18 septembre 2025


LE BALADO: Le maître chantre


ARTICLE DU JOUR: Les femmes prêtres, ce n’est pas pour demain


Les femmes prêtres, ce n’est pas pour demain

Par Benoit Voyer

18 septembre 2025

Bien que le pape François ait fait avancer le dossier de la place des femmes dans l’Église catholique, il n’en demeure pas moins qu’il y a encore bien du chemin à parcourir pour qu’elles accèdent au sacrement de l’ordre et deviennent prêtres. Sous les prédécesseurs de François, la cause des femmes était au beau neutre.

Dans une lettre apostolique parue le 29 juin 1995 [1], le pape Jean-Paul II réaffirmait la position de l’Église du moment sur la question de l'accès des femmes à la prêtrise. Encore une fois, le chef des catholiques disait : « Non ».

Lorsque l’Église anglicane a soulevé le débat, Paul VI, qui était alors pape, a rappelé aux anglicans que le Vatican tient à ce que l’ordination sacerdotale des femmes ne soit pas acceptable pour des raisons fondamentales.

Il citait en exemple le passage de l’Évangile dans lequel on apprend que Jésus a choisi ses apôtres uniquement parmi des hommes. Dans la pratique, l’Église a également toujours choisi des membres de la gent masculine.

Comme Paul VI le proclamait et Jean-Paul II le disait aux évêques du Québec, le 6 mai 1993 [2], lors de la visite « ad limina » : « L'Église ne se considère pas autorisée à admettre les femmes à l’ordination sacerdotale ».

Le pape soutenait que « la présence et le rôle de la femme dans la vie et la mission de l’Église, bien que non liés au sacerdoce ministériel, demeurent absolument nécessaires et irremplaçables […] L’Église souhaite également que les femmes chrétiennes prennent pleinement conscience de la grandeur de leur mission : leur rôle sera capital aujourd’hui, aussi bien pour le renouvellement et l’humanisation de la société que pour la découverte parmi les croyants du vrai visage de l’Église ».

Dans sa lettre, Jean-Paul II concluait sur un ton directif en affirmant qu’en vertu de sa mission de confirmer ses frères, tous ses fidèles de l’Église doivent faire sienne cette position.

À son retour du Vatican, à l’occasion d’une conférence de presse à laquelle je participais à titre de journaliste [3], Mgr Jean-Guy Hamelin, en marchant sur des œufs, déclarait que la Conférence des évêques catholiques du Canada accueillait cet enseignement du pape en le faisant sien : « Les évêques du Canada ont été, spécialement ces dernières années, de vigoureux promoteurs d’une juste place des femmes dans l’Église. Ils continueront de le faire à l’invitation même de la lettre apostolique, et au sein de l’Église universelle et auprès de leurs propres communautés […] On ne peut pas voir dans la présente déclaration, qui réaffirme une position déjà tenue dans l’Église, un obstacle pour continuer à intensifier les efforts des femmes et ceux de tous les catholiques d’ici en vue de les impliquer toujours de plus en plus dans les structures et toute la vie de la communauté des fidèles ».

Ainsi donc, grâce au pape François, la cause des femmes a continué d’évoluer au sein de l’Église. Comme me le disait en 1994 l’abbé Denis Lépine, prêtre au diocèse catholique de Saint-Hyacinthe [4] :

« Théologiquement, ça ne tient plus les arguments de Rome. Pour être honnête intellectuellement, allons au bout de la pensée : Jésus n’a choisi, chez ses disciples, que des hommes juifs. Alors, moi, je ne suis pas juif. L’Église a évolué en ce sens à une époque et admettra les femmes éventuellement. Il me rappelait qu’il y a eu, dans l’histoire de l’Église, des diacres féminins. Il s’agit d’un ministère ordonné au même titre qu’un prêtre et un évêque.

____________________

[1] Jean-Paul II. « Lettre du pape Jean-Paul II aux femmes », 29 juin 1995 www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/letters/1995/documents/hf_jp-ii_let_29061995_women.html
[2] Jean-Paul II. « Discours de sa sainteté Jean-Paul II à l’Assemblée des évêques du Québec en visite « Ad limina », 6 mai 1993 www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/speeches/1993/may/documents/hf_jp-ii_spe_19930506_quebec-ad-limina.html
[3] Benoit Voyer. « Les femmes prêtres ce n’est pas pour demain - Jean-Paul II réaffirme la position de Rome », Le Plus de La Voix de l’Est, 26 juin 1994, p. 2.
[4] Benoit Voyer. « Les femmes prêtres ce n’est pas pour demain - Jean-Paul II réaffirme la position de Rome », Le Plus de La Voix de l’Est, 26 juin 1994, p. 2.

