Benoit Voyer
PAROLE ET VIE animée par Roland Leclerc No 14 (1994)
Émission de télévision Parole et Vie animée par Roland Leclerc No 14 (1994)
Au programme:
1- La chronique biblique de Bertrand Ouellet: Le mot Parole (Davar);
2-La communauté de Taizé;
3-Mgr Pierre Melki, syriaque catholique;
4- Les Services communautaires catholiques, à Montréal;
5-Les Petits chanteurs de Mont Royal chantent;
6- Benoit Voyer s'entretient avec Jeannine Ouellet: Les femmes dans l'antiquité;
7- Le Centre avec des Elles, dans le diocèse de Joliette. Entrevue avec Louise Beaudry;
8- La chronique Entre deux âges animée par Yvon Cousineau. Quelle image de Dieu avez-vous?
9- Chronique sur les rayons avec Sophie Giroux: Proposition de quelques livres.
10-Pierre Bélanger livre une réflexion: Le village global
11- La comédienne Mireille Thibault lit un extrait de la bible.
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Tiré de: P049 Parole et Vie Ep 14 (Fonds Benoit Voyer)
Société d'histoire de la Haute-Yamaska, à Granby
LE PRÉSENT DU PASSÉ: Confidence du médecin de Robert Bourassa
Docteur Joseph Ayoub Cancérologue, Hôpital Notre-Dame
« Un jour j'ai dit à Robert Bourassa : " Le Québec vous aime, monsieur Bourassa! " Des larmes d'émotion contenue ont alors coulé sur son visage, silencieusement », dit d'une voix touchante Joseph Ayoub, l'oncologue qui a accompagné l'ex-premier ministre du Québec sur le chemin de l'autre vie. Ce qui l'a surpris, c'est la simplicité et la foi en Dieu qui habitaient ce personnage important de l'histoire du Québec, décédé le 2 octobre 1996 à 5h45 à l'Hôpital Notre-Dame de Montréal, emporté par un cancer.
Accompagner cette personnalité québécoise a été un événement circonstanciel, voire providentiel. Lors de l'arrivée de Robert Bourassa à l'hôpital, Joseph Ayoub était de garde. « J'ai appris à voir l'homme à travers le politicien. J'ai appris à découvrir un être d'une grande simplicité et d'une très grande humilité », ajoute-t-il.
L'hommage qu'il a fait le jour du décès et qui a été repris par tous les médias de la métropole québécoise a profondément touché les sensibilités de ses compatriotes d'adoption. Le monde catholique a découvert en lui une âme riche de la présence de Dieu. Son témoignage n'a pourtant pas été quelque chose de très planifié.
« Dans ses dernières minutes, je suis venu d'urgence à son chevet pour encourager sa famille. Sur la route pour me rendre à l'hôpital, je me suis dit: c'est le 2 octobre, fête des anges gardiens. C'est en ces termes que j'ai parlé à la famille Bourassa lorsqu'il a exhalé son dernier souffle. " Son ange gardien a accompagné son âme au Seigneur "», raconte le réputé spécialiste du cancer.
Il poursuit : « En sortant de la messe vers 7h30 (à l'Hôpital Notre-Dame où je participe souvent à l'eucharistie), je me suis dit ; ça ne se peut pas qu'un homme qui a tellement contribué à l'évolution du Québec parte sans que quelqu'un livre un dernier hommage. Je savais que la famille ne voulait émettre aucun commentaire officiel aux médias. Alors, je me suis rendu à mon bureau (le K5219 du Pavillon Mailloux de l'Hôpital Notre-Dame de Montréal) pour griffonner un petit texte et j'ai téléphoné à madame Bourassa pour lui demander la permission de livrer ma déclaration aux médias. »
Andrée Bourassa accepte la proposition. Joseph Ayoub se rend alors au bureau de Jacques Wilkins, directeur des communications de l'institution, pour lui remettre son bout de papier. M Walkins le met au propre et l'envoie à toutes les salles de presse par le biais de l'agence Telbec.
Son geste réalisé, le docteur Ayoub se rend à une réunion au Collège des médecins du Québec sans trop se soucier de la conséquence de son geste spontané. Rapidement, M. Wilkins lui lance un appel urgent au téléphone :
« Monsieur Ayoub, on a des téléphones de partout. Les médias veulent vous voir et vous entendre lire ce témoignage que vous avez rédigé. » À midi, il était la vedette d'un point de presse en direct sur les ondes de plusieurs stations de radio et de télévision.
« Êtes-vous conscient que vous avez touché les cœurs des Québécois ? Avouez que c'était bien plus qu'un hommage à Robert Bourassa ! Vos propos de foi ont pénétré la sensibilité collective. Par la suite, la population ne parlait que de cela ! Elle disait de vous : Quel grand humaniste ! Quel grand homme ! » lui envoie le représentant de la Revue Sainte Anne pour tenter de le faire sortir quelques secondes de sa grande humilité
Il répond après un bref silence comme pour se justifier : « Ce témoignage est sorti de mon cœur après avoir côtoyé ce monsieur pendant cinq semaines ... »
Après un silence lourd à la recherche d'une réponse au fond de lui, il ose des commentaires puisés à la source de sa spiritualité : « C'est là que je te dis: c'est la voie du Seigneur. Il a des voies qui nous dépassent, toi et moi. » Il y a longtemps que j'ai constaté - et cela bien avant cet événement - que les Québécois ont une foi profonde, mais qu'elle est endormie. Ils ont peur de l'exprimer. »
Pour lui, la foi au Québec est omniprésente et il n'y a qu'à simplement enlever une couche de terre, une couche de poussière pour qu'elle apparaisse. La racine de la foi est bien vivante. Pour qu'elle revive, il faut qu'il y ait de véritables témoins. Seuls des gens qui vivent pleinement de la Parole de Dieu permettront à la foi de fleurir à nouveau.
Un médecin pas comme les autres
Joseph Ayoub est oncologue au Pavillon Notre-Dame du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), directeur d'oncologie médicale et professeur à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal et responsable de l'unité du cancer du poumon pour le Fonds de recherche en santé du Québec (Réseau cancer). Il s'occupe aussi des protocoles de recherche clinique pour le cancer du poumon.
Il est rare de rencontrer une telle qualité humaine chez un spécialiste de la santé. Il est bien plus qu'un médecin du corps. Il est celui de l'âme. N'est-ce pas cela apporter le salut ? Dans sa racine hébraïque, ce mot veut dire «la guérison ». C'est ce que Jésus a fait et Joseph Ayoub tente de l'imiter à sa façon.
« Le regard de Joseph Ayoub ressemble au regard de compassion que le Christ, docteur des âmes, portait sur les malades », lance promptement Johanne Grondin au seul souvenir de cet homme qu'elle a vu à la télévision à quelques occasions.
Son visage est rempli de lumière. Son regard est chargé de tendresse. Ses paroles sont pleines de bonté. Il n'a pas de besoin de parler. De sa personne transparaissent les traces du Ressuscité. Il côtoie tellement de près la mort, qu'il est constamment en contact avec les âmes du ciel. Dieu doit tellement être fier de la préparation qu'il fait à ses patients pour aller à sa rencontre, qu'il doit lui préparer une des plus belles places au royaume des bienheureux du ciel. Vraiment, il est rare de rencontrer une si belle âme
Médecin catholique
Joseph Ayoub est né en Égypte, en janvier 1937. Il est le fils d'un père égyptien et d'une mère libanaise. Il gradue en médecine en 1961. Après deux ans de travail en résidence, il commence sa carrière de médecin à Alexandrie. En cette même année 1963, il rencontre sa future femme et ils se marient.
En octobre 1966, il quitte son pays pour s'établir au Canada avec son épouse (ses yeux s'illuminent lorsqu'il parle d'elle) et leur bébé d'un an qui se prénomme Jean-Pierre. Ils deviennent officiellement citoyens canadiens, cinq ans plus tard.
« Avant de venir ici, j'ai lu de nombreux livres sur l'histoire du Québec. Ce qui m'a attiré, ce sont les origines mystiques de la Nouvelle-France. J'en rêvais. Je me disais que ce serait là que je pourrais vivre ma foi d'une façon pleine et idéale. C'était juste avant la révolution culturelle qu'a vécu le Québec », commente le sympathique spécialiste.
Être un médecin catholique passe bien auprès des malades. Cela est moins facile auprès des intellectuels. Il croit cependant que la foi vécue pleinement, simplement et normalement, finit par faire dire aux réfractaires qu'il y a quelque chose de sérieux dans la manifestation religieuse.
« Il y a une certaine réflexion qui s'établit parmi mes collègues et les autres médecins. Ils arrivent à voir que l'on peut faire une alliance entre la foi et la science. C'est une évolution de la pensée. Dans les années 1970, il fallait choisir entre l'une ou l'autre. Tu ne pouvais pas avoir les deux. Comme le disait si bien le cardinal Poupart : " Pour la science, connaître c'est expliquer. Pour la foi, connaître c'est aimer. Expliquer et aimer peuvent aller ensemble "», conclut-il.
Le mélange science et foi est ce qu'il a utilisé pour soigner Robert Bourassa et tant d'autres malades. Pour lui, la médecine n'est pas une profession, mais une vocation particulière, une mission apostolique.
Benoît Voyer
Confidence du médecin de Robert Bourassa
« Un jour j'ai dit à Robert Bourassa : " Le Québec vous aime, monsieur Bourassa! " Des larmes d'émotion contenue ont alors coulé sur son visage, silencieusement », dit d'une voix touchante Joseph Ayoub, l'oncologue qui a accompagné l'ex-premier ministre du Québec sur le chemin de l'autre vie. Ce qui l'a surpris, c'est la simplicité et la foi en Dieu qui habitaient ce personnage important de l'histoire du Québec, décédé le 2 octobre 1996 à 5h45 à l'Hôpital Notre-Dame de Montréal, emporté par un cancer.
Accompagner cette personnalité québécoise a été un événement circonstanciel, voire providentiel. Lors de l'arrivée de Robert Bourassa à l'hôpital, Joseph Ayoub était de garde. « J'ai appris à voir l'homme à travers le politicien. J'ai appris à découvrir un être d'une grande simplicité et d'une très grande humilité », ajoute-t-il.
L'hommage qu'il a fait le jour du décès et qui a été repris par tous les médias de la métropole québécoise a profondément touché les sensibilités de ses compatriotes d'adoption. Le monde catholique a découvert en lui une âme riche de la présence de Dieu. Son témoignage n'a pourtant pas été quelque chose de très planifié.
« Dans ses dernières minutes, je suis venu d'urgence à son chevet pour encourager sa famille. Sur la route pour me rendre à l'hôpital, je me suis dit: c'est le 2 octobre, fête des anges gardiens. C'est en ces termes que j'ai parlé à la famille Bourassa lorsqu'il a exhalé son dernier souffle. " Son ange gardien a accompagné son âme au Seigneur "», raconte le réputé spécialiste du cancer.
Il poursuit : « En sortant de la messe vers 7h30 (à l'Hôpital Notre-Dame où je participe souvent à l'eucharistie), je me suis dit ; ça ne se peut pas qu'un homme qui a tellement contribué à l'évolution du Québec parte sans que quelqu'un livre un dernier hommage. Je savais que la famille ne voulait émettre aucun commentaire officiel aux médias. Alors, je me suis rendu à mon bureau (le K5219 du Pavillon Mailloux de l'Hôpital Notre-Dame de Montréal) pour griffonner un petit texte et j'ai téléphoné à madame Bourassa pour lui demander la permission de livrer ma déclaration aux médias. »
Andrée Bourassa accepte la proposition. Joseph Ayoub se rend alors au bureau de Jacques Wilkins, directeur des communications de l'institution, pour lui remettre son bout de papier. M Walkins le met au propre et l'envoie à toutes les salles de presse par le biais de l'agence Telbec.
