’une sexualité bien vécue et parfaitement assumée.

La révolution du LSD
Il existe une autre forme de révolution qui j’appelle la révolution du LSD. Elle a débuté avec Timothy Leary, professeur à l’Université de Berkeley, en Californie, qui a trouvé la formule chimique d’un produit hallucinogène. On l’a surnommé le grand prêtre de la jeunesse américaine, et c’est lui qui a déclenché le raz-de-marée de la drogue a travers le monde. On pourrait ajouter qu’il est aussi le grand prêtre de la civilisation des drogués. A voir les fruits amers de cette révolution chimique, il y a de quoi désespérer devant tant d’inconscience! La révolution dont je vous parle, veut emprunter le signe LSD : L – Loué, S – soit, D – Dieu! Loué soit Dieu! Une acclamation de louange à Dieu! C’est la vérité qui vous rendra libres et c’est la liberté dans le Christ qui vous mettra en état de service et de dépassement. Voilà le LSD que je propose à votre consommation quotidienne : vous en sortirez, non pas sur un high dangereux pour votre équilibre psycho-affectif, mais ennoblis comme les enfants de Dieu que vous êtes.

Rappelez-vous que nous avez été rachetés au prix du sang d’un Dieu et que vous êtes oints de l’onction royale, sacerdotale et prophétique. Je suis triste en voyant des temples de Dieu brulés par toutes les fumigations de l’enfer : que ce soit le LSD, le pot, le haschisch, ou toutes autres formes d’abrutissement chimique. Vous n’avez pas été créés, ni dans votre corps, ni dans votre cœur, pour être ainsi annihilés. Vous êtes faits pour la sainteté, pour la transfiguration, pour la gloire qui ne finit pas, car vous êtes les temples vivant de la très sainte Trinité.

Voilà la révolution que je veux déclencher au Québec : la révolution de l’amour! Serez-vous des nôtres?

La présente de l’Esprit saint
Toute cette démarche ne peut être effectuée que si l’on prend la peine de passer de la liberté du service au dépassement de soi-même, grâce au don de force. De quelle force s’agit-il? Celle de nos athlètes olympiques ou celles dont nous parle l’Écriture? “Vous n’avez pas reçu un esprit de crainte ou de peur, mais vous avez reçu un esprit de force, d’amour et de maitrise de soi”[13]. Nous sommes appelés, non pas pour être des faibles, des lâches ou des démissionnaires; nous ne devons pas courber l’échine devant les pressions sociales, économiques et politiques qu’on veut nous imposer. Nous sommes faits pour être martyrs, non pas dans le sens sanglant du terme, mais dans celui de témoins qui, comme les apôtres, répondent: “Nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu”[14]. La force de l’Esprit saint c’est encore ce qui peut sauver notre nation.

Malheureusement, nous sommes envahis par le mensonge. Il suffit d’écouter nos politiciens, même les plus chevronnés, pour nous rendre compte de la surenchère de promesses sans lendemain dont on nous gave, par exemple, au cours des campagnes électorales. Jamais la politique m’a sauvé un pays. Pas plus que l’économie, dont on nous chante les bienfaits à satiété. Ce qui sauve encore les peuples, c’est la volonté et la ténacité des gens remplis d’une force, d’un idéal, qui ont accepté de vivre au rythme de l’amour et qui ont réalisé des dépassements qui les étonnaient eux-mêmes. Là, il y a eu des transformations radicales et durables!

Nous vivons à une époque où tout est compromis tant sur le plan économique et politique que social. Au niveau provincial et fédéral, nous traversons des impasses sans issue qui nous laissent trop souvent démunis. Où est donc la solution a tous a tous nos problèmes? La réponse viendra d’en-haut, ou elle ne viendra pas du tout. C’est la révolution de l’amour qui, vécue selon l’Esprit, pourra changer ce que notre civilisation a de plus précieux: le cœur de l’homme.

Améliorez les structures, multipliez les modes d’échanges économiques, modifiez les politiques et tentez d’équilibrer les forces en présence tant que vous voudrez: si vous n’atteignez pas le cœur de l’homme, vous n’avez rien changé! Un seul peut transformer le cœur de l’homme et c’est Jésus dans la puissance de l’Esprit saint!

Vous ne ferez jamais progresser un peuple en multipliant les systèmes. C’est le cœur de l’homme qu’il faut atteindre. Voilà la véritable révolution qu’il faut faire: la révolution du cœur et de l’Esprit sous la conduite de l’Esprit saint.

Le langage des statistiques
Trop souvent, les révolutions ont été déclenchées par des amateurs sans conscience qui ont laissé un irréparable gâchis derrière eux. Voici quelques exemples que je vous livre en vrac:

Nos politiciens et nos économistes ne cessent de nous répéter que la seule façon de résoudre le problème mondial de la faim consiste à réduire le nombre d’habitants sur la terre. Au lieu de multiplier le pain, ils ont pensé supprimer les bouches autour de la table.

