En ce 3 mai 2025
Par Benoit Voyer
3 mai 2025
On la connaît sous le nom de Marie-Léonie Paradis, mais le prénom qu’elle reçoit à sa naissance et son baptême est Alodie, mais qu’on appellera familièrement Élodie.
Elle est née le 12 mai 1840, à l’Acadie, sur la rive sud de Montréal, au Bas-Canada. Elle est la fille unique de Joseph Paradis et Émilie Grégoire.
Vers 1845, dans le rang de la tortue, pas très loin du village de Saint-Philippe-de-Laprairie, Joseph Paradis loue un moulin désaffecté, Il y moud le grain, scie du bois et carde la laine.
A neuf ans, elle devient pensionnaire chez les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, à Laprairie. Mais ce n’est que pour une courte durée, la famille déménage a Napierville ou elle continue d’aller à l’école pendant que Joseph s’exile en Californie afin de se faire chercheur d’or. Elle retournera au pensionnat de Laprairie en 1850
Vie religieuse
Le 28 février 1854, elle entre chez les Sœurs Marianites, la branche féminine de la Congrégation de Sainte-Croix, à ville Saint-Laurent. Elle a 13 ans. En communauté, elle porte le nom de sœur Marie-de-sainte-Léonie.
A son retour de la Californie, son père tente de la faire rentrer à la maison. En vain. Son choix est ferme et définitif.
En 1956, elle enseigne aux enfants dans le patelin de Sainte-Scholastique, devenue de nos jour un arrondissement de la ville de Mirabel.
Le fondateur, le père Basile-Antoine Moreau, de passage au Canada, lui permet, le 22 août 1857, de prononcer des voeux permanent de vie religieuse en dépit d'une faible santé. Elle a 17 ans.
Elle se consacre à l'éducation. A Varennes, Saint-Laurent et Saint-Martin (devenu un quartier de Laval), elle est enseignante, surveillante et secrétaire de la supérieure.
En 1862, on l'envoie travailler à l'Orphelinat Saint-Vincent-de-Paul, à New York.
En 1870, en Indiana, Élodie choisit de passer définitivement à la branche américaine des Sœurs de Sainte-Croix. Aux États-Unis, elle enseigne les travaux à l'aiguille et le français à l'Académie Sainte-Marie. Son immersion dans la langue de Shakespeare lui permet d’en venir à maîtriser la langue anglaise.
Après un séjour au Michigan, à l'automne de 1874, on la nomme a Memramcook, au Nouveau-Brunswick, afin de diriger un groupe de postulantes et de novices au Collège Saint-Joseph dirigé par le Père Camille Lefebvre, de la Congrégation de Sainte-Croix. Elle est affectée aux soins de l’économie domestique et de la bonne tenue du département culinaire de la maison. Le collège est un nouvel établissement qui ouvert ses portes en 1864.
Les petites sœurs de la Sainte-Famille
En 1880, la direction de la communauté religieuse accepte l’idée qu’un groupe de filles, portant le nom de « Petites Sœurs de la Sainte-Famille » s'organise en Institut autonome sous la direction de Léonie. L’idée de cette dernière. La mission de son groupe est et restera le soutien spirituel et matériel des prêtres. Les femmes célibataires qui marchent à sa suite se consacrent aux tâches domestiques dans un grand nombre de presbytères et d’évêchés, et travaillent aussi au secrétariat, à la comptabilité et à la gestion des archives.
En 1895, la mort du père Lefebvre laisse l'œuvre sans approbation canonique. L’évêque du lieu refuse toute reconnaissance.
Mgr Paul Larocque, évêque de Sherbrooke, étant à la recherche de religieuses pour son séminaire et son évêché, fait une offre au groupe de femmes. Léonie consulte, réfléchit et décide de transférer la maison-mère et le noviciat des Petites Sœurs de la Sainte-Famille à Sherbrooke.
Le 5 octobre 1895, Marie-Léonie et ses filles déménagent au 10, rue Peel, à Sherbrooke.