SUR LA ROUTE: Saint-Philippe-de-Néri, au Bas Saint-Laurent

A Saint-Philippe-de-Néri

Par Benoit Voyer
18 septembre 2025

Le 16 septembre, en après-midi, de passage à Saint-Philippe-de-Néri, au Bas-Saint-Laurent, je suis allé me recueillir dans le cimetière. Près de la croix, je me suis souvenu de Félicité Dionne, inhumée en ce lieu le 4 avril 1876, et de François Xavier Jean, décédé entre les recensements de 1881 et 1891. On a perdu sa trace. Il s'agit de mes arrière-arrière-arrière-grands-parents du côté de ma mère.


Je n'ai pas oublié mes arrière-arrière-grands-parents Étienne Lavoie et Louise Voyer, du côté de ma mère. Louise est la sœur de Louis Voyer, les enfants de Jean-Baptiste Voyer et Louise Dumais. mes quatrièmes arrière-grands-parents du côté de mon père et de ma mère. Ainsi donc, mon père et ma mère sont des descendants de René Voyer (Étienne), le premier de sa lignée en Amérique.


L'église catholique Saint-Philippe a été construite en 1890. Il s'agit du lieu de culte et des rites de passage de plusieurs générations. C'est à cet endroit qu'ont eu lieu les funérailles de Félicité, Louise et Antoine.

PAROLE DE Maria Ferretti


NATURE: Les îles de Berthier


Les îles de Berthier dans la région de Lanaudière

GRANBY: Accident rue Denison Ouest, a Granby (1986) - En rappel


Le 4 septembre 1986, un accident survient sur la rue Denison Ouest, a Granby. Derrière la caméra, Benoit Voyer capte quelques images du remorquage de L'Unité 7/24. 

Tiré du Fonds Benoit Voyer (P049) de la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby.

CATHOLIQUE: Si j'étais passé par là, je serais derrière les barreaux


Très souvent, j'ai les larmes aux yeux quand les jeunes commencent à parler de leurs souffrances, de leur vécu. Je trouve cela extraordinaire! Je me dis, comme Thérèse de l'Enfant Jésus, « si j'étais passé par là, je serais derrière les barreaux », raconte André Dumont.

« Si j'étais passé par là, je serais derrière les barreaux »
                                     -André Dumont

Ce père Oblat de Marie Immaculée qui a longtemps travaillé au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap et qui est reconnu même à l'étranger pour ses chansons spirituelles, dont « Jésus est vivant », exerce maintenant son ministère sacerdotal auprès des alcooliques et des toxicomanes à Montréal. Le religieux fondait, il y a 5 ans, l'Exode. II s'agit d'une maison de réinsertion sociale, un milieu de vie où l'individu peut réapprendre à vivre au cœur de la société.

« J'ai eu ma période de supposée "Star", dit-il. Cela m'a toujours un peu agacé. Je n'ai pas envie d'être ainsi. C'est le Christ qui est la "star"! J'aime mieux être sur le terrain auprès des pauvres. C'est ma joie! »

Cependant, il ne regrette rien de son travail à Cap-de-la-Madeleine, « Cela a été merveilleux! Je suis maintenant à une autre étape de ma vie », insiste le père Dumont.

Frédéric
Peu de temps après la visite du pape Jean-Paul II au Canada en 1984, sentant que la béatification du père Frédéric serait proche, il proposait à l'équipe du lieu de pèlerinage d'écrire un livre sur ce personnage.

Après avoir lu les lettres de Frédéric Jansoonne qu'il a dû sortir de la poussière, il a remarqué des traits forts chez le saint homme. Une de celles-ci, était d'aller vers les gens qui portaient des souffrances intérieures. Une similitude qui se retrouve, aussi, chez le fondateur des Oblats, Eugène de Mazenod.

Cette découverte inspirait l'auteur du livre « Le goût de Dieu » à écrire un chapitre sur le sujet des blessés de la vie.

Un téléphone
« Au moment d'écrire le livre, poursuit-il, je reçois un appel téléphonique, une espèce de cri de détresse, d'un jeune du nom de Pierre Forest. Il était à la maison Mélaric à Pointe-du-Lac (aujourd'hui déménagée à Carillon). Il me disait que le prêtre qui allait célébrer l'eucharistie chez eux était parti. Les gars trouvaient ça difficile. »

Il ajoute: « En partant, le prêtre qui venait nous a dit: "demandez à André Dumont, il est au Sanctuaire". La direction de Mélaric a dit à ce jeune qui est décédé d'une "overdose" deux ans plus tard, de trouver cet étrange personnage. Ces jeunes ne me connaissaient pas, car ils ne fréquentaient pas le Sanctuaire.»