En trente ans, le Canada a connu 16749 noyades et, dans la même période, les accidents de la route ont fait 129000 victimes.

Par ailleurs, en quatre-vingts ans de guerre, nous avons perdu exactement 99449 Canadiens, et en huit ans, la Croix-Rouge a dénombré 419020 cas d’avortement. Il y a de quoi pleurer!

Quand un peuple en est réduit à traiter le fœtus comme un ennemi dangereux et qu’il met tout en œuvre, même les ressources de médecine, pour tuer l’enfant dans le sein de sa mère, il court déjà à sa perte. Nous nous croyons une nation forte et nous avons peur de la vie! Nous nous prétendons un peuple sur la voie du progrès alors même qu’en huit ans nous laissons tuer un demi-million d’enfants avant même qu’ils n’aient vu le jour!

Je l’avoue: j’ai honte d’appartenir à une telle nation! Voilà pourquoi je veux faire une révolution qui va rendre à la vie ses droits et qui lui accordera la primauté qui lui revient. Voici un autre exemple:

Sur le plan économique, de peur que les taux de nos ventes diminuent à l’extérieur du pays, on a enfoui des centaines de millions de tonnes de nourriture plutôt que de nourrir les deux tiers de l’humanité qui meurent de faim. Et cela s’est fait chez nous, au Canada, un pays qui se dit prêt à aider le tiers-monde. Le Québec a suivi la même politique en ce qui a trait à ses produits alimentaires: on a détruit 491 millions de douzaines d’œufs, au moyen d’un bulldozer, plutôt que de les transformer en poudre pour les pays sous-développés. Et nous nous prétendons une province bien chrétienne! Ne croyez-vous pas que le temps est venu de révolutionner notre monde égoïste et jouisseur?

Notre révolution ne doit pas être celle de la haine ou de la lutte des classes, mais bien la révolution de l’amour et de la compréhension mutuelle, qui engendre des gens résolus, prêts à assumer leurs responsabilités, pour que ça change, non pas seulement au niveau des statistiques, mais dans le cœur, l’esprit et la vie de l’homme, dans la mentalité de nos dirigeants et de nos milieux, beaucoup trop gavés, hélas! Comparativement à une majorité qui ne mange pas à sa faim.

Je crois en la vie et en vous, les jeunes, qui portez l’espérance de demain. Vous êtes garants de l’an 2000. Vous bâtissez maintenant la civilisation de l’amour du siècle prochain. Vous êtes les pierres vivantes qui assurent déjà la venue d’un monde meilleur, parce que vous avez accepté, aimé et proclamé Jésus-Christ comme votre Seigneur et maitre. Telle est la révolution que j’attends, non pas celle des révoltés, mais celle des jeunes révolus et accomplis!

Il n’y a pas de place ici pour les défaitistes, les égocentristes, les peureux, les frileux, les gavés de la vie. Il nous faut des gens, surtout des jeunes, évolués, qui ont une vision saine du monde et de la vie et qui croient à l’audace de la foi, fondée sur la puissance de l’amour.

S’ils ont cette assurance, c’est que l’Esprit saint les habite pour leur communiquer le courage de proclamer la vérité. Êtes-vous de cette trempe, vous les jeunes qui lisez ces lignes?

Jean-Paul II fait un appel à la jeunesse
Vous me permettez de vous rappeler le message qu’adressait encore récemment le souverain pontife aux jeunes du monde entier. Jean-Paul II a une façon de dire certaines choses susceptibles d’attirer tout de même 50000 jeunes au parc des Princes, à Paris, 100 000 sur la Place Saint-Pierre, à Rome, et, le mercredi de chaque semaine, au même endroit, de 30000 à 35000 jeunes gens et jeunes filles! C’est dire qu’un grand nombre de jeunes, venus de tous les coins du monde, sont au rendez-vous de la Place Saint-Pierre, chaque semaine, pour entendre la parole du chef de l’Église. Voici le message, fort à propos et bien d’actualité, qu’il leur adressait sur la sexualité:

“Chers jeunes, l’être humain est un être corporel. Cette affirmation toute simple est lourde de conséquences. Si matériel qu’il soit, le corps n’est pas un objet parmi d’autres objets. Le corps humain est d’abord quelqu’un, en ce sens qu’il est une manifestation de la personne. Le corps est un moyen de présence aux autres, de communication, d’expression extrêmement variée. Le corps est une parole. Le corps est un langage. Quelle merveille et quel risque en même temps!

Jeunes gens et jeunes filles, ayez un très grand respect de votre corps et du corps des autres! Que votre corps soit au service de votre moi profond! Que vos gestes, que vos regards, soient toujours le reflet de votre âme! Adoration du corps? Non, jamais! Mépris du corps? Pas davantage. Maîtrise du corps, plus encore: transfiguration du corps!

