9 octobre 2025


LE BALADO: Le vénérable Alfred Pampalon


ARTICLE DU JOUR: Le 10 octobre est la Journée internationale en santé mentale


Le défi de travailler en santé mentale

Par Benoit Voyer
9 octobre 2025

Depuis quelques années, chaque nuit, je travaille en santé mentale dans l’unité de soins psychiatriques d’un hôpital de la région de Lanaudière. Même si la passion est moins présente que jadis, j’aime beaucoup mon travail. La maladie mentale me fascine.

Pourquoi ai-je perdu la passion ? La réponse est simple : La maladie mentale use les intervenants et les infirmiers spécialisés. Ce boulot est demandant. Ce n’est pas tant de la patience qui finit par manquer, mais la compassion. Malgré tout, comme chacun de mes collègues, je garde mon professionnalisme.

Qu’est-ce qui nous use tant ? Bien des choses. Mais, j’ose en nommer deux. Il y a d’abord la violence de plusieurs patients désorganisés que nous devons gérer. À cela s’ajoute l’encadrement disciplinaire que nous devons assumer. Encadrer un patient avec un réel problème en santé mentale, c’est compréhensible. En revanche, la gérance de troubles de comportements, c’est-à-dire du monde simplement « mal élevé », demande bien de l’énergie.

Je pourrais aussi parler de la toxicomanie. Les drogues, même légales, sont une source de problèmes pour de nombreux patients. À mon avis, la légalisation de la marijuana n’a pas été une bonne chose pour les personnes qui ont un problème en santé mentale. Par moment, j’ai l’impression que notre milieu de soins est devenu un centre de désintoxication.

Un jour, il faudra que s’organisent des grands États généraux en santé mentale. Pour le bien des patients et une meilleure performance des milieux de soins, il faut une grande réflexion collective sur les soins que nous donnons au Québec. Le personnel de la santé fait en ce moment des petits miracles, mais il pourrait arriver à de meilleurs résultats en revoyant les protocoles. D’ailleurs, en janvier, j’ai proposé au comité de la conception du programme au Parti conservateur du Québec d’inscrire ces États généraux dans les priorités de la formation politique. L’affaire est restée lettre morte. Je n’ai même pas reçu un accusé de réception.

Ma consolation est que de nombreux patients repartent en meilleure condition qu’à leur arrivée et peuvent poursuivre leur vie quasi normalement grâce à la médication.

De mon côté, j’ai un autre défi quotidien. Le travail la nuit. C’est un choix que j’ai fait, bien entendu. Mais cela n’enlève pas la difficulté. Afin de récupérer, je dors deux fois par jour : le matin et en soirée. À cela s’ajoute très souvent une petite sieste durant ma pause. Durant les congés, je tente de dormir un peu la nuit, mais c’est comme si je dormais une sieste au cœur de l’après-midi. Depuis tant d’années à travailler la nuit, mon corps a changé son rythme de croisière. Je ne sais même pas si je serai capable de revenir à la normalité à ma retraite, dans 4 à 7 ans.  

Bon ! Bon !  Comme l’écrivait le frère Marie-Victorin à Marcelle Gauvreau, le 20 février 1937 : « On soulage ses maux en les racontant. » C’est peut-être un peu ça que j’ai fait aujourd’hui… Mais je voulais surtout que vous ayez une pensée pour ceux et celles qui travaillent auprès des personnes malades en cette Journée internationale de la santé mentale.


PAROLE DE René Lévesque

 


NATURE: Les îles de Berthier


Les îles de Berthier, dans la région de Lanaudière

LES GRANDS ESPACES avec Benoit Voyer (18)


POLITIQUE: Drôle de démocratie


Drôle de démocratie

Lundi, à peine le tiers des électeurs se sont rendus aux urnes pour élire André Boisclair et sa collègue Marie Malavoy. C'est triste pour un pays démocratique que si peu d'électeurs se fassent entendre. Pourquoi les gens ne se sentent-ils pas plus intéressés à exercer leur droit de vote ? Pourtant, lorsque les programmes des formations politiques traditionnelles, comme le PQ et le PLQ, ne plaisent pas, il est possible de donner son vote à un parti moins populaire, comme le Parti vert, ou un candidat indépendant, afin de s'exprimer. Drôle de démocratie.

Benoît Voyer

(La Presse, 16 aout 2006, p. A-21)