Le religieux remercia l'offre faite et répondit que pour l'instant, il était débordé. Le jeune récidivait quelques jours plus tard. La réponse fut la même.

« La troisième fois, "y a été wise", il m'a dit: "Je sais que tu vas me dire non, alors ne me réponds pas. J'aimerais juste que tu viennes nous visiter, juste une petite fois pour que tu saches davantage qui on est. Après tu pourras dire non". C'est là qui m'a eu! » se souvient en souriant l'homme de Dieu.

Lors de sa visite du 3 septembre 1987, il fut très touché. Parmi ses surprises, un jeune lui demanda « un gros Pardon de Dieu ». « Je dois t'avouer que ça valait le déplacement! »

Les jeunes étaient enchantés par ce prêtre à l'allure un peu "rock-n-roll". Pendant trois ans, il fréquenta ce centre. Ce fut pour lui comme un noviciat.

L'Exode
Au 2575, rue Létourneux, c'est vraiment la dure réalité montréalaise. C'est ici que se retrouve le quartier le plus chaud de la métropole québécoise (Hochelaga-Maisonneuve). Près de la maison, il y a des centaines de piqueries.

Pour André Dumont, le choix du site est vraiment providentiel. C'est sa communauté qui lui a offert cette maison. C'est après qu'il a connu les réalités de l'arrondissement. Il ne pouvait y avoir meilleur lieu.

La congrégation oblate subventionne son apostolat, car l'oeuvre de l'Exode a peu d'argent pour des salaires.

Depuis le mois d'août, les Sœurs de la Providence se sont jointes à l'œuvre. Leur désir était de démarrer un volet pour les femmes aux prises avec les mêmes problemes.

L'Exode a maintenant pignon pour la gent féminine en réinsertion au 2819, rue Dandurand. L'ouverture officielle avait lieu le 1er octobre dernier.

Une chose est certaine: il est fier de cette nouvelle contribution qu'apportent les religieuses. Grâce à elles, l'Exode passe de 15 à 30 places pour des séjours prolongés.

Financièrement, il poursuit la mission grâce aux dons du public et l'appui minime des programmes gouvernementaux.

Difficultés
Au long de ces années, le père Dumont a vécu quelques périodes de découragement.

Ce sont les rechutes des gars qui me faisaient douter. C'est une maladie la toxicomanie! Une grande souffrance! Que de jeunes rechutent... On les reçoit emballés et souvent ils retombent... et retombent encore; ça fait mal ça! », confesse-t-il avec émotion.

Il ajoute: « Honnêtement, si je n'avais pas été appuyé par quelques succès, j'aurais laissé tomber. C’est un milieu très difficile ! C’est souvent après plusieurs séjours que le jeune s'en sort. »

Dans ses instants de doute, son jeune collègue, Erick Dagenais, lui rappelle l'histoire du Père Rio dans le Grand Nord.

Des cheveux gris utiles
Je suis un père de rechange pour plusieurs et des fois, même un grand-père. Je suis bien là-dedans! J'ai 56 ans!

Étonné de se faire interroger sur ce qu'est un véritable père pour lui, il répond: « C'est quelqu'un qui est capable d'écouter l'autre tel qu'il est et qui lui fait sentir qu'il est important. Quand quelqu'un vient s'asseoir dans mon bureau, il sait qu'il peut me dire n'importe quoi… »

Il se souvient d'un « gars » qui lui a confié avoir commis un meurtre. II le faisait pour la première fois. André Dumont terminait l'entretien en douceur par: « Est-ce que ça te tente de recevoir le Pardon de Dieu? Il t'aime et ne t'a jamais jugé là-dedans! » L'homme en fut transformé.

Il conclut: « Un père pour moi...c'est savoir écouter ces types-là: C'est d'être avec... sans juger. Ils ont besoin de mes cheveux blancs. »

Les livres « Le goût de Dieu » (André Dumont) et « Un vrai Inuk - la vie du père Rio » (Hervé Aubin) sont disponibles à la Librairie mariale, 626, rue Notre-Dame, Cap-de-la-Madeleine, G8T 4G9. (819) 374-2441

(Reportage de Benoit Voyer)

(Revue Notre-Dame du Cap, novembre 1995, p. 19 à 21)