ARTICLE DU JOUR: Paul-André Comeau (1940-2022)


Paul-André Comeau
(1940-2022)

Par Benoit Voyer

12 septembre 2025

Paul-André Comeau est décédé à Bruxelles, le 12 avril 2022, des suites de la Covid-19.

L’abbé Hectorien Chapdelaine, professeur au Collège Mgr Prince, de Granby, ville où la famille de Paul-André Comeau s’établit lorsqu’il a 10 ans, a fortement influencé sa personnalité. Il n’a que des éloges à son égard. A son sujet, il me confiait en 1999: « Ce bonhomme, qui n’avait pas fait d’études au-delà de son grand séminaire, avait le don de nous provoquer et de nous obliger à être meilleurs. Il y avait chez lui une recherche de l’élitisme intellectuel. Je suis reconnaissant à ce prêtre - lorsque j’avais 13 et 14 ans – de m’avoir profondément marqué et de m’avoir incité à me remettre continuellement en question. »

Sa carrière de journaliste commence à titre de relève d’été à La Voix de l’Est. Par la suite, il est passé à l’information internationale à la télévision francophone de la Société Radio-Canada, d’abord à Paris de 1970 à 1982, et à Londres, de 1982 à 1985.

Par la suite, il a été rédacteur en chef au quotidien Le Devoir, de 1985 à 1990, année où il devient président de la Commission d’accès à l’information du Québec.

Enfin, Paul-André Comeau sera professeur invité à l’École nationale d’administration publique (ENAP), à Montréal.

Pour se préparer à sa carrière internationale, il a complété une maîtrise en science politique à l’Université de Montréal (1965) et une DES de la Fondation nationale des Sciences politiques, de Paris (1967). [1]

Pour se définir, il me disait, en 1999 : « Je suis un chercheur didactique. J’ai que ma recherche profite aux autres. Je ne pourrais pas vivre isolé. J’ai besoin de communiquer et de rencontrer des gens. [...] Depuis toujours, ce qui me fait le mieux vivre est de faire des choses significatives pour la société. J’ai toujours eu la prétention d’être, avec d’autres, un instrument de développement culturel et un éveilleur qui amène les gens à réfléchir ». Comme l’écrivait le pape Jean-Paul II, en 1999: « Toute recherche humaine est, en fin de compte, une recherche de Dieu. »

Ce fils de banquier, né le 9 mars 1940, à Montréal, ne sait pas si c’est à cette recherche honnête et constante de la vérité qu’il doit son excellente réputation. De toute façon, cette question n’a pas grand intérêt pour lui.

Même s’il est flatté que sa renommée l’amène à ce qu’on le consulte publiquement, il importe pour lui qu’on comprenne bien qu’il s’est interrogé sur la pertinence de cette rencontre, qu’il essaie de comprendre et de présenter son état de la situation et ses hypothèses et, surtout, qu’il est à l’écoute.

Le grand amour
Sa tendresse envers sa femme et la fidélité qu’il lui voue ont toujours eu une grande importance pour lui. Ils ont été une quarantaine d’années ensemble. Leur vie de couple s’est faite sur deux continents, à Bruxelles et à Montréal. Elle s’occupait de francisation auprès d’enfants et de réfugiés politiques chez les Sœurs de l’Assomption. C’est lors de ses études à Paris qu’il a rencontré cette complice de vie. Le décès de leur fils unique, a l’âge de 27 ans, un jeune pédiatre voué à un brillant avenir, a grandement marqué leur parcours.

Notes testamentaires
En 1999, en faisant une introspection, Paul-André Comeau me disait : « Je n’ai jamais la certitude d’avoir réussi et je n’ai pas la conviction d’avoir trouvé la réponse définitive à toutes les questions que je pose. La valeur à laquelle je me rattache, sur le plan professionnel et personnel, est la nécessité et le goût de toujours faire mieux la prochaine fois. C’est presque une obsession en moi. Je suis relativement réaliste et, lorsque je viens de faire quelque chose, je sais si cela a bien été ou le contraire et je sais qu’il y a toujours quelque chose à corriger. Je n’ai jamais été totalement satisfait de ce que j’ai fait. Cela m’amène à pouvoir recommencer en me disant que je pourrais faire mieux telle ou telle chose. Dans un sens, je suis probablement en recherche d’absolu. C’est l’héritage que j’ai reçu d’un professeur de l’externat classique ».

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[1] Benoit Voyer. Les Témoins de l’essentiel, Éditions Logiques, 2005.