En ce 31 juillet 2025


Le cimetière de Marieville, en Montérégie, le 11 juin 2025

Je veux être un artisan de vrais changements


Tes yeux


Tes yeux

Doux comme le soleil qui se lève sur le monde, 
tes yeux ressemblent aux nuages qui laissent passer la lumière ; 
Ils sont étincelants de la vie qui t’anime.

Bleus comme l’eau salée des grands océans, 
tes yeux ressemblent aux vagues sur la grève ; 
Ils apaisent et réconfortent les flots troubles de mon existence.

Passionnés comme le vent qui caresse le sable des déserts, 
tes yeux ressemblent à une sonate de Mozart ; 
Ils emportent mon cœur au-delà de la frénésie des sons et des notes.

Vastes comme une immense cathédrale, 
tes yeux ressemblent à un vase d’argile façonné des mains des dieux ; 
Ils sont un tabernacle ou réside l’amour.

Fragiles comme la belle au bois dormant,
tes yeux ressemblent à ceux des princesses de mon enfance ; 
Ils sont une aurore lumineuse après des saisons d’obscurité.

Orbite, paupières, cils, sourcils, taroupe : 
Ils sont la perfection même ! Quel délice ! 
Tes yeux m’ont charmé, troublé, apprivoisé, ensorcelé…
Si pétillants… Si brillants… Si vifs…

Tu m’as tapé dans l’œil ; 
Je t’ai fait les yeux doux ; 
Nous avons joué de la prunelle.

J’ai détourné les yeux et en un clin d’œil, tu m’as séduit.
Tu m’as fait porter un autre regard sur le monde.
Je tiens à toi comme à la prunelle de mes yeux.

Benoit Voyer 

Les Saisons littéraires 15 – Revue de création littéraire, semestre automne hiver 1998-1999, Guérin littérature, pp.223-224

Émission de télévision Parole et Vie animée par Roland Leclerc No 9 (1993)


Émission de télévision Parole et Vie animée par Roland Leclerc No 9 (1993)

Au programme: 

1- La chronique biblique de Bertrand Ouellet: David contre Goliath;
2- Georges Henri Lévesque;
3-Marie de Magdala (avec sœur Lorraine Caza);
4- Le courrier de l'évêque: Le Cardinal Jean-Claude Turcotte, archevêque de Montréal: - L'incroyance;
5-La communauté des Filles de Saint-Paul;
6- Les moines cisterciens de Rougemont chantent le chant des morts;
7- Le père Benoit Lacroix (Joachim Lacroix de son vrai nom) parle des bonnes sœurs;
8- L'abbé Réginald Savard parle de la Roue de fortune dans la paroisse Saint-Charles-Garnier, a Shawinigan;
9- La chronique Pour une foi qu'on se parle animée par Yvon Cousineau. Une table ronde avec 6 jeunes: Est ce que la religion est un casse tête?
10- Chronique Sur les rayons avec Christiane Gagnon: Proposition de quelques livres. 11-Chronique médias avec Pierre Bélanger: La sexualité;
11- Le comédien Jean-Louis Roux lit un extrait de la bible.
 ______________________________________________ 
Tiré de: P049 Parole et Vie Ep 09 (Fonds Benoit Voyer)
Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby

En ce 30 juillet 2025


La nuit a l'Hôpital Pierre Le Gardeur, a Terrebonne

La foi des émigrés dérange


Petit arrêt au cimetière de Saint-Alexandre-de-Kamouraska


Le 28 juillet 2025, en fin d'après-midi et en soirée, j'étais de passage au Bas Saint-Laurent. J'en ai profité pour visiter mes arrières grands-parents au Cimetière de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, près de Rivière-du-Loup. Louis Voyer et Dorilda Garneau reposent a l'ombre du clocher  de l'église paroissiale. Il s'agit des parents de mon grand-père Edgar Voyer. Un peu plus loin, se trouve Lumina Bélanger dans le lot de Rémi Chenard (son nom est le même que son père). Il s'agit de la mère de ma grand-mère Alice Chenard. Le nom de "Mina" n'est pas sur la pierre tombale. Rémi Chenard, son époux (et mon arrière grand-père), est a quelque part dans le cimetière. En 1918, au moment de son décès, il n'y avait pas d'obélisques funéraires. Je ne sais donc pas ou il se trouve exactement, mais il est ici quelque part.

Le Berceau de Kamouraska


Le site patrimonial du Berceau-de-Kamouraska présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Les premiers colons s'établissent dans la seigneurie de Kamouraska à partir de 1692. L'année 1709 marque l'arrivée du premier curé résident, l'abbé Philippe Rageot (1678-1711), et la construction de la première église de Kamouraska, en bois, sur la terre de Gabriel Paradis. Un presbytère est érigé six ans plus tard, soit en 1715. Une nouvelle église est édifiée en 1727, à l'ouest de la première, sur la terre d'Augustin Roy dit Desjardins (1701-1790). Cette deuxième église, construite en pierre des champs, est dotée d'un nouveau presbytère en 1749. Érigée sur un sol argileux, la structure de la seconde église est considérablement endommagée par un tremblement de terre en 1791. Par ailleurs, la paroisse de Kamouraska, devenue trop populeuse, est restructurée au cours de la même année. Dès 1793, le site original est définitivement abandonné, au profit d'un nouvel établissement paroissial. Celui-ci est localisé à trois kilomètres à l'ouest du premier, sur l'affleurement rocheux de Pincourt, où se trouve le village actuel. C'est ainsi que le site du Berceau-de-Kamouraska a été pendant un siècle, soit de 1692 à 1791, le centre civil et religieux d'un vaste territoire correspondant aujourd'hui à une grande partie du comté de Kamouraska et de tout le bas du fleuve à l'est de la Rivière-Ouelle.

Le site patrimonial du Berceau-de-Kamouraska présente également un intérêt patrimonial pour sa valeur archéologique. L'ancien cimetière paroissial contient les ossements des premiers habitants de Kamouraska. De plus, le sol renferme des artefacts ainsi que des vestiges de bâtiments, dont ceux de la deuxième église en pierre et du second presbytère. Le site patrimonial du Berceau-de-Kamouraska possède un important intérêt archéologique qui renforce son intérêt historique.

Le site patrimonial du Berceau-de-Kamouraska présente aussi sur son intérêt patrimonial pour sa valeur identitaire. Il s'agit d'un lieu hautement significatif pour la région puisqu'il correspond au foyer initial de peuplement d'une grande partie de la région du Bas-Saint-Laurent. C'est également le lieu de sépulture de plusieurs familles-souches québécoises. En 1945, le père Alexandre Paradis, originaire de Saint-André-de-Kamouraska, et l'abbé Onésime Lamonde, curé de la paroisse de Saint-Louis-de-Kamouraska, entreprennent de mettre en valeur le site. Des plaques commémoratives sont installées par la Commission des monuments historiques du Québec dès 1947, puis une chapelle souvenir est érigée sur le site en 1958. Un monument commémoratif rappelle l'inhumation de plus de 1 450 pionniers dans l'ancien cimetière. Le grand nombre de patronymes différents, soit plus de 200, démontre bien l'importance de ce lieu de mémoire.

Source : Municipalité de Kamouraska, 2006.





























La Trinité dans la vie du frère convers


La Trinité dans la vie du frère convers

« Moi, frère N.…, je fais ma profession solennelle et je promets obéissance, chasteté et pauvreté à la très sainte Trinité”. Voilà en quels termes le religieux trinitaire consacre librement sa personne et ses biens au service de son Ordre. Authentique religieux, le frère convers s’engage à remplir ces trois obligations fondamentales dans un grand esprit d’union à Dieu. Il sent le besoin de la prière, de la méditation, en un mot, d’une véritable spiritualité a ses dimensions pour être constamment à la hauteur de sa sainte vocation.