Il vous arrive souvent d’admirer cette merveilleuse transparence de l’âme chez beaucoup d’hommes et de femmes dans l’accomplissement quotidien de leurs tâches humaines. Pensez à l’étudiant ou au sportif. Pensez à tous ceux qui mettent toutes leurs énergies physiques au service de leur idéal respectif. Pensez au papa et à la maman dont le visage penché sur leur enfant respire si profondément les joies de la paternité et de la maternité. Pensez à ceux qui exigent de leur corps la perfection de l’artiste, du musicien, du maitre de l’art! (...) Je vous souhaite, chers jeunes, de relever le défi de ce temps et d’être tous et toutes des champions de la maîtrise chrétienne du corps. Le sport bien compris, et qui renaît aujourd’hui au-delà du cercle des professionnels – et c’est un sportif qui parle -, est un très bon adjuvant.

Cette maîtrise est déterminante pour l’intégration de la sexualité à votre vie de jeunes et d’adultes. Il est difficile de parler de la sexualité, dans une époque marquée par un défoulement qui n’est pas sans exploration mais qui, hélas, favorise par une véritable exploitation de l’instinct sexuel.

Jeunes du monde qui m’entendez, l’union des corps a toujours été le langage le plus fort que deux êtres puissent se dire l’un à l’autre. Et c’est pourquoi un tel langage, qui touche au mystère sacré de l’homme et de la femme, exige qu’on n’accomplisse jamais les gestes de l’amour sans que les conditions d’une prise en charge totale et définitive de l’autre soient assumées, et que l’engagement en soit pris publiquement dans le saint mariage.

Jeunes du monde, gardez ou retrouvez une saine vision des valeurs corporelles!"[15].

En entendant ce message, 50 000 jeunes se sont quand même levés et ont proclamé l’audace d’un homme qui osait parler ce langage! Aujourd’hui, combien d’autres tiennent de tels propos de vérité?

On aime mieux vous croire qu’il faut que jeunesse se passe! On préfère vous entendre dire: “Que voulez-vous? Nous sommes faibles!” On veut vous laisser croire que vous n’êtes que des poltrons, en quelque sorte, ou les fantoches de corps désaxés, animés d’une obsession sexuelle chronique.

C’est faux! Ce n’est pas la jeunesse que je connais et que j’admire! Ce n’est certes pas la jeunesse qui lit ce message et qui entend le vivre! Du moins, je l’espère.

Le langage des commandements de Dieu
Je suis convaincu que vous, les jeunes, avez tout le potentiel de l’amour pour vivre une saine et heureuse sexualité.

Et j’en trouve la preuve justement dans ce passage ou Jésus rencontre le jeune homme riche.

Ce dernier lui demande:

-Que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle?

-Observe les commandements, lui répond le maitre. Tu aimeras ton père et ta mère. Tu ne commettras pas l’adultère. Tu ne voleras pas ton prochain. Tu ne tueras pas.

-Seigneur, je fais cela depuis ma naissance!

-Alors, lui dit Jésus, puisque tu fais cela depuis toujours et que tu veux être parfait, vends tes biens aux pauvres et suis-moi.[16]

Allez-vous me faire croire que les jeunes d’aujourd’hui sont trop lâches pour vivre selon les commandements de Dieu?

Je ne crois pas! L’erreur c’est que ces commandements on ne les connait pas et qu’on n’ose plus les proclamer. D’ailleurs, il ne faut pas s’imaginer qu’ils nous ont été donnés pour nous tyranniser et pour brimer notre liberté.

Rien de plus faux! Quand le Seigneur dit: “L’œuvre de chair ne choisiras qu’en mariage seulement”[17], c’est qu’il veut qu’on se prépare à la grande aventure de la fécondité et de la paternité. Et ce n’est qu’en mariage seulement qu’on retrouve les conditions indispensables qui permettent à l’amour de s’épanouir pleinement et de façon durable.

Toutes les expériences prémaritales ne peuvent pas conduire à la maturité du don de soi a l’autre. Ce qui se prostitue, c’est plutôt l’amour, et les fruits de la prostitution sont le dégout, la lassitude et le désespoir...

Dieu nous tient un l’engage de confiance et d’espoir. Par la bouche de David, au livre des rois, il nous dit:

“Sois fort et montre-toi un homme... Tu suivras les observations du Seigneur ton Dieu, en marchant selon ses voies, en gardant ses lois, ses commandements, ses ordonnances et ses instructions, selon qu’il est écrit dans le livre de Moise, afin que tu réussisses dans toutes tes œuvres et dans tous tes projets.”[18]

N’est-ce pas ce que vous voulez, vous, les jeunes d’aujourd’hui? Réussir dans toutes vos entreprises et réaliser vos projets?

