Les femmes prêtres ce n’est pas pour demain
Par Benoit Voyer
(collaboration spéciale)GRANBY – Dans une lettre apostolique, le pape Jean-Paul II a réaffirmé la position de l’Église sur la question de la gent féminine à la prêtrise. Encore une fois, le chef des Catholiques a dit : « Non ».
Il y a quelques années, quand l’Église anglicane a soulevé le débat, Paul VI, qui était alors pape, a rappelé aux anglicans que le Vatican tient à ce que l’ordination sacerdotale des femmes ne soit pas acceptable pour des raisons fondamentales.
Il citait en exemple le passage de l’évangile dans lequel on apprend que le Christ a choisi ses apôtres uniquement parmi des hommes. Dans la pratique, l’Église a également toujours choisi des membres de la gent masculine.
Comme Paul VI le proclamait et Jean-Paul II le disait aux évêques du Québec lors de la dernière visite « ad limina » dans la cité romaine : « l’Église ne se considère pas autorisée à admettre les femmes à l'ordination sacerdotale ».
Le pape soutient que « la présence et le rôle de la femme dans la vie et la mission de l’Église, bien que non liés au sacerdoce ministériel, demeurent absolument nécessaires et irremplaçables ».
« L’Église souhaite également que les femmes chrétiennes prennent pleinement conscience de la grandeur de leur mission : leur rôle sera capital aujourd’hui, aussi bien pour le renouvellement et l’humanisation de la société que pour la découverte parmi les croyants, du vrai visage de l’Église », poursuit-il.
Dans sa lettre, Jean-Paul II a conclu sur un ton directif en affirmant qu’en vertu de sa mission de confirmer ses frères, tous ses fidèles de l’Église doivent faire sienne cette position.
Commentaires
Mgr Jean-Guy Hamelin a déclaré que la Conférence des évêques catholiques du Canada accueille cet enseignement du pape et le fait sien.
« Les évêques du Canada ont été, spécialement ces dernières années, de vigoureux promoteurs d’une juste place des femmes dans l’Église. Ils continueront de le faire à l’invitation même de la lettre apostolique, et au sein de l’Église universelle et auprès de leurs propres communautés ».
« On ne peut pas voir dans la présente déclaration, qui réaffirme une position déjà tenue dans l’Église, un obstacle pour continuer à intensifier les efforts des femmes et ceux de tous les catholiques d’ici en vue de les impliquer toujours de plus en plus dans les structures et toute la vie de la communauté des fidèles », a-t-il poursuivi.
L’idée des femmes prêtres ne déplait pas à l’animateur Gilles Proulx (qui fera éventuellement l’objet d’un reportage dans Le Plus), même si celles-ci ne pourraient pas nécessairement avoir le titre de prêtre à cause de la tradition et de la pensée philosophique de l’Église de St-Pierre.
Une diaconesse peut-être? « Mais là, il y aurait des féministes, qui ne sont pas plus pratiquantes que le païen, qui se mêleraient là-dedans », argumentait celui qui n’a pas peur de ses opinions. « Accueillir davantage les femmes serait un progrès qui permettrait à l’Église de grossir ses effectifs ».
« Une femme qui est veuve, croyante et dont les enfants sont élevés se verrait utile à côté d’un prêtre à servir la communauté, de devenir des espèces de Mère d’Youville. A ce niveau-là, il pourrait y avoir un petit coup d’audace à engager », ajoute-t-il. L’idée de permettre à des hommes mariés d’accéder au sacerdoce lui plait encore plus.
L’abbé Denis Lépine, de Farnham, abonde dans un autre sens. « Pour moi, c’est une chose qui va évoluer tranquillement. Théologiquement, ça ne tient plus les arguments de Rome. Pour être honnête intellectuellement, allons au bout de la pensée : Jésus n’a choisi, chez ses disciples, que des hommes juifs. Alors, moi, je ne suis pas juif. L’Église a évolué en ce sens a une époque et admettra les femmes éventuellement ».
Il rappelle qu’il y a eu, dans l’histoire de l’Église, des diacres féminins. Il s’agit d’un ministère ordonné au même titre qu’un prêtre et un évêque.
Toutefois, il tient à souligner qu’il respecte l’opinion du pape, qu’il n’en fait pas sienne et qu’il ne fera guère de l’ordination des femmes son principal cheval de bataille. Pour lui, ce qui importe, c’est de rendre l’évangile vivant au cœur du monde contemporain.
(Le Plus de La Voix de l’Est, 26 juin 1994, p. 2)