Le 26 janvier 1896, Mgr Paul Larocque donne une approbation diocésaine a la nouvelle communauté des Petites Sœurs de la Sainte-Famille.
En 1905, le pape Pie X la relève de ses obligations envers sa première communauté et lui donne la permission d’être, elle aussi, une petite sœur de la Sainte-Famille.
Décès
Marie-Léonie Paradis décède le 3 mai 1912, a la veille de ses 72 ans. En ce jour, 635 femmes célibataires marchent à sa suite dans les trois Amériques et en Italie.
Béatification
Le 11 septembre 1984, elle est béatifiée lors d’une messe présidée par le Pape Jean-Paul II au Parc Jarry, à Montréal. Mes parents sont présents au rassemblement.
Un autre miracle
En 1986, à Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie, un miracle aurait eu lieu par son intercession. Il s’agit d’un nouveau-né de sexe féminin, à la suite d’une asphyxie périnatale prolongée avec défaillance de plusieurs organes et encéphalopathie.
Transfert à la Cathédrale Saint-Michel
Le tombeau de Marie-Léonie Paradis repose au couvent des Petites Sœurs de la Sainte-Famille jusqu’au 31 mai 2017. Ce jour-là, on déménage sa dépouille dans la basilique-cathédrale Saint-Michel a l’occasion d’une cérémonie officielle présidée par Mgr Luc Cyr. Une partie du musée du Centre Marie-Léonie y est également transféré durant la même année.
Canonisation
Le 20 octobre 2024, sur la Place Saint-Pierre, dans la Cité du Vatican, Marie-Léonie Paradis est canonisée.
Dans son homélie, le pape François, qui préside la célébration. rappelle l’importance du service, une caractéristique des chrétiens :
« Jésus dévoile les pensées, dévoile les désirs et les projets de notre cœur, démasquant parfois nos attentes de gloire, de domination, de pouvoir, de vanité. Il nous aide à penser, non plus selon les critères du monde, mais selon le style de Dieu qui se fait dernier pour que les derniers soient élevés et deviennent les premiers. Et souvent ces questions de Jésus, avec son enseignement sur le service, sont aussi incompréhensibles, incompréhensibles pour nous qu’elles l’étaient pour les disciples. Mais en Le suivant, en marchant sur ses pas et en acceptant le don de son amour qui transforme notre façon de penser, nous pouvons nous aussi apprendre le style de Dieu : le style de Dieu, le service. N’oublions pas les trois mots qui illustrent le style de service de Dieu : proximité, compassion et tendresse. Dieu se fait proche pour servir ; il se fait compatissant pour servir ; il se fait tendre pour servir. Proximité, compassion et tendresse...
C’est ce que nous devons viser : non pas le pouvoir, mais le service. Le service est le mode de vie chrétien. Il ne s’agit pas d’une liste de choses à faire, comme si, une fois faites, nous pouvions considérer que notre tour est fini ; celui qui sert avec amour ne dit pas : “maintenant, ce sera le tour de quelqu’un d’autre”. Cela c’est la pensée d’employés, pas celle de témoins. Le service naît de l’amour et l’amour ne connaît pas de limites, il ne fait pas de calculs, il dépense et donne. L’amour ne se contente pas de produire pour obtenir des résultats, il n’est pas une performance occasionnelle, il naît du cœur, un cœur renouvelé par l’amour et dans l’amour.
Lorsque nous apprenons à servir, chaque geste d’attention et de soin, chaque expression de tendresse, chaque œuvre de miséricorde devient un reflet de l’amour de Dieu. Et ainsi nous tous – et chacun de nous – nous poursuivons l’œuvre de Jésus dans le monde. ».
Mémoire
A chaque année, la mémoire liturgique de sainte Marie-Léonie Paradis est soulignée le 4 mai dans toutes les messes de la planète, sauf les dimanches et jours de solennités, comme cette année.
Ce dimanche, je me rendrai auprès d’elle a l’occasion de la messe dominicale de 17h a la Cathédrale Saint-Michel, à Sherbrooke.