Les commandements de Dieu ne sont pas les ordonnances d’un père fouettard a des fils dénaturés. C’est le langage d’un Père qui veut vous protéger des faux pas et qui vous répète:

“Prends-toi de telle façon et tu verras. Tes projets seront assurés jusqu’à la plénitude”.

“Impudique point ne seras, ni de chair, ni de consentement”[19]. Cette ordonnance ne vous invite pas à mépriser votre corps, ni à fuir la beauté et l’excellence réalisés dans votre corps d’homme et de femme!

Le Seigneur demande que l’on traite dignement les choses saintes: “Je vous ai faits à mon icone et à ma ressemblance”[20]. Quand on exhibe des toiles de grand prix, par exemple un Rembrandt, dans les musées de Hollande, de France ou d’Italie, on prend soin de les protéger, de les entourer d’un cordon ou on dit: Ne pas toucher. Pourquoi? Parce que ces œuvres de grande valeur sont exposées pour être admirées et non pour être salies par des mains des visiteurs. Pourtant, ce ne sont que des toiles à prix d’argent. Or, vous, vous êtes les icônes de la Trinité! N’importe qui pourrait vous salir?

Accepterez-vous, pour des amours folichonnes, de compromettre le grand prix que vous valez aux yeux de Dieu?

Quand le Seigneur nous dit: “Impudique point ne seras, ni de chair, ni de consentement!”[21], il veut nous signifier: ce que je vous ai donné de plus précieux, gardez-le saintement dans le respect, et cultivez les richesses d’amour déposées dans vos cœurs; elles permettront à vos corps de rayonner de l’éclat de la gloire pour laquelle je les ai faits. Et quand vous pourrez assumer une paternité, une maternité responsable, vous serez en état d’icone pure.

Voilà l’appel de Jésus!

Voilà le langage de l’évangile

Vous comprenez maintenant pourquoi certains tentent parfois de vous faire croire que les commandements de Dieu sont des tabous transmis par l’Église!

Pour ma part, je souhaite que les jeunes aient suffisamment d’audace pour réfuter les insanités de certains pseudo-sexologues qui n’ont d’autre chose à vendre que des aberrations plus monstrueuses les unes que les autres sur les libertés sexuelles.

Si je tiens ce langage, c’est que je crois à l’amour, que j’ai confiance dans la jeunesse, que le Christ est vérité et que l’Esprit saint remplira de sa force ceux et celles d’entre vous qui auront compris le message que je viens de vous livrer.

Une fois de plus, je déclare ouverte la révolution de l’amour au Québec.

Invitation à la jeunesse
Des maintenant, nous mettons en marche ce mouvement gigantesque qu’on appelle la civilisation de l’amour pour l’an 2000. On ne l’improvisera pas et personne ne l’imposera... On l’accueillera, on l’assumera, on la vivra et on la propagera.

La révolution de l’amour dont je viens de vous entretenir n’est pas un simple tape-à-l'œil. Elle s’inspire des grandes directives de Paul VI, reprises par Jean-Paul II au début de son pontificat.

N’oublions pas que nous disposons de peu de temps pour que se réalise la civilisation de l'amour, d’ici l’an 2000. Autrement, l’humanité connaîtra un holocauste sans précédent.

Les victimes des bombardements et des exterminations massives des camps de concentration, lors de la dernière guerre mondiale, sont à peine oubliée que l’humanité court déjà au-devant de calamités plus grandes, si elle ne choisit pas très bientôt l’option radicale de l’amour pour éteindre les volcans de la haine.

Cette révolution de l’amour commence par un cri, destiné au Québec et au monde: Nous en avons assez de vos révolutions perverses: Nous croyons dans la révolution de l’amour, aujourd’hui!

Déjà, nous découvrons la signification de la révolution inaugurée par le Christ dans sa rédemption, car c'est en lui seul que s’opère la réconciliation entre l’homme et Dieu. Lui seul a vaincu le monde, la mort et le péché par la victoire de sa croix.

Toi, jeune homme, et toi jeune fille, qui crois, qui aimes et qui espères, seras-tu de cette révolution de l’amour? Le Christ t’attend!

La révolution de l’amour passe par la révolution du corps
Le premier objet de cette révolution de l’amour est la révolution du corps. La personne humaine n’est pas une abstraction, un concept: elle est constituée d’un corps, d’un cœur et d’un esprit.

L’homme a été fait l’image et à la ressemblance de Dieu: il est l’icône de la Trinité. Le mot corps est une traduction du grec soma, et le mot âme provient du grec psukhé (d’où l’élément psycho et ses dérivés: psychologie, psychiatrie, psychothérapie) et de la racine pneuma, qui signifie souffle, esprit. Voilà l’homme! Ecce homo! Voilà l’être humain créé à l’image de Dieu!

