« Les jeunes veulent tous croire! » -Sœur Marielle Lemire


Par Benoit Voyer, journaliste


« Les jeunes veulent tous croire! Le problème est dans la manière qu’on leur présente Dieu! Il n’y en a pas un qui accroche sur la même affaire! », dit sœur Marielle Lemire, Fille de la charité du Sacré-Cœur de Jésus.

Elle connaît bien les jeunes adultes. Elle a consacré les trente dernières années a les écouter et a leur faire découvrir Dieu a travers les Cafés chrétiens qu’elle a fondés, dont ceux de Sherbrooke, Trois-Rivières, Granby et Saint-Hyacinthe, ou elle œuvre actuellement, a quelques pas de la magnifique cathédrale ou a vécu le bienheureux Louis-Zéphirin Moreau, réputé pour sa bonté, et la vénérable Élisabeth Bergeron, fondatrice des Sœurs de Saint-Joseph-de-Saint-Hyacinthe. Plusieurs d’entre eux ont tellement été rejoints fortement qu’ils ont décidé de consacrer leurs vies au service de Dieu dans une vocation religieuse. Ils ont trouvé auprès de Marielle Lemire un sens à la vie.

Elle est proche de leur misère. Son langage franc et son audace viennent les chercher dans ce qu’ils ont de plus vulnérable. Auprès d’elle, chaque personne se sent unique et importante.

Elle n’aime pas les honneurs et en a reçus au fil de ces années avec les jeunes. Elle préfère la vie humble, simple sur le trottoir qu’elle connait mieux que les couloirs luisants de sa maison religieuse ou elle se rend occasionnellement pour rencontrer ses compagnes. En plein quartier populaire, elle goute a la grande misère des jeunes maskoutains.

Le Café chrétien catholique La Margelle de Saint-Hyacinthe est un véritable lien entre la rue et l’Église, un lieu unique ou il est possible de vivre une expérience spirituelle intense.

Sa méthode pastorale, qui remporte un vif succès, est de laisser agir l’Esprit saint. Au fil des confidences, elle amène les jeunes à faire l’expérimentation d’un Dieu agissant qui seul peut guérir en profondeur les blessures de l’âme. Ce qu’elle réalise est un véritable miracle quotidien.

On pourrait dire que son charisme ressemble à celui de l’abbé Guy Gilbert

Les pieds dans les plats
Après 22 ans, la cuisine de sa communauté n’était pas assez grande pour propager ce feu intérieur venu l’habiter au début des années 1970. Le père Jean-Paul Regimbal, conférencier recherché et thaumaturge, qui a marqué la vie de l’Église universelle pendant une décennie, a grandement influencé sa vie.

« J’ai été touchée par tous ces miracles et ces guérisons. Ça m’a épatée un Dieu agissant, une Parole qui peut s’actualiser aujourd’hui. J’en ai tellement vus! Comment est-ce que je pourrais nier cela? Quand je témoigne de cette époque, je dis toujours : c’est le Dieu des miracles! J’ai moi-même été guérie aux intestins! J’étais tellement convaincue que je ne pouvais pas me taire! », raconte sœur Marie Lemire.

Celle qui a amené le renouveau charismatique dans la région de Sherbrooke ajoute : « Ce qui m’a épatée aussi, c’est la Parole de Dieu et Vatican II qui venait de sortir. J’y ai appris que la Parole de Dieu est vérifiable; elle dit d’imposer les mains aux malades et ils guériront! C’est écrit! Puisque c’est noir sur blanc, je me disais : on va faire comme la Parole demande! Dieu répondait à nos prières! »

Enfance
Née le 17 janvier 1932 à Martinville, à 15 km de Sherbrooke, Marielle Lemire a vécu une enfance normale et heureuse. Elle est la troisième d’une famille de quatre marmots. Les petits de Yvonne et Félix Lemire portent les prénoms de Félicienne, Benjamine, Marielle et Gabriel.

« Mon père ne voulait pas que j’entre en communauté. Il m’a dit : Si tu me demandes la permission, je vais te dire non. Mais je te dis, si tu veux y aller, vas-y, ça va faire plaisir à ta mère! Cependant, je suis sûr que tu ne resteras pas là! Il m’appelait « ma petite guidoune! » J’étais un peu « flyée » ! Il disait : elle est assez têtue! Si elle se met dans la tête qu’elle va y rester, elle va y rester! Ça ne l’intéressait pas que j’entre en communauté parce qu’il fallait donner 300 piastres! Nous étions assez pauvres! »

Elle était une jeune autonome. Elle gagnait 25$ par semaine a l’usine. Elle remettait le montant à son père et, en échange, il lui donnait 25 cents pour aller voir des films au cinéma une fois par semaine.

Elle entre en communauté le 7 septembre 1949.

Il n’y a pas un jeune adulte qui découvre Dieu de la même manière. Sœur Marielle Lemire l’a appris malgré elle en étant un instrument de l’Esprit saint.

(Revue Sainte Anne, mars 2000, p. 108)