Puisque le mystère de la très sainte Trinité est le mystère primordial de notre foi, il est normal de chercher de ce côté pour puiser des éléments de spiritualité dans la contemplation de cette souveraine vérité

Dieu le Père :
Ce qui nous permet de nous faire une certaine idée de la première personne de la très sainte Trinité, c’est le fait qu’elle engendre de toute éternité un Fils en tout semblable a elle-même. Cette génération est toute spirituelle – quoique véritable - puisqu’elle transmet la vie du Père a celui qui est engendré, non selon la chair, mais selon l’Esprit.

Le mystère de cette génération ineffable jette l’âme dans une admiration muette et la ravit à elle-même. Se consacrer à Dieu le Père par le vœu de chasteté, n’est-ce pas en quelque sorte rendre un hommage à cette génération d’un ordre si élevé qu’elle fait pâlir tout autre mode de génération ? Celui qui sacrifie par le vœu de chasteté toutes les joies de la paternité sait qu’il renonce à un bien normal et légitime pour lui préférer un plus grand bien : celui d’engendrer spirituellement des enfants de Dieu par son apostolat caché

Dieu le Fils : 
La deuxième personne de la très sainte Trinité est la pensée de Dieu le Verbe de Dieu comme l’appelle saint Jean. Cette parole est l’expression si parfaite de toute la richesse du Père qu’elle l’épuise totalement dans cet unique concept. Le Fils n’est que l’expression vivante et personnelle de la pensée du Père.

Par son vœu d’obéissance, le religieux consacre au Fils tout ce qu’il est au plus intime de lui-même pour se conformer le plus exactement possible au Verbe de Dieu, a la Parole du Père. Désormais plus rien ne comptera pour lui hors de cette parole divine exprimée par la bouche de ses supérieurs légitimes. Par son obéissance, le religieux devient en quelque sorte “un miniature” du verbe fait chair, de la parole divine incarnée dans un homme mortel, puisque toute sa vie durant, il s’efforcera d’incarner la volonté de Dieu sur lui-même.

Dieu le Saint-Esprit :
Enfin, la troisième personne de la très sainte Trinité est caractérisée par le don souverain de l’amour du Père à l’égard de son Fils et du Fils à l’égard de son Père : don mutuel d’une richesse vitale qui dépasse tous les dons de la nature et de la grâce.

C’est stimulé par ce don sans égal que le religieux est prêt à troquer les misérables dons de la terre contre ceux de l’éternité. Par une décision libre et lucide, le religieux renonce aux richesses matérielles et consacre à Dieu sa personne et ses biens par le vœu de pauvreté. Don inspiré de l’amour qui se consomme dans l’amour, tel est le geste de celui qui prononce effectivement le vœu de pauvreté. En face du don subsistant et éternel de l’Esprit saint, sa propre offrande lui parait bien minime mais elle reste malgré tout l’expression d’une dévotion sincère et intégrale qui ne sait se limiter que dans le donc total.

Unité et Trinité :
Par cette triple consécration de son corps, de sa volonté et de ses biens, le religieux réalise en quelque sorte une synthèse merveilleuse qui aboutit à l’union permanente avec Dieu. Vivre de Dieu, en Dieu et pour Dieu, voilà l’idéal du religieux véritable. Dépouillé de tout ce qui n’est pas Dieu il peut, maintenant, allégé de cette cangue misérable, s’élever à grands coups d’ailes vers les sommets de la vie contemplative ou son âme peut vivre dans la continuelle présence de l’auguste Trinité qui l’habite par la grâce.

“O mes trois, mon tout, solitude infinie, immensité ou je me perds, je me livre à vous comme une proie. Ensevelissez-vous-en moi pour que je m’ensevelisse en vous en attendant d’aller contempler en votre lumière l’abime de votre grandeur”.

Jean-Paul Regimbal

Tiré de: Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, 4e année, No. 6, février et mars 1959, pp.13 à 15. Revue conservée a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby (Fonds P049).

En ce 29 juillet 2025

Les préjugés face a la transexualité


Jean-Baptiste de la Conception (1561-1613)


Jean-Baptiste de la Conception (1561-1613) 

En 1561, dans la ville d’Almodovar del Campo, en Espagne, le bienheureux Jean-Baptiste est né du saint mariage de Marc Garcia et d’Élizabeth Lopez. Élevé chrétiennement par ses parents, il montra très jeune des marques évidentes de piété et de mortification. Sainte Thérèse d’Avila qui, de passage en cette ville, se retirait chez les Garcia, l’encouragea à l’étude et aux pratiques de pénitence. Elle lui prédit même en deux circonstances qu’un jour il deviendrait le père réformateur d’une grande famille religieuse.

Stimulé dans sa ferveur, le jeune enfant pratiqua avec tant de zèle les austérités en usage à cette époque que sa frêle santé en ploya sous le faix. Son père intervint pour lui ordonner de cesser la rigueur de ses mortifications, mais Jean-Baptiste de répondre : « Si la pénitence m’a rendu malade, elle me ramènera aussi à la santé ». Et de fait, cela se produisit!

Sa grande intelligence, un des plus beaux génies de l’Espagne affirme Lopez de Vaga, se forma aux humanités et à la discipline philosophique dans les célèbres universités de Baeza et de Tolède. Élève des Carmes déchaux, il bénéficia non seulement de leur profonde culture mais aussi de leur esprit religieux. Il se décida même d’entrer dans ce saint Ordre lorsqu’un de ses parents, le P. Didace d’Avila, l’invita à s’inscrire au rang des Trinitaires chaussés.

Le 28 juin 1580, âgé de 19 ans, il revêtit la blanche bure a la croix bicolore, dans un des couvents de Tolède. Il se montra fervent religieux et disciple docile a l’école d’un professeur aussi saint que savant, le bienheureux Simon de Rojas, O.ss.t. Au terme de ses études, on lui la charge de prédicateur qu’il exerça avec un zèle tout apostolique dans la province de Castille.

Informé de l’érection d’une maison de la stricte observance telle qu’exigée par le concile de Trente, le bienheureux demanda son transfert, poussé par un désir de plus grande perfection. Sa requête fut d’abord refusée par son provincial. Mais le saint formula sa prière à Notre-Dame du remède pour obtenir enfin son envoi au couvent de Valdepagnas. La Mère acquiesça au désir de son enfant. Et voici que le bienheureux Jean-Baptiste reçoit son obédience non plus comme sujet, mais comme supérieur de la maison de la stricte observance.

Les difficultés ne tardèrent pas à surgir au sein même de l’œuvre naissante. La menace d’échec provenait surtout de ce que les religieux gardaient la possibilité de retourner en leur couvent respectif après un séjour plus ou moins prolongé a Valdepagnas. C’est pourquoi l’énergique supérieur crut nécessaire de s’adresser au Souverain pontife pour stabiliser les cadres de la réforme. Après un an et demi d’étude avec les religieux les plus éclairés et les plus saints de la ville éternelle, il présenta son projet à Clément VIII qui l’approuva par la bulle « Ad militantis Ecclesiae regimem », en date du 20 août 1599.

Toute sa vie, il s’appliqua à promouvoir le zèle pour l’observance religieuse et fonda dix-huit couvents ou il établit sa nouvelle famille religieuse réformée. Après avoir donné à ses fils spirituels les exemples les plus édifiants de charité, d’humilité, de fidélité, de pénitence, et les plus hauts enseignements mystiques contenus dans huit volumes de ses œuvres, il mourut saintement le 14 février 1613, l’âge de 52 ans.

Clément XIII a proclamé l’héroïcité de ses vertus le 10 aout 1760 et Pie VII l’a béatifié le 26 septembre 1819. Puisse notre bienheureux père réformateur recevoir avant longtemps les honneurs de la canonisation pour la gloire de la Très sainte Trinité et pour l’extension toujours grandissante de sa famille religieuse!