D’ailleurs, tout le mystère chrétien est essentiellement fondé sur l’incarnation du Verbe: “Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous”[22]. Cette simple déclaration est révolutionnaire, car le corps humain n’est pas seulement un amas de matière, un ensemble d’atomes et de cellules reliées entre elles, selon certaines lois biochimiques. Le corps humain est, d’abord et avant tout, don et chef-d'œuvre de Dieu. Dans chacune comme dans toutes ses composantes, il révèle l’intervention d’un être suprême. En effet, malgré des recherches séculaires, personne n’est encore parvenu à reproduire une copie de l’organisme humain, qui se perpétue depuis des millénaires, avec des ressemblances et des divergences qui étonnent et renversent toutes les spéculations des savants.

Votre corps est le chef-d’œuvre d’un Dieu-amour. Votre corps est issu et conçu dans l’amour! Votre corps est fait pour l’amour! Votre corps a été constitué par amour! Et votre corps est au service de l’amour!

Voilà toute la vérité et rien de plus. Vous comprenez alors l’aberration du monde, quand il vous parle du corps-objet. On a connu l’ère de la femme-objet. On vit actuellement celle de l’homme-objet. La photographie, l’image, les médias de toutes sortes, le cinéma et même tous les autres arts s’évertuent à nous exhiber le corps humain uniquement comme objet de jouissance.

On a dépersonnalisé le corps en l’isolant de tout ce qu’est l’homme. Et comme on a méconnu le corps, on l’a méprisé, avili. Le corps humain a été réduit à des fonctions biologiques ou génétique, mais on a oublié qu’il était aussi la personne. Et c’est là que réside l’erreur fondamentale: des semeurs de mensonges qui exaltent le corps en aliénant, au départ, l’âme et l’esprit.

Souvenez-vous de l’enseignement de Jean-Paul II que je vous citais plus haut: “Que vos gestes, que vos regards soient toujours le reflet de votre âme”[23]. Le corps, l’âme et l’esprit sont inséparables dans la personne. Il n’y a pas le corps d’un côté, l’âme de l’autre et l’esprit fiché ailleurs; tout cela forme un tout dans l’être humain, qui s’appelle la personne.

Vos corps physiques sont des merveilles de vie. Or, bien que l’homme ait été blessé par le péché originel, il n’en reste pas moins qu’il a été restauré d’une façon plus admirable encore par la rédemption.

En effet, lorsque le Verbe a voulu sauver l’homme, il s’est fait chair. Il n’a pas voulu jouer à un dieu absent et lointain, caché en quelque sorte dans les nuages. Il s’est impliqué dans la pâte corporelle de notre être charnel. C’est tout l’homme et toutes les parties de l’être humain qu’il a assumés, pour permettre au corps de s’épanouir un jour dans l’immortalité et la gloire.

Voilà ou se situe tout le mystère chrétien!

La merveille du baptême
D’ailleurs, le jour de votre baptême, on a d’abord lavé votre corps avec l’eau sainte, en la répandant sur votre front. Et je sais que, depuis quelque temps, on donne un bain total a l’enfant, en l’immergeant. J’ai hâte de voir cette coutume se généraliser. En d'autres mots, on plonge tout entier le corps du nouveau-né dans le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ.

Ce n’est plus seulement un symbole: c’est un sacrement qui produit ce qu’il signifie.

Une fois terminé l’acte baptismal, on procède à une triple consécration. Avec le saint chrême, on oint la tête de l’enfant en y traçant trois grandes croix, pour le constituer prêtres, prophète et roi. On n’utilise pas le saint chrême à n’importe quelle occasion. On l’emploi lors de l’ordination des prêtres et de la consécration des évêques, des autels et des calices. Et quand on consacre un autel ou un calice, on ne fait qu’une onction a la grandeur de la table ou à l’intérieur de la coupe. Lors de son baptême, un enfant est marqué de trois onctions: “Je te consacre prêtre, prophète et roi au sein du royaume”[24]

En somme, ce corps physique que vous contemplez dans le miroir de votre chambre, que vous admirez ou méprisez, est marqué d’une triple onction de sainteté. En d’autres termes, il a été sacré et choisi, en vue du service exclusif de l'amour. Tel est le sens profond de cette révolution de l’amour à laquelle vous êtes invités!

Tant et aussi longtemps qu’on n’a pas compris l’impact révolutionnaire du baptême, on mène sa petite vie d’une façon terre à terre. On fait servir son corps, tantôt pour louer Dieu, mais tantôt aussi pour l’offenser! Voilà l’anomalie de ceux et celles qui n’ont pas saisi que leurs corps est porteur du souffle de l’Esprit saint depuis le jour de leur baptême. Saint Paul clamait aux païens nouvellement convertis: “Vos corps sont les temples du Saint Esprit; ne nous servez pas des membres du Christ pour les livrer, la nuit, aux courtisanes!”[25].

