28 septembre 2025


LE BALADO: Jean-Guy Dubuc (1)


ARTICLE DU JOUR: Le bienheureux Louis-Zéphirin Moreau

Mgr Louis-Zéphirin Moreau

Le bienheureux Louis-Zéphirin Moreau

Par Benoit Voyer

28 septembre 2025

Le 1ᵉʳ avril 1824, à Bécancour, Louis-Zéphirin Moreau et Marguerite Champoux donnent naissance à leur 5ᵉ enfant d’une famille qui en comptera treize. On lui donne le prénom de son père.

Malgré qu’ils ne soient pas très riches, ses parents permirent à leur fils d’étudier au séminaire de Nicolet.

Malheureusement, il a une santé fragile. À l’automne 1846, Mgr Signay, l’archevêque de Québec, refuse de l’intégrer parmi les candidats qui se préparent au sacerdoce et l’invite à mettre de côté son désir de de recevoir le sacrement de l’ordre.

Autour de lui, on sait qu’il a les qualités qu’il faut pour devenir prêtre : il aime prier, il est dévoué et a un caractère sociable. Ses professeurs du séminaire et le curé de Bécancour ne sont pas en accord avec la décision.

Pour donner suite à leur conseil, Louis-Zéphirin se présente chez Mgr Ignace Bourget, l’évêque de Montréal, muni de lettres de recommandations. Il lui demande de l’accepter malgré sa faible santé. Il accepte. Il est confié aux soins de Mgr Jean-Charles Prince, son assistant, afin qu'il l’aide à rattraper le retard qu’il a cumulé dans son cursus académique et lui fasse compléter sa théologie. Le 19 décembre 1846, le jeune de 22 ans est ordonné prête des mains de l’évêque coadjuteur, son protecteur.

Il repose dans la cathédrale de Saint-Hyacinthe
Pendant six ans, l’abbé Louis-Zéphirin Moreau travaille à Montréal auprès de Mgr Bourget et de Mgr Prince. Il est le secrétaire des deux prélats. Il est souple, obéissant, constant au travail, ponctuel et efficace. Il est très apprécié.

Le 8 juin 1852 naît le diocèse de Saint-Hyacinthe d’une division du diocèse de Montréal. Mgr Jean-Charles Prince en devient le premier évêque. Il demande à l'abbé Moreau de le suivre. En plus d’être son secrétaire, il lui confie la tâche de chancelier. Il accepte.

Au fil du temps, en terre maskoutaine, il sera chapelain de communautés religieuses, procureur, curé de la cathédrale et vicaire général. À quelques reprises, il sera même l’administrateur du diocèse.

Sans surprise, le 19 novembre 1875, à la suite du décès de Mgr Charles Larocque, il devient son successeur à la tête du diocèse. Il a 51 ans. Mgr Louis-Zéphirin demeure celui qu’on a toujours connu. Malgré sa santé fragile, il accomplit beaucoup de choses.

À travers sa volumineuse correspondance, on découvre en lui une profonde compréhension de l'être humain et une fine analyse des événements de la société et de l'Église.

Pour les besoins de son diocèse, il fonde plusieurs institutions : avec la vénérable Élisabeth Bergeron, les Sœurs de Saint-Joseph vouées à l'enseignement dans les écoles primaires, et, avec Éléonore Charron, les Sœurs de Sainte-Marthe pour le soutien des prêtres.

Mgr Louis-Zéphirin Moreau s’éteint le 24 mai 1901.Ses funérailles ont lieu le 30 mai. La population maskoutaine sait qu’elle a connu un saint.

Le 10 mai 1987, il est déclaré bienheureux par le pape Jean-Paul II. Il repose dans la cathédrale de Saint-Hyacinthe.

Toile représentant le bienheureux Louis-Zéphirin Moreau dans la chapelle du Saint-Sacrement du Sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré

PAROLE DE René Lévesque

 


NATURE: Les îles de Berthier


Les îles de Berthier, dans la région de Lanaudière

LES GRANDS ESPACES (7)


JEAN-PAUL REGIMBAL: Le renouveau charismatique promis à un avenir?


Le renouveau charismatique promis à un avenir?

QUÉBEC (PC) - Le renouveau charismatique est-il promis à un avenir?

Les rangs des charismatiques deviendront-ils clairsemés ou bien grossiront-ils encore beaucoup?

Le P. Yvon Poirier, de la Maison Jésus-Ouvrier, centre de formation de ce mouvement, à Vanier en banlieue de Québec, et M. Guy Montreuil, de l’assemblée canadienne du Renouveau, partagent le même point de vue: le Renouveau tel qu'on le connait aujourd'hui, viendra à disparaître, et c'est souhaitable.

Mais, d'après eux, l'Église redeviendra charismatique comme elle l'était aux premiers temps de son histoire. Le souffle charismatique sera intégré à l’Église. L’Église et les communautés de fidèles deviendront des endroits où l'expérience des charismatiques sera normale et où la religion sera teintée de ce qui constitue l'essentiel de l'expérience ‘’pentecôtiste”".

“Ce qui est anormal, affirmait le P. Poirier au cours d’une récente entrevue, ce ne sont pas les assemblées charismatiques avec leur ardeur, leur spontanéité et leurs charismes; c'est bien plus la façon dont se déroulent les messes du dimanche dans les églises paroissiales. Dans tout lieu de rassemblement où les gens vivent quelque chose de joyeux et de profond, cela se manifeste. En réalité, ce sont les assemblées charismatiques qui sont normales.”

