VISION CATHOLIQUE: Le vénérable Ovide Charlebois
Par Benoit Voyer
19 novembre 2025
Le 17 février 1862, à Oka, au Québec, naît Ovide Charlebois, fils de Hyacinthe Charlebois et Émélie Lane. Il est le descendant du Français Jean Charlebois (1666-1733), originaire de Bordeaux. Ovide est le septième enfant d’une famille de quatorze.
En 1864, il déménage avec ses parents, ses frères et ses sœurs à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson.
L’école étant située à huit kilomètres de chez lui, il ne peut guère la fréquenter. C’est sa mère qui lui donne les rudiments de base en lecture, en écriture et en mathématique.
Lors de sa confirmation, l’évêque de Montréal, Mgr Édouard Fabre, le remarque et le recommande au collège de L'Assomption. Une bienfaitrice paie sa pension.
Lors de ses études, il ambitionne de suivre les traces du père Albert Lacombe, O.M.I., grand missionnaire dans l'Ouest canadien.
En 1882, il entre chez les Oblats de Marie Immaculée, communauté fondée par saint Eugène de Mazenod.
Le 17 juillet 1887, il est ordonné prêtre par le vénérable Mgr Vital Grandin, o.m.i. Ce dernier l'envoie à Cumberland House, son futur poste d'attache. Ainsi, pendant seize ans, Ovide Charlebois vit chez les autochtones. L’apprentissage des langues des peuples Cree et Montagnais sont difficiles pour lui. Cela ne l’empêche pas d’être maître d’école et juge de paix.
Depuis sa petite enfance, Ovide est très habile de ses mains. En mission, il se distrait en bâtissant une chapelle et une petite maison où résider. Aussi, il bâtira une douzaine de chapelles, presbytères et écoles. À la hache, à l'égoïne ou à l'équerre, il est difficile à égaler. Il se fait à la fois architecte, entrepreneur et manœuvre. De plus, il fabrique des fours à chaux, et, avec ceux-ci, les briques nécessaires à ses constructions.
Vivant avec des peuples nomades, l'alphabétisation et l'évangélisation sont des tâches difficiles à réaliser. Pour rejoindre chacun, il entreprend de rudes randonnées.
L’hiver, il souffre « du froid qui brûle », sa gorge est souvent au vif à force de crier les chiens de traineau et il a les bas imbibés de sang à cause des engelures et des blessures.
L’été, c’est le supplice des maringouins et autres insectes. Dans ces grandes forêts sauvages, les petites bestioles le dévorent sans merci. Il note avec humour dans son journal : « Je désire devenir martyr des maringouins, sûr d'éviter le purgatoire. »
À plusieurs reprises, il est la victime des poux. C’est un vrai supplice pour le religieux et tout un défi pour se débarrasser d’eux.
Sa vie dans ces grandes forêts primitives sera un véritable chemin de croix pour lui : « Le chemin est devenu ma résidence, je suis tanné de me barauder, toujours exposé à m'égarer ou m'engloutir. »
Le 8 août 1910, Ovide Charlebois est nommé vicaire apostolique de Keewatin et évêque titulaire de Bérénice, une ancienne cité d’Égypte. Le 30 novembre 1910, il est sacré évêque par Mgr Adélard Langevin, archevêque de Saint-Boniface. Ce dernier est également membre des Oblats de Marie Immaculée.
Le 7 mars 1911, il est installé vicaire apostolique de Keewatin. À peine arrivé à Le Pas, en Saskatchewan, il entreprend une grande visite de son vicariat apostolique à travers les sentiers en forêt et les rivières. Son voyage en canot dure cinq mois : Un peu plus de 4800 kilomètres, 80 portages, 23 couchers à la belle étoile, mal de mer, risques de naufrage, « sans même avoir fait le tour de sa paroisse », pour reprendre ce qu’il écrit dans son journal.
Faute de ressources, il bâtit lui-même sa nouvelle cathédrale et son nouvel évêché, deux œuvres qui sont faites en rondins mal équarris, rapidement bousillés.
Exposant son état d’âme, il note : « J'accepte déceptions, ingratitude, privations et maladies en vue du martyre. Je me considère sur un bûcher où je brûle à petits feux. Je tousse comme une vieille moutonne, j'ai hâte de déposer le harnais, que je trouve de plus en plus lourd. »
Le 20 novembre 1933, Mgr Charlebois meurt dans le dénuement le plus complet, n’ayant rien gardé pour lui. Il a 73 ans. Il demande « des obsèques de pauvre ». Son cercueil coûte 40$ et il sera inhumé dans le cimetière de La Pas.
En 1955, ses restes sont exhumés et transférés dans la crypte de la nouvelle cathédrale de Keewatin-Le Pas, en Saskatchewan.
En novembre 2019, Ovide Charlebois est déclaré vénérable par le pape François.