Son geste réalisé, le docteur Ayoub se rend à une réunion au Collège des médecins du Québec sans trop se soucier de la conséquence de son geste spontané. Rapidement, M. Wilkins lui lance un appel urgent au téléphone :
« Monsieur Ayoub, on a des téléphones de partout. Les médias veulent vous voir et vous entendre lire ce témoignage que vous avez rédigé. » À midi, il était la vedette d'un point de presse en direct sur les ondes de plusieurs stations de radio et de télévision.
« Êtes-vous conscient que vous avez touché les cœurs des Québécois ? Avouez que c'était bien plus qu'un hommage à Robert Bourassa ! Vos propos de foi ont pénétré la sensibilité collective. Par la suite, la population ne parlait que de cela ! Elle disait de vous : Quel grand humaniste ! Quel grand homme ! » lui envoie le représentant de la Revue Sainte Anne pour tenter de le faire sortir quelques secondes de sa grande humilité
Il répond après un bref silence comme pour se justifier : « Ce témoignage est sorti de mon cœur après avoir côtoyé ce monsieur pendant cinq semaines ... »
Après un silence lourd à la recherche d'une réponse au fond de lui, il ose des commentaires puisés à la source de sa spiritualité : « C'est là que je te dis: c'est la voie du Seigneur. Il a des voies qui nous dépassent, toi et moi. » Il y a longtemps que j'ai constaté - et cela bien avant cet événement - que les Québécois ont une foi profonde, mais qu'elle est endormie. Ils ont peur de l'exprimer. »
Pour lui, la foi au Québec est omniprésente et il n'y a qu'à simplement enlever une couche de terre, une couche de poussière pour qu'elle apparaisse. La racine de la foi est bien vivante. Pour qu'elle revive, il faut qu'il y ait de véritables témoins. Seuls des gens qui vivent pleinement de la Parole de Dieu permettront à la foi de fleurir à nouveau.
Un médecin pas comme les autres
Joseph Ayoub est oncologue au Pavillon Notre-Dame du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), directeur d'oncologie médicale et professeur à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal et responsable de l'unité du cancer du poumon pour le Fonds de recherche en santé du Québec (Réseau cancer). Il s'occupe aussi des protocoles de recherche clinique pour le cancer du poumon.
Il est rare de rencontrer une telle qualité humaine chez un spécialiste de la santé. Il est bien plus qu'un médecin du corps. Il est celui de l'âme. N'est-ce pas cela apporter le salut ? Dans sa racine hébraïque, ce mot veut dire «la guérison ». C'est ce que Jésus a fait et Joseph Ayoub tente de l'imiter à sa façon.
« Le regard de Joseph Ayoub ressemble au regard de compassion que le Christ, docteur des âmes, portait sur les malades », lance promptement Johanne Grondin au seul souvenir de cet homme qu'elle a vu à la télévision à quelques occasions.
Son visage est rempli de lumière. Son regard est chargé de tendresse. Ses paroles sont pleines de bonté. Il n'a pas de besoin de parler. De sa personne transparaissent les traces du Ressuscité. Il côtoie tellement de près la mort, qu'il est constamment en contact avec les âmes du ciel. Dieu doit tellement être fier de la préparation qu'il fait à ses patients pour aller à sa rencontre, qu'il doit lui préparer une des plus belles places au royaume des bienheureux du ciel. Vraiment, il est rare de rencontrer une si belle âme
Médecin catholique
Joseph Ayoub est né en Égypte, en janvier 1937. Il est le fils d'un père égyptien et d'une mère libanaise. Il gradue en médecine en 1961. Après deux ans de travail en résidence, il commence sa carrière de médecin à Alexandrie. En cette même année 1963, il rencontre sa future femme et ils se marient.
En octobre 1966, il quitte son pays pour s'établir au Canada avec son épouse (ses yeux s'illuminent lorsqu'il parle d'elle) et leur bébé d'un an qui se prénomme Jean-Pierre. Ils deviennent officiellement citoyens canadiens, cinq ans plus tard.
« Avant de venir ici, j'ai lu de nombreux livres sur l'histoire du Québec. Ce qui m'a attiré, ce sont les origines mystiques de la Nouvelle-France. J'en rêvais. Je me disais que ce serait là que je pourrais vivre ma foi d'une façon pleine et idéale. C'était juste avant la révolution culturelle qu'a vécu le Québec », commente le sympathique spécialiste.
Être un médecin catholique passe bien auprès des malades. Cela est moins facile auprès des intellectuels. Il croit cependant que la foi vécue pleinement, simplement et normalement, finit par faire dire aux réfractaires qu'il y a quelque chose de sérieux dans la manifestation religieuse.
« Il y a une certaine réflexion qui s'établit parmi mes collègues et les autres médecins. Ils arrivent à voir que l'on peut faire une alliance entre la foi et la science. C'est une évolution de la pensée. Dans les années 1970, il fallait choisir entre l'une ou l'autre. Tu ne pouvais pas avoir les deux. Comme le disait si bien le cardinal Poupart : " Pour la science, connaître c'est expliquer. Pour la foi, connaître c'est aimer. Expliquer et aimer peuvent aller ensemble "», conclut-il.
Le mélange science et foi est ce qu'il a utilisé pour soigner Robert Bourassa et tant d'autres malades. Pour lui, la médecine n'est pas une profession, mais une vocation particulière, une mission apostolique.
Benoît Voyer
(Revue Sainte Anne, février 1999, pages 55 et 77)
POLITIQUE: Les élections canadiennes du 14 décembre 2008
Par Benoit Voyer
13 décembre 2025
À l’été 2008, en pleine campagne électorale au Canada, j’arrive difficilement à me situer sur le plan politique et, surtout, à être à l’aise avec les programmes proposés. Le 4 septembre, j’écris dans les pages du quotidien Le Devoir [1]: « Il y a des jours où je doute de mon choix des derniers mois. »
Mon ambivalence dure depuis quelques années. Dans ma réflexion, j’avoue qu’« il m'est déjà arrivé de voter pour les conservateurs, les libéraux, le Nouveau Parti démocratique (NPD), le Bloc québécois et le Parti vert (PV) ».
En cette période estivale, je pense que Stéphane Dion ferait le meilleur premier ministre pour le pays, mais ma fidélité reste fragile. « Il n’est pas très charismatique, mais Dion est pour moi un intellectuel de grande valeur » et son « plan vert » est fort intéressant et audacieux.
Durant cette saison estivale, comme bien des Canadiens, l’homme qui trouble mon esprit est le charismatique Jack Layton. Son assurance « me plaît davantage que la timidité de Harper », mais « quelques points du programme de gauche de sa formation politique freinent mon intérêt ».
Depuis des années, le Parti vert du Canada demeure mon second choix de vote. « L'arrivée d'un premier député vert à la Chambre des communes me donne le goût de voter pour la formation dirigée par Elizabeth May. Toutefois, rien n'est acquis. » Comme je dis souvent, tant qu’à voter pour n’importe qui, vaut mieux encourager le parti écologique.
Qu’est-ce que je pense du Bloc québécois : Depuis un moment déjà, « je pense qu'une formation souverainiste n'a plus sa place à Ottawa ».
Enfin, à propos de la droite politique canadienne, j’insiste dans ma réflexion : « Je ne voterai pas pour le Parti conservateur, car son programme est trop à droite, et ses coupes sauvages dans le domaine de la culture, injustifiées. » Dans quelques années, je comprendrai mieux la pensée libertarienne et je sourirai en relisant cette réflexion publiée dans le quotidien montréalais.
Le 14 décembre 2008, jour des élections canadiennes, je me laisserai finalement charmer par Jack Layton.
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[1] Benoit Voyer. « Pour qui voter à la prochaine élection », Le Devoir, 4 septembre 2008, www.ledevoir.com/opinion/lettres/203858/pour-qui-voter-a-la-prochaine-election
PAROLE ET VIE animée par Roland Leclerc No 13 (1993)
Émission de télévision Parole et Vie animée par Roland Leclerc No 13 (1993)
Au programme:
1- La chronique biblique de Bertrand Ouellet: Le livre des Psaumes;
2-Pèlerinage a Denver a l'occasion de la visite du Pape Jean-Paul II. Le Cardinal Jean-Claude Turcotte est du nombre des pèlerins 1ere partie;
3-Lorraine Caza: La visiteuse chez Simon
4- Le courrier de l'évêque: Mgr Roger Ébacher: L'importance de la pratique dominicale;
5-Pèlerinage a Denver a l'occasion de la visite du Pape Jean-Paul II. Le Cardinal Jean-Claude Turcotte est du nombre des pèlerins 2e partie;
6- Les moines cisterciens de Rougemont chantent le Psaume 90;
7- Le père Benoit Lacroix (Joachim Lacroix de son vrai nom) parle des marguillers;
8-René Laprise parle de l'avenir des paroisses dans le diocèse de Gatineau-Hull;
9- La chronique Pour une foi qu'on se parle animée par Yvon Cousineau. Une table ronde avec 6 jeunes: Quels sont les signes de la Providence dans notre vie?
10- Chronique Sur les rayons avec Christiane Gagnon: Proposition de quelques livres.
11-Pierre Bélanger livre une réflexion: Médias, races et cultures;
12- La chanteuse Danièle Oddera lit un extrait de la bible.
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Tiré de: P049 Parole et Vie Ep 13 (Fonds Benoit Voyer)
Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby
AU COEUR DE LA PAROLE: 3e dimanche de l'Avent B
20231215 Benoit Voyer Au coeur de la Parole 3e dimanche de l'avent B
LE PRÉSENT DU PASSÉ: Un médecin parle de la mort
La mort fait partie de la vie et il est facile de le constater, nous vivons dans une conjoncture sociale qui fait d'elle un sujet tabou qui rend bien des personnes inconfortables. La mort provoque de vives réactions. Les gens ont peur de vieillir, de se dégrader, de souffrir et d'être l'objet d'un acharnement thérapeutique. La mort donne des remords. Comment réagir face à elle et de quelle façon l'apprivoiser?
Joseph Ayoub, hémano-oncologue médical au Centre d'oncologie médical du Centre hospitalier universitaire de Montréal est clair: sans la foi en Dieu, la mort est cruelle et atroce. Elle n'a point de sens et demande un combat stoïque au malade en phase terminale. Sans un cheminement spirituel, la personne atteinte de cancer vit ses derniers moments dans une souffrance morale effrayante.
Euthanasie
Face à la souffrance des grand malades condamnés à mourir, l'euthanasie est-elle la solution?
En décembre 1994, les résultats d'un sondage Gallup effectué auprès de 1002 Canadiens, indiquent que 50% des personnes interrogées sont d'accord pour mettre fin à la vie d'un enfant s'il souffre d'une maladie incurable, 35% sont contre et 15% n'ont pas d'opinion. 76% sont en faveur du suicide réalisé avec l'assistance d'un médecin, 16% s'y opposent et 8% n'ont pas d'opinion.
L'heure est grave ... Ce n'est pas parce que c'est légal que c'est moral! L'Église demeure totalement contre une telle pratique. Les articles 2276 et 2279 du nouveau Catéchisme de l'Église catholique ne passent pas par quatre chemins: l'euthanasie est un meurtre « toujours à proscrire ». Le Catholique soucieux d'intégrer des valeurs évangéliques à son quotidien est appelé à vivre sa vie jusqu'au bout, malgré les souffrances.
Mais si la personne est condamnée à mourir, quelle est la différence à partir, entre aujourd'hui ou dans deux semaines? « J’ai vu de mes propres yeux – une semaine, un jour, une heure avant sa mort - des choses qui ont été dites par les malades aux êtres qu'ils aiment ou à d'autres personnes qui n'auraient pas profité de ces confidences compte tenu du choix de l'euthanasie. Ces propos ont complètement transformé et changé la vie de ces gens qui, eux, continuent la route de la vie humaine et qui ont besoin d'un tel témoignage pour grandir intérieurement et aller de l’avant », dit Joseph Ayoub.
« Or, en faisant l'euthanasie ou en tuant la personne, tu bloques notre société d'un témoignage et d'un testament spirituel, car ces malades aux abords de la mort reconnaissent des choses dans la vie que nous ne pouvons capter. Nous n'avons pas les antennes nécessaires. Face à la mort, ils voient des choses que nous ne voyons pas. Ils veulent donner ces éléments-là aux êtres qu'ils aiment.