De façon plus concrète, le P. Poirier croit que le Renouveau charismatique donnera naissance à des regroupements de personnes qui prendront en mains différentes œuvres. Il croit aussi que cette expérience entraînera de nouvelles formes de communautés pour partager et vivre la foi.

Tendances
De son côté, le P. Jean-Paul Regimbal, de Granby, un des pionniers du Renouveau au Québec, déclarait dernièrement dans la revue ‘Selon la parole” qu'il discernait quelques grandes tendances qui se préciseront dans l'avenir:

1-Tendance communautaire de plus en plus marquée selon des formes non prévues par le droit canon de l'Église et nos normes classiques d'évaluation.

2-Une grande vague mystique suivra la vague charismatique que nous connaissons présentement.

3- L'œcuménisme va franchir des bonds plus prodigieux dans les 25 prochaines années que durant les 75 dernières.

4- Des formes nouvelles d'engagement sacerdotal et de ministères pastoraux vont surgir dans l'Église, notamment au cœur de la masse ouvrière et au sein du mois insolite de ce que plusieurs appellent ‘les marginaux”.

Réinsertion
Selon M. Jean-Paul Rouleau, du centre de recherches en sociologie de l'Université Laval, il semble que l'objectif des charismatiques, l'évangélisation, doit se traduire par la réinsertion des charismatiques dans les cadres apostoliques et pastoraux déjà existants de l'Église institutionnelle.

Bref, les charismatiques, ayant vécu une expérience religieuse intense, doivent chercher à faire connaître cette expérience à d'autres, mais ils doivent aussi chercher à revivifier les diverses activités de l'Église et à contribuer à la création de nouvelles initiatives.

En plus de cette tendance centrale, estime-t-il, on peut discerner deux courants marginaux. Le premier emprunte des accents triomphalistes et espère une conversion totale de la société au charismatisme. Le second commence à se manifester à travers les écrits des jeunes et se caractérise par une sensibilité plus grande aux réalités sociales, politiques et économiques.

Défi
Une des critiques qu'on entend le plus souvent à l'égard des charismatiques c'est qu'ils n'ont pas de dimension sociale. Ceux qu'on appelle maintenant ‘‘les catholiques de gauche’' sont même très violents envers les charismatiques.

Le P. B. Fortin, prêtre ouvrier de Québec, est un de ceux-là. “Je me sens mal à l'aise, dit-il, lorsque je me trouve dans une foule jubilante de chrétiens qui frappent des mains et qui multiplient les alléluias. Je me demande s'ils sont au Courant que le monde meurt de faim, qu'il y a la guerre, qu'il y a l'injustice et l'oppression. Je me demande quel fait de libération est à la base de l'émerveillement de ces chrétiens. Les alléluias me paraissent souvent indécents puisque la libération se manifeste peu. Quand ces chrétiens imposent les mains sur d'autres, sur qui le font-ils? Les opprimés ou les oppresseurs?” °

“ Pour leur part les charismatiques affirment que le Renouveau n’est pas un mouvement comme tout autre organisme mais plutôt une expérience spirituelle, et qu’en conséquence il ne peut pas et n'a pas à s’engager en faveur d'une option sociale. Selon M. Rouleau, il ne faudrait surtout pas identifier la tendance charismatique à une mentalité conservatrice et réactionnaire. Les charismatiques sont loin de former un bloc homogène et monolithique sur le plan idéologique, précise-t-il

Progression rapide
Dans l'ensemble, le Renouveau charismatique est encore jeune.

Au Québec, il a fait son apparition en 1972 grâce au P. Regimbal qui l'importa des Etats-Unis.

Depuis, le Renouveau s'est répandu rapidement et manifeste toujours une vigueur peu commune.

On estime à 45,000 le nombre des francophones qui font partie des groupes charismatiques au Canada, dont 40,000 au Québec.

Aujourd'hui, ce mouvement a sa revue, ses permanents, ses centres de formation, comme la Maison Jésus-Ouvrier, à Vanier, et l'Alliance, à Trois-Rivières.

Souffle nouveau
En quoi consiste l'expérience charismatique ou ‘’pentecôtiste” ?

Pour le P. Poirier, c’est un souffle nouveau qui passe sur les chrétiens, et sans que cela soit décidé par qui que ce soit sur la terre. Ce souffle, ce sont les dons du Saint-Esprit que le peuple chrétien a déjà reçus, qui étaient en veilleuse et qui reçoivent de nos jours une nouvelle impulsion. Selon lui, on retrouve dans le Renouveau les charismes décrits dans le Nouveau Testament et qui étaient fréquents dans l'Église des premiers temps du christianisme: sagesse, science, foi, guérison, miracles, prophéties, discernement des esprits, don des langues, interprétation.

Le don des langues, ou “le parler en langue” est le plus fréquent: dans les assemblées charismatiques, il constitue ce murmure plus ou moins fort qu'on entend sans comprendre.

Cette manifestation charismatique est peut-être celle qui déroute le plus les observateurs de l'extérieur. Bien des personnes qui voient le Renouveau d'un œil sceptique sont prêtes à qualifier cela des mots les plus péjoratifs.

Pour le P. Poirier, c’est là l'expression non rationnelle de la prière, puisqu'il s'agit de sons ou d'une association de sons. Ces sons ont un sens mais non pas un sens intelligible. Ils expriment la louange du chrétien, c'est une façon de prier.

‘Ces signes, affirme le P. Poirier, sont des marques que c'est l'œuvre de Dieu. C'est un aspect de l'Église qui était en veilleuse. || est normal que ça surgisse maintenant. Auparavant, l'Église était structurée de façon telle qu'il était impossible que s'exprime la liberté de l'Esprit.

(Le Quotidien, 7 février 1979, p. D1)