ARTICLE DU JOUR: Le père Eugène Prévost
Par Benoit Voyer
12 août 2025
Eugène Prévost est né le 24 août 1860 à Saint-Jérôme. Il est le fils du docteur Jules-Édouard Prévost (1828-1903) et Edwidge Prévost (1829-1906). Sa fratrie compte 14 enfants.
Il reçoit sa formation à l’école du village, au Séminaire de Sainte-Thérèse (devenu le Cégep Lionel-Groulx) et, plus tard, au Séminaire de Montréal.
Dans ses mémoires, il raconte que dans sa jeunesse tout était propice à la fête, musique et bonheur dans sa famille. A 13 ans, pensionnaire au collège, il s'ennuie. Pour s’amuser, il se mêle à un groupe d'élèves turbulents. Il n'est pas méchant, mais dissipé.
Le jour de rentrée, en septembre 1877, comme c'est la coutume, Eugène choisit une place au dortoir. Le surveillant veut lui supprimer ce droit. Il ne porte pas plainte au directeur. Il voit plutôt cela comme un signe de Dieu. Il s’intériorise : « Pourquoi mal commencer l'année ? ». À partir de cet instant, il décide de mener une vie studieuse, disciplinée, sérieuse. Dans ses vieux jours, a 82 ans, il dira « Jésus m'a arrêté... c'est Jésus qui a fait cela ». C’était à ses yeux un jour de conversion. A 17 ans, il décide de consacrer sa vie à Dieu en devenant prêtre.
En 1881, il entre au noviciat de la Société du Très-Saint-Sacrement, à Bruxelles, communauté religieuse fondée par saint Pierre-Julien Eymard, afin de devenir prêtre catholique. À Rome, il étudie à l'Université Grégorienne. Il reçoit le sacrement de l’ordre le 4 juin 1887.
Sans tarder, on le nomme directeur de l'Œuvre des Prêtres-Adorateurs, à Paris. Sous son impulsion, elle prendre un essor considérable. Il se donne à plein pour le service des prêtres. Il souhaite les voir saints. A travers, ses responsabilités il perçoit les besoins urgents de ceux-ci. Il veut fonder une œuvre pour leur venir en aide et un tiers-ordre féminin, comme le voulait le fondateur de sa communauté. Ses supérieurs ne veulent rien entendre de ses idées. Bien plus, en décembre 1899, il est envoyé à Montréal sans ministère précis.
En attendant son départ pour le Canada, il séjourne une quinzaine de jours à Sarcelles, près de Paris. Sans l’avoir prévu, il y vit une expérience spirituelle intense. Sa vie spirituelle se revêt de nouvelles couleurs. Sa mission se dessine…
En février 1901, grâce à une permission du par Léon XIII, il fondera la Fraternité Sacerdotale et les Oblates de Béthanie. Bien entendu, il doit quitter les religieux du Saint-Sacrement. La mission de la Fraternité est le soutien matériel et spirituel des prêtres. Celle des religieuses est l’adoration eucharistique. Entre 1901 et 1946, l’œuvre s'implante dans trois pays: la France, l’Italie et le Canada.
Le père Eugène Prévost consacre beaucoup de temps à l’écriture. Les Oblates de Béthanie le secondent en imprimant et en distribuant livres, brochures, feuillets et images par milliers. Dans son œuvre littéraire, il traite principalement de Jésus-Prêtre et de dévotion eucharistique.
Eugène Prévost décède le 1er août 1946. On conserve son cœur dans un reliquaire et ses restes sont inhumés. Quinze ans plus tard, on les exhume afin de les transférer à Pointe-du-Lac, devenu un secteur de Trois-Rivières. Le cimetière où il repose est situé dans un boisé enclavé qui est difficilement accessible. Le moyen le plus simple est de passer par « les sentiers du Grand boisé de Pointe-du-Lac » et de passer par-dessus la petite clôture.
Sa cause, en vue d’une béatification et une canonisation, est à l’étude au Vatican.