Ils veulent dire à leur enfant où à leurs proches quelle est la chose la plus essentielle pour notre vie. Tu sais ce que vaut cela pour un jeune de savoir par son père ou pour sa mère qu'est-ce qui est le plus important dans la vie?
S'empêcher de voir passer un être cher de la vie à la mort et de la mort à la vie éternelle, c'est priver notre monde d'une grande richesse », poursuit-il.
Pourquoi mourir?
«Personnellement, je suis profondément convaincu que chacun de nous a une mission sur terre et qu'au moment de la mort, nous passons le relais à d’autres », commente le médecin catholique qui a assisté le premier ministre Robert Bourassa dans son combat contre le cancer.
Il pense que la mort est devenue un tabou parce que notre génération a pensé pouvoir, avec la science, le savoir et la modernisation, arrêter la mort, de pouvoir la remettre à l'infini.
« Je dis toujours à mes malades: Écoutez, le Seigneur vous a donné une option. Vous avez touché quelque chose que ceux qui sont en santé ne touchent pas Vous avez réalisé la valeur de la vie. Et si à l'heure actuelle vous êtes en rémission, relevez-vous, témoignez et continuez! Vous êtes mieux que quiconque à savoir la vraie valeur de cette vie que vous vivez. Votre mort va être repoussée et tant mieux pour vous! Vous allez pouvoir mieux vivre avec votre famille, avec vos amis, avec la société, 5 ans, 10 ans, 15 ans ... Tant mieux! Vous allez pouvoir vivre pleinement ».
Vaincre la peur de la mort
La peur de la mort est due à deux raisons: la grande solitude des personnes aînées (l'isolement) et l'absence d'une foi profonde. Il est donc important d'accompagner les malades en donnant les soins appropriés et en étant simplement présent en les touchant. La plus grande chose dont la personne en phase terminale a besoin, c'est de la présence humaine; juste quelqu'un qui est là, auprès d'elle, pour la rassurer (pas besoin de tenir des conversations à ne plus finir).
Le docteur Ayoub essaie toujours de faire un cheminement spirituel avec eux. Parce que mourir en présence de Dieu est plus facile. Parfois, ils ont des peurs. Des victimes du cancer et condamnées à trépas disent: « Toute ma vie, je me suis dissocié du Bon Dieu. Ce n'est pas possible que Dieu à une semaine de ma mort ... » - « Il faut leur parler de la grande miséricorde de Dieu, de son grand amour et de sa grande compassion », insiste-t-il.
Le cheminement spirituel va atténuer et dissiper la souffrance morale. Donner de la dignité à la personne au dernier instant de son existence, c'est justement faire l'effort de passer quelques heures avec elle.
Dieu et la maladie
Est-ce que Dieu veut la maladie? Est-ce que Dieu veut la souffrance? « Dieu ne veut pas la maladie et ne veut pas la mort. Jésus a voulu vivre et partager avec nous la souffrance de la maladie. Tout au long de sa vie nous voyons son amour merveilleux pour ceux qui souffrent. À chaque fois, il essaie de compatir à la souffrance. Celle-ci fait partie de notre monde. Jésus est venu pour dire: je partage avec vous cette souffrance. Il a voulu souffrir comme nous. Il a voulu mourir comme nous. Il est venu humain pour ne pas être un Dieu théorique et pour dire qu'il a partagé et vécu nos joies, nos joies, nos grandeurs et nos misères. Si nous voulons voir et contempler sa lumière divine... Si nous voulons rencontrer le Seigneur... Nous devons accepter ce passage vers la vie éternelle par la mort », expose Joseph Ayoub.
Ses propos correspondent à la pensée de l'Église. Les articles 1009 et 1010 du nouveau Catéchisme indiquent: « La mort est transformée par le Christ. Jésus, le Fils de Dieu, a souffert lui aussi la mort, propre de la condition humaine. Mais, malgré son effroi face à elle, Il l'assuma dans un acte de soumission totale et libre à la volonté de son Père. L'obéissance de Jésus a transformé la malédiction de la mort en bénédiction ». [...] «Grâce au Christ, la mort chrétienne a un sens positif. »
Apprivoiser la mort en accompagnant des malades en phase terminale est le chemin qu'emprunte des centaines de personnes membres de diverses associations comme Albatros qui a son siège social à Trois-Rivières. Visiter les malades, c'est un peu être disciple de Jésus. Face à la mort, le Christ a souffert, mais n'a pas eu peur.
Benoît Voyer
(Revue Sainte Anne, Novembre 1998, page 446)
PAROLE ET VIE animée par Roland Leclerc No 12 (1993)
Émission de télévision Parole et Vie animée par Roland Leclerc No 12 (1993)
Au programme:
1- La chronique biblique de Bertrand Ouellet: Le livre d'Amos;
2-Suzane Cousineau, responsable de paroisse dans le diocèse de Saint-Jérôme;
3- Le courrier de l'évêque: Mgr Maurice Couture: La résignation chrétienne devant le mal;
4-Pèlerinage a l'Oratoire Saint-Joseph, a Montréal, par la communauté italienne;
5- Les moines cisterciens de Rougemont chantent;
6- Le père Benoit Lacroix (Joachim Lacroix de son vrai nom) parle du servant de messe;
7-Johanne Boisvert du diocèse catholique de Saint-Hyacinthe parle d'un guide produit pour l'Année internationale de la famille;
8- La chronique Pour une foi qu'on se parle animée par Yvon Cousineau. Une table ronde avec 6 jeunes: Est ce que les jeunes ont du coeur?
9- Chronique Sur les rayons avec Christiane Gagnon: Proposition de quelques livres.
10-Thérèse Miron livre une réflexion: Dieu et l'argent;
11- Le comédienne Mireille Thibault lit un extrait de la bible.
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Tiré de: P049 Parole et Vie Ep 12 (Fonds Benoit Voyer)
Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby
LE PRÉSENT DU PASSÉ: Le plus fort c'est mon père
Rachel et Jérôme Saint-Pierre
Jérome Saint-Pierre et Rachel Saint-Pierre (née Rainville) ont bien fait marcher la machine à rumeurs depuis 5 ans : une coquette fille de 25 ans fréquente un beau prêtre moustachu à l'aube de la cinquantaine ... Ils ne cachent point leur tendresse et l'amour qu'ils se portent l'un pour l'autre. Lorsqu'ils se retrouvent ensemble, leurs yeux brillent d'une joie sans faille. Il l'a confirmée dans sa féminité. Elle lui a permis d'être l'homme profondément humain et le religieux qu'il est devenu. Ce qu'ils vivent est très touchant.
Il n'est pas son amant. Elle n'est pas sa maîtresse. En réalité, il est son père. Il l'est devenu, il y a quelques mois, après plusieurs années de rencontres et de démarches personnelles, religieuses et civiles. Chez les Oblats de Marie-Immaculée, il est un pionnier au chapitre de l'adoption pour cause psychologique. Il y a bien eu quelques cas pour des motifs humanitaires, mais jamais pour aider une personne à guérir de certaines difficultés affectives, émotives et intérieures. Ils sont également des défricheurs sur le plan légal puisque les lois ne disent rien à ce sujet. C'est le vide. Pour leur avocate, Louise Richard de Montréal, puisque la loi ne dit rien, elle le permet. Leur expérience est unique
Un beau soir de novembre 1993, Rachel Rainville rencontre le père Jérome Saint-Pierre au Café Chrétien Centre-Sud où elle s'implique depuis 2 ans et où il travaille depuis 15 ans. Elle lui demande carrément : « Veux-tu être mon père ? » Il répond tout de go « non ». Il prétexte être trop occupé, ne pas avoir le temps à consacrer à développer une telle relation et en avoir trop à faire au « café ».
Cependant, il en parle à son directeur de conscience et à des confrères de sa communauté. Il finit par réviser sa position auprès de la jeune femme.
« Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. S'avançant vers le premier, il lui dit : " Mon enfant, va donc aujourd'hui travailler à la vigne ". Celui-ci lui répondit : " Je ne veux pas ". Un peu plus tard, s'étant repenti, il y alla. S'avançant vers le second, il lui dit la même chose. Celui-ci répondit : " J'y vais, Seigneur "; mais il n'y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté de mon Père? » (Mt 21, 28-30)
Le père Saint-Pierre explique sa réaction : « C'était très compliqué à cause de mon fonctionnement au Café Chrétien. J'étais totalement donné à l'œuvre. Je travaillais de 100 à 110 heures par semaine ! Ce n'était donc pas facile de prendre une partie de mon attention juste pour elle. Pendant de nombreux mois, j'ai été obligé de la rencontrer à la maison des Oblats (Saint-Pierre-Apôtre), en secret, une heure par semaine, le jeudi de 16 à 17 heures. Cela a causé de nombreuses tensions. J'avais de la difficulté à faire faire la besogne, car j'avais de la misère à m'imposer ».
C'est de 18 à 25 ans que Rachel Rainville prend conscience du grand vide affectif laissé par l'absence de son père parti alors qu'elle était en bas âge et qui s'est fait peu présent au fil des années. Cette paternité absente a créé en elle de graves problèmes d'anxiété, des périodes de dépression et une recherche permanente de confirmation de sa féminité (par l'admiration, le réconfort, l'affection, l'intérêt pour elle, etc.). Depuis un an, Rachel Saint-Pierre ne fait plus de crises d'anxiété. Sa relation avec son père adoptif a grandement contribué à sa guérison
Adoption
Les démarches d'adoption se sont réalisées sur un an et demi. Le plus gros problème à surmonter a été l'acceptation de la démarche par les supérieurs du père Jérôme Saint-Pierre qui - au moment de son adhésion à la congrégation religieuse - a fait le vœu d'obéissance.
De rencontre en rencontre (une dizaine), la direction de la communauté n'arrivait pas à dire un « non » définitif à la demande. Les Oblats de Marie-Immaculée étaient devant une patate chaude. Les expériences vécues par sa communauté n'ont jamais été très positives : Des Vietnamiens, un Amérindien et bien des histoires d'immigration. Mais le « cas Saint-Pierre » était bien différent puisqu'il invoquait une raison encore jamais invoquée
Après de long mois de démarches, le supérieur provincial finit par informer le père Jérôme de sa décision. Le religieux ne tarde pas à téléphoner à Rachel pour l'informer : « J'espère que tu ne seras pas trop déçue, il n'y a rien à faire c'est non ». Sans tarder et sans lui demander la permission, elle téléphone au supérieur et demande une rencontre le même jour.
« J'y suis allée aussi, pour qu'il me connaisse, me présenter. Le supérieur comprenait mon point de vue, mais sur le plan légal, il ne voyait pas l'utilité. Je lui ai expliqué que nous vivons en société et qu'il est important de reconnaître les liens entre les personnes, au même titre qu'un homme et une femme qui se marient », se souvient la femme aux yeux bleus.
Elle a provoqué le supérieur en disant : « Vous dites que vous vous engagez, mais êtes-vous vraiment prêt à prendre un engagement ? » Finalement, la décision a été renversée.
« J'ai appelé le barreau de Montréal pour être référée à une avocate. Louise Richard m'a dit : " Je vérifie dans mes livres et si rien ne l'interdit, tout est possible ". Elle a finalement fait une bonne requête en 25 points. Ma mère m'a appuyée à cette étape du processus puisque jusqu'à ce moment, elle croyait plus ou moins au sérieux de ma démarche », dit-elle.
Le père adoptif rencontre le père biologique
Un beau jour, il emmène Rachel rencontrer son père biologique à Saint-Thomas-d'Aquin où il demeure. C'était sa façon bien à lui d'avoir une autre version des propos de sa future fille au sujet du père à remplacer.
« Je l'ai emmenée de force ! Elle ne voulait pas venir ! J'ai vraiment vu qu'il n'y avait aucune relation entre les deux. Il ne lui a même pas demandé si elle allait bien. Il y avait 4 ans qu'il ne l'avait pas vue ! Il lui a simplement dit "bonjour " !