Ce langage de l’apôtre n’est-il pas assez clair?

En d’autres mots, vos corps appartiennent à Dieu; tous vos sens et vos membres sont la propriété du Christ. Comment pourriez-vous les corrompre dans les plaisirs d’une nuit d’orgie?

Paul parlait aussi franchement aux nouveaux baptisés, récemment sortis du paganisme.

Moi, je m’adresse à des chrétiens de douze, quinze, vingt et vingt-cinq ans, qui ont une longue expérience chrétienne, mais qui n’ont pas encore compris les vérités fondamentales de leur baptême!

Réfléchissez, chers jeunes, sur l’engagement et la grandeur de votre baptême et toutes votre vie en sera illuminée.

Votre corps est le chef-d'œuvre de la Trinité
Le corps humain n’a pas été conçu pour le seul plaisir des sens, le bien-être et la satisfaction charnelle. Il ne faudrait pas croire que les sexologues sont les seuls détenteurs tranquilles de la vérité et que nous sommes les victimes de tabous religieux, transmis par des parents qui ont cessé d’évoluer.

Si la révolution de l’amour que nous inaugurons est véridique, vous allez vous lever d’un seul cœur et d’une seule âme, vous, les jeunes, qui avez reçu un même baptême et une même fois pour lancer à tous ces charlatans de mensonge: Gardez votre boue pour vos semblables: votre corps appartient à Jésus-Christ! Nous avons foi en la valeur intrinsèque de notre corps parce que nous sommes des baptisés, des confirmés et des consacrés!

A vous les jeunes, le pape Jean-Paul II lance cet appel:

“Je souhaite que vous releviez le défi de notre temps et que vous soyez tous les champions de la maitrise chrétienne du corps”[26].

Il est faux de penser qu’on ne peut obtenir la maitrise de soi que par la satisfaction sexuelle et l’épanouissement des sens débridés et ce, dès les premiers signes de l’adolescence. Vous savez qu’il n’y a rien de plus faux, puisque notre corps est le chef-d'œuvre de la Trinité, consacré d’une triple onction royale, sacerdotale et prophétique. En outre, le baptême nous a dotés de chasteté d’une part, et de tempérance d’autre part.

Pourtant, chers jeunes, tant de mensonges circulent sur les mérites de la chasteté. On a cru et l’on croit encore dans plusieurs milieux que cette vertu n’est rien d’autre que l’abstention névrotique d’activités sexuelles légitimes, tandis qu’en réalité, elle est le sommet de l’équilibre humain, qui commande au corps et soumet ce dernier aux valeurs de l’esprit. Pour être chaste, il faut être équilibré, et pour être tempérant, il faut d’abord être tempéré. Rien de plus simple! Rien de plus vrai!

C’est d'ailleurs l’enseignement que nous livre Jean-Paul II dans l’Osservatore Romano du 3 février 1981: “Le respect du corps force l’ordre spirituel”[27]. En d’autres termes, si tu veux que ton esprit atteigne un certain degré d’équilibre et d’épanouissement, sache développer le respect de ton corps et celui des autres.

Le souverain pontife nous rappelle le message de saint Paul, dans sa première épitre aux Thessaloniciens:

“Voici qu’elle est la volonté de Dieu sur vous: c’est votre sanctification et que vous vous absteniez d’impudicité; que chacun de vous sache user de son corps, qui lui appartient, avec sainteté et respect, sans se laisser emporter par la passion, comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu”[28].

Dans la même lettre, Paul poursuit:

“Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, Dieu ne nous a pas appelés à la fornication: Dieu nous a appelés à la sanctification. Des lors, qui rejette cela, ce n’est pas un homme qu’il rejette, c’est Dieu lui-même, qui vous a fait don de son Esprit saint”[29].

Et le pape continue:

“La pureté, dont nous parle saint Paul, se manifeste dans la maitrise de soi-même. Que l’homme sache user de son corps avec sainteté et respect, sans se laisser emporter par la passion; que la passion soit la jalousie, l’orgueil, la vanité, la colère, la haine ou la sensualité”[30].

Car le corps est profondément secoué dans son évolution et son équilibre chaque fois qu’une passion vient perturber le métabolisme de son organisme.

A titre d’exemple, il m’est arrivé comme criminologue de procéder à des autopsies. J’ai vu des cœurs, qui étaient noirs comme le charbon. Ces pauvres gens avaient tellement vécu dans la haine qu’au moment de respirer, ils ne parvenaient pas à se libérer du gaz carbonique. Ou encore, j'ai vu des personnes qui avaient la rate et la vésicule dures comme de la pierre. La haine et la colère peuvent tuer un homme! Or, notre corps a été constitué pour évoluer au rythme de l’amour et non à celui de la haine. Il a été ordonné à l’amour et même plus: pour faire l’amour dans le Christ Jésus.