Jean-Paul Regimbal

Tiré de: Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, Vol. 2 No. 1, janvier-février 1955, pp. 15 et 16. Copie originale disponible a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby (Fonds P049). Le bienheureux a été déclaré saint depuis la publication de cet article.

En ce 28 juillet 2025

Pour des écoles laïques et neutres


Premières tentatives de fondation des Trinitaires au Canada


Premières tentatives de fondation des Trinitaires au Canada

Par Jean-Paul Regimbal

Si on pouvait retracer à ses origines le rayonnement trinitaire au Canada français, il nous faudrait remonter, a notre grande surprise, jusqu’au 28 janvier 1662. C’est en effet à cette date que le T.R.P. ministre général Pierre Mercier a reçu au nombre des archiconfrères de la très sainte Trinité, M. Louis-Ango de Maizerets.

C’est par l’intermédiaires de cet ecclésiastique venu de France, élevé a la dignité de vicaire général du diocèse de Québec le 6 novembre 1678 et l’archidiacre en 1684, que l’archiconfrérie trinitaire est introduite en Nouvelle-France.

Le 27 avril 1700, l’abbé François Dupré, curé de Québec depuis 1694, obtient du T.R.P. Augustin Gandolphe, visiteur provincial, en Avignon, des Trinitaires réformés, la faculté d’ériger dans son église et en tout autre lieu, l’Archiconfrérie de de la très sainte Trinité avec la permission préalable de Mgr l’évêque de Québec.

Dix-neuf ans plus tard, le souverain pontife lui-même, Clément XI, reconnait l’archiconfrérie du même Ordre érigé a l’Hôtel-Dieu de Montréal. Il lui adresse le 17 juin 1719 un bref le 17 juin 1719 un bref apostolique lui accordant des indulgences plénières et partielles pour ses membres. Mgr de Saint-Vallier promulgue ce bref le 29 septembre 1720, alors que le P. Cholenec, jésuite, agit comme aumônier de cette confrérie montréalaise.

Il faut attendre au siècle suivant pour constater un nouvel élan de ferveur trinitaire a Montréal. Sous la vigoureuse impulsion de Mgr Ignace Bourget, un culte de la Trinité et des saints trinitaires est nettement favorisé.

En vertu de son pouvoir épiscopal, il érige, au nord de Joliette, deux nouvelles paroisses : l’une dédiée à saint Félix de Valois en 1843 et l’autre à saint Jean de Matha en 1855.

Il suffira de deux ans à peine pour voir ces démarches aboutir à leur conclusion logique : la fondation des fraternités trinitaires dans les limites territoriales de sa juridiction, grâce a des facultés spéciales qui lui sont octroyés le 27 septembre 1857.

Se rendant à la ville éternelle pour son voyage « ad limina » en 1862, monseigneur Bourget se fait un devoir de rencontrer le T.R.P. Antoine de la mère de Dieu, ministre général de l’Ordre et d’entretenir avec lui des relations d’amitiés consignées dans les archives romaines de notre couvent de Saint-Chrysogone.

Ayant assisté à la canonisation de saint Michel des saints le 8 juin 1862, Mgr Bourget profite de l’occasion pour presser les Trinitaires à fonder un couvent dans son diocèse. Pour répondre à ses désirs le chapitre général décrète le 1er juillet 1862 que les « les pères (qui s’étaient offerts) seront envoyés au couvent de Faucon pour prendre quelque pratique de la langue française et y attendre l’époque du départ, car dans la région ou les Trinitaires son appelés on parle l’idiome français ».

L’histoire conserve heureusement le nom de quelques-uns de ces premiers missionnaires : les PP. Antoine de l’Assomption et Étienne de l’Addolorata. Mais, par la suite de difficultés économiques de part et d’autre, ce projet de fondation canadienne ne connut pas de lendemain.

De retour au Canada dès le mois d’aout de cette année 1862, Mgr Bourget use déjà des privilèges acquis récemment de la curie romaine en faveur des Filles hospitalières de Saint-Joseph (les Sœurs de l’Hôtel-Dieu de Montréal). Ce n’est plus seulement une archiconfrérie qui a son siège dans l’église de l’Hôtel-Dieu, mais bien la première fraternité canadienne du tiers-ordre trinitaire érigée canoniquement le 1er septembre 1862.

Le digne évêque ne veut pas limiter à ce geste canonique sa vive admiration pour l’Ordre de la très sainte Trinité. Lui qui avait assisté à la glorification du grand mystique saint Michel des saints pousse maintenant sa condescendance au point d’ouvrir en 1864 une troisième paroisse sous le patronage d’un saint trinitaire. La paroisse Saint-Michel-des-saints, qui compte aujourd’hui une population de 2500 âmes, complète la trinité des paroisse dédiées par Mgr Bourget aux saints trinitaires dans la région de Joliette.

Même si ces premières tentatives de fondation trinitaire au Canada n’ont pas connu tout le succès que nous aurions désiré, il reste cependant que ce sont peut-être ces démarches éloignées qui ont rendu possible la fondation, définitive cette fois, de l’Ordre trinitaire à Montréal en 1924.


Tiré de Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, 5e année, No. 2, février juin et juillet 1959, pp. 18 et 19. Revue conservée dans le fonds P049 de la Société d'histoire de la Haute Yamaska, a Granby.

En ce 27 juillet 2025

Radio-Canada CBC No 2


Tous unis en Jésus sauveur


Bien chers congressistes, permettez-moi de vous souhaiter la plus cordiale bienvenue à ce congrès du renouveau charismatique catholique francophone dans les mêmes termes avec lesquels Paul saluait les saints de l’Église de Corinthe :

Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, L’amour personnel de Dieu le Père Et la communion intime du Saint Esprit soient toujours avec vous tous! (Co 13,13)
Nous sommes tous bien conscients que ce vaste ralliement est l’œuvre de l’amour de la Très Sainte Trinité en nous et que Dieu le Père nous rassemble ici au nom de son Fils bien-aimé Jésus Christ, notre sauveur, pour nous faire vivre pendant trois jours une expérience d’unité sous la mouvance de son Esprit saint.

Le thème de ce congrès : Tous unis en Jésus Sauveur n’a pas été choisi au hasard mais a été muri dans la prière et le discernement communautaire des responsables de ces assises. En communion avec le pape et l’Assemblée des évêques, les membres du comité central ont voulu concrétiser leur solidarité d’Église dans leur poursuite inlassable de l’unité afin de proclamer la bonne nouvelle du salut à la face du monde, cette bonne nouvelle n’étant autre que Jésus sauveur, appelé par saint Paul : « L’évangile de Dieu (le Père) » (Rm 1,1-3).

Tout récemment, le pape Jean-Paul II rappelait à tous les hommes de bonne volonté que l’humanité vit actuellement un temps privilégié dans l’histoire du salut, une période d’intense bouleversement, de mutation profonde et d’attente fébrile : l’humanité vit en quelque sorte « un nouvel avent », porteur d’une riche promesse : La manifestation de gloire du Dieu vivant en la personne de Jésus rédempteur et sauveur.

Au sein de la tourmente, doit se révéler le témoignage unanime des fils de lumière afin que la création tout entière soit libérée de son joug de péché et de son voile de ténèbres. Ce témoignage des enfants de Dieu sera celui de l’unité par et dans l’amour!

Au sein de la tourmente, doit se révéler le témoignage unanime des fils de lumière afin que la création tout entière soit libérée de son joug de péché et de son voile de ténèbres. Ce témoignage des enfants de Dieu sera celui de l’unité par et dans l’amour.