Au long de notre rencontre, il a surtout parlé avec moi. Elle séchait dans son coin. J'ai essayé de détourner un peu l'attention, mais il ne s'intéressait vraiment pas à elle. Je voyais bien que les liens étaient coupés. Il l'a invitée à rester pour la nuit. Le lendemain, il est venu la conduire à Montréal. Sans tarder, elle m'a téléphoné. Elle pleurait à chaudes larmes : " C'est toi mon papa ! C'est toi mon papa ! " Pour moi, ça a été important cet événement-là. C'est ce jour -à que je me suis "branché "», raconte Jérôme Saint-Pierre, la voix pleine d'émotions comme si ce souvenir venait à peine de se produire.
« J'ai réalisé que cet homme n'avait pas été présent et que je ne le voulais pas dans ma vie. Notre rencontre ne s'est pas mal déroulée, mais notre relation ne voulait plus rien dire pour moi », insiste-t-elle.
Lorsque son père biologique a reçu la requête de la cour, il n'a même pas bronché. Il avait 20 jours pour réagir et contrer le projet d'adoption en disant : « C'est moi son père et je refuse qu'elle soit adoptée ! » Il n'a jamais donné de nouvelles.
« J'ai un frère plus jeune que moi qui est encore en lien avec lui. Il a voulu lui en parler. Il lui a simplement répondu sur le ton de la fermeture : " Je ne veux plus entendre parler de ça ! " »
Depuis 2 ans, Rachel Rainville porte légalement le nom de Rachel Saint-Pierre. Elle a été obligée de changer son nom parce qu'elle n'a plus de liens légaux avec son père biologique. Cependant, elle aurait pu porter un nom composé de celui du religieux et de sa mère, mais le résultat fait un peu trop humoriste à son goût : « Rachel Paradis-Saint-Pierre ». L'idée a vite été oubliée.
Un prêtre transformé
Se sentant un peu au-dessus des choses parce qu'il est prêtre, il a fait – au départ - la démarche pour lui venir en aide. Il trouvait que ses raisons étaient sérieuses et réfléchies. Il se donnait un peu la mission d'un sauveur. Il a vite constaté que ses partages avec Rachel étaient enrichissants pour lui-même.
Au fil des rencontres, il a reçu une véritable « grâce de révélation ». Il a rapidement constaté que sa manière de faire son travail apostolique « n'avait pas d'allure ». La présence de cette femme lui a permis de s'objectiver face à son vécu. « Sans le savoir, elle m'a forcé à prendre un recul face à ce que je faisais au "café " et à me resituer. Il faut que je l'avoue, elle m'a grandement aidé sur le plan affectif », confesse le prêtre de la rue
L'évangélisateur a vite été évangélisé. Elle lui a fait comprendre - par ses multiples propos - le grand désengagement des membres du clergé face aux personnes. Lorsqu'elles commencent à s'attacher, ils partent pour d'autres missions. De plus, le discours du monde clérical est souvent anti-évangélique : « On appartient au Christ, donc il ne faut pas trop s'attacher aux personnes et aux choses ». « Ha ! Telle personne est collante, je ne veux plus la voir ! Telle autre personne me fatigue ! » et « Ça fait deux fois qu'elle me téléphone aujourd'hui ! » C'est du désengagement pur et simple. Pour faire une véritable pastorale d'évangélisation, il faut savoir se donner entièrement aux autres, aux personnes.
Le Père et le père
L'enfant dit de son Père : « Est-ce que je vaux quelque chose ? " Pour moi, la question élémentaire c'est la valeur de la personne. La mère ne peut pas pleinement répondre à cette question. Seul le père peut le faire. C'est pour cela que le phénomène des pères qui abandonnent leurs enfants est très problématique. L'abandon dit à l'enfant : Je ne veux rien savoir de toi. L'exemple de l'expérience de Rachel est frappant : à deux ans et demi, elle se retrouve à l'hôpital, car elle ne veut plus vivre. À trois ans et demi, elle repousse les gens. C'est sa façon de rejeter l'amour, car elle ne se sent rien au fond d'elle. Le père confirme comme Dieu le Père confirme. D'ailleurs Jésus parle en ces mots : il dit toujours que le Père confirme ce qu'il dit et ce qu'il fait. Le père donne la vie de façon bien différente de la mère. Sa façon de faire est vitale, surtout pour la petite fille », explique Jérôme Saint-Pierre.
« Un père c'est quelqu'un qui m'appuie et qui m'aime comme je suis inconditionnellement. Je me sens moins enfant qu'avant. Je me sentais toujours comme une petite fille en moi. Je ne me sentais jamais adulte. Depuis que j'ai un père, je sens que je peux devenir adulte. Je me sens plus sécurisée et plus femme. Je remarque que les femmes qui ont eu des pères très présents, sont des femmes fortes et savent où elles vont dans la vie », conclut Rachel Saint-Pierre.
Les rumeurs ne courent plus. Tout est maintenant clarifié sur leur vie intime et émotive. Son amour pour elle est d'ordre filial. Rachel Saint-Pierre est la fille du père Jérôme Saint-Pierre. Il est très fier d'elle. Lorsqu'il parle de « sa » Rachel, une flamme de tendresse allume son visage. De son côté, elle voue une admiration sans limite à son nouveau papa. C'est lui qui l'a vraiment fait naître à la vie. Elle est heureuse de dire à tous, comme une gamine : Le plus fort c'est mon père!
Benoît Voyer
Le plus fort c'est mon père
Jérome Saint-Pierre et Rachel Saint-Pierre (née Rainville) ont bien fait marcher la machine à rumeurs depuis 5 ans : une coquette fille de 25 ans fréquente un beau prêtre moustachu à l'aube de la cinquantaine ... Ils ne cachent point leur tendresse et l'amour qu'ils se portent l'un pour l'autre. Lorsqu'ils se retrouvent ensemble, leurs yeux brillent d'une joie sans faille. Il l'a confirmée dans sa féminité. Elle lui a permis d'être l'homme profondément humain et le religieux qu'il est devenu. Ce qu'ils vivent est très touchant.
Il n'est pas son amant. Elle n'est pas sa maîtresse. En réalité, il est son père. Il l'est devenu, il y a quelques mois, après plusieurs années de rencontres et de démarches personnelles, religieuses et civiles. Chez les Oblats de Marie-Immaculée, il est un pionnier au chapitre de l'adoption pour cause psychologique. Il y a bien eu quelques cas pour des motifs humanitaires, mais jamais pour aider une personne à guérir de certaines difficultés affectives, émotives et intérieures. Ils sont également des défricheurs sur le plan légal puisque les lois ne disent rien à ce sujet. C'est le vide. Pour leur avocate, Louise Richard de Montréal, puisque la loi ne dit rien, elle le permet. Leur expérience est unique
Un beau soir de novembre 1993, Rachel Rainville rencontre le père Jérome Saint-Pierre au Café Chrétien Centre-Sud où elle s'implique depuis 2 ans et où il travaille depuis 15 ans. Elle lui demande carrément : « Veux-tu être mon père ? » Il répond tout de go « non ». Il prétexte être trop occupé, ne pas avoir le temps à consacrer à développer une telle relation et en avoir trop à faire au « café ».
Cependant, il en parle à son directeur de conscience et à des confrères de sa communauté. Il finit par réviser sa position auprès de la jeune femme.
« Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. S'avançant vers le premier, il lui dit : " Mon enfant, va donc aujourd'hui travailler à la vigne ". Celui-ci lui répondit : " Je ne veux pas ". Un peu plus tard, s'étant repenti, il y alla. S'avançant vers le second, il lui dit la même chose. Celui-ci répondit : " J'y vais, Seigneur "; mais il n'y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté de mon Père? » (Mt 21, 28-30)
Le père Saint-Pierre explique sa réaction : « C'était très compliqué à cause de mon fonctionnement au Café Chrétien. J'étais totalement donné à l'œuvre. Je travaillais de 100 à 110 heures par semaine ! Ce n'était donc pas facile de prendre une partie de mon attention juste pour elle. Pendant de nombreux mois, j'ai été obligé de la rencontrer à la maison des Oblats (Saint-Pierre-Apôtre), en secret, une heure par semaine, le jeudi de 16 à 17 heures. Cela a causé de nombreuses tensions. J'avais de la difficulté à faire faire la besogne, car j'avais de la misère à m'imposer ».
C'est de 18 à 25 ans que Rachel Rainville prend conscience du grand vide affectif laissé par l'absence de son père parti alors qu'elle était en bas âge et qui s'est fait peu présent au fil des années. Cette paternité absente a créé en elle de graves problèmes d'anxiété, des périodes de dépression et une recherche permanente de confirmation de sa féminité (par l'admiration, le réconfort, l'affection, l'intérêt pour elle, etc.). Depuis un an, Rachel Saint-Pierre ne fait plus de crises d'anxiété. Sa relation avec son père adoptif a grandement contribué à sa guérison
Adoption
Les démarches d'adoption se sont réalisées sur un an et demi. Le plus gros problème à surmonter a été l'acceptation de la démarche par les supérieurs du père Jérôme Saint-Pierre qui - au moment de son adhésion à la congrégation religieuse - a fait le vœu d'obéissance.
De rencontre en rencontre (une dizaine), la direction de la communauté n'arrivait pas à dire un « non » définitif à la demande. Les Oblats de Marie-Immaculée étaient devant une patate chaude. Les expériences vécues par sa communauté n'ont jamais été très positives : Des Vietnamiens, un Amérindien et bien des histoires d'immigration. Mais le « cas Saint-Pierre » était bien différent puisqu'il invoquait une raison encore jamais invoquée
Après de long mois de démarches, le supérieur provincial finit par informer le père Jérôme de sa décision. Le religieux ne tarde pas à téléphoner à Rachel pour l'informer : « J'espère que tu ne seras pas trop déçue, il n'y a rien à faire c'est non ». Sans tarder et sans lui demander la permission, elle téléphone au supérieur et demande une rencontre le même jour.
« J'y suis allée aussi, pour qu'il me connaisse, me présenter. Le supérieur comprenait mon point de vue, mais sur le plan légal, il ne voyait pas l'utilité. Je lui ai expliqué que nous vivons en société et qu'il est important de reconnaître les liens entre les personnes, au même titre qu'un homme et une femme qui se marient », se souvient la femme aux yeux bleus.
Elle a provoqué le supérieur en disant : « Vous dites que vous vous engagez, mais êtes-vous vraiment prêt à prendre un engagement ? » Finalement, la décision a été renversée.
« J'ai appelé le barreau de Montréal pour être référée à une avocate. Louise Richard m'a dit : " Je vérifie dans mes livres et si rien ne l'interdit, tout est possible ". Elle a finalement fait une bonne requête en 25 points. Ma mère m'a appuyée à cette étape du processus puisque jusqu'à ce moment, elle croyait plus ou moins au sérieux de ma démarche », dit-elle.
Le père adoptif rencontre le père biologique
Un beau jour, il emmène Rachel rencontrer son père biologique à Saint-Thomas-d'Aquin où il demeure. C'était sa façon bien à lui d'avoir une autre version des propos de sa future fille au sujet du père à remplacer.
« Je l'ai emmenée de force ! Elle ne voulait pas venir ! J'ai vraiment vu qu'il n'y avait aucune relation entre les deux. Il ne lui a même pas demandé si elle allait bien. Il y avait 4 ans qu'il ne l'avait pas vue ! Il lui a simplement dit "bonjour " !
Au long de notre rencontre, il a surtout parlé avec moi. Elle séchait dans son coin. J'ai essayé de détourner un peu l'attention, mais il ne s'intéressait vraiment pas à elle. Je voyais bien que les liens étaient coupés. Il l'a invitée à rester pour la nuit. Le lendemain, il est venu la conduire à Montréal. Sans tarder, elle m'a téléphoné. Elle pleurait à chaudes larmes : " C'est toi mon papa ! C'est toi mon papa ! " Pour moi, ça a été important cet événement-là. C'est ce jour -à que je me suis "branché "», raconte Jérôme Saint-Pierre, la voix pleine d'émotions comme si ce souvenir venait à peine de se produire.
