ARTICLE DU JOUR: Au sujet d’une constitution du Québec
Par Benoit Voyer
13 octobre 2025
Plusieurs militants du Parti conservateur du Québec (PCQ) trouvent que leur chef, Éric Duhaime, s’éloigne un peu du programme de leur formation politique et « doit adopter une position claire » dans le débat concernant une constitution du Québec. Plusieurs soutiennent même le chef péquiste, comme Martin Charron, en Outaouais. Il y a quelques jours, il écrivait sur sa page Facebook : « Je partage entièrement le constat de Paul St-Pierre Plamondon : lorsqu’un gouvernement prétend écrire une Constitution sans consulter le peuple, il ne fait pas un acte d’unité nationale — il commet un abus de pouvoir. »
Martin Charron est sans équivoque : « Une Constitution adoptée sans le consentement du peuple n’est pas seulement illégitime, elle est inconstitutionnelle. Une Constitution n’appartient pas au gouvernement. Elle appartient au peuple. Dans tout régime libre, la Constitution tire sa force du consentement populaire. Elle ne se signe pas entre élus, elle se ratifie par la nation. Depuis Sieyès jusqu’à nos propres juristes — Henri Brun, Guy Tremblay, François Chevrette —, un principe est immuable : « Aucun pouvoir constitué ne peut s’arroger le droit de se constituer lui-même. » Autrement dit, ni la CAQ ni aucun gouvernement ne peuvent, à eux seuls, définir la Loi suprême du Québec. Une Constitution votée à majorité parlementaire sans consultation populaire n’est qu’une loi déguisée. »
Pour lui, le gouvernement au pouvoir et tous les chefs politiques, en particulier Éric Duhaime, doivent « parler pour le peuple, pas pour les partis. » Et puis, à ses yeux, « la prochaine élection provinciale doit [être] une élection référendaire sur la démocratie elle-même : celle où le peuple décidera s’il veut, enfin, écrire sa propre Constitution ».
Dans sa réflexion, il invite Éric Duhaime, qu’il souhaite d’ailleurs rencontrer, à s’engager dès le premier jour de son mandat à la tête de l’État québécois « à établir un calendrier public et précis de consultation nationale : un comité citoyen préparatoire ; des audiences régionales ouvertes ; une assemblée constituante représentative ; et, en conclusion, une ratification populaire par référendum ». Il rappelle que « c’est cela, le vrai conservatisme : la souveraineté du citoyen avant celle des appareils politiques. »
Dans son programme, le PCQ souhaite instaurer des référendums d’initiative populaire. C’est d’ailleurs une des principales raisons pour lesquelles je suis devenu membre de la formation. Ainsi donc, je trouve qu’une telle constitution doit être approuvée par référendum par les Québécois.
Les conservateurs du Québec sont des autonomistes. C’est ce qu’ils affirment dans leur plateforme. Pour ma part, cette autonomie pourrait aller jusqu'à l'indépendance du Québec.
D'ailleurs, devant une possible élection du Parti québécois à la direction de la province, il va falloir que le PCQ ait une position claire au sujet du référendum sur l’indépendance du Québec, consultation populaire qui risque d’arriver si la tendance des sondages se réalise. Lors du dernier référendum, l'Action démocratique du Québec (ADQ), dont plusieurs membres du PCQ étaient membres, avait voté en faveur de la souveraineté du Québec afin que le Canada actuel éclate et qu'il devienne une véritable confédération de Nations autonomes. Je pense que cette position demeure pour l'instant la meilleure pour le Québec. D’ailleurs, on me demande souvent pourquoi je ne suis plus membre du PQ qui est le grand parti indépendantiste. Ma réponse est simple : le socialisme est un modèle révolu. Le PQ soutient un modèle économique socialiste.
Enfin, lorsque je regarde les menaces indépendantistes de Danielle Smith, en Alberta, dame que monsieur Duhaime semble vénérer, je me dis qu’il doit se comporter de la même manière qu’elle, c’est-à-dire d’être plus coriace à l’endroit du fédéral. En peu de mots : Le Québec d’abord. En pleine montée de la droite au Québec, si le PCQ affirmait plus fortement ses idées de pleine autonomie du Québec et se mettait à son tour à menacer sérieusement le Canada de quitter la fédération, une partie de l’électorat péquiste, celui qui aux dernières élections a voté pour la CAQ et semble revenir au PQ, se joindrait au PCQ. En fait, ce que veulent les Québécois, c’est un Québec quasi souverain tout en demeurant membre du Conseil de la fédération canadienne.