Le temps est venu de cesser le scandale de la division parmi les chrétiens. Le temps est venu ou tous ceux qui croient en la personne de Jésus sauveur, s’unissent pour annoncer, en toute crédibilité, l’évangile du salut. Le temps est venu pour que tous les messagers de l’évangile fassent un front commun de l’agape afin de bâtir, dans la fois, ce royaume de justice, d’amour et de paix sur la terre des hommes annoncé par les prophètes et inauguré par Jésus christ, notre sauveur. Mais cette unité des frères chrétiens présuppose l’unité cordiale de ceux qui professent leur foi en l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Ce congrès s’offre à nous pour en donner le témoignage authentique. Tous, sans exception, quel que soit le secteur apostolique ou l’on vit son engagement d’Église, quel que soit le mouvement au sein duquel on fait œuvre d’évangile, tous attestent devant Dieu et devant les hommes qu’ils recherchent l’unité en Jésus sauveur.

Examinons ensemble le sens de cette démarche qui sera amorcée durant les trois jours que durera cette rencontre :
I- La prière de Jésus pour l’unité;
II- Le fondement de cette unité;
III- Les quatre moyens essentiels pour conserver l’unité.

Première partie La prière de Jésus pour l’unité
Dans sa prière sacerdotale après la cène, Jésus prie son Père d’accorder à ses disciples la même unité qui existe entre lui et son Père :
Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’eux aussi soient un en nous, afin que croie le monde que tu m’as envoyé.
Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN: Moi en eux et toi en moi. Pour qu’ils soient parfaitement un et que le monde sache que tu m’as envoyé et que je les ai aimés comme tu m’as aimé.
Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient aussi avec moi, pour qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la création du monde.

Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi, je t’ai connu et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. 
Je leur ai révélé ton nom et je leur révélerai pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux. » (Jn 17, 21-26)
A cet instant suprême de sa vie, Jésus livre le fond de son cœur et lègue a l’humanité le testament nouveau qui prendra force de loi, comme tout testament, a l’instant de sa mort en croix.

Situons dans le contexte original l’explication de son intercession.

Jésus a prié son Père…
1. Pour tous ceux qui ont vraiment admis que Jésus est issu du Père, qu’il est son Fils unique, son verbe de vie, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, égal et consubstantiel au Père, co-éternel avec lui par qui tout le monde visible et invisible fut créé (Jn 1, 7-8);
2. Pour tous ceux qui ont cru qu’il est l’envoyé du Père, le messie sauveur, le seul et unique médiateur pécheresse avec le Père des miséricordes (Jn 17,9);
3. Pour tous ceux que le Père lui a donnés car ils appartiennent au Père et tout ce qui est au Père est à Jésus (Jn 17,10);
4. Pour tous ceux qui n’appartiennent pas au monde comme lui, Jésus, n’est pas du monde, mais de Dieu;
5. Pour tous ceux que le Père a consacrés dans la vérité (or, sa Parole est vérité) donc, pour tous ceux qui sont envoyés comme lui, Jésus a été envoyé par le Père pour faire connaître la vérité du salut en son Fils (Jn 17,18);
6. Enfin, pour tous ceux qui, grâce à leur parole, croiront en son nom, en sa mission, en sa puissance, en son salut (Jn 17,20).

C’est donc pour nous tous que Jésus a prié et pour tous les hommes qui, à travers notre ministère de la Parole et du témoignage, connaîtront Jésus en tant que sauveur, seigneur, rédempteur et libérateur.

Or, cette prière de Jésus sera nécessairement exaucée en tous points, et pas un seul iota de cette demande ne demeurera sans réponse de la part du Père. Jésus sait que son Père veut sauver tous les hommes, mais que cette volonté salvifique universelle ne peut enfreindre la liberté de l’homme qui est son don le plus précieux.

La volonté du Père, c’est non seulement que l’humanité entière soit sauvée en Jésus, mais que cette humanité soit rassemblée dans l’unité du Corps mystique : l’Église, sous le seul, l’unique tête, Jésus Christ (Col 1,18). Le Père veut ramener toutes choses sous un seul chef, le Christ, lorsque les temps seraient accomplis (Ep 1,10).

C’est en raison de cette prière pour l’unité que nous devons laisser tomber toutes nos préventions, nos préjugés, nos divisions, nos disputes et nos querelles afin d’annoncer à tous les hommes sans exception l’évangile de Jésus Christ dans la puissance du Saint Esprit.

Laissons-nous réconcilier en ce Jésus sauveur afin d’établir la crédibilité du message qu’il nous a envoyé proclamer jusqu’aux extrémités de la terre comme lui-même fut envoyé par le Père pour sauver tous les hommes
· de toutes races
· de toutes nations
· de toutes croyances
· de toutes tendances
· de toutes langues
· de toutes cultures

N’est-ce pas ce que le mot « catholique » veut signifier? De même que la mission de Jésus est universelle, de même l’est aussi la mission de l’Église; ainsi donc, notre propre mission en Église doit être universelle et pour la réaliser, il nous faut l’unité. Non pas l’unité par voie de discussion, par voie de délibération, par voie de votation, mais
· l’unité par voie de conversion au seul sauveur Christ
· L’unité par voie de réconciliation a la seule vérité en Jésus sauveur
· L’unité par voie de libération grâce à la puissance de Jésus rédempteur.

Cette unité ne vient pas des hommes, mais de Dieu. Elle est l’œuvre du Saint Esprit, lien personnel, substantiel et vivant qui unit le Père au Fils et le Fils au Père dans l’éternité des siècles.

Seul le Saint Esprit peut tisser entre les croyants les liens d’unité dans le Corps du Christ qui est l’Église
· Car seul le Saint Esprit peut nous faire professer du cœur et des lèvres que « Jésus est Seigneur » (1 Co 12,3)
· Seul le Saint Esprit peut nous faire crier « Abba! Père! » (Rm 8,15)
· Puisque lui seul peut rendre témoignage a notre esprit que nous sommes « enfants de Dieu » (Rm 8,16) et fils du Père dans l’unique et seul vrai Fils Jésus, notre sauveur.

IIe partie Le fondement de cette unité
Maintenant que se trouve établi, hors de tout doute, que la volonté du Père c’est que toute l’humanité soit unifiée sous un seul chef, le Christ Jésus, il importe d’examiner ensemble les fondements de cette unité.

Dès les origines de l’Église, ce problème d’unité est une préoccupation constante des apôtres, car, sans tarder, l’humain s’est mêlé au divin pour fomenter le trouble et la division.

A titre d’exemple, mentionnons les secteurs suivants
1. Juifs et gentils
2. Circoncis et incirconcis
3. Pharisaïsme et libéralisme
4. Hommes et femmes
5. Esclaves et hommes libres

Pierre et Paul eux-mêmes ont dû s’affronter sur certains points fondamentaux de la doctrine chrétienne de sorte qu’un concile a dû être convoqué à Jérusalem pour résoudre le différend.

En relisant les Actes des apôtres et les épitres de saint Paul, on redécouvre alors les arguments fondamentaux qui ont réussi à faire l’unité parmi les chrétiens de l’Église primitive.

A. Premier fondement : La personne de Jésus sauveur
Peu après la pentecôte, la popularité croissante des disciples du Christ inquiète les autorités religieuses de Jérusalem : les grands prêtres, les scribes et les pharisiens sont conscients de la menace que posent les apôtres face au judaïsme officiel.
Après le miracle du paralytique devant la « belle porte » du temple, Pierre et Jean sont traduits devant le haut tribunal ecclésiastique appelé le sanhédrin.