« J'ai réalisé que cet homme n'avait pas été présent et que je ne le voulais pas dans ma vie. Notre rencontre ne s'est pas mal déroulée, mais notre relation ne voulait plus rien dire pour moi », insiste-t-elle.
Lorsque son père biologique a reçu la requête de la cour, il n'a même pas bronché. Il avait 20 jours pour réagir et contrer le projet d'adoption en disant : « C'est moi son père et je refuse qu'elle soit adoptée ! » Il n'a jamais donné de nouvelles.
« J'ai un frère plus jeune que moi qui est encore en lien avec lui. Il a voulu lui en parler. Il lui a simplement répondu sur le ton de la fermeture : " Je ne veux plus entendre parler de ça ! " »
Depuis 2 ans, Rachel Rainville porte légalement le nom de Rachel Saint-Pierre. Elle a été obligée de changer son nom parce qu'elle n'a plus de liens légaux avec son père biologique. Cependant, elle aurait pu porter un nom composé de celui du religieux et de sa mère, mais le résultat fait un peu trop humoriste à son goût : « Rachel Paradis-Saint-Pierre ». L'idée a vite été oubliée.
Un prêtre transformé
Se sentant un peu au-dessus des choses parce qu'il est prêtre, il a fait – au départ - la démarche pour lui venir en aide. Il trouvait que ses raisons étaient sérieuses et réfléchies. Il se donnait un peu la mission d'un sauveur. Il a vite constaté que ses partages avec Rachel étaient enrichissants pour lui-même.
Au fil des rencontres, il a reçu une véritable « grâce de révélation ». Il a rapidement constaté que sa manière de faire son travail apostolique « n'avait pas d'allure ». La présence de cette femme lui a permis de s'objectiver face à son vécu. « Sans le savoir, elle m'a forcé à prendre un recul face à ce que je faisais au "café " et à me resituer. Il faut que je l'avoue, elle m'a grandement aidé sur le plan affectif », confesse le prêtre de la rue
L'évangélisateur a vite été évangélisé. Elle lui a fait comprendre - par ses multiples propos - le grand désengagement des membres du clergé face aux personnes. Lorsqu'elles commencent à s'attacher, ils partent pour d'autres missions. De plus, le discours du monde clérical est souvent anti-évangélique : « On appartient au Christ, donc il ne faut pas trop s'attacher aux personnes et aux choses ». « Ha ! Telle personne est collante, je ne veux plus la voir ! Telle autre personne me fatigue ! » et « Ça fait deux fois qu'elle me téléphone aujourd'hui ! » C'est du désengagement pur et simple. Pour faire une véritable pastorale d'évangélisation, il faut savoir se donner entièrement aux autres, aux personnes.
Le Père et le père
L'enfant dit de son Père : « Est-ce que je vaux quelque chose ? " Pour moi, la question élémentaire c'est la valeur de la personne. La mère ne peut pas pleinement répondre à cette question. Seul le père peut le faire. C'est pour cela que le phénomène des pères qui abandonnent leurs enfants est très problématique. L'abandon dit à l'enfant : Je ne veux rien savoir de toi. L'exemple de l'expérience de Rachel est frappant : à deux ans et demi, elle se retrouve à l'hôpital, car elle ne veut plus vivre. À trois ans et demi, elle repousse les gens. C'est sa façon de rejeter l'amour, car elle ne se sent rien au fond d'elle. Le père confirme comme Dieu le Père confirme. D'ailleurs Jésus parle en ces mots : il dit toujours que le Père confirme ce qu'il dit et ce qu'il fait. Le père donne la vie de façon bien différente de la mère. Sa façon de faire est vitale, surtout pour la petite fille », explique Jérôme Saint-Pierre.
« Un père c'est quelqu'un qui m'appuie et qui m'aime comme je suis inconditionnellement. Je me sens moins enfant qu'avant. Je me sentais toujours comme une petite fille en moi. Je ne me sentais jamais adulte. Depuis que j'ai un père, je sens que je peux devenir adulte. Je me sens plus sécurisée et plus femme. Je remarque que les femmes qui ont eu des pères très présents, sont des femmes fortes et savent où elles vont dans la vie », conclut Rachel Saint-Pierre.
Les rumeurs ne courent plus. Tout est maintenant clarifié sur leur vie intime et émotive. Son amour pour elle est d'ordre filial. Rachel Saint-Pierre est la fille du père Jérôme Saint-Pierre. Il est très fier d'elle. Lorsqu'il parle de « sa » Rachel, une flamme de tendresse allume son visage. De son côté, elle voue une admiration sans limite à son nouveau papa. C'est lui qui l'a vraiment fait naître à la vie. Elle est heureuse de dire à tous, comme une gamine : Le plus fort c'est mon père!
Benoît Voyer
(Revue Sainte Anne, octobre 1998, pages 396 à 398)
VISION CATHOLIQUE: Léon-Pierre Éthier, mon ami le “bum”
Léon-Pierre Éthier, mon ami le “bum”
Par Benoit Voyer
11 décembre 2025
Un certain jour de 1982, nous recevons à la table familiale Léon-Pierre Éthier. Léon est membre de l’équipe de soutien de la maison des Trinaires à laquelle appartiennent mes parents. Il fréquente aussi le groupe R3 de mon frère Clément.
Mon père apprécie cet homme au langage de la rue. Comme lui, il ne fait pas dans la dentelle avec un vocabulaire « politiquement correct ». Il dit tout haut ce qu’il pense avec des expressions de basse-cour.
De plus, notre invité a des opinions franches et bien arrêtées. On ne philosophe pas sur les virgules avec lui.
Il me faudra quelques rencontres pour apprivoiser le style de Léon-Pierre, mais ça viendra. Il deviendra même un ami.
Léon est né à Montréal, le 28 mars 1936. C'est le fils de Marie-Ange Lajeunesse et Éloi Éthier. Sa famille compte treize enfants.
L’enfance du bambin sera difficile. Son père est un homme intransigeant qui a un sérieux problème avec l’alcool. Sa mère pleurera souvent devant ses enfants.
À quinze ans, comme tous les membres de sa famille, il vagabonde dans les rues de Montréal. Pendant trois ans, il mène une vraie vie de clochard, sans domicile fixe.
D’ailleurs, toute sa vie il se définira comme "un bum" : « Je suis un vrai bum ! Bummer est une vocation spéciale ! On a la liberté ! On n’a pas un dollar dans les poches, mais on a tout ! », me disait-il en 1998 en me racontant des bribes de son existence.
Il me disait : « Lorsqu’on bummait, on avait pitié de nous autres : c’est un mendiant, un petit de la rue, c’est un pauvre ! Alors on nous accueillait, on nous gardait dans une modeste chambre pour dormir l’hiver. L’été nous couchions dehors. J’aimais bien fouiner d’un bord à l’autre, me déniaiser… C’est comme ça que j’ai visité une partie de la province de 15 à 18 ans. J’étais un clochard, un bum… Pis j’aimais ça ! J’étais bien dans ça ! »
À 17 ans, il vit sa première peine d’amour. C’était une étudiante en soins infirmiers. Ses parents s’opposent à cette relation. Pour éviter qu’ils se voient « en cachette », ils la placent chez une tante à Québec. Comme dit le dicton, « loin des yeux, loin du cœur ».
Heureusement, le cas de Léon-Pierre n’est pas désespéré. En 1954, il entre en communauté. Il a 18 ans.
Huit ans plus tard, juste avant de prononcer ses vœux, il quitte la congrégation. Il a 26 ans. En apprenant la nouvelle, son père le renie : « En arrivant chez moi, mon père m’a dit : « Tu es défroqué ! Tu es le déshonneur de la famille ! Retourne donc dans la rue ! » Léon-Pierre vagabondera un autre six mois, sans domicile fixe.
Durant ses premières semaines hors de la communauté, pour la deuxième fois de sa vie, il rencontre une femme. Il en est follement amoureux. Son père est avocat. Malheureusement, pour une affaire de classe sociale, Léon-Pierre n’est pas le bienvenu dans le clan familial de l’homme de droit. L’histoire de cœur prend fin. Il n’aura jamais plus de nouvelles de la jeune femme. En 1998, en parlant d’elle avec lui, ses yeux et sa voix s’emplissent d’émotions. Visiblement, sa « blessure d’amour » était encore très vive.
En novembre 1962, une idéation suicidaire le poursuit. Il élabore un plan. Il fixe une date pour l’exécution de celui-ci. Léon-Pierre a fait le choix de mourir.
La Providence changera son plan : « J’entre dans une église. Il y avait là un prêtre qui prêchait. Il m’a touché. Après la cérémonie, je suis allé le rencontrer. Il m’a fait entrer dans son groupe religieux. Mais… Je trouvais ça trop riche. Alors il m’a dit : « Je vais t’envoyer dans une communauté qui ramasse n’importe quoi. » Si au moins il m’avait dit… n’importe qui ! J’y suis entré et demeuré pendant 14 ans. C’était une congrégation semi-contemplative. »
Après des années, il finit par la quitter. Cette fois-ci, ce n’est pas par fuite, mais dans le but de devenir diacre permanent. Un évêque désire ses services. Ce dernier l’aide à être relevé de ses vœux perpétuels.
Après quelques mois de formation universitaire, l’évêque décède. Le projet diaconal tombe à l’eau. Néanmoins, il devient agent de pastorale. Pendant huit ans, il s’occupera des clochards, des pauvres de la Saint-Vincent-de-Paul et des jeunes de la rue. Durant ces années, il passe six mois en France, à l’Arche.
En 1980, à la mort de la deuxième épouse de son père (sa mère est décédée en 1974), il décide volontairement de retourner vivre dans la rue. Il se donne douze mois à temps plein pour toucher du doigt les souffrances morales des jeunes de la rue. Mais la vie d’itinérant n’offre plus le même confort ni la même joie de vivre que dans sa jeunesse. Les problèmes sociaux ne sont plus les mêmes.
En 1981, il commence une série d’expériences : trois mois à la Famille Myriam Bethléem à Baie-Comeau, trois mois à Hauterive au service de la prévention du suicide, trois mois à la Trappe de Mistassini, trois mois à Sutton avec les alcooliques et un séjour un peu plus prolongé à la maison des Trinitaires, à Granby, où il travaille auprès du père Jean-Paul Regimbal.
Finalement, il retournera s’installer à Montréal pour s’occuper des jeunes de la rue, jusqu’au jour où il fonde la Fraternité Éric.
Fraternité Éric
En 1998, Léon-Pierre me raconte : « C’était un soir, il y avait des funérailles pour un sidéen. Les cendres étaient sur la table. Au baiser de paix, il y avait là un bonhomme qui avait l’air d’un cure-dent. Je me suis senti attiré par lui, alors que nous étions plus de 80 dans cette grande salle. Au moins 50 étaient porteurs du virus. J’ai été vers lui. Je l’ai pris dans mes bras. Je lui ai souhaité la paix de Jésus. Je l’ai embrassé et j’ai entendu à l’arrière de moi : « Attention, tu vas attraper le sida ! » Comme je venais de l’embrasser sur les deux joues – il avait plein d’herpès et de sang dans la figure –, je l’ai embrassé encore une fois sur la joue. Je lui ai dit : « Je t’aime et Jésus t’aime encore plus que moi. » Il m’a fait un beau sourire… Lorsque je suis dans la tristesse, je pense à lui et tout disparait. Ce jour-là, j’ai vu en lui la sainte face de Jésus. » À partir de ce moment, il ne craint plus cette maladie.
Pendant une dizaine d’années, en plein centre-ville de Montréal, il s’occupera de sidéens à l’approche de la mort.
Alors que la recherche médicale commence à s’activer afin de trouver un traitement efficace pour améliorer l’état physique des malades atteints, la maladie n’est pas la principale préoccupation de Léon-Pierre. Il s’intéresse à ce qu’ils sont. La personne d’abord.