Cependant, il ne faudrait pas croire qu’il est destiné uniquement à la procréation charnelle. Consacré pour faire l’amour et répandre les bienfaits de la charité, il est organisé de telle sorte qu’il peut s’épanouir dans la chasteté consacrée du sacerdoce, de la vie religieuse et du célibat. On tente, par toutes les astuces, de nous faire croire qu’il n’y a de véritable épanouissement corporel que dans l’exercice de la génitalité. Rien n’est plus faux!

Croyez-vous honnêtement qu’une Mère Teresa de Calcutta est une personne frustrée, sexuellement refoulée, ou plutôt une religieuse pleinement épanouie, par sa consécration à Dieu et le don d’elle-même aux déshérités? Dom Helder Camara est-il un vieux garçon rabougri, incapable de dépassement humain, parce qu’il a renoncé depuis longtemps a la génitalité pour s’épanouir dans la paternité spirituelle? Et l’on pourrait multiplier les exemples d’homme et de femmes consacrés à Dieu, par la chasteté, et dont la vie a été débordante d’œuvres par la charité de toute nature visant à secourir la misère des hommes?

Chers amis, on tente de vous convaincre que la génitalité exercée au cours de l’adolescence et de la jeunesse dans l’irresponsabilité est le seul moyen pouvant assurer le plein épanouissement de vos personnes.

Et l’on vous affirme que tout sera plus facile le jour où, par malheur, vous, jeunes filles, vous réveillerez porteuses d’une vie, puisque les CLSC seront là pour vous dépanner, en vous débarrassant de l’enfant gêneur! Qui osera m’avouer qu’il s’agit la de l’épanouissement humain qu’on doit ambitionner?

Il s’agit tout simplement d’une profanation des corps, d’un mépris de la personne et de la vie, d’un renversement éhonté des véritables valeurs!

« Votre corps vaut le sang d’un Dieu »[31], puisqu’il a été racheté par la croix. Votre corps est à l’image de celui que le Christ a choisi en prenant chair pour habiter parmi nous.

Voyez-vous pourquoi la révolution de l’amour doit d’abord commencer par la révolution du corps?

Vos corps sont appelés a l’immortalité
On tente, par tous les moyens, de vous faire croire que votre corps est voué a l’activité sexuelle, alors qu’il a été créé pour la vie éternelle. Il est appelé à l’immortalité de la chair par la résurrection, et vous le savez! Aussi devez-vous l’entourer de respect et de dignité, parce qu’il est le chef-d’œuvre de Dieu.

On conserve les tableaux de Rembrandt, de Raphael, de Michel-Ange et de Goya dans les conditions idéales de nos musées contemporains, pour assurer leur performance et les protéger des mains profanes qui pourraient ternir leur qualité. Ce n’est que de la toile après tout. Vous valez infiniment plus : « Vous valez le sang d’un Dieu ! »[32].

Voilà pourquoi ce chef-d’œuvre qu’est votre corps ne doit pas être exhibé publiquement comme une production vulgaire. Vous devez le garder et le défendre des regards affamés qui veulent le profaner; il est réservé à l’époux ou à l’épouse que le Seigneur vous a choisi€ de tout temps. On comprend des lors le ridicule et l’infamie qui caractérisent ces stripteases, ces danses à gogo, cet étalage de chair qui déferle dans nos cafés et ce nudisme éhonté qui envahit nos plages.

Toute cette publicité tapageuse et indécente qu’on fait autour du corps humain constitue une forme d’intoxication et d’empoisonnement collectif; elle est le fruit de notre civilisation hédoniste et matérialiste. Ce n’est rien d’autre que de l’exploitation honteuse de l’érotisme, le résultat de la philosophie pragmatique de notre époque, dite progressiste et civilisée.

Chers amis, vous n’êtes pas faits pour l’érotisme, mais pour l’héroïsme! Pas pour la mollesse, mais pour la tendresse! Pas non plus pour les yeux de la chair, mais pour aimer en Jésus, par et en lui…

Vous avez été conçus et modelés substantiellement par Dieu. En effet, si votre père et votre mère sont à l’origine du tissu biogénétique de votre corps, ce qui explique et différencie les chromosomes. Ou encore les gênes et les traits de votre être physique, n’oubliez pas que votre âme a été créée directement par Dieu. Vous n’êtes donc pas le fruit du hasard. Le Très-haut vous connait par votre prénom et les trois personnes divines connait se sont consultées, au moment de créer le souffle de vie qu’est votre âme immortelle.