Voici comme se déroule le procès :
« Ils firent comparaître les apôtres et se mirent à les questionner : « Par quel pouvoir ou par quel nom avez-vous fait cela, vous autres? » Alors Pierre, rempli de l’Esprit saint leur dit : « Chefs du peuple et anciens, puisqu’aujourd’hui nous avons à répondre en justice du bien fait à un infirme et moyen par lequel il a été guéri, sachez le bien, vous tous, ainsi que tout le peuple d’Israël : c’est par le nom de Jésus Christ, le nazaréen, celui que vous, vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité des morts, c’est par son nom, et par nul autres, que cet homme se présente guéri devant vous. C’est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée, et qui est devenue la pierre d’angle, car il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés » (Ac 4, 7-12)
L’évangéliste Jean fait la même déclaration dans son prologue
« A tous ceux qui l’ont reçu (comme Seigneur et sauveur), il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, a ceux quoi croient en son nom »

Enfin, saint Paul enseigne la même doctrine dans son épitre aux romains :
En effet, si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé » (Rm 10, 9-10)
Car la foi du cœur obtient la justice et la confession des lèvres, le salut.

Cet enseignement des apôtres n’est que l’application concrète de ce que Jésus lui-même avait proclamé tout au cours de son ministère public :
a) Qui croit au Fils a la vie éternelle; qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie; la colère de Dieu pèse sur lui (Jn 3,36)
b) En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma Parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et n’est pas soumis au jugement, mais il est passé de la mort a la vie (Jn 5,24)
c) C’est la volonté de mon Père que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle et que je le ressuscite au dernier jour (Jn 8,40)
d) Je suis la voie, la vérité et la vie éternelle. Nul ne va au Père que par moi (Jn 14,6)
e) Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi fut-il mort, vivra et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais, crois-tu cela? Et Marthe de répondre : Oui Seigneur, je crois que tu es le Christ (Messie) le Fils de Dieu, celui quoi devait venir dans le monde (pour le sauver (Jn 11, 25-27). N’est-ce pas, d’ailleurs, le sens même du nom de Jésus, en hébreux Yeschuah « Dieu sauve son peuple » (Mt 1,21. Lc 1,31)
f) Jésus enfin résume en deux phrases le sens de sa mission auprès des hommes : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin mais les malades; je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs au repentir » (Lc 5, 31-32)
g) D’où le commentaire lumineux de saint Jean : « Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,17)

B. Deuxième fondement : Le corps mystique du Christ
L’apôtre Paul exhorte plusieurs fois les chrétiens à l’unité en faisant appel à la notion du Corps mystique qui est l’Église :

a) Romains 12, 3-5 : « Au nom de la grâce qui m’a été donnée, je le dis à tous et à chacun : ne vous surestimez pas plus qu’il ne faut vous estimer, mais gardez de vous un sage estime chacun selon le degré de foi que Dieu lui a départi. Car, de même que notre corps en son unité possède plus d’un membre et que ces membres n’ont pas la même fonction, ainsi nous, a plusieurs, nous ne formons qu’un seul corps dans le Christ étant, chacun, pour sa part, membre les uns des autres. »

b) Corinthiens 12, 12-13 : « De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. Aussi bien est-ce en un seul esprit que tous nous avons été baptisés pour ne former qu’un seul corps, Juifs et Grecs, esclaves ou hommes libres et tous, nous avons été abreuvés d’un seul Esprit ».

c) Éphésiens 4, 15-16 : « Mais vivant selon la vérité et la charité, nous grandirons de toutes manières vers celui qui est la tête, le Christ, dont le corps tout entier reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même, dans la charité ».

Mais l’argument théologique le plus puissant que saint Paul utilise part de l’unité de la très sainte Trinité elle-même :
a) 1 Corinthiens 12, 4-6 : Il y a certes, diversité de dons spirituels, mais - c’est le même Esprit; diversité de ministères - c’est le même Seigneur (Jésus sauveur); diversité d’opérations – c’est le même Dieu qui opère tout en tous.
b) Tite 3, 5-17 : Dieu le Père nous a sauvés, en nous donnant, par le baptême, la nouvelle naissance et le renouvellement dans l’Esprit saint. Cet Esprit, Dieu le Père l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ, notre sauveur, pour nous justifier par sa grâce et faire de nous ses héritiers dans l’espérance de la vie éternelle.

Mais c’est dans l’épitre aux Éphésiens que Paul met principalement en lumière la source trinitaire de cette unité qui doit régner dans l’Église de Dieu :

a) Éphésiens 1,3 : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ… En lui nous trouvons la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon la richesse de sa grâce qu’il nous a prodiguée en toute sagesse et intelligence. Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, ce dessein bienveillant qu’il avait formé en lui (Jésus sauveur) que vous aussi après avoir entendu le Parole de vérité, la bonne nouvelle de votre salut, et y avoir cru, vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit de la promesse, cet Esprit saint qui constitue les arrhes de notre héritage et prépare la rédemption du peuple que Dieu s’est acquis pour la louange de sa gloire ».

b) Éphésiens 2, 11-18 : « Rappelez-vous donc qu’autrefois, vous les païens – quoi étiez tels dans la chair, vous qui été appelés « prépuce » par ceux qui l’appellent « circoncisions » - rappelez-vous qu’en ce temps-là vous étiez sans Christ, exclus de la cité d’Israël, étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant ni espérance, ni Dieu en ce monde. Or, voici qu’à présent, dans le Christ Jésus, vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches, grâce au sang du Christ. Car c’est lui qui est notre paix, lui qui des deux (Juifs et gentils) n’a fait qu’un seul peuple, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair, la haine, cette loi des préceptes avec ses ordonnances, pour créer en sa personne, les deux en un seul homme nouveau, faire la paix, et les réconcilier avec Dieu le Père, tous deux, en un seul corps par la croix : en sa personne, il a tué la haine. Alors il est venu proclamer la paix, paix pour vous qui étiez loin et paix pour ceux qui étaient proches : Par lui (Jésus sauveur) nous avons en effet, tous deux, en un seul Esprit, accès auprès du Père. »

c) Éphésiens 4, 1-4 (appel à l’unité) : « Je vous exhorte donc, moi le prisonnier dans le Seigneur, à mener une vie digne de l’appel que vous avez reçu; en toute humilité, douceur et patience, supportez-vous les uns les autres avec charité, appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix. Il n’y a qu’un Esprit, comme il n’y a qu’une espérance au terme de l’appel que vous avez reçu; Un seul Seigneur et sauveur Jésus Christ, une seule foi, un seul baptême; Un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous. »
Dans l’épitre aux Galates, saint Paul utilise le même argument pour mettre un terme aux querelles et disputes entre les disparités de classe qui divisaient les chrétiens en Galatie :

Galates 3, 25-28 : « Vous êtes tous fils de Dieu le Père par la foi au Christ Jésus. Vous tous, en effet, êtes baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ : il n’y a donc plus parmi vous ni Juif, ni Grec, il n’y a ni esclave, ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus. La preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu le Père a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils Jésus qui crie en vous : « Abba! Père ». »

Si donc saint Paul était ici devant vous ce soir, ne vous exhorterait-il pas de la même manière avec les mêmes arguments pour vous établir solidement dans l’unité parfaite : à savoir cette unité qui règne dans la Trinité d’amour.

Mettons donc un terme à toutes formes de division entre nous qui déchirent le Corps du Christ, qui discréditent le message de l’évangile et qui provoquent le scandale dans le monde entier à cause de notre contre-témoignage. C’est la crédibilité même de l’évangile et de l’Église qui est mise en cause par nos dissensions sans fin.

Écoutons Paul VI et Jean-Paul II nous exhorter dans le même sens que saint Paul :
« La force de force de l’évangélisation se trouvera bien diminuée si ceux qui annoncent l’évangile sont divisés entre eux par toutes sortes de ruptures. Ne serait-ce pas là, l’un des grands malaises de l’évangélisation d’aujourd’hui? En effet, si l’évangile que nous proclamons apparait déchiré par des querelles doctrinales, des polarisations idéologiques, ou des condamnations réciproques entre chrétiens, au gré de leurs vues différentes sur le Christ et sur l’Église et même à cause de leurs conceptions diverses de la société et des institutions humaines, comment donc ceux à qui s’adresse notre prédication ne s’en trouveraient-il pas perturbés, désorientés, sinon scandalisés?