À travers les rencontres, il s’adresse à leur âme. Il leur présente « Jésus modèle de la route à suivre » et les accompagne spirituellement de la vie à la mort physique, et, parce qu’il est chrétien, de la mort physique à la vie après la vie, au royaume des bienheureux du ciel.
Durant ses années de dévouement, il accompagnera 610 malades. Une vingtaine d’entre eux meurent dans ses bras. Cela peut sembler héroïque, mais il ne faut pas croire que cela a été facile à vivre.
Daniel, qui a rendu l’âme le 4 décembre 1988, est de ce nombre. Léon-Pierre Éthier se souviendra longtemps de lui. Il hantera ses rêves. Il lui faudra de nombreuses années pour en arriver à avoir la certitude qu’il est en paix sur l’autre rive de la vie.
Il y a eu également Denis. Son histoire est unique. Léon-Pierre me racontait : « Le père de Denis n’acceptait pas que son fils soit homosexuel. » [...] « Il est venu le visiter quatre fois avant sa mort. Après son décès, il m’a dit : « Je veux mourir comme mon gars. » « Tu veux mourir comme une tapette !? », lui ai-je demandé. Il m’a répondu : « Oui ! » Cet homme a été rejoint par les attitudes de son fils. Au moment de sa mort, Denis disait : « Je tiens la main de mon chum. Il est tellement beau, mon Jésus… » Lorsque son père venait le voir, il répétait les mêmes paroles : « Tais-toi papa, je tiens la main de mon chum… qu’il est beau !… Qu’il est beau… » Deux semaines avant de mourir, Denis s’est confessé et a assisté à la messe. »
Ghislain Robert a profondément marqué sa vie. Il en parle comme un père parle de son fils : « J’ai vécu avec lui une profondeur spirituelle que je n’ai jamais vécue avec un autre sidéen ».
Je me souviens de lui. Léon-Pierre me l’avait présenté. Nous étions allés lui rendre visite dans son petit logement. Ghislain était un homme doux et tendre. Malheureusement, à 9 ans, il a été la victime d’un pédophile. Comme cela arrive souvent, c’était un ami de la famille. Les abus marqueront à jamais sa vie.
Ghislain a souvent accompagné Léon-Pierre dans ses tournées d’un bout à l’autre du Québec. Il parlait de sa maladie, de sa vie et de la foi en Dieu qui l’habitait.
Dans ses confidences de 1998, Léon-Pierre me disait : « Il faut faire cheminer les âmes vers Dieu. Le Seigneur a mis dans mon cœur que ces malades ont plus besoin de la lumière éternelle que de simples soins du corps. C’est vrai qu’il faut les soigner physiquement, mais le soutien moral est très important pour ces personnes qui bien souvent ont été délaissées, mises de côté à 15-18 ans et qui ont dû cheminer dans une voie qui n’était pas celle qu’elles désiraient pour gagner un repas ou un coucher le soir ».
Et il ajoutait : « À travers tous mes amis, les malades du sida, je découvre Jésus. Je découvre un Jésus à l’agonie quand ils apprennent qu’ils sont porteurs du virus du sida ; je découvre un Jésus crucifié lorsqu’ils avancent dans leur maladie ; et je découvre un Jésus ressuscité au moment de leur départ vers le Père et qu’ils me disent : « Tu sais, j’embrasserai Jésus pour toi ! » Ce qu’ils attendent de nous, c’est un regard de tendresse et d’amour. »
Pour Léon-Pierre, le sida n’est pas seulement l’affaire des homosexuels et des plus pauvres de la société. Toutes les classes sociales sont touchées. Mais les gens ont honte de cette maladie et les décès sont souvent annoncés sous le couvert du cancer ou d’autres maladies.
Pour lui, le condom protège un peu des infections, mais n’empêche pas toujours la contamination des partenaires sexuels. Le latex contient de très petits trous : trop petits pour laisser passer les spermatozoïdes, mais assez grands pour laisser passer le virus du sida.
Léon-Pierre me l’a souvent répété : le meilleur moyen de ne pas attraper le virus est l’abstinence. Cela est une évidence ! « Beaucoup prônent aussi une meilleure éducation sexuelle comme protection, mais on se trompe : ce n’est pas d’une éducation sexuelle que les jeunes ont besoin, mais d’une éducation à l’amour. Aimer, c’est savoir attendre l’autre. Néanmoins, pour les aventures compulsives, deux épaisseurs de latex valent encore mieux que rien.
Au printemps 1998, à la demande de son médecin, Léon-Pierre Éthier se retire de son implication auprès des sidéens en phase terminale. Lorsqu'il m’a informé de ses problèmes de santé, je n’ai pas tardé à le visiter.
Ce jour-là, malgré la tristesse de devoir se retirer de son implication, il était fier du travail réalisé : « Pendant 3 ans [sur les dix ans de dévouement], j’ai visité 45 000 jeunes dans les écoles secondaires. 4000 m’ont écrit à peu près la même chose : si tu es venu juste pour moi, tu m’as sauvé… Je vais suivre tes conseils. » À regret, à cause de la maladie, il me confiait avoir dû refuser l’invitation de 51 écoles.
Léon-Pierre Éthier décède le 12 décembre 2001, à l’hôpital Saint-Luc, à Montréal. Il sera inhumé dans le lot 04463 (section L) du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal.
____________________
Sources :
Benoit Voyer. Les témoins de l’essentiel, Éditions Logiques, 2005.
Benoit Voyer. Revue Sainte Anne, 1998
Benoit Voyer. Les témoins de l’essentiel, Éditions Logiques, 2005.
Benoit Voyer. Revue Sainte Anne, 1998
PAROLE ET VIE animée par Roland Leclerc No 11 (1993)
Émission de télévision Parole et Vie animée par Roland Leclerc No 11 (1993)
SPÉCIAL NOEL
Au programme:
1- La chronique biblique de Bertrand Ouellet: La visite des mages a Bethléem;
1- La chronique biblique de Bertrand Ouellet: La visite des mages a Bethléem;
2- Les Œuvres du Toit de Bethléem, a Montréal;
3- La crèche du Vieux Port de Montréal;
4-La Maison du Père, a Montréal. Invités: Père Sylvio Michaud et frère Denis Gilbert, Trinitaires;
5- Les moines cisterciens de Rougemont chantent;
6- Le père Benoit Lacroix (Joachim Lacroix de son vrai nom) parle de l'étable de Noel;
7-Le Père Noel du Complexe Desjardins;
8- La chronique Pour une foi qu'on se parle animée par Yvon Cousineau. Une table ronde avec 6 jeunes: La préparation a Noel;
9- Le comédien Paul Buissonneau lit un extrait de la bible.
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Tiré de: P049 Parole et Vie Ep 11 (Fonds Benoit Voyer)
Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby
LECTURE: Le bienheureux Frédéric Janssoone en Terre Sainte
20231211 Lecture - Oeuvre de Terre Sainte du bienheureux Frédéric Janssoone
LE PASSÉ DU PRÉSENT: Un médecin de l'âme qui ressemble au Capitaine Haddock
Jean Montbourquette
«Mille sabords, mais c'est le capitaine Haddock !», me suis-je dit lorsque j'ai entrevu le visage du père Jean Monbourquette, o.m.i., pour la première fois. Il suffit de lui enlever ses lunettes qui lui donnent un petit air sérieux et de le vêtir d'une casquette de matelot et du costume d'usage noir et bleu pour qu'il en devienne la réplique vivante. Un verre de whisky et je me serais vraiment cru au pays de Tintin, Milou et du professeur Tournesol.
Sa voix est basse à la Georges Moustaki. Son apparence ? Rien des «starlettes» que je vois chaque jour à la télévision ! Pourtant, il est un grand auteur à succès ... Le jour de l'interview - comme à l'habitude, j'imagine ! -, il était habillé d'une chemise à carreaux et d'un pantalon très ordinaire.
Son tempérament n'a rien de celui du colérique capitaine Haddock. Il est d'une belle douceur et d'une très grande simplicité intérieure. Il ne se prend pas pour un autre le «vieux prof» de l'Université Saint-Paul d'Ottawa, originaire de la paroisse Saint-Athanase d'Iberville, dans le diocèse de Saint-Hyacinthe
Vieux ? Ce sont ses patrons de l'Université qui viennent de lui rappeler son âge ! Il aura 65 ans, l'an prochain, et il devra prendre sa retraite de l'enseignement. Il se demande bien ce qu'il fera, car c'est son monde, sa passion.
Son dernier ouvrage, «Sortir de l'ombre», a été écrit dans le but d'apprendre à s'apprivoiser en cette grande période de changements dans sa vie. En aidant les autres, il s'aide lui-même. C'est très brillant comme démarche !
D'ailleurs, chaque livre qu'il rédige devient un "succès story ". Les titres sont évocateurs de ses préoccupations et de son cheminement intime, car chacun prend sa source d'un élément de son existence qu'il veut approfondir : «Comment pardonner ?», «Aimer, perdre et grandir : l'art de transformer une perte en gain», «Dans l'épreuve ... grandir», «Je suis aimable, je suis capable : parcours sur l'estime et l'affirmation de soi», «Mourir en vie ! Le temps précieux de la vie», etc. ou d'une problématique commune qu'il rencontre souvent lors de consultations : «L'ABC de la communication familiale», «Groupe d'entraide pour personne en deuil : comment l'organiser et le diriger», etc.
«Vendre jusqu'à 40,000, 50,000, 100,000 exemplaires d'un petit traité, ça doit être payant ?» Elle est bien personnelle cette question de l'argent et des redevances, mais j'ai osé ... avec un brin d'hésitation. Je croyais bien qu'il s'objecterait à répondre. «Des années, j'ai remis - avec mon salaire de l'université et les profits des livres - jusqu'à 45 000 $ à ma communauté», lance-t-il pour m'épater. «Vous devez être très fier ?», lui ai-je lancé pour le provoquer. «Pas mal !» m'a-t-il répondu sur le même ton, le sourire fendu jusqu'aux oreilles.
La modestie l'a vite rattrapé. Il n'aime pas se flatter d'orgueil avec cela. Son salaire est remis à sa communauté, les Oblats de Marie Immaculée. Il se contente de peu pour vivre.
Il insiste pour dire que son succès, il le doit à sa congrégation, car elle lui permet de se libérer pour être entièrement au service des autres : pas de linge à laver, pas de ménage à faire, pas de repas à préparer, pas de comptes à gérer, etc. De plus, ses coûteuses études universitaires (BAC en éducation, licence en théologie et doctorat en psychologie), ce sont les Oblats de Marie Immaculée qui ont payé pour cela. Son succès est donc l'affaire d'une équipe.
«Je sais que si je n'avais pas eu Proteau, je ne serais pas là !» lance-t-il. Ce confrère prête oblat, 78 ans, est son directeur spirituel. Celui-ci corrige et apporte la clarté aux livres.
Une communauté riche ? Il ne s'en cache pas. Cependant, il explique que le groupe religieux donne de grosses contributions financières aux œuvres de charité et pour soutenir les missions un peu partout dans le monde, dont celles des diocèses du Nord canadien. On parle de plusieurs millions de dollars. La richesse est partagée.
Prête ou psychologue ?
Se considère-t-il prête ou psychologue ?
Il n'en fait pas de distinction : «Si tu apportes ton salut, tu fais comme Jésus-Christ ! Tu affirmes par ta présence, par ta petite présence, tes petits moyens, que le Royaume de Dieu est arrivé».
Il poursuit : «Lorsque j'ai demandé à mon supérieur de retourner à l'Université pour étudier en psychologie, à la suite de l'incendie de l'église Notre-Dame de Hull où j'exerçais mon ministère, il a eu l'impression que je voulais sortir de la communauté, parce que tous les Oblats qui ont étudié la psycho sont sortis ! Je lui ai répondu à la blague : "Je n'y avais pas pensé, c'est une bonne idée ! Ce que je voulais, c'est de prendre soin des gens. D'ailleurs, être prêtre, n'est-ce pas être médecin des âmes ? Je voulais être avec les gens, les aider. Je voulais apporter le salut. Est-ce que tu sais que la racine hébraïque de ce mot veut dire "guérison" ? Je voulais donc apporter une guérison aux gens comme signe du royaume ».
