Jean-Baptiste de la Conception (1561-1613)


En 1561, dans la ville d’Almodovar del Campo, en Espagne, le bienheureux Jean-Baptiste est né du saint mariage de Marc Garcia et d’Élizabeth Lopez. Élevé chrétiennement par ses parents, il montra très jeune des marques évidentes de piété et de mortification. Sainte Thérèse d’Avila qui, de passage en cette ville, se retirait chez les Garcia, l’encouragea à l’étude et aux pratiques de pénitence. Elle lui prédit même en deux circonstances qu’un jour il deviendrait le père réformateur d’une grande famille religieuse.

Stimulé dans sa ferveur, le jeune enfant pratiqua avec tant de zèle les austérités en usage à cette époque que sa frêle santé en ploya sous le faix. Son père intervint pour lui ordonner de cesser la rigueur de ses mortifications, mais Jean-Baptiste de répondre : « Si la pénitence m’a rendu malade, elle me ramènera aussi à la santé ». Et de fait, cela se produisit!

Sa grande intelligence, un des plus beaux génies de l’Espagne affirme Lopez de Vaga, se forma aux humanités et à la discipline philosophique dans les célèbres universités de Baeza et de Tolède. Élève des Carmes déchaux, il bénéficia non seulement de leur profonde culture mais aussi de leur esprit religieux. Il se décida même d’entrer dans ce saint Ordre lorsqu’un de ses parents, le P. Didace d’Avila, l’invita à s’inscrire au rang des Trinitaires chaussés.

Le 28 juin 1580, âgé de 19 ans, il revêtit la blanche bure a la croix bicolore, dans un des couvents de Tolède. Il se montra fervent religieux et disciple docile a l’école d’un professeur aussi saint que savant, le bienheureux Simon de Rojas, O.ss.t. Au terme de ses études, on lui la charge de prédicateur qu’il exerça avec un zèle tout apostolique dans la province de Castille.

Informé de l’érection d’une maison de la stricte observance telle qu’exigée par le concile de Trente, le bienheureux demanda son transfert, poussé par un désir de plus grande perfection. Sa requête fut d’abord refusée par son provincial. Mais le saint formula sa prière à Notre-Dame du remède pour obtenir enfin son envoi au couvent de Valdepagnas. La Mère acquiesça au désir de son enfant. Et voici que le bienheureux Jean-Baptiste reçoit son obédience non plus comme sujet, mais comme supérieur de la maison de la stricte observance.

Les difficultés ne tardèrent pas à surgir au sein même de l’œuvre naissante. La menace d’échec provenait surtout de ce que les religieux gardaient la possibilité de retourner en leur couvent respectif après un séjour plus ou moins prolongé a Valdepagnas. C’est pourquoi l’énergique supérieur crut nécessaire de s’adresser au Souverain pontife pour stabiliser les cadres de la réforme. Après un an et demi d’étude avec les religieux les plus éclairés et les plus saints de la ville éternelle, il présenta son projet à Clément VIII qui l’approuva par la bulle « Ad militantis Ecclesiae regimem », en date du 20 août 1599.

Toute sa vie, il s’appliqua à promouvoir le zèle pour l’observance religieuse et fonda dix-huit couvents ou il établit sa nouvelle famille religieuse réformée. Après avoir donné à ses fils spirituels les exemples les plus édifiants de charité, d’humilité, de fidélité, de pénitence, et les plus hauts enseignements mystiques contenus dans huit volumes de ses œuvres, il mourut saintement le 14 février 1613, l’âge de 52 ans.

Clément XIII a proclamé l’héroïcité de ses vertus le 10 aout 1760 et Pie VII l’a béatifié le 26 septembre 1819. Puisse notre bienheureux père réformateur recevoir avant longtemps les honneurs de la canonisation pour la gloire de la Très sainte Trinité et pour l’extension toujours grandissante de sa famille religieuse!

Jean-Paul Regimbal

Tiré de: Trinitas - revue du tiers-ordre et de l’archiconfrérie de la très sainte Trinité, Vol. 2 No. 1, janvier-février 1955, pp. 15 et 16. Copie originale disponible a la Société d'histoire de la Haute-Yamaska, a Granby (Fonds P049). Le bienheureux a été déclaré saint depuis la publication de cet article.