C’est justement la que votre corps prend sa valeur d’éternité. Car lorsque vous n’étiez qu’un fœtus de quelques heures, votre âme était déjà présente, faites à l’image et à la ressemblance de Dieu. Est-il besoin d’insister sur le crime abject que représente le fait de traiter le fœtus comme un déchet? Or, c’est par dizaine de milliers, et même davantage, qu’on élimine ces germes de vie du sein des femmes, parce qu’on estime qu’ils sont d’injustes agresseurs!

Nous pourrions expliquer, par des photos, ce qui se passe dans certains hôpitaux du Québec : des bébés de six, huit et douze semaines qu’on extrait par succion du sein de leurs mères. Songez à ces petits êtres dans défense, avec leurs petites mains et leurs petits pieds, enveloppés dans la chaleur du placenta, qu’on élimine froidement!

Voila ou nous conduit cette civilisation pragmatique et matérialiste qui veut se passer de Dieu et de sa loi!

Est-ce bien ce que vous voulez pour le Québec de demain? On n’avez-vous pas plutôt choisi de vivre et de faire vivre? Moi, j’ai choisi avec vous de prendre la défense de ce corps sauvé et racheté par le sang d’un Dieu par la civilisation de l’amour, partagée par des gars et des filles qui croient à l’amour et au respect de la vie!

Je vous sais capables, vous, les jeunes, qui aspirez de tout votre être à vivre pleinement votre existence, de séparer le vrai du faux et de rejeter les théories colportées au nom de données pseudo-scientifiques!

Une science privée de sagesse est de la folie pure, au même titre que la sagesse sans science est totalement inutile. Sagesse et science conduisent à la vérité. Et la vérité du corps, c’est : « Dieu vit que cela était bon »[33].

Nous sommes les tabernacles du Dieu vivant, consacrés et élus pour le service de l’amour.

Je conclus cette première partie portant sur la révolution du corps par l’amour, en empruntant la voix même du chef de l’Église, qui, en s’adressant à la jeunesse du monde, lui parle le langage de la raison et de la vérité :

« Jeunes du monde, gardez ou retrouvez une saine vision des valeurs corporelles; contemplez davantage le Christ, rédempteur de l’homme »[34].

C’est lui, le Verbe fait chair, que tant d’artistes ont peint avec réalisme pour nous signifier qu’il a tout assumé de la nature humaine, y compris la sexualité qu’il a sublimée dans la chasteté.

Tiré de : Jean-Paul Regimbal. La Révolution de l’amour, Éditions internationales Alain Stanké Ltée, 1981, pp. 17 à 49. Livre conservé a la Société d’histoire de la Haute-Yamaska, à Granby (P049) et chez Bibliothèque et Archives nationales du Québec, à Montréal (BANQ 248.83 R335R 1981)



[1] Éphésiens 4,4-6

[2] 1 Jean 3,16; Jean 15,13

[3] AGAPE: amour qui prend sa source en Dieu et qui est diffusé dans nos coeurs par l’Esprit saint.

[4] Romains 5,5

[5] Luc 10,27

[6] Luc 11,23

[7] Comité épiscopal de l’éducation, Une approche pastorale de l’éducation sexuelle, p.2, no 2.

[8] Comité épiscopal de l’éducation, Une approche pastorale de l’éducation sexuelle, p.1, Introduction.

[9] CLSC – Centres locaux de services sociaux.

[10] CRSSS – Centres régionaux de santé et de services sociaux.

[11] Actualité : Vol. 6, no 3, mars 1981, p. 35 à 44.

[12] Idem, p. 36, La Sexualité des 15-20.

[13] 2 Timothée 1,7

[14] Actes 4,20

[15] Jean-Paul II, Discours aux jeunes, Palais des Princes, juin 1980, Ed. Centurion, Paris, 1980, p.181

[16] Marc 10, 17-20

[17] Cf. Exode 20,17. Mathieu 19, 1-9

[18] 1 Rois 2, 2-5

[19] Exode 20,14

[20] Genèse 1,26

[21] Exode 20,14

[22] Jean 1,14

[23] Jean-Paul II, Discours aux jeunes, Palais des Princes, juin 1980

[24] Liturgie du baptême, Cf. Nouveau rituel.

[25] 1 Corinthiens 6,19

[26] Jean-Paul II parle aux jeunes. Messagers de la Bible, Québec 1980, p. 7-8, Ed. Du Centurion, Paris, 1980, p.181.

[27] Jean-Paul II, Discours du 28 janvier 1981, Osservatore Romano, no 5, p.12

[28] 1 Thessalonieciens 4, 3-5

[29] 1 Thessaloniciens 4, 7-8

[30] Jean-Paul II, Discours du 28 janvier 1981, Osservatore Romano, no 5, p.12

[31] 1 Pierre 1, 17-19

[32] 1 Pierre 1, 18-19

[33] Genèse 1,31

[34] Jean-Paul II parle aux jeunes, Messagers de la Bible, Québec, 1980, p.8, Ed. du Centurion, Paris, 1980, p. 182.