Il admet qu'il y a un danger pour la foi chrétienne dans l'étude de la psychologie. Il explique que celle-ci s'est développée à l'encontre de la religion. Freud affirmait que la religion est la projection d'un esprit infantile qui a un besoin de retrouver son père. Pour bien des psychologues qui partagent cette école de pensée, il n'est pas possible d'avoir une bonne santé mentale et être religieux au fond de soi.
«Pour moi, c'est l'inverse : Tu ne peux pas avoir une vie spirituelle équilibrée si ta psychologie est toute de travers ! Si tu es trop complexé ! À ce moment, tu tombes dans l'illusion spirituelle. Pour moi, l'ethnologie de la psychologie est l'étude du psychisme de l'âme humaine. Alors, le vrai sens de la science psychologique est l'étude de l'âme humaine et comment on l'aide à guérir. Je ne peux pas traiter un problème psychologique quand je sens qu'à l'arrière, il y a des échos d'une spiritualité qui est impure», explique le «prof auteur».
Sa souffrance
Qu'est-ce qui peut bien faire souffrir un prêtre psychologue ? Il doit bien porter un mal quotidien ? Il me semble que ce n'est pas parce qu'on est «médecin de l'âme» qu'on soit nécessairement parfait ! «Mes grandes souffrances, je les ai étudiées et j'en ai fait des volumes ... », a-t-il commencé par répondre, un peu embêté par une telle question.
Après quelques secondes de silence, il tente une autre réponse : «Je ne suis pas un type qui s'apitoie sur sa souffrance. Je suis plutôt porté à me sortir du pétrin que de tolérer une situation de souffrances parce que pour moi, il y a tellement de belles choses dans la vie. J'aime la vie !»
En constatant que sa réponse ne me satisfaisait pas, il finit par confesser : «Ne pas avoir d'enfant ... Ne pas avoir de femme ... Ne pas avoir quelqu'un pour me recevoir après mes journées de travail ... La solitude ... »
Projets pour la retraite
Pour sa retraite qu'il prendra l'an prochain, il a des idées. Il songe, notamment, à fonder un institut du pardon, c'est à dire un endroit pour apprendre à pardonner, spécialement destiné aux couples.
Il se pourrait aussi qu'il donne un cours ou deux à l'Université Saint-Paul. «Il faudrait que j'apprenne à aller à la pêche plus souvent, à prendre des journées ... J'ai de la difficulté à arrêter ... », conclut-il
«Pêcher ... » ça ressemble vraiment au capitaine Haddock. Qu'importe ... Jean Monbourquette est un prêtre formidable. Le reste, je m'en "fish " !
Benoît Voyer
Un médecin de l'âme qui ressemble au Capitaine Haddock
«Mille sabords, mais c'est le capitaine Haddock !», me suis-je dit lorsque j'ai entrevu le visage du père Jean Monbourquette, o.m.i., pour la première fois. Il suffit de lui enlever ses lunettes qui lui donnent un petit air sérieux et de le vêtir d'une casquette de matelot et du costume d'usage noir et bleu pour qu'il en devienne la réplique vivante. Un verre de whisky et je me serais vraiment cru au pays de Tintin, Milou et du professeur Tournesol.
Sa voix est basse à la Georges Moustaki. Son apparence ? Rien des «starlettes» que je vois chaque jour à la télévision ! Pourtant, il est un grand auteur à succès ... Le jour de l'interview - comme à l'habitude, j'imagine ! -, il était habillé d'une chemise à carreaux et d'un pantalon très ordinaire.
Son tempérament n'a rien de celui du colérique capitaine Haddock. Il est d'une belle douceur et d'une très grande simplicité intérieure. Il ne se prend pas pour un autre le «vieux prof» de l'Université Saint-Paul d'Ottawa, originaire de la paroisse Saint-Athanase d'Iberville, dans le diocèse de Saint-Hyacinthe
Vieux ? Ce sont ses patrons de l'Université qui viennent de lui rappeler son âge ! Il aura 65 ans, l'an prochain, et il devra prendre sa retraite de l'enseignement. Il se demande bien ce qu'il fera, car c'est son monde, sa passion.
Son dernier ouvrage, «Sortir de l'ombre», a été écrit dans le but d'apprendre à s'apprivoiser en cette grande période de changements dans sa vie. En aidant les autres, il s'aide lui-même. C'est très brillant comme démarche !
D'ailleurs, chaque livre qu'il rédige devient un "succès story ". Les titres sont évocateurs de ses préoccupations et de son cheminement intime, car chacun prend sa source d'un élément de son existence qu'il veut approfondir : «Comment pardonner ?», «Aimer, perdre et grandir : l'art de transformer une perte en gain», «Dans l'épreuve ... grandir», «Je suis aimable, je suis capable : parcours sur l'estime et l'affirmation de soi», «Mourir en vie ! Le temps précieux de la vie», etc. ou d'une problématique commune qu'il rencontre souvent lors de consultations : «L'ABC de la communication familiale», «Groupe d'entraide pour personne en deuil : comment l'organiser et le diriger», etc.
«Vendre jusqu'à 40,000, 50,000, 100,000 exemplaires d'un petit traité, ça doit être payant ?» Elle est bien personnelle cette question de l'argent et des redevances, mais j'ai osé ... avec un brin d'hésitation. Je croyais bien qu'il s'objecterait à répondre. «Des années, j'ai remis - avec mon salaire de l'université et les profits des livres - jusqu'à 45 000 $ à ma communauté», lance-t-il pour m'épater. «Vous devez être très fier ?», lui ai-je lancé pour le provoquer. «Pas mal !» m'a-t-il répondu sur le même ton, le sourire fendu jusqu'aux oreilles.
La modestie l'a vite rattrapé. Il n'aime pas se flatter d'orgueil avec cela. Son salaire est remis à sa communauté, les Oblats de Marie Immaculée. Il se contente de peu pour vivre.
Il insiste pour dire que son succès, il le doit à sa congrégation, car elle lui permet de se libérer pour être entièrement au service des autres : pas de linge à laver, pas de ménage à faire, pas de repas à préparer, pas de comptes à gérer, etc. De plus, ses coûteuses études universitaires (BAC en éducation, licence en théologie et doctorat en psychologie), ce sont les Oblats de Marie Immaculée qui ont payé pour cela. Son succès est donc l'affaire d'une équipe.
«Je sais que si je n'avais pas eu Proteau, je ne serais pas là !» lance-t-il. Ce confrère prête oblat, 78 ans, est son directeur spirituel. Celui-ci corrige et apporte la clarté aux livres.
Une communauté riche ? Il ne s'en cache pas. Cependant, il explique que le groupe religieux donne de grosses contributions financières aux œuvres de charité et pour soutenir les missions un peu partout dans le monde, dont celles des diocèses du Nord canadien. On parle de plusieurs millions de dollars. La richesse est partagée.
Prête ou psychologue ?
Se considère-t-il prête ou psychologue ?
Il n'en fait pas de distinction : «Si tu apportes ton salut, tu fais comme Jésus-Christ ! Tu affirmes par ta présence, par ta petite présence, tes petits moyens, que le Royaume de Dieu est arrivé».
Il poursuit : «Lorsque j'ai demandé à mon supérieur de retourner à l'Université pour étudier en psychologie, à la suite de l'incendie de l'église Notre-Dame de Hull où j'exerçais mon ministère, il a eu l'impression que je voulais sortir de la communauté, parce que tous les Oblats qui ont étudié la psycho sont sortis ! Je lui ai répondu à la blague : "Je n'y avais pas pensé, c'est une bonne idée ! Ce que je voulais, c'est de prendre soin des gens. D'ailleurs, être prêtre, n'est-ce pas être médecin des âmes ? Je voulais être avec les gens, les aider. Je voulais apporter le salut. Est-ce que tu sais que la racine hébraïque de ce mot veut dire "guérison" ? Je voulais donc apporter une guérison aux gens comme signe du royaume ».
Il admet qu'il y a un danger pour la foi chrétienne dans l'étude de la psychologie. Il explique que celle-ci s'est développée à l'encontre de la religion. Freud affirmait que la religion est la projection d'un esprit infantile qui a un besoin de retrouver son père. Pour bien des psychologues qui partagent cette école de pensée, il n'est pas possible d'avoir une bonne santé mentale et être religieux au fond de soi.
«Pour moi, c'est l'inverse : Tu ne peux pas avoir une vie spirituelle équilibrée si ta psychologie est toute de travers ! Si tu es trop complexé ! À ce moment, tu tombes dans l'illusion spirituelle. Pour moi, l'ethnologie de la psychologie est l'étude du psychisme de l'âme humaine. Alors, le vrai sens de la science psychologique est l'étude de l'âme humaine et comment on l'aide à guérir. Je ne peux pas traiter un problème psychologique quand je sens qu'à l'arrière, il y a des échos d'une spiritualité qui est impure», explique le «prof auteur».
Sa souffrance
Qu'est-ce qui peut bien faire souffrir un prêtre psychologue ? Il doit bien porter un mal quotidien ? Il me semble que ce n'est pas parce qu'on est «médecin de l'âme» qu'on soit nécessairement parfait ! «Mes grandes souffrances, je les ai étudiées et j'en ai fait des volumes ... », a-t-il commencé par répondre, un peu embêté par une telle question.
Après quelques secondes de silence, il tente une autre réponse : «Je ne suis pas un type qui s'apitoie sur sa souffrance. Je suis plutôt porté à me sortir du pétrin que de tolérer une situation de souffrances parce que pour moi, il y a tellement de belles choses dans la vie. J'aime la vie !»
En constatant que sa réponse ne me satisfaisait pas, il finit par confesser : «Ne pas avoir d'enfant ... Ne pas avoir de femme ... Ne pas avoir quelqu'un pour me recevoir après mes journées de travail ... La solitude ... »
Projets pour la retraite
Pour sa retraite qu'il prendra l'an prochain, il a des idées. Il songe, notamment, à fonder un institut du pardon, c'est à dire un endroit pour apprendre à pardonner, spécialement destiné aux couples.
Il se pourrait aussi qu'il donne un cours ou deux à l'Université Saint-Paul. «Il faudrait que j'apprenne à aller à la pêche plus souvent, à prendre des journées ... J'ai de la difficulté à arrêter ... », conclut-il
«Pêcher ... » ça ressemble vraiment au capitaine Haddock. Qu'importe ... Jean Monbourquette est un prêtre formidable. Le reste, je m'en "fish " !
Benoît Voyer
(Revue Sainte Anne, octobre 1998, page 391)
PAROLE ET VIE animée par Roland Leclerc No 10 (1993)
Émission de télévision Parole et Vie animée par Roland Leclerc No 10 (1993)
Au programme:
1- La chronique biblique de Bertrand Ouellet: L'institution de l'eucharistie;
2- SOCABI - Des cours par correspondance
3- Le courrier de l'évêque: Le Cardinal Jean-Claude Turcotte, archevêque de Montréal: - Faut-il croire les apparitions?
4-Un colloque sur l'avenir du travail;
5- Les moines cisterciens de Rougemont chantent;
6- Le père Benoit Lacroix (Joachim Lacroix de son vrai nom) parle du maître chantre de sa paroisse;
7-Un coopérative d'habitation a ville Saint-Laurent. Invitée: Rosanne Desmarais;
8- La chronique Pour une foi qu'on se parle animée par Yvon Cousineau. Une table ronde avec 6 jeunes: Est ce qu'on a des objectifs concrets et précis dans la vie?
9- Chronique Sur les rayons avec Christiane Gagnon: Proposition de quelques livres.
10-André Beauchamps livre une réflexion sur la mort;
11- Le comédienne Monique Chabot lit un extrait de la bible.
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Tiré de: P049 Parole et Vie Ep 10 (Fonds Benoit Voyer)
Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby
LE PRÉSENT DU PASSÉ: Le père Émilien Tardif de passage à Granby
Malgré ses 70 ans, le père Émilien Tardif continue sa croisade autour du monde. Il était de passage au monastère des Trinitaires de Granby - une maison de retraites spirituelles -, le 4 juillet, pour une journée de ressourcement qui a regroupé autour de 500 personnes.
