ARTICLE DU JOUR: La vénérable Élisabeth Bruyère
Par Benoit Voyer
18 août 2025
Fille aînée de Charles Bruguier (1763-1824), cultivateur et capitaine de la milice, et de Sophie Mercier (1796-1849), Élisabeth Bruyère naît le 19 mars 1818, à l'Assomption, dans l’actuelle région de Lanaudière, au Québec.
En 1824, au décès de son père, la mère de famille et ses trois enfants se retrouvent dans une situation économique précaire. Élisabeth n’a que 6 ans.
A 16 ans, Elisabeth devient enseignante dans une école de rang.
En 1839, elle entre chez les Sœurs de la Charité de Montréal, congrégation fondée par sainte Marguerite Dufrost de la Jemmerais (1701-1771), veuve de François-Madeleine d’Youville (1700-1730). Cette communauté religieuse se consacre au service des pauvres. A cause de son expérience auprès des jeunes, on lui confie le soin des orphelines. Élisabeth a 21 ans.
En 1844, pour donner suite à une demande, les « Sœurs Grises » s’établissent à Bytown (ancêtre d’Ottawa), « en vue de procurer à cette ville, un asile pour les infirmes et les orphelins, des écoles pour les petites filles pauvres et, de plus, de faire visiter les malades à domicile ». Le choix de la direction de la communauté s’arrête sur Élisabeth Bruyère, une jeune sœur vaillante et obéissante. Elle sera surprise par ce choix, mais se fie au discernement de ses supérieures.
Élisabeth devra faire preuve d’autonomie et de leadership puisque ce n’est pas une succursale de Montréal qu’elle doit mettre en place, mais une nouvelle congrégation religieuse autonome.
Le 20 février 1845, Élisabeth et ses compagnes arrivent à Bytown. Les cloches des églises sonnent pour les accueillir. Lorsque les carillons se taisent, Élisabeth se dit en elle-même : « Sois Bonne Nouvelle pour les pauvres. » Ainsi en serait-elle aussi pour ses consœurs.
A Bytown, depuis 1841, on construit l’église Notre-Dame. Le 25 juin 1847, lors de l’érection Diocèse catholique de Bytown, elle deviendra la cathédrale du siège épiscopal.
Dès le lendemain de leur arrivée, les Sœurs de la Charité se mettent à visiter les malades, les pauvres et les personnes âgées.
A partir du 3 mars 1845, les religieuses aménagent deux classes dans un hangar. Elles accueillent leurs premières écolières. Peu de temps après, on lui amène des enfants orphelins dont on prendra la charge. Élisabeth Bruyère dit souvent à ses soeurs: « Faites-vous aimer des élèves, reprenez-les avec douceur, comme des mères, mais soyez fermes. »
En moins de trois mois, elles mettent en place les premiers jalons d’un petit hôpital. Elles donnent elles-mêmes des soins aux malades et veillent avec affection sur les personnes âgées qu’elles hébergent.
Ses compagnes entendront souvent Élisabeth, leur supérieure, dire : « Si nous perdons l'amour du pauvre, nous perdons notre esprit propre. »
En 1855, Bytown prend le nom d’Ottawa. Le 31 octobre 1857, la municipalité devient la capitale de la province du Canada-Unis et, en 1867, lors de la naissance du Canada, celle du nouveau pays. Élisabeth et ses sœurs verront se construite les bâtiments gouvernementaux à partir de 1859.
Élisabeth Bruyère décède à Ottawa, le 5 avril 1876. De quelques compagnes à son arrivée à Bytown en 1845, elles sont plus de 200 lors de son départ pour l’autre monde, réparties en Ontario, au Québec et aux États-Unis. Plus tard, elles s’établiront dans de nombreux pays.
Le 14 avril 2018, Élisabeth Bruyère est déclarée vénérable par le pape François. Elle repose au cimetière Notre-Dame, a Ottawa, a quelques pas du premier ministre Wilfrid Laurier.