La solitude


Par Benoit Voyer

22 janvier 2025

Il y a quelques jours, je terminais la lecture d’une série de lettres de Marcelle Gauvreau au frère Marie-Victorin, le fondateur du Jardin botanique de Montréal. Dans cet ouvrage, une phrase m’a grandement marqué. Le 11 avril 1937, elle lui écrivait : « Dites-moi que si dans la solitude une pensée noire se jette dans le creux de mon âme, c'est uniquement parce que dans tout bonheur se mêle un secret effroi: celui de le perdre... »[1]. Pour écrire une telle réflexion, la solitude de Marcelle devait être bien pénible à vivre.

Qu’est-ce que la solitude?

La solitude est un état d’être. Elle peut être ponctuelle ou durable. Parfois, nous la choisissons. Trop souvent, nous la subissons. C’est surtout le cas lorsque nous n’avons pas beaucoup d’interactions avec les autres.

La solitude est très différente selon qu'elle soit choisie ou subie.

Parfois, je la choisis. J’en ai besoin pour nourrir ma vie intellectuelle ou spirituelle. Parfois, je la réclame afin de me poser ou pour me préparer avant d’entrer en action. Elle est alors appréciée.

En revanche, lorsqu’elle est subie, la solitude peut devenir douloureuse.

A mes yeux, la pire solitude n’est pas celle que je vis lorsque je me retrouve en solitaire. C’est plutôt de me sentir seul en couple, en famille ou en groupe.

On ne le sait peut-être pas assez, mais la solitude est un facteur de risque dans le développement de maladies de longue durée.

Plusieurs études montrent que la solitude (ou l’isolement social) est associée à des risques accrus de problèmes de santé physique et mentale, en exemple, la dépression ou le suicide.

C’est le sociologue Émile Durkheim, dans son ouvrage Le suicide, paru en 1897, qui a mis en évidence un lien statistique fort entre la solitude et suicide. Grâce à des données épidémiologiques, il a montré qu’il y a un lien fort entre l'isolement social et les problèmes de santé, physique et mentale, ainsi que le risque de suicide.

Dans les années 1970, le développement de la psychologie a démontré que la solitude aurait une forte corrélation avec la conscience et la représentation générale de soi : notamment en ce qui a trait à la faible estime de soi, la timidité, l'introversion et le manque d'assurance en soi.

En santé mentale, la solitude est également liée à un trouble schizoïde dans lequel un individu peut faire l'expérience d'aliénation.

Chez les enfants et les adultes, la solitude a souvent un impact dans la compréhension et la mémoire. Dans des cas d'isolement long et total, des phénomènes hallucinatoires ont été rapportés.

Enfin la solitude peut jouer un rôle important dans des troubles comme l'alcoolisme et la toxicomanie.

En ce 23 janvier, Journée mondiale de la solitude, allons visiter une personne qui n’a pas beaucoup d’amis et, pourquoi pas, offrons-lui notre amitié.

________________________________________

[1] Marcelle Gauvreau. Lettres au frère Marie-Victorin – Correspondance sur la sexualité humaine, Boréal, 2019