Par Benoit Voyer
14 septembre 2025
Nous
sommes chanceux d’habiter le Canada, ce grand pays qui nous permet d’être ce
que nous sommes sans contrainte.
A juste
titre, dans un discours qu’il prononçait devant le Congrès du travail du
Canada, le premier ministre John Diefenbaker disait, le 25 avril 1958 : «
Je suis Canadien, un Canadien libre, libre de m’exprimer sans crainte, libre de
servir Dieu comme je l’entends, libre d’appuyer les idées qui me semblent
justes, libre de m’opposer à ce qui me semble injuste, libre de choisir les
dirigeants de mon pays. Ce patrimoine de liberté, je m’engage à le sauvegarder pour
moi-même et pour toute l’humanité. »
Malgré
tout, la démocratie canadienne reste fragile. On ne passera pas quatre
chemins : la démocratie n’est pas un objectif vague à atteindre. Il s’agit
plutôt d’un processus. Pour y entrer, il faut la pleine participation et
l’appui de tous.
La démocratie
nécessite qu’on ne brime pas la liberté d’expression. Chacun a le droit
d’exprimer sa différence. L'article 19 de la Déclaration universelle des droits
de l’homme dit que « tout individu a droit à la liberté d'opinion et
d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses
opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations
de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que
ce soit. »
Dialoguer
Une chose que la vie m'a apprise, c'est que pour bien dialoguer et se
comprendre, il faut écouter avec le cœur. C'est ce qu'on appelle l'empathie.
Ce
n’est pas la première fois que j’écris sur le sujet. Il y a près de dix ans, le
21 septembre 2014, dans la défunte version québécoise du Huffington Post[1],
j’abordais le sujet de l’art du dialogue empathique.
J’écrivais
que pour y parvenir, une ouverture réciproque sans peur de l'autre est
nécessaire parce que la peur est l'ennemi de l'ouverture. « Lorsque j'ai
peur, une part de moi se referme. C'est un mécanisme normal de défense. »
Et
j’ajoutais : « Savoir écouter, ce n'est pas seulement entendre ce que
l'autre me dit. C'est surtout savoir saisir ce qu'il tente d'exprimer avec
toute sa personne. C'est ce qu'on appelle le langage non verbal. On dit qu'à
peine 7% de la communication humaine se fait avec des mots. Il y a tant de
choses dont on ne trouve jamais le verbe pour l'exprimer.
Au-delà
des paroles et des actions, qu'est-ce que le cœur de la personne devant qui je
me retrouve veut exprimer ? Qu'est-ce que les attitudes et le langage de son
corps disent ? J'aime l'idée que le corps placote autant que les syllabes en
bouche.
La
rencontre de cultures différentes - tout comme le dialogue intergénérationnel -
se passe de la même manière qu'entre deux personnes qui tentent de se
comprendre. »
Être
soi
Ainsi donc, le point de départ d'un bon dialogue, c'est l'identité
individuelle. Ainsi donc, ce sont deux « moi » - ou personnes - qui s'ouvrent
un à l'autre ou, pour reprendre les termes de la série jeunesse « Passe-Partout
», « deux fesses qui se connaissent ».
C'est
un vieil adage : Il est impossible de bien connaître l'autre qui est devant
moi, si je ne me connais pas moi-même. Et puis, je ne peux guère accueillir sa
différence, si je suis incapable d'affirmer la mienne. Ainsi, pour apprécier
une autre culture différente de la mienne, il faut avant tout aimer celle qui a
fait de moi ce que je suis. Pour apprécier le pays d'autrui, il est préférable
d'avoir visité le sien. L'autre n'est pas moi.
Ce que
j’avançais dans le Huffington Post reste d’actualité : « Lorsqu'on
veut véritablement comprendre culturellement l'autre, il est important de
mettre de côté les réponses faciles, les propos superficiels et les idées
préconçues. Et puis, éviter de se comporter en conquérants ou en « personne qui
fait pitié ». Enfin, la rencontre avec une autre culture n'est possible qu'en
restant humble ».
Je me
souviendrai toujours de la réponse de l'abbé Dumont à Esther Létourneau dans le
roman historique « Un amour éternel » d'André Mathieu (Éditions Coup d'œil) : «
Je me demande de plus en plus s'il ne faut pas plutôt laisser la route
reconnaître le voyageur ». Ainsi donc, le plus important est de se mettre en
route et marcher ensemble sans rien précipiter. C’est cela l’art du dialogue
qui conduit à une vraie démocratie.
La
Journée mondiale de la démocratie, une initiative de l’ONU, a lieu chaque année
le 15 septembre.
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[1] Cf. Benoit Voyer. « Apprendre à dialoguer avec les Premières Nations afin de sortir des préjugés», Huffington Post Québec, 21 septembre 2014 www.huffpost.com/archive/qc/entry/apprendre-a-dialoguer-avec-les-premieres-nations-afin-de-sortir_b_5844076