Le testament spirituel du Seigneur nous dit que l'unité entre ses disciples n'est pas seulement la preuve que nous sommes siens, mais aussi la preuve qu'il est envoyé du Père, test de crédibilité des chrétiens et du Christ lui-même. Évangélisateurs, nous devons offrir aux fidèles du Christ, non pas l'image d'hommes divisés et séparés par des litiges qui n'édifient point, mais celle de personnes mûries dans la foi, capables de se rencontrer au-delà des tensions réelles grâce à la recherche commune, sincère et désintéressée de la vérité. Oui, le sort de l'évangélisation est certainement lié au témoignage d'unité donné par l'Église. Voilà une source de responsabilité mais aussi de réconfort.

Sur ce point, Nous voudrions insister sur le signe de l'unité entre tous les chrétiens comme voie et instrument d'évangélisation. La division des chrétiens est un grave état de fait qui parvient à entacher l'œuvre même du Christ. (…) Nous avons cru nécessaire de rappeler à tous les fidèles du monde catholique que la réconciliation de tous les hommes avec Dieu, notre Père, présuppose, en effet, le rétablissement de la communion entre ceux qui ont déjà, dans la foi, reconnu et accueilli Jésus-Christ comme le Seigneur de la miséricorde qui libère les hommes et les unit dans l'Esprit d'amour et de vérité » (Evangelii nuntiandi, no 77)

Sa sainteté Jean-Paul II non seulement endosse la position de son prédécesseur Paul VI, de regrettée mémoire, mais il ose même poser la question étonnante : « Sommes-nous même allés assez loin sur ce chemin de l’unité? » Voici sa réponse :
« Il est peut-être bon que les porte-parole de ces opinions expriment leurs craintes, mais, là aussi, il faut maintenir de justes limites. Il est évident que cette nouvelle étape de la vie de l'Église exige de nous une foi particulièrement consciente, approfondie et responsable. La véritable activité œcuménique signifie ouverture, rapprochement, disponibilité au dialogue, recherche commune de la vérité au sens pleinement évangélique et chrétien; mais elle ne signifie d'aucune manière, ni ne peut signifier, que l'on renonce ou que l'on porte un préjudice quelconque aux trésors de la vérité divine constamment professée et enseignée par l'Église.

A tous ceux qui, pour quelque motif que ce soit, voudraient dissuader l'Église de rechercher l'unité universelle des chrétiens, il faut répéter encore une fois: nous est-il permis de ne pas le faire? Pouvons-nous - malgré toute la faiblesse humaine, toutes les déficiences accumulées au cours des siècles passés - ne pas avoir confiance en la grâce de Notre-Seigneur, telle qu'elle s'est révélée ces derniers temps par la parole de l'Esprit Saint que nous avons entendue durant le Concile?

Ce faisant, nous nierions la vérité qui nous concerne nous-mêmes et que l'Apôtre a exprimée d'une façon si éloquente: « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce à mon égard n'a pas été stérile (1 Co 15,10) » (Jean-Paul II, le Rédempteur de l’homme, no 6).

Ce congrès vise donc à prendre conscience collectivement de l’urgence et de la priorité de devenir les artisans de l’unité, tant au sein de nos mouvements, au sein de nos paroisses et diocèses qu’au sein des nombreux organismes œcuméniques où nous avons la joie et le privilège de faire œuvre d’évangile.

Durant ces trois jours de rassemblement, l’orientation de notre cœur, la direction de notre intelligence, de notre volonté et de nos être le plus profond n’est et ne peut être que vers Jésus, notre sauveur et notre rédempteur. C’est vers lui que nous voulons, dès ce soir, tourner notre regard parce que c’est seulement en lui, le Fils de Dieu, que se trouve le salut, et nous renouvelons la proclamation de Pierre : « Mais a qui d’autre irions-nous, Seigneur? Toi seul as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68).

Troisième partie Le secret de cette unité
Une fois établis les fondements de l’unité, il nous reste à définir comment cette unité peut être maintenue et alimentée, en d’autres termes, comment les communautés primitives de l’Église parvenaient-elles a maintenir l’unité de l’Esprit dans les liens de la paix alors que de nombreuses divisions mettaient constamment en péril ce bien précieux de l’unité communautaire?
C’est dans les Actes des apôtres que nous découvrons la réponse :
« Ils se montraient assidus :
1) A l’enseignement des apôtres
2) A la communion fraternelle
3) A la fraction du pain
4) Et aux prières » (Ac 2,42)

A- Ils se montraient assidus :
La première note à relever dans ce texte concis est celle de l’ « assiduité ».
i) Le verset 46 précise en effet que « jour après jour, les fidèles fréquentaient le temple et rompaient le pain dans leurs maisons prenant leur nourriture avec joie et simplicité de cœur »
ii) Actes 3,1 ajoute que « Pierre et Jean montaient au temple pour la prière de la neuvième heure », soit précisément à l’heure du sacrifice du soir et a l’heure où Jésus avait offert sa vie pour le salut du monde, pour la rémission des péchés de la multitude.
iii) Actes 6,1 mentionne le service quotidien des tables par les apôtres eux-mêmes jusqu’au jour où ce service a dû être confié aux diacres pour ne pas délaisser le ministère de la Parole.
iv) Actes 5,12 déclare que la communauté des croyants se rassemblait sous le portique de Salomon très régulièrement pour se mettre d’un « commun accord » dans la prière, le partage, le discernement des besoins de chacun et le témoignage des merveilles du Seigneur.

C’est sans doute cette assiduité et cette fidélité constante qui intrigua d’abord, puis convainquit ensuite la multitude d’hommes et de femmes qui finirent par « s’adjoindre au Seigneur » (AC 5,14). Le chapitre 5e nous dit même que « le nombre des disciples augmentait considérablement à Jérusalem, et une multitude de prêtres obéissaient à la foi » (Ac 6,7).

Le secret de n’importe quelle réussite est le résultat de la persévérance et de la fidélité. Le Seigneur lui-même ne dit-il pas : « Celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé » (Mt 24,13. Mt 10,22. Lc 18,8). Un des signes les puissants de l’action de l’Esprit consiste précisément dans la constance en tout engagement pris pour le Seigneur : cette constance suppose la fermeté dans la foi, l’oubli de soi, l’acceptation du sacrifice et le dépassement de ses petits intérêts mesquins. Sur ce point précis de la fidélité et de l’assiduité, il ne peut y avoir de différence essentielle entre l’Église primitive et celle d’aujourd’hui. L’unité de la communauté des croyants exige encore et toujours la présence fidèle et constante des membres de la communauté. Elle ne peut jamais être le fruit du hasard ou le résultat fortuit de rencontres sporadiques. Si l’on croit que l’unité est voulue du Seigneur comme preuve de la mission du Christ et de l’Église, il faut voir dans l’assiduité une valeur prioritaire et dans la constance une condition indispensable. Non seulement être présent de temps à autres, mais être « toujours présent » à chaque fois que la vie communautaire le requiert. Voilà le prix à payer si l’on aspire à une unité durable.

B- Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres :
Le contexte du verset 42 nous indique qu’il s’agit ici des instructions données aux nouveaux convertis ou l’on explique les écritures à la lumière des faits chrétiens et non pas de la proclamation de la bonne nouvelle aux non-chrétiens.