C'ÉTAIT LE PRÉSENT DU PASSÉ: Le Renouveau charismatique 1 de 4
Depuis 1973, nombre de catholiques pratiquants québécois - 20,000, dit-on - adhèrent au Renouveau charismatique. C'est un mouvement qui embrase les cœurs d'une manière spontanée et qui développe, chez les participants, l'expression de "charismes", c'est-à-dire de dons particuliers à chacun. Le Mouvement, dont la Mecque se trouve dans les Cantons de l'Est à Granby nommément est actuellement en croissance et commence à prendre forme à Montréal même. Les grandes lignes de son évolution sont décrites dans les quatre articles dont la publication commence aujourd'hui.
Une croyance née aux USA
Par Jean-Pierre Bonhomme
Malgré que la pratique religieuse catholique québécoise soit en chute libre - une baisse de 80 à 30 pour cent depuis 10 ans - il se produit aujourd'hui sur tout le territoire une étonnante flambée de croyance populaire qui embrase les cœurs et qui ne manque pas de rendre perplexe une majeure partie de la population.
Il s'agit de la naissance, en 1973, et de la propagation rapide, depuis, d'un mouvement à tendance pentecôtiste, qui se nomme le Renouveau charismatique ou, plus officiellement, l'Assemblée canadienne francophone du Renouveau charismatique catholique.
Le brasier charismatique québécois est loin d'être un phénomène ordinaire. La vague d'émotivité qu'il suscite touche maintenant plus de 20,000 adhérents répartis dans quelque 500 groupes et réunissant, en gros, de 40 à 300 personnes chacun. Ces groupes sont répartis sur tout le territoire, mais c'est dans les régions des Cantons de l'Est et de la ville de Québec qu'ils sont les plus nombreux. Ainsi on en compte 150 à Québec et une cinquantaine dans chacune des deux régions de Sherbrooke et de Trois-Rivières. La ville de Montréal, elle, n'en compte qu'une soixantaine, dont vingt de culture anglaise mais cela serait dû uniquement au fait que les paroisses montréalaises n'ont pratiquement plus de vicaires pour s'occuper des bonnes œuvres: 90 paroisses montréalaises ne comptent maintenant qu'un seul prêtre, le curé, et la présence des prêtres aux assemblées charismatiques est depuis peu pratiquement devenue nécessaire.
Pour avoir une idée précise de la rapidité de la croissance du mouvement citons le cas de la ville de Sherbrooke où il n'y avait que deux groupes charismatiques en 1973. L'année suivante, y en avait 24; aujourd'hui cinquante groupes se réunissent une fois la semaine pour accueillir "l'Esprit du Seigneur Jésus". C'est donc dire que, depuis 1973, le nombre des charismatiques sherbrookois double annuellement. A ce rythme toute cette région de l'Estrie devrait être "convertie" en moins de dix ans.
Le guru international Régimbald
D'autant que la Mecque charismatique n'est pas bien loin de Sherbrooke. Elle se trouve effectivement à Granby, à la maison de retraite des Pères Trinitaires et a "l'école de formation" L'Eau-Vive, situées dans des quartiers petit-bourgeois de cette ville du diocèse de Saint-Hyacinthe. C'est là qu'agit et œuvre le Père Jean-Paul Regimbald le guru international du Mouvement.
Le Trinitaire Régimbald, actif comme deux maires Drapeau, ne manque pas de souligner, justement, que le Mouvement charismatique est international, qu'il a pris pied dans 52 pays, des auteurs mentionnent le chiffre de cent pays, et qu'il parcourt lui-même le monde à titre de prédicateur. Il s'enorgueillit particulièrement, par exemple, d'avoir prêché une retraite, le mois passé, à quelque 2000 hommes d'affaires dans un grand hôtel du centre-ville de Toronto.
Dans un récent volume sur le "Pentecôtisme chez les catholiques" le chroniqueur religieux du quotidien parisien "Le Figaro", M. René Laurentin, soutient pour sa part que le Mouvement néo-pentecôtiste catholique, c'est-à-dire le Mouvement issu de la tendance pentecôtiste protestante, "atteint largement le demi-million de personnes à travers le monde à la date de 1974" et il cite des témoignages à l'effet que la progression géométrique est "de l'ordre d'un doublement annuel". Il souligne particulièrement que le Renouveau charismatique a pris les proportions d'un raz de marée à Porto-Rico où "des paroisses entières sont engagées dans le style communicatif du pays": il cite également, le cas du Québec où "un rassemblement improvisé, en juin 1974, a réuni plus de 8,000 personnes" (å l'université Laval de la capitale).
Le Renouveau charismatique, ou le Mouvement catholique de Pentecôte, comme on dit parfois en France, est né en 1967 chez des universitaires de Pittsburgh, chez des professeurs de l'université de Duquesne, précisément; des professeurs qui avaient exprimé le besoin de prendre contact avec "la Bible, l'Esprit saint et les charismes". L'idée s'est ensuite propagée chez les universitaires de l'Université Notre-Dame, dans l'Indiana, à tel point que les rencontres annuelles ont progressé la exponentiellement pour grouper 30,000 personnes en 1974.
LUNDI:
La foi sauvage des gens ordinaires
(La Presse, samedi 20 décembre 1975, p. A5)
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