Son discours n'a pas beaucoup changé. Il a répété aux participants l'importance de demeurer attentif à l'action de l'Esprit Saint et de l'invoquer afin qu'il se révèle à eux - particulièrement en cette année qui lui est consacrée
«Nous avons besoin de la puissance de l'Esprit Saint pour atteindre les coeurs. En fait, Jésus ne nous a jamais demandé d'aller convertir les gens. On n'a pas la capacité de convertir les personnes. Seul l'Esprit Saint de Dieu peut transformer les coeurs. Ce que Jésus nous demande c'est d'aller annoncer la Bonne Nouvelle du Salut», a dit l'ancien membre du Conseil mondial du renouveau charismatique dans sa première conférence de la journée
Ses retraites et rassemblements continuent d'attirer de grandes foules. En juin, notamment, ils étaient 3000 participants à l'aréna de Boston (États-Unis) et 50 000 à Guadalajara au Mexique. D'ailleurs, il retournera dans cette ville les 8 et 9 décembre 2000. Il risque d'y avoir encore plus de fidèles. Il y a déjà plusieurs mois, à la suite de la mauvaise presse des médias québécois, il a donné des conférences dans une ville de Pologne devant 200 000 Catholiques venus l'entendre. L'an dernier, il a aussi prêché à Djakarta en Indonésie
Sa visite coïncidait avec le 67e anniversaire de naissance de Jean-Paul Regimbal, Trinitaire décédé en 1998 à qui il doit son initiation au renouveau dans l'Esprit Saint. En 1973-74, il a travaillé pendant une année avec le célèbre religieux. C'est à la fin de juillet de cette année-là, qu'il a été miraculeusement guéri d'une tuberculose pulmonaire aiguë à la suite d'un ministère d'imposition des mains d'adeptes de ce courant spirituel (dont Rose Catudal). Il était alors hospitalisé à l'Hôpital Laval de Québec
Le Renouveau charismatique catholique ne cesse de connaître de la popularité au sein du catholicisme, malgré qu'il soit en décroissance au Canada. Il y aurait 72 millions de «charismatiques» dans 140 pays. Le mouvement a débuté chez les Catholiques, le 18 février 1967, à l'Université Duquesne aux États-Unis, mais c'est surtout à partir de l'expérience Regimbal à Phoenix en Arizona, en septembre 1969, qu'il a pris de l'expansion.
Benoît Voyer
(Revue Sainte Anne, septembre 1998, page 370)
POLITIQUE: Lettre au Premier ministre du Québec
Par Benoit Voyer
9 décembre 2025
Monsieur le Premier ministre,
Bien que cela puisse rapidement changer, les sondages des derniers mois nous disent que le Parti québécois (PQ) formera le prochain gouvernement. Si cela se réalise, nous entrerons en processus référendaire. L’option fondamentale du PQ est toujours la même depuis la fin des années 1960 : tout faire pour que le Québec devienne un pays.
Comme vous, je ne suis pas chaud à l’idée d’un troisième référendum. Je ne suis pas contre l’accession à l’indépendance, mais l’idée qu’il soit perdant refroidit mon enthousiasme et ravive mes inquiétudes.
Néanmoins, il faudra tôt ou tard régler la question.
J’avoue qu’un référendum gagnant ou avec un fort score pourrait être un objet de négociation redoutable avec le Canada. Vous vous en souvenez, « lors du dernier référendum, l’Action démocratique du Québec (ADQ), dirigée par Mario Dumont, avait appuyé le camp du Oui. De mémoire, l’ADQ souhaitait un vote favorable afin de renégocier une entente constitutionnelle avec le Canada. Le modèle proposé favorisait la pleine autonomie des provinces au sein d’une véritable confédération d’États membres. L’idée demeure d’actualité et demeure à mes yeux la meilleure voie d’avenir pour le Canada. C’est pour cette raison que je demeure en faveur du référendum proposé par le PQ. » [1]
Mais il pourrait aussi être perdant. Si la population dit non à ce projet de société, la question sera réglée une fois pour toutes. Et la raison d’être du Parti de René Lévesque n’existera plus. Il n’y aura jamais plus de référendums sur cette question. Et le PQ pourra enfin disparaitre avec les derniers baby-boomers.
Tout ce préambule pour vous demander, dès la rentrée parlementaire de l’hiver, de lancer vous-même ce référendum. Imaginez l’effet de surprise chez les péquistes qui s’imaginent diriger le prochain scrutin référendaire. Vous aurez une longueur d’avance sur eux et la forte possibilité d’être réélu à la tête du Québec à l’automne 2026.
Je termine avec le discours que j’aimerais vous entendre prononcer à l’Assemblée nationale. On peut bien rêver un peu et, on ne sait jamais, cela pourrait vous inspirer:
« Madame la présidente,
Si les sondages disent vrai – et je vais tout faire pour les faire mentir –, le prochain gouvernement serait formé par le Parti québécois. Cela voudrait dire la tenue d’un troisième référendum sur l’indépendance du Québec et l’utilisation des ressources gouvernementales pour y parvenir. Et on le sait depuis toujours, un gouvernement socialiste coûte cher aux contribuables.
Je ne suis pas chaud à l’idée d’un autre référendum. Je me suis souvent exprimé à ce propos.
Mais, pour reprendre René Lévesque, « l’indépendance est possible économiquement, politiquement et humainement. Il faut être aveugle, ou avoir une carrière ou des intérêts à défendre, pour ne pas en être convaincu. » [2]
Puis, comme disait Robert Bourassa dans cette assemblée : « Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement. » [3]
De son côté, Jean Charest a admis que « oui, nous avons les moyens. Personne ne remet en question la capacité du Québec financièrement […] [mais] la vraie question est la suivante : qu'est-ce qui est dans notre intérêt, à nous? ». [4]
La question est importante : Qu’est-ce qui est dans l’intérêt des Québécois et des Québécoises ?
En ce moment, bien que je ne sois pas toujours en accord avec le fédéral, je pense qu’il serait mieux de rester au sein du Canada.
Au-delà de cette opinion personnelle, je suis depuis toujours un démocrate. C’est pour cette raison que je veux régler une fois pour toutes la question de l’indépendance du Québec en invitant le peuple du Québec de toutes origines à répondre à la question : Voulez-vous que le Québec devienne un pays indépendant ? Oui ou Non. »
Merci d’avoir pris le temps de me lire. En espérant une réponse, Monsieur le Premier ministre, recevez l’expression de ma considération respectueuse.
Bien que cela puisse rapidement changer, les sondages des derniers mois nous disent que le Parti québécois (PQ) formera le prochain gouvernement. Si cela se réalise, nous entrerons en processus référendaire. L’option fondamentale du PQ est toujours la même depuis la fin des années 1960 : tout faire pour que le Québec devienne un pays.
Comme vous, je ne suis pas chaud à l’idée d’un troisième référendum. Je ne suis pas contre l’accession à l’indépendance, mais l’idée qu’il soit perdant refroidit mon enthousiasme et ravive mes inquiétudes.
Néanmoins, il faudra tôt ou tard régler la question.
J’avoue qu’un référendum gagnant ou avec un fort score pourrait être un objet de négociation redoutable avec le Canada. Vous vous en souvenez, « lors du dernier référendum, l’Action démocratique du Québec (ADQ), dirigée par Mario Dumont, avait appuyé le camp du Oui. De mémoire, l’ADQ souhaitait un vote favorable afin de renégocier une entente constitutionnelle avec le Canada. Le modèle proposé favorisait la pleine autonomie des provinces au sein d’une véritable confédération d’États membres. L’idée demeure d’actualité et demeure à mes yeux la meilleure voie d’avenir pour le Canada. C’est pour cette raison que je demeure en faveur du référendum proposé par le PQ. » [1]
Mais il pourrait aussi être perdant. Si la population dit non à ce projet de société, la question sera réglée une fois pour toutes. Et la raison d’être du Parti de René Lévesque n’existera plus. Il n’y aura jamais plus de référendums sur cette question. Et le PQ pourra enfin disparaitre avec les derniers baby-boomers.
Tout ce préambule pour vous demander, dès la rentrée parlementaire de l’hiver, de lancer vous-même ce référendum. Imaginez l’effet de surprise chez les péquistes qui s’imaginent diriger le prochain scrutin référendaire. Vous aurez une longueur d’avance sur eux et la forte possibilité d’être réélu à la tête du Québec à l’automne 2026.
Je termine avec le discours que j’aimerais vous entendre prononcer à l’Assemblée nationale. On peut bien rêver un peu et, on ne sait jamais, cela pourrait vous inspirer:
« Madame la présidente,
Si les sondages disent vrai – et je vais tout faire pour les faire mentir –, le prochain gouvernement serait formé par le Parti québécois. Cela voudrait dire la tenue d’un troisième référendum sur l’indépendance du Québec et l’utilisation des ressources gouvernementales pour y parvenir. Et on le sait depuis toujours, un gouvernement socialiste coûte cher aux contribuables.
Je ne suis pas chaud à l’idée d’un autre référendum. Je me suis souvent exprimé à ce propos.
Mais, pour reprendre René Lévesque, « l’indépendance est possible économiquement, politiquement et humainement. Il faut être aveugle, ou avoir une carrière ou des intérêts à défendre, pour ne pas en être convaincu. » [2]
Puis, comme disait Robert Bourassa dans cette assemblée : « Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement. » [3]
De son côté, Jean Charest a admis que « oui, nous avons les moyens. Personne ne remet en question la capacité du Québec financièrement […] [mais] la vraie question est la suivante : qu'est-ce qui est dans notre intérêt, à nous? ». [4]
La question est importante : Qu’est-ce qui est dans l’intérêt des Québécois et des Québécoises ?
En ce moment, bien que je ne sois pas toujours en accord avec le fédéral, je pense qu’il serait mieux de rester au sein du Canada.
Au-delà de cette opinion personnelle, je suis depuis toujours un démocrate. C’est pour cette raison que je veux régler une fois pour toutes la question de l’indépendance du Québec en invitant le peuple du Québec de toutes origines à répondre à la question : Voulez-vous que le Québec devienne un pays indépendant ? Oui ou Non. »
Merci d’avoir pris le temps de me lire. En espérant une réponse, Monsieur le Premier ministre, recevez l’expression de ma considération respectueuse.
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[1] Benoit Voyer. « A l’aube du 3e référendum? » https://benoitvoyerenliberte.blogspot.com/2025/12/politique-laube-du-troisieme-referendum.html
[2] Jean Sisto, « Le Québec deviendra un État associé doté d’un statut spécial au sein de la Confédération ou bien le Québec sera indépendant », René Lévesque, La Presse, 11 mai 1964, p. 17, https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2758617
[3] Robert Bourassa, Discours à l’Assemblée nationale du Québec lors du rejet de l’accord du lac Meech, 22 juin 1990, https://www.sqrc.gouv.qc.ca/documents/positions-historiques/positions-du-qc/partie2/RobertBourassa1990-1.pdf
[4] « « Oui, nous avons les moyens », Jean Charest, Radio-Canada, 7 juillet 2006, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/313678/charest-diouf
[1] Benoit Voyer. « A l’aube du 3e référendum? » https://benoitvoyerenliberte.blogspot.com/2025/12/politique-laube-du-troisieme-referendum.html
[2] Jean Sisto, « Le Québec deviendra un État associé doté d’un statut spécial au sein de la Confédération ou bien le Québec sera indépendant », René Lévesque, La Presse, 11 mai 1964, p. 17, https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2758617
[3] Robert Bourassa, Discours à l’Assemblée nationale du Québec lors du rejet de l’accord du lac Meech, 22 juin 1990, https://www.sqrc.gouv.qc.ca/documents/positions-historiques/positions-du-qc/partie2/RobertBourassa1990-1.pdf
[4] « « Oui, nous avons les moyens », Jean Charest, Radio-Canada, 7 juillet 2006, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/313678/charest-diouf
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