Il est donc fait état d’un approfondissement quotidien de la foi en scrutant les écritures, la loi et les prophètes et en cherchant toujours plus fidèlement le vrai sens de la révélation, ayant maintenant compris que Jésus ressuscité est bien celui en qui toutes ces prophéties s’accomplissent. Puis, c’est la mise en commun de tout ce que les apôtres ont appris de Jésus directement non seulement en enseignement oral, mais aussi en actions prophétiques, en praxis situationnelle, en fait de comportement, de mentalité, de coutumes et de style de vie. Il ne faut jamais oublier que la tradition vivante des apôtres est de beaucoup antérieures aux textes écrits du nouveau testament. Les fidèles apprenaient ensemble à vivre selon l’Esprit de Jésus et découvraient, dans la pratique du vécu quotidien, les points saillants de la doctrine du maître. Tel ou tel événement provoquait un commentaire plus approfondi d’une parole du Seigneur, d’une des nombreuses paraboles, d’un miracle ou d’une guérison accomplie par Jésus. Ce que nous appelons aujourd’hui les quatre évangiles et les actes de apôtres n’existaient pas à cette époque, mais ils sont nés à partir de la catéchèse primitive de Matthieu, de Pierre, de Luc et de Jean.

L’unité de doctrine s’est précisée jusqu’au moment où l’Esprit saint inspira les évangélistes à fixer le plus fidèlement possible les éléments essentiels et fondamentaux de la vie et l’enseignement de Jésus.

Or, c’est le même Esprit qui est à l’œuvre dans l’Église pour faire découvrir à chaque génération de croyants les profondeurs de la sagesse de Dieu et la science des saints contenues dans l’écriture. Le magistère de l’Église, les conciles œcuméniques, l’enseignement des docteurs de la foi et surtout la praxis continue de l’Église permettent, grâce à l’action permanente de l’Esprit, la transmission fidèle du message évangélique garantie par la succession des apôtres. De sorte que le successeur de Pierre est toujours chargé de la même mission fondamentale : « Raffermis tes frères dans la foi ». « Pierre, tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle » (Mt 16,18).
L’unité de l’Église du Christ exige donc la fidélité non seulement au texte de l’Écriture mais également la fidélité aux enseignements des apôtres et leurs successeurs, les évêques en communion avec Pierre.

Le concile Vatican II a largement contribué à maintenait la fidélité à l’enseignement des apôtres grâce au principe de la collégialité autour de la personne du pape. Et l’unité de l’Église aujourd’hui ne peut se maintenir qu’au prix de la joyeuse acceptation du premier pasteur responsable de toute la bergerie. La grande purification des 20 dernières années est vraiment une grâce du Seigneur à son Église, car son Épouse en ressort plus belle « sans tache, ni ride ».

La meilleure preuve qu’on puisse en fournir est cette encyclique du pape Jean-Paul II sur le rédempteur de l’homme qui vient corroborer, approfondir et appliquer tout ce que Paul VI et Jean-Paul 1 avaient enseigné sur l’urgence et la priorité de l’évangile dans le monde d’aujourd’hui.

Sommes-nous aussi assidus que les fidèles de la primitive Église à scruter les Écritures et à assimiler l’enseignement des apôtres? Si oui, l’unité est en bonne voie. Si non. L’unité est sérieusement compromise.

C- Ils étaient fidèles à la communion fraternelle :
Ce qui est mis en lumière ici, ce n’est pas la matérialité de la présence physique a toutes les activités de la communauté. La « communion fraternelle » c’est cet accord fondamental du cœur et de l’esprit avec tout ce que la communauté vit et entreprend. « Ils avaient un seul cœur et une seule âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait : entre eux tout était commun » (Ac 4,32). L’harmonie, la bonne entente, la joie et la paix de la communauté primitive reposaient sur l’amour que les chrétiens avaient les uns pour les autres. « Aussi parmi eux, nul n’était dans le besoin; car ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposait au pied des apôtres. On distribuait alors à chacun suivant ses besoins » (Ac 4,34). Donc il n’y avait ni mendicité, ni richesse extravagante. mais un partage fraternel et librement consenti alimenté par une sollicitude authentique à l’égard de tous et de chacun, surtout à l’égard des pauvres, des veuves et des orphelins. L’agape communautaire garantissait l’unité des fidèles et la diaconie d’amour s’empressait auprès des plus nécessiteux.

C’est bien à cause de cette « unité » que les apôtres pouvaient proclamer la Parole de Dieu avec tant de puissance. « Nombreux étaient les signes et les prodiges accomplis par les apôtres » (Ac 2,43). « Avec beaucoup de puissance les apôtres rendaient témoignage a la résurrection du Seigneur Jésus et ils jouissaient tous d’une grande faveur » (Ac 4,33).

Tout le nouveau testament met un lien évident entre l’unité d’une part et la puissance de la Parole d’autre part, car Jésus lui-même avait prié le Père que la crédibilité de sa mission et de son message soient attestés hors de tout doute, grâce aux liens de l’agape qui signifiaient visiblement l’amour insondable entre son Père et lui.

Combien urgente devient pour nous tous la responsabilité de vivre notre solidarité chrétienne au niveau du partage, au niveau du service caritatif, au niveau de l’action apostolique et missionnaire. Sommes-nous suffisamment conscients, sommes-nous suffisamment engagés, sommes-nous suffisamment formés à vivre notre solidarité avec tous nos frères humains? SI oui, l’unité de l’Église des cœurs et des esprits est en bonne voie. Si non, l’unité de l’Église est menacée du dedans.
Quels critères pourront nous servir de guide dans l’évaluation concrète de notre communion fraternelle?
a) Suis toujours solidaire avec le pape, avec mon évêque, avec mon curé, avec mon supérieur, surtout en ce qui concerne l’évangélisation, le salut des âmes, le service des pauvres et la poursuite du bien commun?
b) Suis-je facilement solidaire avec les mal-aimés, les mal-nantis, les mal-nourris, les mal-logés, les mal-heureux qui me sollicitent jour après jour?
c) Suis-je spontanément solidaire avec mes frères du tiers-monde, avec mes frères de l’Église du silence, avec mes frères qui sont injustement emprisonnés, torturés, humiliés et exploités, soit ici, soit ailleurs dans le monde.
d) Suis-je interpellé jusqu’au fond de moi-même chaque fois qu’un de mes frères humains est blessé ou lésé dans sa dignité d’homme, dans sa dignité de travail, dans sa dignité de conscience, dans sa dignité de famille, de nation, de race?
e) Suis-je porté à secourir et à défendre mes frères atteints dans leurs droits inaliénables, dans leurs libertés fondamentales et dans leurs conditions de vie, de santé, de bien-être et de sécurité?
C’est jusque-là, au moins, que la sollicitude chrétienne doit se porter si elle veut concrétiser l’unité de l’Église par la « communion fraternelle ».

D- Ils étaient fidèles à la fraction du pain:
Prise en elle-même, l’expression évoque un repas juif ou celui qui préside prononce une bénédiction avant de partager le pain. Mais dans la langue chrétienne, elle signifie et vise le repas eucharistique (I Co 10, 16. 11,24. Lc 22,19. Mc 14,22). Ce repas pascal était célébré, non pas au temple, mais dans quelque maison d’un membre de la communauté; il n’était pas séparé d’un véritable repas (I Co 11, 20-24).

Toutefois, ceux qui participaient à la fraction du pain étaient parfaitement conscients de la sainteté du mystère qui s’y déroulait. Ils discernaient pleinement le corps et le sang du Christ sous les apparences du pain et du vin. Chaque fois qu’ils célébraient ce mystérieux repas en mémoire du Seigneur Jésus. Jusqu’à ce qu’il vienne, ils saisissaient la dimension prophétique et parousiaque du geste sacré et solennel. A tel point, en effet, que celui qui osait manger le pain ou boire à la coupe du Seigneur, sans en être digne, savait parfaitement bien qu’il mangeait et buvait sa propre condamnation (I Co 11,26-28).

