22 octobre 2025


Le 22 octobre est la fête de saint Jean-Paul II
En septembre 1984, lors d'un pèlerinage au Québec, il a rencontré le premier ministre René Lévesque en compagnie du cardinal Louis Albert Vachon

LE BALADO: L'amour sera aimé avec Marc Langis et Julie Leblanc


HISTOIRE: Le Québec en 1966

L'auteur de ces lignes en 1967

Le Québec en 1966

Par Benoit Voyer

22 octobre 1966

En 1966, la société canadienne poursuit sa transformation. La révolution dite tranquille bat son plein. En 1967, Ken Kelly [1] en fait ce bilan : « Le taux des naissances et de la fertilité a baissé au Canada en 1966, jusqu’à atteindre le chiffre le plus bas enregistré jusqu’ici, du moins en ce qui concerne les naissances. On est évidemment tout de suite porté à attribuer ce phénomène à la ‘‘pilule’’, ce célèbre contraceptif qui gagne de plus en plus de popularité. Les experts sont d’avis que, si la pilule a eu un rôle à jouer dans cette diminution des naissances, il ne faut pas exagérer son importance. Pour le moment, personne n'a encore entrepris l’enquête gigantesque qui démontrerait de façon rationnelle jusqu'à quel point la pilule joue un rôle primordial dans la vie du pays. »

Et il ajoute : « Le taux de naissances, sur 1 000 personnes, a été de 20 en 1966, alors qu’à la fin de la dépression, en 1937, il était de 20,1. Lorsque l’économie commença à se relever de la dépression, le taux des naissances remonta lentement, jusqu’à 24,3 à la fin de la guerre. Les mariages et les retours de guerre causèrent une recrudescence en 1947, alors que le taux des naissances s’éleva jusqu’à 28,5. Ce taux est demeuré relativement stable jusqu’en 1957, alors qu’il commença à décliner. Depuis 1960, les taux de natalité et le nombre global de naissances ont baissé de façon continuelle, chaque année au pays. »

Plus près de moi, à Granby, « les statistiques dans les neuf paroisses catholiques de langue française de Granby montrent que l’année 1966 a subi une baisse en ce qui a trait aux naissances, aux mariages et aux sépultures. En effet, les derniers 12 mois indiquent qu’il y eut 852 baptêmes, 286 mariages et 207 sépultures comparativement à 864 baptêmes, 292 mariages et 219 sépultures, en 1965. La paroisse St-Eugène, qui l’an dernier avait nettement fait sa marque dans le domaine des naissances avec 180, a quelque peu perdu du terrain en 1966 et se fait maintenant donner le pion par la paroisse St-Joseph. Cependant, avec un chiffre de 148 baptêmes, la paroisse St-Eugène se maintient au sommet des paroisses.  […] Dans le domaine des mariages, la paroisse St-Eugène l’emporte haut la main avec un total de 53, soit sept de plus que sa plus proche concurrente, la paroisse St-Joseph. Cependant, le plus grand nombre de sépultures pour l’année 1966 va à la paroisse Notre-Dame, avec un total de 57 »[2].

Enfin, « compte tenu de sa population, la paroisse St-Eugène vient en tête pour ce qui est des baptêmes avec 148, soit 81 garçons et 67 filles. Mais, c’est cependant inférieur au nombre de 1965, qui avait atteint le chiffre record de 180 baptêmes. Pour ce qui est des mariages, la paroisse St-Eugène se classe aussi première avec 53 mariages, soit 20 de plus que 1965. Les sépultures sont demeurées sensiblement au même point : 32 en 1966 et 31 en 65. »[3]

Un Québec catholique
En 1966, le Québec est encore profondément catholique, mais on sent que les choses commencent à changer. Le 8 décembre 1965, l’Église catholique terminait les travaux du grand concile œcuménique Vatican II débutés le 11 octobre 1962.

Lancé par le saint pape Jean XXIII, celui-ci, sans trop le savoir encore, transformerait l’Église catholique en la tirant vers ses origines en faveur des pauvres et des exclus. Ainsi donc, l’histoire d’une Église triomphante et amie des rois, des reines et des puissants prendrait fin peu à peu. Comme Jésus le souhaitait, après des millénaires d’errance, l’Église sera maintenant au service des pauvres et avec les plus pauvres.

Un extrait de la constitution Lumen Gentium montre le côté novateur et, dans le contexte de l’époque, révolutionnaire : « Mais, comme c’est dans la pauvreté et la persécution que le Christ a opéré la rédemption, l’Église elle aussi est appelée à entrer dans cette même voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut. Le Christ Jésus « qui était de condition divine s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave » (Ph 2, 6). Pour nous « il s’est fait pauvre, de riche qu’il était » (2 Co 8, 9). Ainsi l’Église, qui a cependant besoin pour remplir sa mission de ressources humaines, n’est pas faite pour chercher une gloire terrestre mais pour répandre, par son exemple aussi, l’humilité et l’abnégation. Le Christ a été envoyé par le Père « pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, … guérir les cœurs meurtris » (Lc 4, 18), « chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 10) : de même l’Église enveloppe de son amour ceux que l’infirmité humaine afflige, bien plus, dans les pauvres et les souffrants, elle reconnaît l’image de son fondateur pauvre et souffrant, elle s’efforce de soulager leur misère et en eux c’est le Christ qu’elle veut servir. Mais tandis que le Christ saint, innocent, sans tache (He 7, 26) ignore le péché (2 Co 5, 21), venant seulement expier les péchés du peuple (cf. He 2, 17), l’Église, elle, enferme des pécheurs dans son propre sein, elle est donc à la fois sainte et toujours appelée à se purifier, poursuivant constamment son effort de pénitence et de renouvellement. » [4]