Les disciples d’Emmaüs ont certainement fait connaître par de nombreux témoignages l’extraordinaire expérience vécue avec le voyageur inconnu : « Ils le reconnurent à la fraction du pain » (Lc 24,31). Pas étonnant alors que les fidèles étaient assidus à l’eucharistie. En communion parfaite avec Jésus sauveur, ils voulaient célébrer et signifier leur propre unité en lui. Pour eux, la fraction du pain constituait la source et le sommet de leur « unité » en tant que chrétiens car seuls les « baptisés » y avaient accès, les catéchumènes n’étant même pas admis à ce banquet divin.

Cette fête d’intimité et de partage avec Jésus ressuscité, rédempteur et sauveur donnait à l’ancien mystère pascal un sens beaucoup plus riche et beaucoup plus incarné : oui, l’agneau pascal était consommé en entier, portant ainsi sur lui le péché du monde. Et la coupe de l’alliance nouvelle et éternelle qui abolissait tous les sacrifices de l’ancienne loi. Quelle ivresse spirituelle. Quelle joie fraternelle que celle de l’amour même de Dieu. I admirable échange ou Jésus sauveur se livre corps et âme aux pécheurs pardonnés et sauvés afin d’en recevoir amour pour amour.

Comme elle était vraie cette parole de Jésus : « Nous viendrons en lui et nous ferons chez lui notre demeure » (Jn 14,23) et cette autre révélée à Jean dans l’apocalypse : « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi (Ao 3,20). A chaque célébration eucharistique, les fidèles avaient la conviction d’annoncer le retour du Seigneur, de préparer sa glorieuse parousie et même de hâter, par leur intercession fervente, le jour béni de sa manifestation éclatante.

Les mêmes réalités demeurent encore aujourd’hui, car Jésus est le même hier, aujourd’hui, il le sera à jamais (He 13,8). Le concile Vatican II a remis en lumière tous ces aspects de l’eucharistie en soulignant notamment le caractère sacerdotal, royal et prophétique des baptisés qui offrent au Père et en Jésus dans l’unité de l’Esprit.

Les quatre prières eucharistiques restaurées dans leur beauté primitive, explicitent, chacune à leur manière, la puissance de l’Esprit qui rassemble dans l’unité de la foi tous les membres du corps du Christ qui, ensembles, avec leur chef, exaltent la sainteté du Père de qui découle toute vie, toute sainteté du Père de qui découle toute vie, toute sainteté et toute puissance en Jésus et par Jésus.

Mais, en toute vérité, pouvons-nous affirmer que nous sommes assidus à la fraction du pain? En faisons-nous une fête de communion, de joie et de partage fraternel? Sommes-nous toujours conscients du caractère prophétique de l’acclamation qui suit la consécration :
« Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire »
Si oui, notre unité est presque complète. Si non, notre unité risque fort de s’effriter.

E- « Ils étaient assidus aux prières »
Cette expression désigne les prières en commun présidées par les apôtres (Ac 1,14. 4, 24-32. 6, 4. I Co 14,24. I Co 12,5. 14,24).

C’est évidemment tous les jours que la communauté des croyant se rassemblait pour prier, soit au temple, soit sous le portique de Salomon, soit encore en un lieu désigné chez l’un ou l’autre des membres de la communauté. Parfois, c’était même en prison qu’on se rassemblait pour prier. Et quelle prière! A deux reprises, les portes se sont ouvertes après les fondations mêmes de la prison furent secouées par un violent tremblement de terre (AC 4,31.16,25).

Durant ces rassemblements de prière, la Parole de Dieu était proclamée, commentée et médités; chacun instruisait son frère par des admonitions réciproques; puis c’était le chant de louange et d’action de grâces par des paumes, des hymnes et des cantiques inspirés (Col 3,16).

Tout se passait avec décence, calme, ordre et harmonie car chacun respectait les charismes et les ministères de ses frères. A l’un était donné une parole de sagesse, a l’autre une parole de prophétie, a un autre encore une parole de science et lorsqu’un livrait un message en langue, il y avait dans l’assemblée quelqu’un a qui le Seigneur donnait l’interprétation. Celui qui jouissait du ministère d’enseignement, donnait un enseignement inspiré et celui qui avait le don de guérir ou de faire des miracles mettait ces dons spirituels au service de la communauté pour faire grandir le corps de l’Église a la pleine maturité de l’amour.

Toutes les formes de prière s’y exprimaient : L’adoration, la louange, la bénédiction, l’action de grâce, l’intercession et la communauté de prière se fondait dans l’unité du Saint Esprit, car chacun devenait une source d’édification pour son frère, une source de consolation, de correction fraternelle, de bénédiction et de support moral.

Encore une fois, il est essentiel que l’accent soit mis sur l’assiduité a la prière communautaire. C’est par la fréquence et l’intensité de ces moments de grâce communautaire que ces liens fraternels entre les membres devenaient de plus en plus forts, stables, profonds et inébranlables. Ils devenaient unis à la vie, a la mort, dans le Christ sauveur grâce aux liens tissés par le Saint Esprit lui-même.

Voilà donc, en résumé, comment se déroulaient les rencontres de prières sous la présidence des apôtres, des presbytres, des anciens de la communauté ou des pasteurs locaux.

C’est un peu tout cala que redécouvre le renouveau dans l’Esprit. C’est dans la même ligne de partage évangélique et de prière communautaire que tous les groupements animés par l’Esprit expérimentent ensemble la beauté, l’efficacité et la suavité de la prière évangélique.

Le concile Vatican II a ouvert d’immenses horizons en restaurant dans la vie même de l’Église toute la richesse spirituelle des charismes et des ministères charismatiques. C’est du concile qu’est né le renouveau charismatique catholique.
Le pape Paul VI en reconnaissait l’authenticité par les fruits et manifestait toute sa joie devant cette véritable renaissance spirituelle dans l’Église a la grandeur du monde entier. Comment oublier ce lundi de Pâques en 1975 alors que des alléluias de gloire ont accueilli le souverain pontife et que son discours merveilleux a été suivi d’une longue période de chant en langues et même d’une véritable danse dans l’Esprit a la grandeur du Vatican.

Étonnement des touristes, ébahissement de la garde suisse, mais édification profonde de tous face aux manifestations joyeuses de l’Esprit qui anime son peuple d’élans nouveaux et d’audace inouïe pour annoncer la bonne nouvelle du salut a toute créature jusqu’aux extrémités de la terre.

Conclusion
Ce troisième congrès canadien francophone du renouveau charismatique catholique est donc un événement d’importance qui nous conduit vers l’approfondissement du sens de nos solidarités en Église et vers la poursuite à la manière des apôtres de l’unité la plus parfaite par notre assiduité a l’enseignement et à la tradition apostolique, notre fidélité à la communion fraternelle, a la fraction du pain et aux prières.

Demain, divers ateliers vous offriront la possibilité de vivre l’expérience concrète de cette unité en Jésus sauveur. Puissiez-vous découvrir, avec nous, la hauteur, la profondeur, la largeur et la longueur de cet amour dont Jésus nous aima le premier jusqu’à offrir sa propre vie pour nous sauver.

Comme grâce spéciale de ce congrès, demandons à la très sainte Trinité que chacune de nos familles, de nos groupes de prières, de nos paroisses et de nos communautés deviennent des reflets terrestres de cette communauté d’agape qui subsiste éternellement dans la famille des trois, le Père, le Fils et le Saint Esprit.

Jean-Paul Regimbal

«
Tous unis en Jésus sauveur » est une conférence prononcée au Congrès charismatique national du juin 1979 qui a eu lieu au Stade olympique a Montréal.
Tiré d'un document de l'Assemblée canadienne francophone du renouveau charismatique catholique, conservé a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby (P049) et chez Bibliothèque et archives nationales du Québec, a Montréal (BANQ 262.72 R335t 1979)