21ᵉ concile œcuménique de l’histoire, Vatican II n’est pas comme les précédents. En premier lieu parce qu’il a été le premier à être un événement mondial. Toutes les peuples de la planète étaient représentés et la présence des médias, notamment, de la télévision, a permis à tous de suivre les travaux.

Fondamentalement, c’est surtout par son contenu qu’il a brillé : tous les conciles précédents ont traité de questions internes de l’Église, questions théologiques ou questions de discipline dans l’institution. De son côté, Vatican II est le premier concile qui, ayant pris acte du pluralisme religieux, aborde de la question de la place de l’Église dans un monde pluriel. Il s’interroge sur ce qu’est l’Église et détermine quelle est sa mission pour son époque.

La révolution dite tranquille
Je vis mon enfance au rythme de la révolution dite tranquille. À Granby, comme partout au Québec, on s’ajuste au bouleversement des structures, des manières de vivre et des mentalités.

Pendant mes quinze premières années, je grandirai autour du clocher de l’église Saint-Eugène.

Dans ma ville, c’est la transformation de l’économie industrielle. La loi du marché oblige de nouvelles règles économiques.

Depuis 1964, c’est Paul-O. Trépanier qui est le maire de la municipalité. Il le sera jusqu’en 1985. Sous son règne, la ville prend de l’expansion et se modernise. Elle s’endette aussi.

De société conservatrice, le patelin de Granby devient plus “libéral”. Comme partout au Québec, les valeurs éclatent, les églises et les communautés religieuses perdent du terrain. De plus, les femmes et les jeunes prennent la parole et s’impliquent. Ils imposent leurs valeurs.

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[1] Ken Kelly. « Le taux des naissances a son plus bas », Voix de l’Est, 11 janvier 1967, p. 2. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4694017
[2] Voix de l’Est. « 852 naissances, 286 mariages et 207 sépultures en 1966, à Granby, 21 janvier 1967, p. 6. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4694028
[3] Voix de l’Est. « 852 naissances, 286 mariages et 207 sépultures en 1966, à Granby, 21 janvier 1967, p. 6. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4694028
[4] Paul VI. Lumen Gentium, 21 novembre 1964. https://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html

PAROLE DE René Lévesque

 

NATURE: Les îles de Berthier


Les îles de Berthier, dans la région de Lanaudière

EN MUSIQUE - Too Much Even (Bee Gees)


TROIS-RIVIERES: 1000 draveurs pour une rivière, décevant mais…


1000 draveurs pour une rivière, décevant mais…

Elle est un peu décevante l'exposition "Mille draveurs pour une rivière présentée au long de l'été dans le hall de l'Hôtel de ville de Trois-Rivières par le Service des affaires culturelles trifluvien. Elle n'a rien pour épater l'œil. Elle se limite à des placards et quelques humbles objets. Cependant, l'initiative est digne de mention et mérite une petite visite parce qu'elle permet de s'introduire dans l'univers du flottage du bois
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Benoit Voyer
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Entre 1870 et 1920, le nombre annuel de travailleurs qui vivaient de ce métier passaient de 5000 à 8000 personnes. En 1923, il dépassait le cap des 10 000 individus. Toute la région a profité de cette façon de transporter le bois vers les moulins à papier. C'est une économie régionale qui a permis à bien des familles de subvenir à leurs besoins.

Les journées de ces travailleurs étaient longues et pénibles. Elles débutaient très tôt le matin pour se terminer à la tombée du jour, 7 jours sur 7, qu'importe les caprices de "Mère nature". Il faut attendre jusqu'aux années 1960 pour que les conditions d'emploi et le nombre d'heures de besogne deviennent plus acceptables.

La présentation des 16 tableaux permet de faire le tour de plusieurs facettes de cette époque révolue. En 1998, lorsque les travaux de nettoyage de la Saint-Maurice seront terminés, il ne restera plus que quelques vestiges de ce riche passé.

Chaque étape de la visite comprend des photographies qui proviennent de collections ou d'archives d'institutions, de courts textes bien documentés et des bribes de poésie qui caractérisent si bien la région.

Même si l'exposition est un peu rébarbative, ce contact avec l'histoire nourrit l'âme de souvenirs et d'émotions. Il ne faut pas se fier à l'apparence de ce timide retour aux sources.

(L’Hebdo Journal, 11 aout 1996, p.51)